Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Buste-reliquaire (Saint Jean de Brébeuf)

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Date :

  • 1664 – 1665 (Production)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Arts décoratifs > Orfèvrerie
  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Objet religieux > Objet de dévotion

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (2)

Patrimoine mobilier associé (2)

Groupes associés (2)

Personnes associées (4)

Inventaires associés (1)

Description

Buste-reliquaire en argent blanc, représentant saint Jean de Brébeuf, reposant sur un socle octogonal oblong mouluré en bois d'ébène (?), en forme de cercueil. Sur la face antérieure de la base, une fenêtre ovale, permettant d'apercevoir la relique de la moitié droite du crâne, est présente et celle-ci est encadrée d'un jonc tressé en argent. Quatre rosaces en argent décorent l'espace autour de la fenêtre. Un ruban rouge scellé de deux sceaux en cire à cacheter aux extrémités traverse la fenêtre (ceux-ci datent des années 1920). Deux petites poignées en argent à motifs de rocailles ajourées sont placées de chaque côté de la base. Sur la face postérieure de la base se trouve une porte avec une penture dorée et scellée avec deux rubans placés en « X » et maintenus en place avec quatre sceaux. Au centre de la porte se trouve une fenêtre ovale qui est bordée, à l'intérieur, d'un cordon torsadé doré. À travers la fenêtre, on peut apercevoir le côté du crâne fac-similé en cire. Celui-ci a été sculpté selon la morphologie du crâne.

Le buste de Brébeuf est représenté de face. Celui-ci porte un haut col et est revêtu d'un rochet à col découpé et d'un jabot de dentelle gravé avec des motifs de rinceaux pointillés. Le portrait se veut réaliste : un homme de 56 ans, avec un beau visage régulier, des orbites très soulignées sous un front légèrement ridé, un peu chauve, portant la barbe. Sur son bras droit, le buste porte deux poinçons parisiens : le poinçon de jurande T (en vigueur de 1664 à 1665), et un poinçon de l'orfèvre Charles de Poilly.

Les Augustines ont un attachement particulier à la mémoire du père Jean de Brébeuf puisque, en plus d'avoir été leur confesseur et leur conseiller de 1642 à 1644, il fut le directeur spirituel d'une de leurs illustres soeurs, Marie-Catherine de Saint-Augustin (1632-1668). Catherine arrive au monastère de l'Hôtel-Dieu de Québec le 19 août 1648 et n'a jamais côtoyé Jean de Brébeuf, puisqu'il meurt en Huronie l'année suivante.
Elle raconte que Jean de Brébeuf lui apparaissait en songes à partir de 1662 et que Dieu lui-même le lui aurait donné comme directeur (La vie de la Mère Catherine de Saint Augustin, par le père Paul Ragueneau, 1671).

Numéro de l'objet :

  • Numéro d'accession : 2018.47
  • Numéro précédent : A-100
  • Numéro précédent : 2001-2392

Lieu de production :

  • Europe > France > Île-de-France > Paris

Dimensions :

  • Hauteur (Mesurée / intégral) : 52,8 centimètre(s)
  • Largeur (Mesurée / intégral) : 51,8 centimètre(s)
  • Profondeur (Mesurée / intégral) : 30,6 centimètre(s)

Matériaux :

  • Métal (Argent)
  • Bois (Ébène)
  • Os (Humain)
  • Fibre
  • Métal (Laiton)
  • Cire

Inscription :

Poinçons: bras droit du buste, c. : CP séparées par un triangle avec deux symboles de serpents (?) entrelacés et surmonté d'un lys couronné; bras droit du buste, c. : T surmonté d'une couronne et une barre horizontale qui coupe la jambe de la lettre

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Partie d'un objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2003-11-13
 

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Informations historiques

Jean de Brébeuf (1593-1649) est chargé en 1633 par son supérieur, Paul Le Jeune, de fonder une mission en Huronie. En 1644, Jean de Brébeuf assiste à l'extermination des Hurons par les Iroquois. Il est lui-même fait prisonnier en 1649 avec le père Gabriel Lalemant, et tous deux subiront la torture et la mort, qui leur mériteront le statut de martyrs et de saints.

Dans son autobiographie, rédigée en 1688, le jésuite Pierre-Joseph-Marie Chaumonot écrit : « La famille du serviteur de Dieu [le père Jean de Brébeuf], justement fière d'une gloire qui rejaillissait sur elle, voulut honorer sa mémoire en faisant un buste d'argent de grandeur naturelle, qu'elle donna au collège de Québec. Il est revêtu du rochet pour rappeler sa mort dans l'acte même du ministère apostolique. Le socle sur lequel il repose est en ébène et de forme octogone. Il sert de reliquaire à la tête de l'héroïque missionnaire, que l'on aperçoit par une ouverture ovale garnie d'ornements en argent... ». L'orfèvre parisien, Charles de Poilly (vers 1620-1676), a pu s'être inspiré de la gravure « Jésuites martyrisés par les Iroquois » de Grégoire Huret (1606-1670), publiée en 1664 dans le livre « Historiae Canadensis » de François du Creux.

Le buste reliquaire fut conservé dans un premier temps au Collège des Jésuites de Québec. L'époque et les circonstances de son transfert au monastère des Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec demeurent inconnues. Le buste reliquaire ne fait pas partie de la liste des biens des Jésuites remis aux Augustines par les autorités britanniques en 1800, à la mort du dernier représentant de cet ordre au Canada, le père Jean-Joseph Casot (1728-1800). Les annales des Augustines racontent en 1665 que mère Marie-Catherine de Saint-Augustin aida à la conversion d'un huguenot hospitalisé à l'Hôtel-Dieu en mélangeant des os pulvérisés de Jean de Brébeuf dans un breuvage qu'il devait boire. Il est dit qu'elle « [...] avait souvent expérimenté la vertu de ces précieuses reliques[...] » (Annales de l'Hôtel-Dieu de Québec 1636-1716, p. 148). Les Augustines avaient donc accès en 1665 à des fragments d'ossements de Jean de Brébeuf, sans qu'il soit possible de déterminer en quelle proportion.

Joseph Édouard Désy (1841-1918), père jésuite qui entamait les démarches de canonisation des martyrs jésuites canadiens, demande en 1891, au nom des Jésuites de Québec, à ce que le crâne de Jean de Brébeuf leur soit remis. Les Augustines y étaient toutefois très attachées et ne voulurent point s'en départir.

Le 13 avril 1925, les reliques du père Jean de Brébeuf, jésuite martyr, conservées au monastère des Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec sont officiellement reconnues par une commission déléguée par le cardinal Louis-Nazaire Bégin. Les Jésuites du Canada préparent alors la béatification des martyrs jésuites canadiens, qui aura lieu le 21 juin 1925, et réitèrent leur désir de récupérer les reliques du père de Brébeuf. Le 25 mai 1925, l'assemblée capitulaire des Augustines décide du « partage fraternel » du crâne de Jean de Brébeuf. Une moitié du crâne sera donnée aux Jésuites de Québec. Cette opération a lieu à l'Hôtel-Dieu de Québec le 14 décembre 1925. Au bloc opératoire, le docteur Charles Vézina, interne de l'hôpital, réalise la séparation, en présence de plusieurs ecclésiastiques et les Augustines conseillères et pharmaciennes. La moitié gauche est destinée aux pères jésuites. Le statuaire Mr Prévost prit les empreintes des deux moitiés pour en réaliser un fac-similé en cire et ainsi compléter chaque partie du crâne pour lui conserver une apparence entière. Jean de Brébeuf fut canonisé par le pape Pie XI le 29 juin 1930. Le 26 septembre 1992, les Jésuites de Québec prêtèrent pour une durée indéterminée leur moitié du crâne de Brébeuf au Sanctuaire des Saints Martyrs canadiens. Ce sanctuaire se situe à Midland, en Ontario, dans la région où Jean de Brébeuf et ses compagnons missionnaires travaillèrent à l'évangélisation des Hurons.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • JUCHEREAU DE SAINT-IGNACE, Jeanne-Françoise. Les Annales de l'Hôtel-Dieu de Québec, 1636-1716. Québec, Les Augustines de l'Hôtel-Dieu, 1984. 444 p.
  • LATOURELLE, René. « Brébeuf, Jean de ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • TRUDEL, Jean, dir. Le Grand héritage : L'Église catholique et les arts au Québec. Québec, Musée du Québec, 1984. 369 p.
  • TRUDEL, Jean. L'orfèvrerie en Nouvelle-France. Ottawa, Galerie nationale du Canada pour la Corporation des Musées nationaux du Canada, 1974. 239 p.

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