Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Domaine des Messieurs-de-Saint-Sulpice

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Domaine de la Montagne

Région administrative :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)
  • Patrimoine religieux (Mission éducative)
  • Patrimoine religieux (Vie quotidienne)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Non applicable

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (15)

Patrimoine mobilier associé (2)

Groupes associés (1)

Personnes associées (9)

Images

Carte

Description

Le domaine des Messieurs-de-Saint-Sulpice est un vaste ensemble institutionnel constitué à partir de 1675. Il comprend les tours du Fort-des-Messieurs-de-Saint-Sulpice (1685), le Grand Séminaire (1855-1857), le Collège de Montréal (1868-1871), la résidence des Petites Soeurs de la Sainte-Famille (1909), la maison mère de la congrégation des Petites Filles de Saint-Joseph (1910-1911), l'Ermitage (1911-1913), de même que plusieurs bâtiments secondaires et dépendances. Le terrain, de forme irrégulière de près de douze hectares, est bordé par un muret de pierre le long de la rue Sherbrooke. Il est aménagé en parterres devant les entrées principales du Grand Séminaire et du Collège de Montréal. Un long bassin (1801) bordé par un sentier et encadré d'arbres se trouve à l'ouest du Grand Séminaire. Un petit boisé couvre la partie nord de cette section du domaine. De grandes aires de sports et de loisirs couvrent le reste de la superficie. Le terrain est délimité par la rue Sherbrooke au sud, l'avenue Atwater à l'ouest, les propriétés de l'avenue Docteur Penfield au nord et les propriétés du chemin de la Côte-des-Neiges à l'est. Le domaine des Messieurs-de-Saint-Sulpice est situé sur le flanc sud du mont Royal, dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal.

Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur des bâtiments et au terrain. Un site archéologique inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec, celui du Fort de la Montagne, est associé au lieu.

Ce bien comprend les tours du Fort-des-Messieurs-de-Saint-Sulpice, classées immeubles patrimoniaux.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1982-05-26

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 8 - Terrain supérieur
  • 10 - Bien classé pour son intérêt archéologique

Transfert de responsabilité

  • Exercice de certains pouvoirs par la municipalité (Montréal), 2017-09-21
    Prise d'effet : 2018-09-21
 

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Valeur patrimoniale

Le domaine des Messieurs-de-Saint-Sulpice présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. La propriété rappelle le rôle majeur des Sulpiciens dans l'histoire de Montréal. Les prêtres de Saint-Sulpice arrivent à Ville-Marie (Montréal) en 1657. Ils se font missionnaires et éducateurs. En 1663, ils deviennent les seigneurs de l'île. Pour développer leur seigneurie et activer son peuplement, ils concèdent des terres, dirigent l'aménagement du territoire, soutiennent les communautés religieuses, créent et desservent plusieurs paroisses. Ils établissent notamment une mission autochtone sur le flanc sud du mont Royal. Les Messieurs de Saint-Sulpice demeurent seigneurs de l'île de Montréal jusqu'en 1840, année de l'abolition du régime seigneurial à cet endroit. À partir de ce moment, ils sont chargés par l'évêque de la formation du clergé catholique de tout le diocèse, fondé en 1836. Ils font ériger le Grand Séminaire à cette fin, dans leur domaine de la Montagne. Le site rappelle donc le rôle de premier plan joué par les Sulpiciens dans l'histoire de Montréal, du XVIIe au XIXe siècle.

Le domaine des Messieurs-de-Saint-Sulpice présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Le lieu comporte des édifices de fonctions et de styles variés. Les deux tours (1685) faisaient à l'origine partie d'un ensemble défensif. Leurs dimensions, l'épaisseur des murs et leur toit conique hexagonal rappellent l'architecture militaire du XVIIe siècle. Le Grand Séminaire (1855-1857) et le Collège de Montréal (1868-1871) illustrent l'influence de l'architecture classique dans la conception des édifices conventuels au XIXe siècle. Ils en témoignent par l'ordonnance horizontale et verticale symétrique des ouvertures, par les dimensions réduites de ces dernières aux étages supérieurs de même que par l'ornementation constituée de frontons, de chaînes d'angle et de pilastres doriques. Le toit mansardé percé de lucarnes, construit en 1875 pour ajouter un étage à l'ensemble, rappelle la popularité du style Second Empire dans le dernier quart du XIXe siècle. Par ailleurs, l'Ermitage (1911-1913) est inspiré du style Beaux-Arts. Il s'y rattache par son parement clair en brique vernissée et ses larges fenêtres cintrées ainsi que par sa partie centrale surmontée d'un fronton cintré inscrit dans un fronton triangulaire. Les édifices du domaine montrent donc l'évolution de l'architecture de la Nouvelle-France jusqu'au XXe siècle.

Le domaine des Messieurs-de-Saint-Sulpice présente également un intérêt pour sa valeur paysagère. L'aménagement s'inscrit dans la tradition classique française. Cette manière de s'approprier le sol se traduit notamment par les travaux de nivellement qui ont accentué les talus naturels. Ces talus, notamment celui de la rue Sherbrooke, assurent intimité, sécurité et tranquillité au collège de Montréal en le dissimulant au regard des passants. Le bassin de forme longitudinale, bordé d'arbres centenaires et d'un étroit chemin qui permet d'en faire le tour, relève également de la tradition des jardins à la française. Tous ces éléments confèrent au site patrimonial une valeur paysagère particulière.

Le domaine présente en outre un intérêt pour sa valeur archéologique. Des fouilles ont mis au jour des vestiges du fort de la Montagne. Divers éléments témoignent également des activités domestiques et agricoles menées à l'extérieur du fort. Les cartes et les plans anciens relatifs à ce site ainsi que les investigations sur le terrain laissent présager un potentiel archéologique encore très important, susceptible d'apporter des renseignements sur l'occupation par les Autochtones ainsi que sur l'évolution de la mission établie par les Sulpiciens au XVIIe siècle.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2007.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du domaine des Messieurs-de-Saint-Sulpice liés à ses valeurs historique, architecturale, paysagère et archéologique comprennent, notamment :
- l'implantation sur le flanc sud du mont Royal;
- la présence des tours du Fort-des-Messieurs-de-Saint-Sulpice, du Grand Séminaire, du Collège de Montréal, de la résidence des Petites Soeurs de la Sainte-Famille, de la maison mère de la congrégation des Petites Filles de Saint-Joseph ainsi que de l'Ermitage;
- les dépendances, dont les logements pour les employés, l'ancienne écurie, la chaufferie, les entrepôts, les garages ainsi que les structures pour les jeux de balle au mur;
- la présence du site archéologique du Fort de la Montagne;
- les caractéristiques des tours, dont leur volume (notamment la forme cylindrique et le toit conique hexagonal à larmier retroussé), les matériaux (dont la maçonnerie en moellons, les chambranles en pierre de taille et la couverture en bardeaux de cèdre), les ouvertures rectangulaires au même aplomb, comme les fenêtres à petits carreaux ainsi que les portes dotées d'une fenêtre à petits carreaux, la croix, la girouette et le coq;
- les caractéristiques du Grand Séminaire et du Collège de Montréal, dont leur volume, notamment le plan du Grand Séminaire (formé du corps central, de la chapelle, de l'aile ouest et de l'aile arrière) d'une élévation de cinq étages, le plan du Collège de Montréal (formé du corps central, de l'aile avant, de la chapelle et de l'aile est) d'une élévation de quatre étages et demi, le soubassement surhaussé, le toit mansardé et le toit à deux versants droits, les matériaux (la maçonnerie en pierre de taille, la couverture en tôle ainsi que les éléments architecturaux et ornementaux en bois et en pierre), les ouvertures disposées symétriquement, dont les portails (dotés d'une porte à double vantail surmontée d'une large imposte vitrée), les fenêtres rectangulaires à carreaux de dimensions décroissantes aux étages supérieurs, les fenêtres cintrées, les lucarnes à pignon et les oeils-de-b¿uf, l'ornementation, notamment les frontons, les pilastres doriques, les entablements, la corniche, les bandeaux et les chaînes d'angle;
- les caractéristiques de l'Ermitage, dont le volume, notamment le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage, le toit à deux versants droits et les pignons, les matériaux, entre autres le parement en brique vernissée ainsi que les éléments ornementaux et architecturaux en bois, les ouvertures, dont le portail central (encadré de pilastres et d'un fronton interrompu), les portails des murs pignons (composés de portes jumelées inscrites sous un arc cintré), les fenêtres cintrées à carreaux et les rosaces, l'ornementation, dont le fronton cintré interrompu inscrit dans un fronton triangulaire, la corniche à denticules, les pilastres et les clefs décoratives;
- les caractéristiques des autres bâtiments et dépendances, dont leurs volumes (les plans rectangulaires, les élévations d'un à trois étages ainsi que les toits plats, mansardés, à croupes ou à deux versants droits), les matériaux, dont la maçonnerie en pierre, les parements en brique ainsi que les éléments architecturaux et ornementaux en bois, en tôle et en pierre, les ouvertures, dont les portes larges, les fenêtres rectangulaires et les lucarnes à pignon, ainsi que l'ornementation sobre constituée principalement par les chambranles et les corniches;
- l'aménagement en terrasses;
- les parterres devant l'entrée principale du Grand Séminaire et devant celle du Collège de Montréal;
- le bassin de forme longitudinale bordé d'arbres et d'un étroit chemin;
- les alignements d'arbres;
- les espaces gazonnés pour les sports et les loisirs.

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Informations historiques

L'histoire du domaine des Messieurs-de-Saint-Sulpice est étroitement associée à la création par les Sulpiciens d'une mission autochtone dans leur domaine seigneurial au pied du mont Royal. Fondée en 1675, la mission prend d'abord la forme d'un village autochtone entouré d'une palissade. Au début des années 1680, on y recense des cabanes d'écorces et quelques maisons en charpente, une chapelle, une école et une résidence pour les missionnaires.

En 1685, François Vachon De Belmont (1645-1732), sulpicien chargé de la mission, fait construire un fort en pierre pour protéger la mission des attaques fréquentes des Iroquois. L'ouvrage défensif inclut deux tours cylindriques, aussi utilisées comme résidence et comme école. La mission est fermée en 1705. Quelques familles affectées aux travaux de la ferme, des jardins et des vergers occupent les lieux.

Les Sulpiciens demeurent seigneurs de l'île de Montréal jusqu'en 1840, année de l'abolition du régime seigneurial à cet endroit. À partir de ce moment, ils sont chargés par l'évêque de la formation du clergé catholique de tout le diocèse, fondé en 1836. Ils envisagent d'abord la démolition de leur couvent du Vieux-Montréal pour bâtir un nouvel édifice, mais optent finalement pour la construction du Grand Séminaire dans le domaine de la Montagne. L'architecte John Ostell (1813-1892) est engagé pour dessiner les plans du bâtiment, érigé de 1855 à 1857.

En 1862, le Collège de Montréal situé dans le Vieux-Montréal, dirigé par les Sulpiciens et comptant plusieurs centaines d'élèves, est réquisitionné pour loger des soldats britanniques. Les collégiens déménagent alors au Grand Séminaire. En 1868, Henri-Maurice Perrault (1828-1903) reçoit le mandat de dessiner les plans du nouveau Collège de Montréal, adjacent au Grand Séminaire. Perrault respecte le parti architectural choisi par Ostell. Le corps principal est achevé en 1871, et l'aile avant est érigée de 1875 à 1877. À ce moment, Perrault change le toit à deux versants droits du Grand Séminaire pour un toit mansardé. La chapelle du collège, conçue par les architectes Victor Bourgeau (1809-1888) et Alcibiade Leprohon (1842-1902), est construite de 1881 à 1884, à l'arrière du bâtiment.

De 1900 à 1902, le corps principal du Grand Séminaire est prolongé vers l'ouest. Cette fois, c'est Maurice Perrault (1857-1909) qui se charge des travaux. Il respecte, lui aussi, l'ordonnance architecturale choisie par ses deux prédécesseurs.

La chapelle du Grand Séminaire, devenue trop petite au début du XXe siècle, est complètement transformée de 1904 à 1907. Le lieu de culte de style Beaux-Arts, créé par l'architecte Jean-Omer Marchand (1873-1936), est à l'époque considéré comme l'oeuvre architecturale la plus achevée de la ville.

En 1940, un dernier ajout est fait au Grand Séminaire avec la construction, à l'arrière de l'édifice, d'une aile voûtée dessinée par l'architecte Paul-Marie Lemieux (1902-1969). L'aile est du collège, aussi appelée pavillon des Anciens, est finalement érigée en 1959.

Le domaine des Sulpiciens comprend également d'autres édifices et installations. Notons, entre autres, le grand bassin creusé dans la partie ouest vers 1801. En 1870, la maison des employés est élevée. La résidence des Petites Soeurs de la Sainte-Famille, responsables de la cuisine et de la lingerie, est érigée en 1909. La maison mère de la congrégation des Petites Filles de Saint-Joseph, qui effectuent des travaux ménagers pour les membres du clergé, est bâtie à l'extrémité ouest du domaine en 1909 et 1910. Enfin, entre 1911 et 1913, l'Ermitage, un édifice multifonctionnel, est édifié dans le style Beaux-Arts.

Les tours du Fort-des-Messieurs-de-Saint-Sulpice sont classées en 1974. Elles bénéficient d'une aire de protection depuis 1975.

Le domaine des Messieurs-de-Saint-Sulpice est classé en 1982.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ville-Marie

Adresse :

  • 2065, rue Sherbrooke Ouest

Latitude :

  • 45° 29' 38.0"

Longitude :

  • -73° 35' 9.0"

Désignation cadastrale :

  • Lot 1 066 203
  • Lot 1 066 204
  • Lot 1 066 775
  • Lot 6 295 149
  • Lot 6 295 150

Code Borden

BiFj-6      

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Références

Notices bibliographiques :

  • Archéotec inc. Domaine des Messieurs de Saint-Sulpice. Intervention archéologique pour la localisation et l'identification d'une voûte en pierre. Site archéologique du Fort de la Montagne BiFj-06. Montréal, Direction de Montréal, Ministère de la Culture et des Communications, 2004. 34 p.
  • Beaupré et Michaud, architectes. Domaine du Fort de la Montagne : étude et mise en valeur de la zone 1. Texte du rapport préliminaire. Montréal, 1984. 30 p.
  • Beaupré et Michaud, architectes. Empreintes et reliefs du Domaine de la Montagne. Étude des valeurs patrimoniales des propriétés des Prêtres de Saint-Sulpice et Collège Marianopolis. Montréal, Beaupré et Michaud, architectes, 2006. s.p.
  • Beaupré et Michaud, architectes. Site du patrimoine du Mont Royal: principes et critères de restauration, d'insertion et d'intervention. Montréal, Beaupré et Michaud, architectes, 1989. 113 p.
  • BISSON, Pierre-Richard. Commentaires sur le rapport de la Commission des biens culturels du Québec intitulé « L'Avenir du Mont-Royal ». s.l. 2004. s.p.
  • BISSON, Pierre-Richard. L'îlot Thompson-Sparrow-Gleneagles-Trafalgar à Montréal. Étude patrimoniale. Montréal, Ministère de la Culture et des Communications, 1986. 184 p.
  • BISSON, Pierre-Richard. « Le véritable caractère du cimetière Notre-Dame-des-Neiges ». ARQ. No 127 (2004), p. 9-10.
  • CASAVANT, Germain. « Domaine et tours du fort des messieurs de Saint-Sulpice ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 129-134.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • DES ROCHERS, Jacques. La ferme sous les noyers. Évolution du site : forme et usages du paysage. . Montréal, Direction de Montréal, ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006. 19 p.
  • Ethnoscop inc. Domaine des Messieurs-de-Saint-Sulpice (BiFj-6) et Collège Marianopolis, Montréal : évaluation du patrimoine archéologique. Montréal, Groupe Carnidal Hardy, Ville de Montréal et Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006. 85 p.
  • LAPIERRE, Diane. Le Grand Séminaire. Montréal, Ministère des Affaires culturelles, service de l'inventaire , 1978. 137 p.
  • PINARD, Guy. « Le fort de la Montagne ». PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Montréal, Les Éditions La Presse, 1988, p. 259-268.
  • THIFFAULT, Claude. État de situation sur les bois de l'arrondissement historique et naturel du mont Royal. Montréal, Ministère de l¿Environnement du Québec, 2003. 19 p.
  • Ville de Montréal. Évaluation du patrimoine urbain : Arrondissement de Ville-Marie. Montréal, Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine, 2005. 168 p.

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