Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Église du Sault-au-Récollet

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Église de la Visitation
  • Église de la Visitation-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie-du-Sault-au-Récollet

Région administrative :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Date :

  • 1749 – 1751 (Construction)
  • 1761 – 1773 (Agrandissement)
  • vers 1764 – vers 1793 (Décoration intérieure)
  • vers 1816 (Décoration intérieure)
  • 1844 (Agrandissement)
  • 1850 (Agrandissement)

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (7)

Patrimoine mobilier associé (40)

Plaques commémoratives associées (3)

Personnes associées (8)

Carte

Description

L'église du Sault-au-Récollet est un lieu de culte de tradition catholique érigé entre 1749 et 1751, puis agrandi en 1850 afin de recevoir une nouvelle façade. Cette église paroissiale possède un plan rectangulaire, sans transept, avec un choeur en saillie à chevet plat, auquel est adossée une double sacristie. La façade à deux tours-clochers, en pierre de taille grise, allie les influences des styles baroque et néoclassique. Le corps de bâtiment en moellons avec ses contreforts en béton est coiffé d'un toit à deux versants droits. L'église et ses dépendances sont construites en retrait du boulevard Gouin Est, en bordure de la rivière des Prairies. Elle se situe dans l'arrondissement municipal d'Ahuntsic-Cartierville de la ville de Montréal.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain. Une cinquantaine d'objets patrimoniaux classés sont associés à l'église, dont des peintures, des sculptures, des pièces de mobilier et d'orfèvrerie d'artistes et d'artisans de renom. Un site archéologique est associé au lieu.

L'église du Sault-au-Récollet bénéficie d'une aire de protection. Elle fait aussi partie d'un site patrimonial cité et du coeur historique du Sault-au-Récollet, un lieu historique désigné.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1974-10-03

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
 
Délimitation Aire de protection Ministre de la Culture et des Communications 1975-07-08

Transfert de responsabilité

  • Exercice de certains pouvoirs par la municipalité (Montréal), 2017-09-21
    Prise d'effet : 2018-09-21

Statuts antérieurs

  • Délimitation, 1974-10-03
 
Citation Situé dans un site patrimonial Municipalité (Montréal)
 

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Valeur patrimoniale

L'église du Sault-au-Récollet présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. L'église de la Visitation-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie, ou église du Sault-au-Récollet, est considérée comme l'une des plus vieilles du Québec. Remplaçant une ancienne chapelle de mission devenue désuète, elle est l'une des dernières églises construites sous le Régime français.

L'église du Sault-au-Récollet présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Malgré l'ajout d'une façade en 1850 par l'architecte John Ostell (1813-1892), elle conserve certains éléments architecturaux de sa première phase de construction (1749-1751). L'intervention de Ostell, architecte réputé, est représentative des travaux d'agrandissement de nombreux lieux de culte anciens au milieu du XIXe siècle. À l'origine, l'église du Sault-au-Récollet est une construction typique du Régime français en raison de la composition de sa façade à pignon surmontée d'un unique clocher, de ses ouvertures cintrées, de sa maçonnerie en moellons et de son plan. Ses constructeurs emploient le plan dit « à la récollet » qui est très répandu à l'époque. Popularisé par le récollet Juconde Drué, architecte (1664-après 1726), ce plan est introduit en Nouvelle-France par le Frère Luc (1614-1685). Une double sacristie est ajoutée dans le prolongement du choeur vers 1773 et en 1844. John Ostell prolonge la nef de deux travées et ajoute une nouvelle façade en pierre de taille en 1850. Recommandé par les Sulpiciens, Ostell fait figure d'architecte du diocèse en raison des nombreuses commandes que lui passe cette communauté. La façade qu'il réalise pour l'église du Sault-au-Récollet fait écho à celle de l'architecte Thomas Baillairgé (1791-1859) pour l'église de Sainte-Geneviève (1843-1844) et, par son style, s'inscrit dans la tradition néoclassique québécoise amorcée par cet architecte. Le corps principal du bâtiment du XVIIIe siècle et l'architecture intérieure de l'église ne sont pas altérés lors des travaux de Ostell. L'église du Sault-au-Récollet, où cohabitent ainsi des éléments du XVIIIe siècle et du XIXe siècle, demeure inchangée depuis 1850.

L'église du Sault-au-Récollet présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Son décor intérieur, réalisé en plusieurs chantiers entre 1764 et 1836, est représentatif des courants artistiques des XVIIIe et XIXe siècles. Le programme est surtout réalisé par trois générations d'artisans d'après l'esthétique de l'atelier des Écorres et constitue un excellent exemple de l'art de sculpteurs ornemanistes de la région montréalaise de cette époque. L'atelier est situé tout près du Sault-au-Récollet, de l'autre côté de la rivière des Prairies, dans le village de Saint-Vincent-de-Paul. La voûte sculptée de l'église du Sault-au-Récollet, l'une des plus belles du Québec, est l'oeuvre du sculpteur David-Fleury David (1780-1841), à qui l'on doit principalement la décoration intérieure de l'église. Son décor, qui remplace celui du sculpteur Philippe Liébert (1733-1804), est richement orné. Il est exécuté avec grande finesse, dans l'esprit de l'atelier des Écorres. Les tombeaux des autels et les autres pièces de mobilier commandés à Louis Quévillon (1749-1823), maître de l'atelier des Écorres chez qui David a fait son apprentissage, s'harmonisent bien à ce décor. Il en est de même de la chaire de Vincent Chartrand (1795-1863), formé lui aussi dans l'entourage de Quévillon. Les portes en bois sculpté polychromes, situées de chaque côté du maître-autel, sont des pièces uniques au Québec et contribuent à cet intérêt. Il en résulte un décor homogène où certains éléments architecturaux et pièces de mobilier uniques et rares sont représentatifs de l'art du début du XIXe siècle et de la production des artisans qui les ont conçus.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2005.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l'église du Sault-au-Récollet liés à ses valeurs historique, architecturale ou artistique comprennent, notamment :
- sa situation en retrait du boulevard Gouin, dans le site du patrimoine de l'Ancien-Village-du-Sault-au-Récollet;
- sa situation en bordure de la rivière des Prairies, à proximité du site présumé de l'ancien fort Lorette;
- la présence d'un site archéologique;
- ses éléments hérités de la tradition architecturale religieuse du Régime français, tels le plan dit « à la récollet » caractérisé par une nef rectangulaire à un seul vaisseau sans transept ni colonnade avec un choeur en saillie et un chevet plat, la maçonnerie de moellons des murs latéraux, les ouvertures en plein cintre à petits carreaux de la nef et du choeur avec encadrements en pierre taillée ainsi que le toit à deux versants droits couvert de tôle à la canadienne;
- ses éléments hérités des transformations apportées par John Ostell au XIXe siècle, tels la façade en pierre calcaire grise taillée caractérisée par un portail central encadré de deux tours (surmontées d'une double lanterne, d'une flèche et d'une croix), des ouvertures en plein cintre et deux oeils-de-boeuf de forme ovale avec des carreaux en losange, la faible élévation du parvis, les deux travées supplémentaires de la nef en pierre de taille et les ouvertures latérales rectangulaires de ces deux travées;
- l'intégration de la double sacristie (extérieure au plan) par l'unification des matériaux, telles la maçonnerie de moellons et la couverture en tôle à la canadienne;
- les éléments du décor intérieur représentatifs de l'atelier des Écorres et de la stylistique de Louis Quévillon, tels la voûte en bois en arc surbaissé compartimentée de façon rythmique avec des caissons losangés et hexagonaux, l'ornementation sculptée de la voûte (avec des motifs d'arabesques florales, de cornes d'abondance et de rosaces), les pilastres supportant les arcs, l'entablement, la corniche, le retable du maître-autel (David-Fleury David, 1816-1827), la chaire (Vincent Chartrand,1836), les tombeaux des autels et les tabernacles des autels latéraux (Louis Quévillon, 1806 et 1803);
- le tabernacle du maître-autel et ses portes (Philippe Liébert, 1793);
- les deux portes en bois sculpté polychromes du sanctuaire (Anonyme, fin du XVIIIe siècle ou début du XIXe siècle).

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Informations historiques

Une nouvelle mission est établie aux abords de la rivière des Prairies en 1696 afin d'y loger les Autochtones du fort de la Montagne que l'on désire déplacer. L'endroit est connu des Français et des Autochtones bien avant l'établissement d'un fort par François Vachon de Belmont (1645-1732), supérieur des Sulpiciens. En 1700, une chapelle est adjointe à l'enceinte fortifiée. La chapelle Notre-Dame-de-la-Lorette dessert, après le départ des Autochtones pour la mission du Lac-des-Deux-Montagnes en 1721, les Français demeurés sur place. Elle est utilisée par la population jusqu'en 1750 et démolie en 1800.

Au moment d'ériger l'église actuelle entre 1749 et 1751, Sault-au-Récollet compte des terres fertiles et possède des moulins, une cidrerie et des industries de fabrication de tonneaux. On fait appel à une main-d'oeuvre locale pour la construction de l'église paroissiale. Le maçon Charles Guilbault ainsi que les artisans Joseph et Asselin Valade, Boutin, Lécuyer et Langlois participent à l'érection du lieu de culte que l'on décrit comme une église de plan dit « à la récollet » dont la façade à pignon est surmontée d'un unique clocher.

Ce n'est que vers 1764 que le sculpteur Philippe Liébert (1733-1804) reçoit ses premières commandes pour la décoration de l'église du Sault-au-Récollet. Liébert réalise, entre autres, le retable, la chaire et le tabernacle du maître-autel (1793) qui est toujours en place. Les deux portes en bois sculpté polychromes (Anonyme, fin du XVIIIe siècle ou début du XIXe siècle), pièces uniques, sont situées de part et d'autre du maître-autel. Elles mènent à la sacristie, construite entre 1761 et 1773, à l'arrière du chevet. Le sculpteur Louis Quévillon (1749-1823), dont on reconnaît l'importance dans l'histoire de l'art québécois surtout en raison de son apport à la formation de sculpteurs de la région montréalaise, participe à l'aménagement intérieur du lieu de culte en fabriquant, entre autres, le banc d'oeuvre, les tabernacles des autels latéraux ainsi que les tombeaux des autels (que l'on trouve encore en place aujourd'hui). Formé dans l'entourage de Quévillon, David-Fleury David (1780-1841), résident de la paroisse, ajoute dès 1816 une voûte en arc surbaissé qu'il orne d'arabesques végétales et de cornes d'abondance sculptées d'une grande finesse. Le programme ornemental de l'église du Sault-au-Récollet est dû en majeure partie à cet artiste. Vincent Chartrand (1795-1863), qui a fait son apprentissage également à l'atelier de Quévillon, entreprend en 1836 la construction et l'ornementation de la nouvelle chaire que l'on peut toujours admirer. En 1844, une seconde sacristie est adjointe à la première.

Vers 1849, la population du Sault-au-Récollet est de plus en plus nombreuse. On projette alors de prolonger la nef de deux travées et d'ajouter une nouvelle façade. L'architecte John Ostell (1813-1892) est choisi pour réaliser ces travaux importants. Fortement recommandé par les Sulpiciens, Ostell réalise une façade en pierre de taille combinant des éléments d'influence baroque et de style néoclassique. Les flèches surmontant les tours sont ajoutées en 1863, d'après les plans de 1850. Ostell conçoit pendant sa carrière plusieurs commandes religieuses, notamment les tours-clochers de la basilique Notre-Dame (1841-1843), l'aile est du Vieux séminaire de Saint-Sulpice (1849) et l'église Notre-Dame-de-Grâce (1850-1851). L'église du Sault-au-Récollet a subi peu de modifications depuis l'addition de la nouvelle façade, si ce n'est le remplacement des contreforts de 1755 par des contreforts en béton en 1964.

L'église du Sault-au-Récollet est classée en 1974. Des objets patrimoniaux qu'elle contient sont également classés la même année. Le lieu de culte bénéficie d'une aire de protection depuis 1975. Le site patrimonial de l'Ancien-Village-du-Sault-au-Récollet , constitué en 1992 et aujourd'hui cité, comprend l'église.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ahuntsic-Cartierville

Adresse :

  • 1829, boulevard Gouin Est

Latitude :

  • 45° 34' 13.9"

Longitude :

  • -73° 39' 41.5"

Désignation cadastrale :

  • Lot 1 745 374

Code Borden

BjFj-85      

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