Crucifix d'autel
Type :
Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)
Région administrative :
- Capitale-Nationale
Date :
- après 1724 – avant 1751 (Production)
- vers 1865 (Déménagement)
Période :
- Le Régime français (1534 à 1760)
Thématique :
- Patrimoine religieux (Culte)
Tradition religieuse :
- Christianisme (Catholicisme)
Classification :
- Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Objet religieux > Objet lié à l'autel
Patrimoine immobilier associé (1)
Patrimoine mobilier associé (3)
Groupes associés (1)
- Compagnie de Jésus (1625 – ) - Propriétaire
Personnes associées (1)
- Loir, Guillaume (vers 1694 – après 1769) - Artiste / artisan(e)
Description
Crucifix tripode en argent massif de style Louis XIV coulé dans un moule. Le Christ en croix est représenté avec la tête penchée à droite, le genou droit fléchi et les pieds cloués l'un près de l'autre. L'inscription, dans le médaillon ovale de la base, signifie Notre-Dame de Lorette, (village des) Hurons.
Numéro de l'objet :
- Numéro d'accession : 1982.816
Lieu de production :
- Europe > France > Île-de-France > Paris
Dimensions :
- Hauteur (Mesurée / intégral) : 72 centimètre(s)
- Largeur (Mesurée / intégral) : 26 centimètre(s)
- Poids (Mesurée / intégral) : 1,95 kilogramme(s)
Matériaux :
- Métal (Argent)
Technique de fabrication :
- Présumé : Ciselé
- Présumé : Repoussé
- Présumé : Martelé
- Coulé
Représentation iconographique :
- Croix
- Feuilles d'acanthe
- Godrons
- Jésus-Christ
- Médaillons
- Pattes de griffon
Inscription :
ND / LAURETTE / H
INRI
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Classement | Objet patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 1967-10-04 |
Valeur patrimoniale
Le crucifix présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique reposant sur son association avec Guillaume Loir (vers 1694-après 1769), l'artiste qui l'a créé. Appartenant à une prestigieuse famille d'orfèvres parisienne, Guillaume Loir est spécialisé dans la fabrication de pièces d'orfèvrerie religieuse. Durant la première moitié du XVIIIe siècle, il exporte des pièces en Nouvelle-France, qui se retrouvent dans les églises et les chapelles coloniales. Certains orfèvres locaux s'inspirent par la suite de ses oeuvres, dont François Ranvoyzé (1739-1819) et Laurent Amiot (1764-1839). Plusieurs pièces de Guillaume Loir sont aujourd'hui conservées dans des musées, des communautés religieuses et des paroisses du Québec. Avec les six chandeliers qui lui sont assortis, ce crucifix en argent est réalisé soit en 1725-1726, soit en 1749-1750. Ces pièces du trésor de l'église de Notre-Dame-de-Lorette à Wendake sont d'importants témoins de la production de l'orfèvre. Il s'agirait par ailleurs de l'une des rares garnitures d'autel en argent conservées au Québec.
Le crucifix présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Son riche décor, comprenant des feuilles d'acanthe, des godrons, des médaillons et une base tripode posée sur des pattes de griffon, témoigne de la persistance du style Louis XIV dans l'orfèvrerie française du XVIIIe siècle. La pièce présente, sur le médaillon ornant la base, l'inscription « ND / LAURETTE / H », qui pourrait signifier « Notre-Dame-de-Lorette / Hurons ». L'orfèvre aurait ainsi voulu marquer clairement la destination de la pièce. Ce type d'objet est par ailleurs produit presque en série à l'époque dans les grands ateliers où travaillent plusieurs orfèvres. Le crucifix démontre la grande popularité de cette esthétique et de ce type d'objet au milieu du XVIIIe siècle.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2020.
Informations historiques
Ce crucifix en argent est réalisé soit en 1725-1726, soit en 1749-1750 dans l'atelier de l'orfèvre parisien Guillaume Loir (vers 1694-après 1769). Il est ensuite acquis par les pères jésuites de la mission de la Jeune-Lorette (aujourd'hui Wendake).
Cette mission est fondée au XVIIe siècle près de Québec. En 1651, un groupe de 300 Hurons-Wendat fuyant les Iroquois se réfugient sur l'île d'Orléans sous la protection des Français. Ils rejoignent ensuite les Jésuites à la mission de Notre-Dame-de-Foy en 1668, mais, comme de nouveaux membres s'ajoutent constamment au groupe, la place vient rapidement à manquer. Le père Chaumonot (1611-1693) fonde alors la mission de Notre-Dame-de-Lorette en 1674, renommée L'Ancienne-Lorette en 1697 lorsque le groupe quitte le lieu pour s'établir à la nouvelle mission de la Jeune-Lorette. Une chapelle en bois est érigée en 1698 à Wendake grâce à un don de Mgr de Saint-Vallier (1653-1727). Cette dernière est remplacée par une église de pierre vers 1730.
C'est vraisemblablement dans le but d'orner cette nouvelle église que ce crucifix est acquis, en même temps que six chandeliers assortis. Cette garniture d'autel constituerait l'une des rares garnitures en argent conservées au Québec, voire la seule. Le riche décor de l'ensemble, comprenant des feuilles d'acanthe, des godrons, des médaillons et une base tripode posée sur des pattes de griffon, témoigne de la persistance du style Louis XIV dans l'orfèvrerie française du XVIIIe siècle. Chaque pièce présente, sur le médaillon ornant la base, l'inscription « ND / LAURETTE / H », qui pourrait signifier « Notre-Dame-de-Lorette / Hurons ». L'orfèvre aurait ainsi voulu marquer clairement la destination des pièces. Ce type d'ensemble est par ailleurs produit presque en série à l'époque dans les grands ateliers où travaillent plusieurs orfèvres. De légères différences dans les détails ornementaux, observables d'une pièce à l'autre, témoignent de ce type de production proto-industrielle.
Appartenant à une prestigieuse famille d'orfèvres, Guillaume Loir est spécialisé dans la fabrication de pièces d'orfèvrerie religieuse. Durant la première moitié du XVIIIe siècle, il exporte des pièces en Nouvelle-France, qui se retrouvent dans les églises et les chapelles coloniales. Certains orfèvres locaux s'inspirent par la suite de ses oeuvres, dont François Ranvoyzé (1739-1819) et Laurent Amiot (1764-1839). Plusieurs pièces de Guillaume Loir sont aujourd'hui conservées dans des musées, des communautés religieuses et des paroisses du Québec.
En 1862, l'église de Notre-Dame-de-Lorette est partiellement incendiée. Les membres de la paroisse réussissent toutefois à sauver la plus grande partie du mobilier et du trésor. Le lieu de culte est reconstruit trois ans plus tard selon le modèle de l'église précédente.
Le crucifix et les chandeliers d'autel sont classés en 1967, en même temps qu'un ensemble d'objets faisant partie du trésor de l'église de Notre-Dame-de-Lorette, classée dix ans plus tôt.
Références
Contributeur de données :
Direction générale du patrimoine
Notices bibliographiques :
- BARBEAU, Marius. Trésor des anciens Jésuites. Bulletin, 153. Ottawa, Musée national du Canada, 1957. 242 p.
- Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999. 428 p.
- GROS-LOUIS, Charlotte et Céline GROS-LOUIS. La chapelle huronne de Lorette, 1730- 1980. s.l. 1980. 258 p.
- LINDSAY, Lionel. Notre-Dame de la Jeune-Lorette en la Nouvelle-France : étude historique. Montréal, Cie de publication de la Revue canadienne, 1901. 319 p.
- MORISSET, Jean-Paul et Gérard MORISSET. Loretteville, Québec - Chapelle des Hurons. Rapport de l'inventaire des oeuvres d'art [document inédit], 1940. 139 p.
- TRUDEL, Jean. L'orfèvrerie en Nouvelle-France. Ottawa, Galerie nationale du Canada pour la Corporation des Musées nationaux du Canada, 1974. 239 p.