Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Biens mobiliers à caractère religieux (Orfèvrerie religieuse)

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Description

L'orfèvrerie religieuse réfère aux vases sacrés, et aux objets liturgiques liés à l'exercice du culte, fabriqués en métal précieux, en argent ou en or. Ces œuvres sont directement liées au rituel, car elles servent à célébrer la messe et à administrer les sacrements.

Trois vases sont sacrés : le calice, la patène et le ciboire sont consacrés et ne peuvent être manipulés que par un prêtre. Celui-ci les utilise pour la consécration du pain et du vin et pour la communion. Obligatoirement, les parties en contact avec les saintes espèces, le pain sous la forme des hosties et le vin, sont en métal précieux, en or ou en argent doré. Ainsi, l'intérieur des coupes, des couvercles et la patène, cette petite assiette qui reçoit la grande hostie, sont toujours dorés. Par extension, on considère l'ostensoir, qui présente une grande hostie à l'adoration des fidèles, comme étant un vase sacré. L'hostie placée dans une lunule, petite boîte en verre plate et ronde servant à la soutenir, est aussi en or ou en argent doré tout comme l'intérieur de la lunette de l'ostensoir.

Le calice demeure la pièce d'orfèvrerie religieuse la plus représentée, car généralement les prêtres en reçoivent un à leur ordination auquel s'ajoutent les calices gardés dans les lieux de culte. Essentiellement, le calice est une coupe où le vin, consacré durant la messe, est versé. La patène forme un ensemble avec le calice, et le fond de celle-ci doit s'adapter avec le diamètre de la coupe du calice afin de le couvrir. Quant au ciboire, c'est un récipient servant à conserver les hosties consacrées; on l'utilise lors de la communion pour les distribuer aux fidèles. Le porte-Dieu, ou ciboire des malades, est de petites dimensions; il sert à apporter la communion aux malades et aux mourants.

Pour la célébration de l'Eucharistie, les burettes, déposées sur un plateau ou dans un bassin, contiennent l'eau du lavement des mains du célébrant, recueillie dans la piscine, et le vin à être consacré. Les saintes huiles, conservées dans des ampoules rangées dans une boîte, sont au coeur de l'administration des sacrements du baptême, de l'extrême-onction, de la confirmation et de l'ordination. Elles sont au nombre de trois : le saint chrême, l'huile des malades et l'huile des catéchumènes. Cette dernière et le saint chrême sont utilisés lors du baptême où l'aiguière baptismale contient l'eau pour l'effusion du baptisé.

Le goupillon sert à l'aspersion des objets et des fidèles afin de les sanctifier, tandis que l'encensoir est employé pour rendre hommage. L'encensoir est un brûle-parfum dont la base, la cassolette, renferme une doublure où l'encens est brûlé, la fumée s'échappant par la cheminée; les chaînes permettent de le balancer. Une navette accompagne l'encensoir; elle contient les graines d'encens à brûler.

Étant donné que la messe ne peut pas être célébrée sans lumière, des chandeliers à un seul cierge ornent l'autel. Une garniture d'autel est composée de six chandeliers et d'une croix. Une lampe de sanctuaire, placée devant le maître-autel, doit être allumée en permanence pour signaler la présence des saintes espèces dans la réserve eucharistique. Lors de processions, la croix fixée sur un bâton ouvre le cortège suivi par des acolytes portant des chandeliers. Des statuettes en argent représentant la Vierge, ou des saints, peuvent aussi être associées à ces cérémonies afin d'entretenir les dévotions.

Le rite de la paix avait lieu avant la communion alors que les fidèles défilaient pour baiser l'instrument de paix, une plaquette en métal avec une représentation du Christ en croix ou de la Vierge. La pratique est tombée en désuétude, car elle prolongeait indûment les offices. Finalement, des reliquaires de toutes les formes contenant des reliques de saints vénérés ont aussi été fabriquées par des orfèvres tout comme des insignes de dignité, telles les crosses épiscopales ou les croix reliquaires pectorales portées, entre autres, par les religieuses.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

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Informations historiques

Les premiers ecclésiastiques arrivés en Nouvelle-France apportent avec eux les vases sacrés essentiels à l'exercice de leur fonction, c'est-à-dire administrer les sacrements prescrits par la religion catholique. Le corpus québécois de l'orfèvrerie religieuse s'étend donc des débuts de la Nouvelle-France jusqu'au Québec moderne.

L'Église catholique qui s'implante en Nouvelle-France suit les règles en cours dans la mère-patrie à la suite du concile de Trente (1545-1563) certes, mais dans l'esprit gallican qui règne alors en France. Afin de répondre aux besoins spécifiques de la colonie, Mgr de Saint-Vallier publie, en 1703, un Rituel du diocèse de Québec qui ne sera revu qu'en 1836. Cet ouvrage dicte aux prêtres les obligations liturgiques liées à l'usage des pièces d'orfèvrerie religieuse.

Jusqu'aux années 1730, l'orfèvrerie est importée de France, principalement de Paris. Ces œuvres, qui vont servir de modèles aux orfèvres locaux durant des décennies, constituent une richesse méconnue. En effet, elles ont échappé aux deux grandes fontes décrétées par Louis XIV en 1689 et 1709, pour financer la guerre contre la ligue d'Augsbourg et celle de la Succession d'Espagne. Le Québec possède le plus grand ensemble, hors France, d'orfèvrerie parisienne du XVIIe siècle, soit plus du cinquième des œuvres répertoriées.

En Nouvelle-France, la pratique des métiers est libre; il n'y a ni corporations ni organisme officiel qui réglementent les professions et le nombre de leurs membres. Les orfèvres travaillent essentiellement l'argent, réalisant des pièces dont la teneur n'est pas contrôlée. L'approvisionnement en métal se fait principalement à partir de la fonte d'objets anciens et, malgré l'interdit, de la monnaie d'argent qui circule dans la colonie.

Paul Lambert, dit Saint-Paul (1691-1749), Roland Paradis (v.1696-1754) et Ignace François Delezenne (1718-1790) sont les principaux orfèvres du Régime français. Au tournant du XIXe siècle, de véritables entreprises artisanales, comme celles de Robert Cruickshank (1743-1809) et de Pierre Huguet, dit Latour (1749-1817), voient le jour à Montréal tandis que le métier se pratique de manière plus traditionnelle à Québec. François Ranvoyzé (1739-1819) et Laurent Amiot (1764-1839) y dominent le marché. Des orfèvres de talent tels que Salomon Marion (1782-1830), Michael Arnoldi (1763-1807), François Sasseville (1797-1864) et Robert Hendery (1814-1897), entre autres, ont aussi une production de grande qualité.

À partir de 1850, l'orfèvrerie française de fabrication industrielle concurrence directement les ateliers locaux qui peinent à conserver une part du marché de l'orfèvrerie religieuse au Bas-Canada. Il en sera ainsi jusqu'au mouvement du renouveau de l'art religieux qui, à partir des années 1930 au Québec, s'élève contre les productions de masse qui pastichent les œuvres du passé. Les artistes pensent l'art religieux avec un langage formel et décoratif contemporain, ce qui bouleverse les traditions, mais apporte une relecture intéressante de l'orfèvrerie religieuse. Gilles Beaugrand (1906-2005) et Marcel Poirier (1921-2012) sont des figures incontournables de ce mouvement.

L'étude de l'orfèvrerie au Québec, tant religieuse que civile, reste en grande partie à faire. Dans les années 1930, Marius Barbeau (1883-1969) et Ramsay Traquair (1874-1952) recueillent des données et écrivent quelques articles. Traquair publie en 1940 une synthèse sur la question. Gérard Morisset (1898-1970) consacre environ 9 % de ses écrits au sujet. En 1974, Jean Trudel et Robert Derome publient sur l'orfèvrerie en Nouvelle France. Le Dictionnaire biographique du Canada, divers écrits, tel le tome III des Chemins de la mémoire en 1999 font état de nouvelles recherches. René Villeneuve publie un ouvrage, en 1998, sur les œuvres québécoises de la collection Birks du Musée des beaux-arts du Canada. En 2018, il consacre une étude majeure à l'orfèvre Laurent Amiot.

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Références

Notices bibliographiques :

  • BERTHOD, Bernard et Élisabeth HARDOUIN-FUGIER. Dictionnaire des arts liturgiques XIXe-XXe siècle. Paris, Les éditions de l'amateur, 1996. 462 p.
  • BIMBENET-PRIVAT, Michèle. Les orfèvres et l'orfèvrerie de Paris au XVIIe siècle. Vol. 1. Paris, Commission des travaux historiques de la ville de Paris, 2002. 568 p.
  • BIMBENET-PRIVAT, Michèle. Les orfèvres et l'orfèvrerie de Paris au XVIIe siècle. Vol. 2. Paris, Commission des travaux historiques de la ville de Paris, 2002. 568 p.
  • CHALABI, Maryannick et Marie-Reine JAZÉ-CHARVOLIN. L’orfèvrerie de Lyon et de Trévoux. Cahiers du patrimoine, 58. Paris, Éditions du patrimoine, 2000. 427 p.
  • CHALABI, Maryannick et Marie-Reine JAZÉ-CHARVOLIN. Poinçons des fabricants d’ouvrages d’or et d’argent Lyon 1798-1940. Cahiers du patrimoine, 31. Paris, Imprimerie nationale Éditions - Inventaire général, 1993. 324 p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999. 428 p.
  • DEROME, Robert. Les orfèvres de Nouvelle-France. Inventaire descriptif des sources. Ottawa, Galerie nationale du Canada, 1974. 242 p.
  • LAROCHE, Ginette. Le renouveau de l'art religieux au Québec 1930-1965. Québec, Musée du Québec, 1999. 102 p.
  • TRAQUAIR, Ramsay. The old silver of Quebec. Toronto, Macmillan of Canada, 1940. 168 p.
  • TRUDEL, Jean. L'orfèvrerie en Nouvelle-France. Ottawa, Galerie nationale du Canada pour la Corporation des Musées nationaux du Canada, 1974. 239 p.
  • VILLENEUVE, René. Orfèvrerie québécoise de la collection du Musée des beaux-arts du Canada. Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada, 1998. 124 p.

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