Ministère de la Culture et des Communications
Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site patrimonial de l'Hôtel-Dieu-de-Montréal

Carte

Description

Le site patrimonial de l'Hôtel-Dieu-de-Montréal est un ensemble conventuel développé à partir de 1859 sur le flanc est du mont Royal. Le bâtiment principal est composé de plusieurs ailes rectangulaires formant un plan d'ensemble irrégulier. D'une hauteur maximale de quatre étages et demi, les différentes ailes sont en maçonnerie de pierre et sont coiffées d'un toit à deux versants droits ou d'un toit plat. Un imposant dôme surmonte le chœur de la chapelle et un lanterneau couronne l'intersection de l'aile ouest et de la grande galerie. Le site comprend également un musée, composé de deux ailes formant un plan rectangulaire, à deux étages et surmonté d'un toit plat. Des dépendances, dont un caveau à légumes de grandes dimensions en maçonnerie de pierre, s'élèvent le long de la limite ouest du site, et une petite chapelle se dresse en retrait au sud du bâtiment principal. Le terrain comporte des zones gazonnées, des allées, des aménagements ornementaux et des vergers. Une grande partie du site est ceinturée d'un mur en pierre des champs, et une clôture métallique ornementale se dresse devant la chapelle principale. Le site est aménagé sur un terrain de grandes dimensions présentant une légère pente descendant vers le sud. Il occupe une part importante du quadrilatère formé par les avenues des Pins Ouest, du Parc et Duluth Ouest ainsi que par la rue Saint-Urbain.

Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique aux aménagements, aux structures et à l'extérieur des bâtiments présents sur le terrain. Il inclut la chapelle de l'Hôtel-Dieu-de-Montréal et la chapelle de l'Immaculée-Conception, qui sont aussi classées immeubles patrimoniaux. Le site patrimonial de l'Hôtel-Dieu-de-Montréal fait partie du site patrimonial du Mont-Royal.

Haut de la page

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2024-10-28
Prise d'effet : 2023-11-01

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 7 - Terrain exceptionnel
  • 12 - Potentiel archéologique significatif

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2023-10-26
  • Proposition de statut national, 2018-06-06
 
Déclaration Situé dans un site patrimonial Gouvernement du Québec

Transfert de responsabilité

  • Exercice de certains pouvoirs par la municipalité (Montréal), 2017-09-21
    Prise d'effet : 2018-09-21
 

Haut de la page

Valeur patrimoniale

Le site patrimonial de l'Hôtel-Dieu-de-Montréal présente un intérêt pour sa valeur historique. L'Hôtel-Dieu est la plus ancienne institution de Montréal et le deuxième hôpital fondé en Amérique du Nord. Il tient ses origines du dispensaire créé en 1642 par Jeanne Mance, cofondatrice de Montréal et première infirmière laïque au Canada, puis du premier monastère-hôpital construit en 1645. L'ensemble est aussi étroitement associé aux Religieuses hospitalières de Saint-Joseph, une communauté ayant joué un rôle crucial dans l'oeuvre de l'Hôtel-Dieu depuis leur arrivée à Montréal, en 1659. Les Hospitalières prennent en charge l'Hôtel-Dieu en 1676 et assurent sa direction jusqu'en 1967. Elles y font progresser les pratiques médicales, notamment dans le domaine de l'enseignement. Alors que la population de Montréal croît considérablement et s'établit dans les faubourgs dans la première moitié du XIXe siècle, les Hospitalières relocalisent l'Hôtel-Dieu près du mont Royal. Le bâtiment principal est construit de 1859 à 1861, et des ailes sont ajoutées au fil du temps. Le site patrimonial témoigne ainsi de l'oeuvre de Jeanne Mance et de la contribution des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph, en plus de leur mode de vie.

Le site patrimonial présente aussi un intérêt pour sa valeur architecturale. Il constitue un exemple achevé des grands ensembles conventuels érigés au milieu du XIXe siècle. Ces ensembles monumentaux présentent habituellement une chapelle centrale donnant sur la voie publique et des ailes qui se déploient de part et d'autre. La chapelle reçoit souvent une ornementation plus élaborée alors que les ailes sont généralement plus sobres. L'Hôtel-Dieu est dessiné par Victor Bourgeau, qui s'inspire fortement du précédent monastère-hôpital. Il opte pour une architecture d'inspiration classique pour la plupart des ailes, mais dessine une chapelle néo-baroque couronnée d'un dôme pour articuler l'ensemble et séparer les espaces réservés à la communauté et à l'hôpital. D'autres ailes et bâtiments sont ajoutés par la suite, dont le généralat et la maison des aumôniers. Ils sont bien intégrés aux ailes plus anciennes grâce à leur volume et aux matériaux utilisés. La section conventuelle a subi peu de modifications importantes depuis sa construction et conserve en outre des éléments aujourd'hui rares, dont le caveau à légumes à l'architecture sobre, mais soignée, ainsi que le mur d'enceinte délimitant toujours la propriété, y compris en façade.

Le site patrimonial présente également un intérêt pour sa valeur paysagère. Il constitue un exemple très bien préservé d'un ensemble paysager associé à un grand couvent urbain. Avant 1945, la plupart des grands ensembles conventuels comptaient des aménagements divisés en différentes unités correspondant aux divers besoins de la communauté : représentation publique, espaces de prière et de méditation, production alimentaire, etc. Ces besoins ont évolué au fil du temps, entraînant des changements dans la distribution des espaces. L'Hôtel-Dieu de Montréal est l'un des très rares exemples de grand couvent urbain ayant conservé un ensemble paysager de grandes dimensions et des traces matérielles substantielles des différentes unités qui l'ont composé. Il comprend notamment des espaces de représentation (entrée de la chapelle, entrée du monastère), des espaces de prière et de méditation (cour de l'oratoire, secteur de la chapelle de l'Immaculée-Conception, monuments), des espaces de production alimentaire (vergers des jardins Sainte-Vierge et Saint-Joseph) ainsi que des espaces autrefois réservés au personnel (entrée du jardin). Les vergers et la chapelle de jardin sont des éléments devenus particulièrement rares. Par ailleurs, le site comporte encore aujourd'hui des aménagements ornementaux créés en 1949 par Lambert de Wit, horticulteur et jardinier reconnu.

Source: Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2024.

Haut de la page

Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site patrimonial de l'Hôtel-Dieu-de-Montréal liés à ses valeurs historique, architecturale et paysagère comprennent, notamment :
- la présence sur le site d'un monastère incluant une chapelle, d'un musée, d'une petite chapelle détachée du monastère et de dépendances;
- les caractéristiques du monastère, dont les différentes ailes implantées perpendiculairement les unes par rapport aux autres, leur plan rectangulaire, l'élévation maximale de quatre étages et demi, les toits à versants droits et leur couverture traditionnelle, la maçonnerie de pierre grise, le lanterneau couronnant l'intersection de l'aile ouest et de la grande galerie, les lucarnes à pignon (certaines doubles), les fenêtres rectangulaires, les fenêtres cintrées, les portes à tympan cintré et vitré, les portes à imposte rectangulaire, les éléments architecturaux et ornementaux en pierre de taille lisse dont les chambranles et les bandeaux, la corniche ainsi que les niches;
- les caractéristiques de la chapelle de l'Hôtel-Dieu-de-Montréal, dont son plan rectangulaire, sa maçonnerie de pierre, son toit à deux versants droits couvert de cuivre, l'imposant dôme surmontant le choeur, la façade d'inspiration baroque en pierre de taille lisse (dont ses deux niveaux et ses cinq travées, l'unique fenêtre cintrée centrale, les six niches cintrées, le fronton, les ailerons, les bandeaux, les pilastres), les fenêtres cintrées, les soupiraux rectangulaires de la crypte;
- les caractéristiques de la chapelle Saint-Joseph adossée au mur ouest de la chapelle principale, dont ses petites dimensions, son plan rectangulaire, sa maçonnerie de pierre, son toit à deux versants droits, sa porte en bois en panneaux surmontée d'un tympan cintré, les fenêtres rectangulaires en bois et à carreaux, la corniche à modillon, la niche aménagée dans le pignon, la croix surmontant le faîte avant;
- les caractéristiques du musée, dont les deux ailes formant un plan rectangulaire à deux étages et surmonté d'un toit plat, le parement en pierre, les fenêtres rectangulaires, les chaînes d'angle, la corniche, la galerie couverte;
- les caractéristiques de la chapelle de l'Immaculée-Conception, dont ses petites dimensions, le plan rectangulaire complété d'une abside à pans coupés, la maçonnerie en pierre, le toit à deux versants droits couvert de tôle, la croix métallique couronnant le faîte avant, les ouvertures à arc brisé, la corniche et la niche;
- les caractéristiques du caveau à légumes, dont le plan rectangulaire à deux étages, le toit à deux versants droits et sa couverture en tôle posée à la canadienne, la maçonnerie de pierre, les fenêtres rectangulaires peu nombreuses et de petites dimensions, les portes en planches verticales, les lucarnes à pignon (dont une engagée et intégrant une porte), la niche cintrée;
- les caractéristiques de la résidence Marie-Morin, dont son plan rectangulaire à deux étages, son toit à deux versants droits, son parement de brique, ses fenêtres rectangulaires;
- les caractéristiques des autres dépendances, dont leur implantation en bordure du terrain et leur plan rectangulaire à deux étages;
- le mur d'enceinte, dont sa maçonnerie en pierre des champs, les contreforts, la large ouverture à arc surbaissé du côté nord, la niche;
- la présence de monuments religieux, dont le Sacré-Coeur et les représentations de la Vierge et de sainte Bernadette Soubirous;
- les caractéristiques du terrain, dont ses grandes dimensions, les allées et les sentiers, les espaces de représentation (entrée de la chapelle, entrée du monastère), les espaces de prière et de méditation (cour de l'oratoire, secteur de la chapelle de l'Immaculée-Conception), les espaces de production alimentaire (vergers des jardins Sainte-Vierge et Saint-Joseph et potager) ainsi que les aménagements ornementaux créés par Lambert de Wit et comprenant la rocaille et l'allée bordée d'épinettes.

Haut de la page

Informations historiques

L'Hôtel-Dieu est la plus ancienne institution de Montréal et le deuxième hôpital fondé en Amérique du Nord. Cet établissement tire ses origines du dispensaire qui est créé le 18 mai 1642 par Jeanne Mance (1606-1673), cofondatrice de Montréal et première infirmière laïque au Canada, à l'endroit connu sous le nom de Pointe à Callière, dans le fort de Ville-Marie.
En 1645, le premier Hôtel-Dieu est érigé sur un terrain concédé par la société Notre-Dame de Montréal à Jeanne Mance. Situé sur la rue Saint-Paul, ce monastère-hôpital, construit en bois, est victime d'une série d'incendies au cours de son histoire.

En 1659, les trois premières Religieuses hospitalières de Saint-Joseph, Judith Moreau de Brésoles (1620-1687), Catherine Macé (1618-1698) et Marie Maillet (1610-1677), arrivent de La Flèche, en France, pour prêter main-forte à Jeanne Mance, à la suite de sa demande en 1658. Les Hospitalières prennent charge de l'établissement en 1676, quelques années après le décès de la fondatrice. Tout au long de leur histoire, les Hospitalières contribuent à l'avancement des pratiques médicales, notamment dans le domaine de l'enseignement.

En 1858, les Hospitalières déménagent l'Hôtel-Dieu. De nombreuses raisons motivent ce choix. La ville se développe, la population est grandissante et quintuple par rapport à 1825. Une plus grande quantité de lits est nécessaire pour soigner les malades et l'exiguïté du terrain de la rue Saint-Paul empêche tout agrandissement.

Les Hospitalières jettent leur dévolu sur la « terre de la Providence », sur le mont Sainte Famille, acquise en 1730 de Benoît et Gabriel Basset, fils du notaire Bénigne Basset (1639 1699). À l'époque, cette terre agricole s'étend entre les actuelles rues Sherbrooke et Jean Talon, et mesure 150 arpents. Les religieuses choisissent l'architecte Victor Bourgeau (1809-1888), selon les conseils de Monseigneur Ignace Bourget (1799-1885), évêque de Montréal, pour la réalisation des plans du nouvel Hôtel-Dieu.

Les travaux de l'ensemble commencent en 1859 et se terminent en 1861. Le bâtiment principal comprend les ailes du monastère des religieuses et de l'hôpital, qui sont réunies par une chapelle surmontée d'un dôme imposant. La propriété est ceinte d'un mur de pierre et ponctuée de plusieurs espaces verts et de services.

Les premières religieuses emménagent dans le nouveau bâtiment le 9 mars 1860 et les dernières arrivent le 24 août 1861. Les derniers patients, eux, sont transférés le 19 juin 1861. Une crypte est aménagée sous la chapelle de l'Hôtel-Dieu pour servir de lieu d'inhumation des Hospitalières. Les restes de Jeanne Mance et des religieuses ayant soigné les malades dans le Vieux-Montréal sont d'ailleurs translatés dans cette crypte en 1861, à l'occasion d'une cérémonie.

Plusieurs bâtiments sont ajoutés à l'ensemble au fil du temps, dont la chapelle de l'Immaculée-Conception (1862), la chapelle Saint-Joseph (1862), qui est construite à partir de pierres récupérées du précédent Hôtel-Dieu, le caveau à légumes (vers 1869), la maison des aumôniers (1925-1926), le généralat des Hospitalières (1949-1950) et le musée (1992). Lambert de Wit (1920-2012), horticulteur et jardinier, met en place des aménagements ornementaux en 1949. Des bâtiments sont aussi construits pendant le XXe siècle, le long de la rue Saint-Urbain, dans lesquels les soins hospitaliers sont progressivement déplacés.
En 1967, une société publique créée par le gouvernement du Québec remplace les Sœurs hospitalières à la direction de l'Hôtel-Dieu. Les religieuses conservent la propriété de leur monastère et siègent au conseil d'administration de la nouvelle entité jusqu'en 1973.

En 1996, l'Hôtel-Dieu de Montréal devient l'un des trois campus du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

En 2017, l'ensemble conventuel des Hospitalières, hormis la crypte de la chapelle, est cédé à la Ville de Montréal.

En 2024, le site patrimonial de l'Hôtel-Dieu-de-Montréal est classé.

Haut de la page

Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Le Plateau-Mont-Royal

Adresse :

  • 225, avenue des Pins Ouest

Latitude :

  • 45° 30' 44.9"

Longitude :

  • -73° 34' 40.6"

Désignation cadastrale :

  • Lot 6 001 895
  • Lot 6 001 896

Code Borden

BjFj-220      

Haut de la page

Références

Notices bibliographiques :

  • Beaupré Michaud et Associés, Architectes. Étude patrimoniale sur le cadre bâti de l’Hôtel Dieu. s.l. Centre Hospitalier de l’Université de Montréal, 2014. s.p.
  • Beaupré Michaud et Associés, Architectes. Principes directeur de conservation et d’aménagement de la Cité des Hospitalières. Montréal, 2018. s.p.
  • CARON, Denise. La terre de la Providence, L’évolution de la propriété des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal. Montréal, Division du patrimoine, Ville de Montréal, 2014. 90 p.
  • CHA, Jonathan. Étude paysagère de l’Hôtel-Dieu. s.l. 2014. 250 p.
  • Ville de Montréal. Énoncé de l’intérêt patrimonial. Site de l’Hôtel-Dieu de Montréal. s.l. Direction de l’urbanisme, Division du patrimoine, Service de la mise en valeur, 2016. s.p.

Multimédias disponibles en ligne :

Haut de la page

Gouvernement du Québec

© Gouvernement du Québec, 2024