Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site patrimonial de l'Ancien-Village-du-Sault-au-Récollet

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Ancien village du Sault-au-Récollet
  • Site du patrimoine de l'Ancien-Village-du-Sault-au-Récollet

Région administrative :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Thématique :

  • Patrimoine de la Nouvelle-France

Usage :

  • Non applicable

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (309)

Patrimoine mobilier associé (1)

Groupes associés (1)

Personnes associées (5)

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Carte

Description

Le site patrimonial de l'Ancien-Village-du-Sault-au-Récollet est un territoire urbain à prédominance résidentielle qui s'étend sur environ 2800 mètres d'est en ouest et sur 450 mètres du nord au sud. Le site est bordé à l'ouest par l'avenue Saint-Charles, à l'est par la limite de l'arrondissement municipal de Montréal-Nord et au nord par la rivière des Prairies. Il inclut l'île de la Visitation, rattachée à la terre ferme par le barrage Walker, et la digue des Moulins. La limite sud englobe les propriétés situées du côté sud du boulevard Gouin, sauf quelques exceptions où l'intérêt du cadre bâti justifie l'extension du site plus au sud, et le cimetière paroissial.

La topographie de cette bande riveraine est relativement uniforme, à l'exception de quelques dépressions en direction de la rivière qui correspondent aux lits d'anciens ruisseaux. Le tracé sinueux du boulevard Gouin, relativement étroit, épouse les rives de la rivière. La présence de l'autoroute 19 et du pont Papineau-Leblanc introduit sur le territoire une barrière visuelle majeure à l'intérieur du site patrimonial. Le site patrimonial de l'Ancien-Village-du-Sault-au-Récollet présente une concentration d'éléments architecturaux, paysagers et archéologiques diversifiés. Il compte près de 300 édifices construits entre le XVIIIe siècle et la fin du XXe siècle, dont plusieurs maisons rurales, villageoises, bourgeoises, de villégiature et suburbaines représentant toutes les phases de développement de son territoire. Il comprend également deux églises (1749-1751 et 1948-1953) et deux ensembles conventuels (milieu du XIXe siècle). Le site englobe aussi les vestiges du complexe industriel de la digue des moulins, une partie du parc régional de l'Île-de-la-Visitation et un cimetière paroissial aménagé dans les années 1870. Il compte en outre une quinzaine de sites archéologiques euroquébécois et un site autochtone. Le site patrimonial de l'Ancien-Village-du-Sault-au-Récollet est situé dans l'arrondissement municipal d'Ahuntsic-Cartierville de la ville de Montréal.

Ce bien est cité site patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure des bâtiments ainsi qu'aux terrains. Le périmètre du site inclut trois immeubles patrimoniaux classés, soit l'église du Sault-au-Récollet, la maison du Pressoir et la maison Saint-Joseph-du-Sault-au-Récollet, ainsi qu'un immeuble patrimonial cité, la maison Persillier-Dit-Lachapelle.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Site patrimonial Municipalité (Montréal) 1992-04-06
 
Proposition de statut national non retenue Indéterminée Ministre de la Culture et des Communications 2011-10-13
 

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Valeur patrimoniale

Le site patrimonial de l'Ancien-Village-du-Sault-au-Récollet présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Le site aurait été fréquenté par les Autochtones en raison de la présence des rapides. Ce lieu, dont le toponyme rappelle la noyade d'un missionnaire récollet en 1625, est associé à l'histoire de Montréal depuis les débuts de la Nouvelle-France. Les Messieurs de Saint-Sulpice y établissent la mission autochtone du Fort-Lorette en 1696 et y mettent en place un important domaine en bordure de la rivière des Prairies. L'influence sulpicienne se poursuit après le départ de la mission en 1721, avec notamment la construction de la digue des moulins, la concession de terres agricoles et le lotissement d'un noyau villageois. Au cours du XIXe siècle, le village se développe, tandis que des congrégations religieuses établissent leurs maisons d'enseignement dans la frange rurale. Le village du Sault-au-Récollet devient alors un centre de services pour les campagnes avoisinantes et un important lieu de production industrielle comme en témoignent la digue et les vestiges des moulins. Au XXe siècle, l'urbanisation de l'île de Montréal transforme cet espace rural en lieu de villégiature, puis en municipalité de banlieue et ensuite en quartier urbain. Le site porte les traces de toutes ces périodes.

Le site patrimonial de l'Ancien-village-du-Sault-au-Récollet présente aussi un intérêt pour sa valeur architecturale. Ce cadre bâti se caractérise, notamment, par son ancienneté et sa diversité. Il comprend une maison d'inspiration française de la seconde moitié du XVIIIe siècle et un nombre considérable de résidences du XIXe siècle, notamment de nombreux exemples d'architecture vernaculaire québécoise ainsi que des maisons d'influence britannique ou américaine. Au tournant du XXe siècle, des résidences de villégiature apparaissent dans le secteur est du site. À la même époque, des maisons bourgeoises et de petits immeubles d'habitation isolés s'insèrent dans la partie villageoise et, plus rarement, dans la zone rurale. Des ensembles résidentiels témoignent aussi du phénomène de suburbanisation des années 1950. De plus, un patrimoine institutionnel est préservé. Il comprend l'église du Sault-au-Récollet commencée en 1749, deux grands ensembles conventuels implantés au milieu du XIXe siècle ainsi qu'une église moderne s'inspirant des principes du moine architecte dom Paul Bellot (1876-1944). Les différentes périodes de développement du site ont généré un patrimoine architectural remarquable qui témoigne de l'évolution d'un village et de sa périphérie durant trois siècles.

Le site présente également un intérêt pour sa valeur urbanistique reposant notamment sur sa trame, son lotissement et son paysage. Dès le milieu du XVIIIe siècle, la côte de la Nouvelle-Lorette (l'actuel boulevard Gouin) dessert les censives de la paroisse du Sault-au-Récollet. Le tracé étroit et pittoresque de la côte relie les deux principaux pôles du village : la digue des moulins et le noyau institutionnel à l'ouest. Les rues et le lotissement du village conservent les traces du plan sulpicien, en particulier l'orientation des rues transversales et la mise en réserve de certains espaces destinés à des fins conventuelles. Le lotissement du village, réalisé durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, contraste avec les lotissements plus récents par la dimension de ses parcelles. Aussi, le découpage des terres agricoles est encore perceptible, grâce au maintien de quelques grands domaines religieux. Des espaces verts complètent le paysage, en relation avec la rivière et l'histoire du site, dont les vestiges de la digue des moulins. Ces espaces incluent de petits parcs, le cimetière ainsi que les dégagements autour des édifices conventuels et des institutions. En outre, le tracé sinueux du boulevard Gouin est déterminé par la présence du cours d'eau et rappelle le réseau viaire primitif du secteur.

Source : Ville de Montréal, 2006

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site patrimonial de l'Ancien-Village-du-Sault-au-Récollet liés à ses valeurs historique, architecturale et urbanistique comprennent, notamment :
- sa situation dans la partie centre-nord de l'île de Montréal;
- sa situation en bordure de la rivière des Prairies, dans l'axe du boulevard Gouin dans un quartier urbain à vocation résidentielle;
- sa proximité avec l'île de la Visitation;
- sa localisation dans l'arrondissement municipal d'Ahuntsic-Cartierville de la ville de Montréal;
- les caractéristiques de l'occupation humaine du lieu, dont les sites archéologiques autochtone et euroquébécois;
- les caractéristiques de l'importance stratégique du lieu, dont sa situation en bordure de la rivière des Prairies, à proximité des rapides;
- les maisons rurales et villageoises, les maisons bourgeoises, les villas de villégiature, les pavillons de banlieue, les petits immeubles d'habitation, les tours d'habitation, les écoles, l'église du Sault-au-Récollet, la cathédrale Saint-Maron, l'ancien couvent des Dames-du-Sacré-Coeur (actuelle école Sophie-Barat) et la maison Saint-Joseph-du-Sault-au-Récollet (collège du Mont-Saint-Louis);
- la variété des influences stylistiques, notamment les diverses formes d'habitat populaire;
- l'échelle modeste des maisons et leur implantation pavillonnaire;
- la présence de bâtiments conventuels et religieux;
- les volumes imposants des églises du Sault-au-Récollet et de la cathédrale Saint-Maron;
- la présence d'éléments d'architecture d'origine des immeubles résidentiels et commerciaux (moulures et colonnes de bois, façades en pierre des champs et taillée, lucarnes, perrons-galeries);
- la trame urbaine ancienne, dont le boulevard Gouin épousant le cours sinueux de la rivière des Prairies;
- les traces du lotissement initial des Sulpiciens dans le village, notamment par la forme parfois irrégulière des parcelles;
- les vestiges des ouvrages hydrauliques;
- l'implantation des bâtiments en retrait de la rue et parfois à angle par rapport à la voie publique;
- la présence des grands complexes conventuels, implantés sur de vastes lots avec de larges espaces non construits, rappelant le découpage des censives d'origine;
- les repères paysagers, dont la rivière des Prairies et une partie de ses rives couverte de végétation, l'île de la Visitation, l'île du Cheval de Terre, les parcs;
- la végétation mature et les bosquets se trouvant sur le site des grandes propriétés institutionnelles;
- la présence des vestiges de la digue des moulins.

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Informations historiques

S'étendant sur plusieurs kilomètres, les rapides du Sault-au-Récollet sont les derniers de la rivière des Prairies. Lieu de portage et de pêche abondante, cet endroit aurait été fréquenté par les Autochtones. Au début du XVIIe siècle, les missionnaires français empruntent la rivière des Prairies pour accéder à l'Outaouais et au pays des Hurons. En 1625, avant même la fondation de Ville-Marie, le récollet Nicolas Viel et le Français surnommé en huron "Ahuntsic", se noient dans les rapides.

En 1696, les Sulpiciens, seigneurs de l'île de Montréal, amorcent le déplacement de la mission autochtone du fort de la Montagne vers le Sault-au-Récollet. Ils y aménagent un vaste domaine et font construire le fort Lorette. Les Autochtones convertis au catholicisme s'installent à proximité et cultivent les champs. Le départ de la mission vers Oka en 1721 marque le véritable début de la colonisation de la côte de Nouvelle-Lorette. Les Sulpiciens y concèdent des terres et encadrent la nouvelle société rurale. En 1726, ils construisent une digue entre la rive et l'île de la Visitation. L'énergie hydraulique des rapides alimentera leurs moulins, le plus important complexe proto-industriel de la région à cette époque. En 1736, le peuplement des campagnes environnantes entraîne la création de la paroisse de la Visitation-du-Sault-au-Récollet dont la nouvelle église est inaugurée en 1751.

En prévision de l'émergence d'un village au sein de la paroisse rurale, les Sulpiciens réservent une portion de leur domaine à cette fin. Loti vers 1768, le village connaît une forte croissance au XIXe siècle. Il devient un centre de services pour les campagnes avoisinantes et un important lieu de production industrielle. Sa prospérité s'exprime dans son cadre bâti, enrichi par des maisons villageoises aux gabarits plus imposants, des résidences de notables et l'agrandissement de l'église (1850-1851). À partir du milieu du siècle, des institutions religieuses s'implantent au Sault-au-Récollet, attirées par son cadre pittoresque et les propriétés mises à leur disposition. Les Jésuites et les Dames du Sacré-Coeur y font construire des immeubles imposants. L'évêque de Montréal, monseigneur Bourget (1799-1885), élit lui-même domicile au Sault au moment de sa retraite. Arrivés en 1888, les Frères de Saint-Gabriel y établissent leur noviciat et leur maison provinciale. L'ouverture de la crèche Saint-Paul en 1909 complète le noyau institutionnel situé à l'ouest du village.

Au début du XXe siècle, le Sault-au-Récollet attire des villégiateurs montréalais. Leurs déplacements sont facilités par le tramway arrivé en 1895. Des villas sont construites en bordure de la rivière, surtout à l'est du village, et d'anciennes maisons villageoises deviennent des résidences secondaires. Érigé en municipalité de village en 1910, Sault-au-Récollet acquiert le statut de ville en 1914, mais est annexé à Montréal en 1916.

De nouvelles constructions, insérées dans le tissu villageois, témoignent de l'urbanisation du territoire. La zone riveraine connaît aussi des transformations. La construction d'une centrale hydroélectrique sur la rivière fait disparaître les rapides, modifie la configuration des îles et altère l'aspect des berges. Après 1945, le Sault-au-Récollet renforce sa vocation de banlieue résidentielle. Le lotissement de certaines grandes propriétés, les nouvelles constructions, les démolitions et l'aménagement d'infrastructures de transport perturbent le milieu.

À partir des années 1970, des initiatives revalorisent l'environnement naturel et le patrimoine du secteur. On crée d'abord le parc de l'île de la Visitation, inauguré en 1983.

Le site du patrimoine de l'ancien village du Sault-au-Récollet est constitué en 1992. Un nouvel aménagement est ensuite inauguré en 1998, afin de mettre en valeur les vestiges des moulins.

Ce bien est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ahuntsic-Cartierville

Lieux-dits :

  • Sault-au-Récollet

Latitude :

  • 45° 34' 29.0"

Longitude :

  • -73° 39' 31.6"

Code Borden

BjFj-25 BjFj-28 BjFj-29 BjFj-64
BjFj-78 BjFj-79 BjFj-85 BjFj-89
BjFj-9 BjFj-91 BjFj-92 BjFj-93
BjFk-7      

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Références

Notices bibliographiques :

  • BENOÎT, Michèle et Roger GRATTON. Pignon sur rue : les quartiers de Montréal. Montréal, Guérin littérature, 1991. 393 p.
  • Communauté urbaine de Montréal. Architecture religieuse I : les églises. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, 1. Montréal, Communauté urbaine de Montréal, Service de la planification du territoire, 1981. 490 p.
  • Communauté urbaine de Montréal. Architecture rurale. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, 13. Montréal, Communauté urbaine de Montréal, Service de la planification du territoire, 1986. 421 p.
  • Communauté urbaine de Montréal. Service de la planification du territoire. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal : les couvents: architecture religieuse 2. Montréal, CUM, Service de la planification du territoire, 1984. xxix, 391 p.
  • Consaur inc. Étude sur le patrimoine du Sault-au-Récollet. Montréal, 1990. s.p.
  • DESROCHERS, René. Le Sault-au-Récollet, paroisse de la Visitation, 1736-1936 : fêtes du 2ème centenaire. Montréal, 1936. 132 p.
  • Ville de Montréal. Constitution du site du patrimoine du Sault-au-Récollet. Notes explicatives. Montréal, Ville de Montréal : Service de l'habitation et du développement urbain, 1991. 20 p.
  • Ville de Montréal. Évaluation du patrimoine urbain de l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville. Montréal, Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine, Direction du développement urbain, 2005. 60 p.
  • VOISINE, Nive, dir. et Philippe SYLVAIN. Histoire du catholicisme québécois. Les XVIIe et XIXe siècles. Réveil et consolidation (1840-1898). Vol. 2, Tome 2. Montréal, Boréal, 1984. s.p.

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