Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Centre commercial du Domaine-de-l'Estérel

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Ancien centre commercial du Domaine-de-l'Estérel
  • Centre commercial et communautaire du Domaine-de-l'Estérel
  • Centre communautaire, culturel et sportif
  • Centre culturel du Lac-Masson

Région administrative :

  • Laurentides

Municipalité :

  • Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson

Date :

  • 1936 – 1937 (Construction)
  • 1966 (Réaménagement intérieur)
  • 1988 (Rénovation)

Période :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Thématique :

  • Patrimoine de la modernité

Usage :

  • Fonction commerciale (Commerces de vente au détail > Centres commerciaux)
  • Fonction commerciale (Restaurants et bars)

Éléments associés

Groupes associés (1)

Personnes associées (3)

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Carte

Description

Le centre commercial du Domaine-de-l'Estérel est un édifice multifonctionnel de style Art déco érigé en 1936 et 1937. L'immeuble classé se compose d'une partie semi-circulaire s'élevant sur trois étages à l'arrière de laquelle sont adossés des volumes rectangulaires de hauteurs différentes. Le bâtiment est doté d'une ossature de béton armé avec remplissage de maçonnerie de terre cuite, et il est largement fenêtré; il comporte notamment un large mur-rideau courbe sur la façade donnant sur le lac. Le centre commercial est situé sur une presqu'île formée par le lac Masson et la baie du Désespoir, dans la municipalité de Sainte-Marguerite-du-lac-Masson.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure de la partie avant du bâtiment et à des parties de l'intérieur, soit la Blue Room (ancien restaurant-cabaret) et la cage d'escalier principale ainsi qu'aux aménagements intérieurs de ces espaces, dont les cloisons, les planchers, les plafonds, les portes, les escaliers et les éléments d'ornementation.

Le centre commercial du Domaine-de-l'Estérel bénéficie d'une aire de protection.

Plan au sol :

Irrégulier

Nombre d'étages :

3

Groupement :

Adossé

Structure :

  • Béton, ossature en béton armé

Saillies :

  • Cheminée
  • Évent
  • Marquise
  • Porche
  • Terrasse
  • Vestibule

Fondations :

  • Pilotis

Toit :

  • Forme : Plat
    Matériau : Asphalte, bardeaux

Porte principale :

  • entièrement vitrée, à battants

Autre(s) porte(s) :

  • bois, à panneaux et vitrage, à battants
  • entièrement vitrée, à battants

Fenêtre(s) :

  • carrée, À battants, à petits carreaux
  • carrée, Fixe
  • en bandeau, Fixe
  • Rectangulaire, À guillotine
  • Rectangulaire, Fixe
  • Rectangulaire, Vitrine

Éléments architecturaux :

  • Balustrade en fonte
  • Colonne
  • Épi

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2014-02-20
Prise d'effet : 2013-04-18

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2013-04-18
  • Proposition de statut national
 
Délimitation Aire de protection Ministre de la Culture et des Communications 2014-02-20

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de délimitation, 2013-04-18
 
Abrogation de règlement -- Municipalité (Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson) 2015-07-21

Statuts antérieurs

  • Avis de motion d'abrogation d'un règlement, 2015-05-19
  • Citation, 2014-01-20
  • Avis de motion de citation, 2013-11-19
 

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Valeur patrimoniale

Le centre commercial présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Le Domaine de l'Estérel apparaît dans un contexte de multiplication des hôtels et des maisons de campagne dans les Laurentides. Le promoteur du projet est le baron belge Louis Empain (1908-1976). En 1935, ce dernier acquiert un vaste territoire près du lac Masson pour y aménager un centre de villégiature. Les travaux commencent en septembre 1936. L'hôtel est inauguré en juin 1937, et le centre commercial en juillet. Le « sporting club » ouvre ses portes en février 1938, et le « ski lodge » ouvre en décembre. Le centre commercial du Domaine-de-l'Estérel serait l'un des premiers centres commerciaux à voir le jour au Québec et au Canada. À l'origine, il inclut notamment des boutiques, des bureaux, un restaurant-cabaret, une salle de cinéma, un garage et une station-service. Les services sont offerts aux vacanciers et aux résidents des alentours. Le bâtiment s'inscrit ainsi dans la lignée des premiers « community centers » construits aux États-Unis. Le Domaine de l'Estérel, et en particulier son restaurant-cabaret connu sous le nom de « Blue Room », devient un lieu très prisé, mais le succès est de courte durée. Durant la Seconde Guerre mondiale, le domaine est mis sous séquestre par le gouvernement du Canada. Après la guerre, Empain renonce à tous ses projets canadiens et met en vente le centre de villégiature. Ce dernier sera par la suite morcelé, et les bâtiments seront détruits ou transformés pour répondre à de nouvelles fonctions. Le centre commercial est l'un des derniers témoins de l'ensemble de villégiature prestigieux qu'a été le Domaine de l'Estérel durant l'entre-deux-guerres.

Le centre commercial du Domaine-de-l'Estérel présente aussi un intérêt pour sa valeur architecturale. Il constitue une manifestation précoce de l'architecture moderne au Québec. La réalisation des plans est confiée à Antoine Courtens (1899-1969), qui se consacre exclusivement au projet de l'Estérel durant deux ans. Designer et architecte, Courtens est une figure centrale de l'Art déco en Belgique. Le Domaine de l'Estérel est une oeuvre charnière de la carrière de Courtens, à partir de laquelle son architecture sera tournée vers des formes plus modernes de l'Art déco. Au milieu des années 1930, ce style tend vers des volumes et des lignes qui évoquent l'ère de la machine et la vitesse, en particulier les moyens de transport comme le train, la voiture ou le paquebot. Cette variante, aussi nommée « Streamline », apparaît à une époque où la technique du béton coulé se répand et permet de modeler plus facilement des courbes. Les références navales, omniprésentes dans l'architecture du centre commercial, suggèrent le caractère luxueux des paquebots. Les volumes courbes, les surfaces lisses, le crépi blanc des étages supérieurs et le crépi noir du rez-de-chaussée rappellent la proue d'un navire. Les larges terrasses, les volumes verticaux évoquant les grandes cheminées, les coins arrondis et les garde-corps métalliques sont autant d'éléments associés aux paquebots. L'aménagement intérieur est aussi typique de cette période de l'Art déco, tel qu'en témoignent les formes et l'ornementation de la cage d'escalier principale et de la « Blue Room ». Le centre constitue un exemple achevé de cette variante de l'Art déco au Québec. Par ailleurs, le bâtiment s'insère dans un cadre naturel d'exception. Il a été conçu de manière à offrir une vue dégagée sur le lac Masson, notamment grâce à l'imposant mur-rideau courbe en acier et en bois composant sa façade arrondie. La blancheur des matériaux assure également la visibilité du bâtiment. Le centre présente donc une architecture moderne en rupture radicale avec les styles historiques privilégiés pour les lieux de villégiature au cours des années 1930.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du centre commercial du Domaine-de-l'Estérel liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- son implantation sur un terrain relativement plat d'une presqu'île s'avançant dans le lac Masson, en bordure de la baie du Désespoir ;
- le volume, dont la section de plan semi-circulaire s'élevant sur trois étages et les volumes rectangulaires de hauteurs différentes directement adossés à la section semi-circulaire, les toits plats ou à faible pente, la terrasse, le portique latéral en saillie composé de colonnes simples et d'un toit plat, ainsi que l'auvent en béton surplombant le rez-de-chaussée ;
- les matériaux, dont l'ossature de béton armé avec remplissage de maçonnerie de terre cuite, le crépi blanc des étages supérieurs, le matériau de couleur foncée et contrastante du rez-de-chaussée, les éléments en bois des ouvertures, ainsi que les parties du soubassement en pierre des champs ;
- le mur-rideau courbe en acier, en bois et en verre ;
- les ouvertures, dont la porte principale vitrée et surmontée d'une marquise, la bande verticale formée de trois colonnes de carreaux s'étirant sur quatre niveaux, les vitrines du rez-de-chaussée, les ouvertures rectangulaires disposées horizontalement ou verticalement (certaines groupées) et les ouvertures carrées ;
- l'ornementation sobre, dont le motif blanc de lignes géométriques sur les carreaux de verre ;
- la Blue Room, dont la façade vitrée orientée vers le lac et ses châssis d'origine, le bar, les cloisons, les portes, les planchers, les plafonds, ainsi que les éléments d'ornementation ;
- la cage d'escalier principale, dont la fenestration (notamment le puits de lumière), les garde-corps métalliques, les moulures, les rambardes et les tuiles de plancher.

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Informations historiques

Le centre commercial du Domaine-de-l'Estérel est situé dans la municipalité de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, un secteur peuplé à partir de 1864. Les activités de villégiature se développent dans les Laurentides, grâce au chemin de fer, dans les dernières décennies du XIXe siècle.

Le projet du Domaine de l'Estérel apparaît dans un contexte de multiplication des hôtels et des maisons de campagne dans la région. Le promoteur du projet est le Belge Louis Empain (1908-1976). Fils cadet du baron Édouard Empain (1852-1929), il se consacre à partir de 1935 à diverses activités économiques, dont la relance des investissements belges au Canada.

En 1935, Empain acquiert un vaste territoire comprenant plusieurs plans d'eau, dont le lac Masson, pour y aménager un centre de villégiature qui sera nommé Domaine de l'Estérel.

La réalisation des plans est confiée à l'architecte belge Antoine Courtens (1899-1969), qui travaille exclusivement au projet du Domaine de l'Estérel durant deux ans. Il collabore notamment avec l'architecte montréalais d'origine belge Louis Nicolas.

Les travaux débutent en septembre 1936. L'hôtel est ouvert au public en juin 1937, et le centre commercial est inauguré en juillet. Le « sporting club » ouvre ses portes au mois de février 1938, et le « ski lodge » ouvre en décembre.

Le centre commercial inclut des boutiques, des bureaux, un restaurant-cabaret, une salle de cinéma, des appartements pour les employés, un garage et une station-service. Les services sont offerts aux vacanciers, mais aussi aux résidents des alentours.

Le Domaine de l'Estérel, et en particulier son restaurant-cabaret connu sous le nom de « Blue Room » et inauguré le 9 juillet 1938 par un spectacle du musicien de jazz américain Benny Goodman (1909-1986), devient très populaire, mais ce succès est de courte durée. Durant la Seconde Guerre mondiale, comme tous les biens immobiliers dont les propriétaires sont citoyens de pays occupés par les Allemands, le Domaine de l'Estérel est mis sous séquestre par le gouvernement du Canada. L'endroit est d'ailleurs utilisé comme centre d'entraînement pour les aviateurs de l'Aviation royale du Canada.

Le 18 février 1945, un incendie cause la perte d'une partie du deuxième étage de la section arrière; la fumée et l'eau endommagent d'autres sections du bâtiment.

Après la guerre, Empain reprend possession de ses biens mais renonce à tous ses projets canadiens, et il met en vente le Domaine de l'Estérel. En 1946, un certain Montmartin l'achète, mais il fait rapidement faillite et la propriété est reprise par la Compagnie Belgo-Canadienne. Une autre transaction échoue en 1948.

En 1957, le domaine est vendu et divisé. Les nouveaux propriétaires du centre commercial et culturel prévoient en faire un motel dernier cri, projet qui ne se concrétisera jamais.

Entre 1959 et 1966, la partie arrière du bâtiment change de vocation et devient l'écurie d'un centre d'équitation. En 1966, tout l'intérieur de l'édifice est transformé. Les escaliers sont réaménagés en rampes donnant accès aux chevaux aux étages supérieurs où box et manège prennent place. Ces fonctions sont maintenues jusqu'en 1970.

Le bâtiment change ensuite plusieurs fois de propriétaires avant d'être acquis en 1978 par la municipalité qui en fait le Centre culturel de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et y aménage notamment les locaux de l'hôtel de ville, un centre de conditionnement physique et d'autres espaces pour diverses activités culturelles et communautaires.

À une époque indéterminée, les toits plats sont remplacés par des toits à pente faible. La partie avant qui servait de station-service disparaît entre 1979 et 1990. En 1988, une partie de l'arrière du bâtiment est rénovée et transformée en camp de jour pour personnes atteintes de déficience intellectuelle.

Le centre commercial du Domaine-de-l'Estérel est classé en 2014. Une aire de protection est délimitée au même moment.

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Emplacement

Region administrative :

  • Laurentides

MRC :

  • Les Pays-d'en-Haut

Municipalité :

  • Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson

Adresse :

  • 414, rue du Baron-Louis-Empain

Latitude :

  • 46° 2' 4.099"

Longitude :

  • -74° 2' 20.94"

Désignation cadastrale :

  • Lot 6 364 665
  • Lot 6 364 666

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Chaîne de titres

Date Type d'aliénation De À
1936-04-29 Vente Compagnie immobilière Belgo-Canadienne Compagnie immobilière de Sainte-Marguerite
1935-10-15 Vente Louis Jean Lin Empain Compagnie immobilière Belgo-Canadienne
1935-07-26 Vente Marie Louise Mathilde Sylvestre Louis Jean Lin Empain

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Références

Notices bibliographiques :

  • CULOT, Maurice et Anne-Marie PIRLOT. Antoine Courtens : créateur art déco. Bruxelles, Archives d'architecture moderne, 2002. 117 p.
  • DAMECOUR, Jean. « Patrimoine moderne en péril ». Histoire Québec. Vol. 13, no 2 (2007), p. 25-30.
  • DOUCET, Danielle, Conrad GALLANT, Sophie MANKOWSKI et France VANLAETHEM. Sur les traces du Montréal moderne et du domaine de l'Estérel. Bruxelles, CIVA en collaboration avec Docomomo-Québec, 2007. 217 p.
  • GARCEAU, Henri-Paul. Chronique de l'hospitalité hôtelière du Québec de 1880 à 1940. Les pionniers. Montréal, Éditions du Méridien / Les publications du Québec, 1990. 212 p.
  • LUPIEN, Philippe. « Centre récréatif à Ste-Marguerite du Lac Masson ». Silo. No 1 (1987), p. 32-36.
  • TRÉPANIER, Paul. « Sainte-Marguerite-du-lac-Masson et Estérel: le legs du baron Empain ». Continuité. No 52 (1992), p. 33-37.
  • VANLAETHEM, France. « Le domaine de l'Estérel dans les Laurentides: Une des toutes premières manifestations de la modernité architecturale au Québec ». Bulletin Docomomo Québec (2005), p. 1-3.

Multimédias disponibles en ligne :

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