Ministère de la Culture et des Communications
Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Tabernacle du maître-autel de l'église de Notre-Dame-de-Liesse

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Région administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

Date :

  • vers 1704 (Production)
  • 1716 (Déménagement)
  • vers 1717 (Modification ou transformation de l'objet)
  • 1776 (Vente)
  • 1809 (Dorure)
  • 1885 (Modification ou transformation de l'objet)
  • après 1945 – avant 1988 (Modification ou transformation de l'objet)
  • vers 1970 (Restauration)
  • avant 1986 (Modification ou transformation de l'objet)
  • 2019 – 2021 (Restauration)

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Meuble religieux > Meuble lié à l'Eucharistie

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (2)

Fait partie de :

Autres biens associés :

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Patrimoine mobilier associé (6)

Groupes associés (3)

Personnes associées (6)

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Description

Le tabernacle du maître-autel de l'église de Notre-Dame-de-Liesse, réalisé vers 1704, fait en bois peint et doré, mesurant 267 cm de largeur. Ce meuble liturgique est doté de trois gradins décorés de rinceaux, d'un étage intermédiaire rythmé d'une colonnade d'ordre ionique et d'un étage de couronnement comportant un double dôme en bulbe imbriqué surmonté d'une croix faîtière. Le centre du meuble comprend une réserve eucharistique dotée d'une porte ornée d'une représentation de l'Enfant Jésus tenant une croix et un calice. La réserve est surmontée d'une niche d'exposition formée de colonnettes en hémicycle supportant une voûte en cul-de-four. Quatre statuettes en chêne dorées représentant saint Augustin, sainte Monique et deux anges agenouillés sont associées au tabernacle.

Le bien est classé objet patrimonial. La protection vise également les quatre statuettes.

Lieu de production :

  • Europe > France > Île-de-France > Paris
  • Amérique du Nord > Canada > Québec > Capitale-Nationale > Québec

Dimensions :

  • Largeur : 267 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois (Chêne)
  • Bois (Pin)

Type de fabrication :

Artisanal

Technique de fabrication :

  • Assemblé
  • Doré
  • Peint
  • Sculpté

Représentation iconographique :

  • Ange agenouillé
  • Coeur enflammé
  • Colombe
  • Enfant Jésus
  • Profil d'homme
  • Profil masculin
  • Saint Augustin
  • Sainte Monique
  • Tête d'angelot

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2024-09-30
Prise d'effet : 2023-11-02

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2023-10-26
  • Proposition de statut national, 2019-03-28
 
Inventorié --
 

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Valeur patrimoniale

Le tabernacle du maître-autel de l'église de Notre-Dame-de-Liesse présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Ce meuble religieux témoigne de l'importance de la célébration de l'eucharistie dans la religion catholique. Placé traditionnellement sur un autel au fond du choeur, il sert à conserver le ciboire et les hosties consacrées pour la communion. Les tabernacles anciens prennent souvent des dimensions imposantes. Celui qui est conservé dans l'église de Notre-Dame-de-Liesse est commandé en 1704 par François de Lajoüe (vers 1656-1719), alors architecte pour les Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec. Il est importé en Nouvelle-France en 1716 pour orner la chapelle extérieure des religieuses. L'année suivante, elles font ajouter un gradin pour donner plus d'ampleur au meuble. La chapelle extérieure des Augustines est entièrement détruite lors de l'incendie du monastère en 1755, mais le tabernacle est sauvé des flammes. En 1776, les Augustines le vendent à la fabrique de la paroisse Notre-Dame-de-Liesse, à Rivière-Ouelle, l'une des plus anciennes paroisses du Bas-Saint-Laurent. Le meuble est transféré dans la nouvelle église reconstruite de 1877 à 1880 selon les plans de David Ouellet (1844-1915), qui modifie le meuble en 1885. À la suite du concile Vatican II (1962-1965), de nombreux changements sont apportés à la liturgie catholique. Les autels où sont placés les tabernacles ne sont plus utilisés pour la célébration de la messe. Plusieurs paroisses, comme celle de Notre-Dame-de-Liesse, conservent toutefois leurs anciens autels. Le tabernacle du maître-autel est toujours conservé dans le lieu de culte. Il rappelle l'importance de ce meuble au cœur des pratiques liturgiques catholiques et témoigne de l'importation d'oeuvres pour répondre aux besoins spirituels de la colonie.

Le tabernacle du maître-autel de l'église de Notre-Dame-de-Liesse présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Il s'agit d'un des rares exemples subsistants de tabernacles du Régime français importés de France et le seul dont l'auteur est identifié. Il est réalisé vers 1704 par le parisien Philippe Hulot (vers 1660-1725), membre de l'Académie de Saint-Luc et sculpteur du duc d'Orléans à Paris. Le meuble en chêne se distingue par sa qualité d'exécution, son riche décor sculpté et ses colonnettes d'ordre ionique, un choix d'ordonnance plutôt rare dans ce type de meuble. Le tabernacle est modifié après son arrivée en Nouvelle-France par Noël Levasseur (1680-1740) ou Pierre-Noël Levasseur (1690-1770) qui ajoute un gradin en pin. Cette section, dont les rinceaux s'harmonisent avec le reste de l'oeuvre, est ensuite dorée par les Ursulines de Québec. Le meuble a servi de modèle aux sculpteurs établis en Nouvelle-France et a influencé leur production artistique. Modifié au fil des ans, notamment par David Ouellet, le tabernacle a retrouvé son volume d'origine lors d'une restauration effectuée par le Centre de conservation du Québec de 2019 à 2021. En outre, quatre statuettes en chêne contemporaines à la fabrication du meuble sont associées au tabernacle. Elles représentent saint Augustin, sainte Monique et deux anges agenouillés. Le tabernacle du maître-autel de l'église de Notre-Dame-de-Liesse constitue ainsi une oeuvre importante dans l'histoire de l'art du Québec.

Source: Ministère de la Culture et des Communications, 2024.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du tabernacle du maître-autel de l'église de Notre-Dame-de-Liesse liés à ses valeurs historique et artistique comprennent, notamment :
- son volume, dont la largeur de 267 centimètres;
- les matériaux, dont le bois sculpté (notamment le chêne et le pin), peint et doré;
- les parties composantes, dont les caissons des gradins, l'étage de l'ordre et l'étage du couronnement;
- les caissons des gradins, dont le gradin inférieur rectiligne (réalisé par Levasseur) doté d'une moulure et d'une prédelle (ornée de rinceaux et de motifs végétaux), le gradin médian à ressauts doté d'une plinthe et d'une prédelle (ornée de rinceaux et de motifs végétaux), ainsi que le gradin supérieur à ressauts doté d'une prédelle (ornée de rinceaux et de motifs végétaux, ainsi que de deux médaillons représentant les profils d'un homme et d'une femme);
- la réserve eucharistique intégrée au gradin supérieur et au stylobate de l'étage de l'ordre, dont la porte ornée d'une représentation de l'Enfant Jésus debout sur une nuée tenant une croix et un calice;
- l'étage de l'ordre, dont le stylobate à ressauts (orné notamment de rinceaux, de treillis et de brûle-parfums), les pilastres d'ordre ionique, la niche d'exposition composée d'une colonnade d'ordre ionique placée en hémicycle rentrant, les panneaux sculptés (ornés notamment de treillis, de rinceaux et de guirlandes de fleurs), ainsi que l'entablement (orné de têtes d'angelots ailés et de feuilles stylisées);
- l'étage du couronnement, dont la voûte en cul-de-four (ornée de caissons et décorée d'un relief du Saint-Esprit représenté par une colombe entourée de rayons), le double dôme en bulbe imbriqué surmonté d'une croix faîtière et les pots à feu;
- les statuettes en chêne dorées représentant saint Augustin, sainte Monique et deux anges agenouillés.

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Informations historiques

Ce meuble liturgique est commandé en 1704 par François de Lajoüe (vers 1656-1719), alors architecte pour les Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec, auprès du sculpteur parisien Philippe Hulot (vers 1660-vers 1725) et est vraisemblablement exécuté au cours de cette année. Les statuettes en chêne représentant saint Augustin, sainte Monique et deux anges agenouillés seraient fabriquées dans les mêmes années.

François de Lajoüe paie une avance de 400 francs pour faire don de ce meuble liturgique aux Augustines. Toutefois, peu après, l'architecte se retrouve dans l'impossibilité de compléter le paiement : les religieuses reprennent donc le contrat, en payant 800 francs supplémentaires. Le meuble étant par la suite saisi dans l'atelier de Hulot sous le prétexte qu'il appartenait à de Lajouë, les Augustines ne reçoivent leur bien que 12 ans plus tard. Il arrive par le bateau « François », commandé par Monsieur de Voutron, et est exposé dans leur chapelle extérieure. L'année suivante, les religieuses font modifier le tabernacle par Noël Levasseur (1680-1740) ou Pierre-Noël Levasseur (1690-1770) en y ajoutant un gradin en bois de pin et en le faisant dorer par les Ursulines de Québec.

La chapelle extérieure des Augustines est entièrement détruite lors de l'incendie du monastère en 1755, mais le tabernacle est sauvé des flammes « in extremis ». En 1776, nécessitant des fonds et ne pouvant utiliser le tabernacle faute de chapelle extérieure, les Augustines consentent à le vendre à la fabrique de Rivière-Ouelle, paroisse érigée canoniquement le 18 septembre 1691. Le lieu de culte dans lequel ce tabernacle est d'abord utilisé est reconstruit en 1792 et 1793. En 1809, la paroisse paie Louis Amable Quévillon (1749-1823) pour redorer le tabernacle.

L'église de Rivière-Ouelle est de nouveau reconstruite de 1877 à 1880 selon les plans de David Ouellet (1844-1915). En 1885, à l'occasion du bicentenaire de la paroisse, il est demandé à Ouellet de modifier et de rafraîchir le meuble liturgique. Ce dernier restaure et redore le tabernacle. Des plinthes sont ajoutées à chaque gradin. Le meuble est aussi doté d'une seconde réserve eucharistique plus spacieuse, de cœurs enflammés et de reliquaires.

Les coeurs remplacent deux pots à feu qui sont réutilisés par Ouellet dans un autre contrat de modification à Sainte-Hélène-de-Kamouraska.

La deuxième réserve eucharistique du tabernacle est remplacée par un boîtier de métal après 1945. Le tabernacle aurait été restauré peu avant 1974. Au cours des années 1970, la sculpture de gloire rayonnante dominant le tableau du maître-autel se serait décrochée et serait tombée sur les gradins du tabernacle. Une restauration aurait été nécessaire pour redresser les gradins et le meuble aurait été repeint par la suite, avant 1986.

Le tabernacle retrouve son volume d'origine lors d'une restauration effectuée par le Centre de conservation du Québec de 2019 à 2021. Les modifications apportées par Ouellet sont alors supprimées à l'exception des reliquaires et des cœurs enflammés qui ont été conservés et entreposés.

Le meuble sert toujours au culte dans l'église de Notre-Dame-de-Liesse.

Le tabernacle du maître-autel est classé objet patrimonial en 2024.

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Références

Notices bibliographiques :

  • BELISLE, Jean et John R. PORTER. La sculpture ancienne au Québec : trois siècles d'art religieux et profane. Montréal, Éditions de l'Homme, 1986. 503 p.
  • BUSSE, Jacques, dir. et Emmanuel BÉNÉZIT. Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays. Paris, Gründ, 1999. s.p.
  • GAUTHIER, Raymonde. « Étude sur trois tabernacles anciens de Québec ». Revue d'ethnologie du Québec (1975), p. 29.
  • HUDON, Paul-Henri. Rivière-Ouelle de la Bouteillerie : 3 siècles de vie. Rivière-Ouelle, Comité du tricentenaire, 1972. 502 p.
  • JUCHEREAU DE SAINT-IGNACE, Jeanne-Françoise. Les Annales de l'Hôtel-Dieu de Québec, 1636-1716. Québec, Les Augustines de l'Hôtel-Dieu, 1984. 444 p.
  • MAGNAN, Hormisdas. Dictionnaire historique et géographique des paroisses, missions et municipalités de la province de Québec. Arthabaska, Imprimerie d'Arthabaska, 1925. 738 p.
  • MAYRAND, Pierre. « Lajoüe, François de la ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • PAYER, Claude et Daniel DROUIN. Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles. Québec, Les publications du Québec, 2016. 271 p.
  • PAYER, Claude. « Une oeuvre exceptionnelle de France à Rivière-Ouelle ». L'Amopalien du Québec. No 6 (2004), p. 5-6.
  • PORTER, John R. L’art de la dorure au Québec du XVIIe siècle à nos jours. Québec, Éditions Garneau, 1975. 211 p.

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