Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Épave et collection archéologique du Elizabeth and Mary

Type :

Patrimoine mobilier (Bien archéologique)

Autre(s) nom(s) :

  • Collection Phips
  • Épave de l'anse aux Bouleaux
  • Épave de Phips

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Date :

  • vers 1600 – avant 1690 (Construction)
  • 1690 (Naufrage)
  • 1994‑12‑24 (Découverte)
  • 1995 – 1997 (Intervention archéologique)

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thématique :

  • Patrimoine de la Nouvelle-France
  • Patrimoine maritime et fluvial

Classification :

  • Bien archéologique > Objets de distribution et de transport > Transport nautique : bateau > Barque
  • Bien archéologique > Objets de distribution et de transport > Transport nautique : fonction > Pêche
  • Bien archéologique > Objets de distribution et de transport > Transport nautique : fonction > Transport de marchandises

Éléments associés

Patrimoine mobilier associé (291)

Événements associés (2)

Personnes associées (2)

Inventaires associés (1)

Description

L'épave de l'Elizabeth and Mary est le vestige d'une barque construite au XVIIe siècle en Nouvelle-Angleterre et ayant fait naufrage en 1690. Les restes architecturaux se composent d'une section du flanc bâbord d'une coque en chêne et en pin blanc. Mesurant 8,5 mètres de longueur sur 2 mètres de largeur, cette portion comprend 31 membrures, 2 vaigres, au moins 4 bordages et une préceinte. Environ 4000 artéfacts sont isolés sur le site. L'épave ensablée gisait au centre de l'anse aux Bouleaux à une profondeur de moins de 2 mètres à Baie-Trinité, sur la Côte-Nord. Les vestiges en bois ont été transférés et enfouis dans un lac à proximité, tandis que la collection d'artéfacts est conservée au Laboratoire et à la Réserve d'archéologie du Québec.

L'épave et la collection archéologique du Elizabeth and Mary sont classées comme ensemble patrimonial.

Provenance archéologique :

  • DiDt-8

Contexte archéologique :

  • Épave

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > États-Unis > Nouvelle-Angleterre

Type de fabrication :

Artisanal

Matériaux :

  • Matières organiques - solides fibreux (Bois)

Intégrité :

Objet incomplet (25% à 75% de l'objet)

Numéro de l'objet :

  • Numéro Parcs Canada : 57M

Discipline :

  • Archéologie historique

Haut de la page

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Ensemble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1999-09-30
 

Haut de la page

Informations historiques

L'épave de l'Elizabeth and Mary est celle d'une barque en bois jaugeant 45 tonneaux. Construite à une date inconnue en Nouvelle-Angleterre au XVIIe siècle, elle est la propriété de Nicholas Page, de Daniel Allin et de John Pool.

En 1690, l'Elizabeth and Mary fait partie des navires de pêche et de commerce nolisés par le gouvernement britannique en vue de conquérir la ville de Québec. Commandée par le général William Phips, une flotte imposante de 32 navires et de 2000 miliciens part de Nantasket, situé à l'entrée sud de la baie de Boston, le 10 août 1690. Arrivés à Québec tard dans la saison, les assaillants se heurtent à la résistance déterminée du gouverneur Louis de Buade, comte de Frontenac. À la suite d'un court siège de la ville, ils battent en retraite le 18 octobre 1690, affaiblis par le manque de munitions et de provisions, le froid et la maladie.

L'expédition de Phips prend le chemin du retour à Boston mais elle fait face à une suite de difficultés dont la pénurie de nourriture, la petite vérole et plusieurs naufrages qui déciment la flotte anglaise. Lors des tempêtes automnales, quatre navires sont perdus soit le Mary, le Mary Ann, le Hanah and Mary et l'Elizabeth and Mary. Peu d'informations sont
disponibles sur les circonstances du naufrage de l'Elizabeth and Mary. D'après les récits des personnes sur d'autres navires, la barque a disparu sans laisser de trace avec les miliciens de la compagnie de Dorchester à son bord.

L'épave de l'Elizabeth and Mary est découverte le 24 décembre 1994, à quelques kilomètres en amont du village de Baie-Trinité, par un plongeur récréatif faisant parti du Groupe de Préservation des Vestiges Subaquatiques de la Manicouagan(GPVSM). Dès janvier 1995, le Service d'archéologie subaquatique de Parcs Canada dépêche un archéologue sur place afin de connaître l'étendue des vestiges et de les protéger en vue d'une intervention ultérieure. Trois campagnes archéologiques s'ensuivent au printemps 1995 et aux étés 1996 et 1997.

Les fouilles révèlent que seule une portion de la partie bâbord du navire est conservée. Environ 4000 artéfacts, retrouvés dans de nombreux cas à l'intérieur de concrétions ferreuses, sont patiemment restaurés pendant plus de 20 ans par le Centre de conservation de Québec. Ce mobilier est principalement composé des effets personnels, des outils et des armes d'une quarantaine de miliciens appartenant à la noblesse bostonienne. Les artéfacts sont associés à la navigation, à l'armement, à la nourriture, à l'habillement et à l'hygiène. Cette collection de référence variée et diversifiée livre des informations précieuses sur la vie domestique, militaire et maritime de la Nouvelle-Angleterre au XVIIe siècle, ainsi que sur ses liens avec la Nouvelle-France et l'Angleterre.

L'étude de documents d'archives de la Nouvelle-Angleterre permet la découverte de listes de passagers dont l'association avec les initiales présentes sur plusieurs ustensiles confirme que l'épave est bien celle de l'Elizabeth and Mary.

Il s'agit du premier projet au Québec unissant avec succès Parcs Canada et des citoyens bénévoles et passionnés de plongée ayant suivi une formation en archéologie subaquatique. La participation active du GPVSM et d'autres bénévoles aux fouilles de l'Elizabeth and Mary contribue grandement au succès de l'entreprise ainsi qu'à la sensibilisation et à la
protection du patrimoine submergé de la Côte-Nord.

Haut de la page

Évaluation d'inventaire

  • Atlas subaquatique : le patrimoine submergé du fleuve Saint-Laurent (2017 - 2018)
    Université de Montréal


  • L'épave de l'Elizabeth and Mary est une épave importante dans l'histoire du Québec et du Canada et sa valeur patrimoniale et scientifique est exceptionnelle. Elle constitue la plus ancienne épave recensée au Québec et l'ensemble des objets recueillis constitue une véritable collection de référence pour le XVIIe siècle. L'étude de cette collection a d'ailleurs permis de développer des connaissances importantes sur l'armement, la céramique, les objets de la vie quotidienne et l'habillement dans les colonies anglaises du XVIIe siècle, aboutissant à la publication de plusieurs études spécialisées.

    L'étude de l'épave est également le premier projet archéologique exemplaire unissant plongeurs récréatifs, archéologues et experts en préservation et en restauration du Centre de conservation du Québec. Il s'agit d'un projet pilote qu'il faudrait reconduire pour assurer un avenir prometteur à l'archéologie subaquatique du Québec.

    Malgré l'ensablement important de l'anse aux Bouleaux, les valeurs de recherche de terrain et post-terrain restent toujours valables. Nous recommandons d'effectuer des inspections visuelles de type monitorage pour suivre l'évolution du site, avec la possibilité de découvrir d'autres vestiges structurels et de pouvoir récupérer tout nouvel artéfact découvert, car il s'agit d'un lieu très exposé aux éléments naturels.

    Le bon état de conservation de la coque permettrait d'en apprendre plus sur les techniques de constructions des navires issues des colonies de la Nouvelle-Angleterre. L'analyse architecturale de l'embarcation qui n'a pas encore été réalisée. Il resterait à publier une synthèse générale combinant les données architecturales et le mobilier, ainsi qu'à réaliser une mise en valeur muséale permanente.

    Haut de la page

    Références

    Contributeur de données :

    Direction générale du patrimoine

    Notices bibliographiques :

    • BERNIER, Marc-André, dir. L'épave du Elizabeth and Mary (1690). Fouilles archéologiques : Rapport d'activités 1997. Rapport de recherche archéologique [document inédit], Parcs Canada, 2008. 64 p.
    • BERNIER, Marc-André. Épave de l'anse aux Bouleaux (DiDt-8). Intervention d'urgence 1995. s.l. Parcs Canada, 1995. 24 p.
    • BERNIER, Marc-André. Rapport intérimaire sur les travaux archéologique subaquatiques de l'épave de l'anse aux Bouleaux (DiDt-8) mai/juin 1995. Ottawa, Parcs Canada, 1996. 40 p.
    • BERNIER, Marc-André. Un navire de la flotte de Phips (1690). Rapport de la fouille archéologique subaquatique de l'anse aux Bouleaux (DiDt-8), campagne 1996. Ottawa, Parcs Canada, 1997. 52 p.
    • DELMAS, Vincent et Mathieu MERCIER GINGRAS. Projet d'inventaire des épaves de la Côte-Nord : activités de 2015. Vol. 1. Montréal, Université de Montréal, 2016. 98 p.
    • DUBREUIL, Steve. Étude sur les sites archéologiques préhistoriques et historiques caractéristiques de la région de la Côte-Nord du Québec. Sept-Îles, Musée régional de la Côte-Nord, 2007. 145 p.
    • Groupe de préservation des vestiges subaquatiques de Manicouagan. Avis de découvertes sans permis : épaves diverses. s.l. 2014. s.p.
    • LAFLÈCHE, Louis et Georges VANDERVLUGT. Examen des radiographies de divers objets, site sous-marin de l'anse aux Bouleaux. Ottawa, Parcs Canada, s.d. 45 p.
    • LAPOINTE, Camille. Trésors et secrets de Place-Royale : aperçu de la collection archéologique. Sainte-Foy, Québec, Publications du Québec, 1998. 217 p.
    • PLOURDE, Michel. Étude archéologique - Réévaluation des sites de la Haute-Côte-Nord (Tadoussac à Pointe-aux-anglais). Tadoussac, 2010. 51 p.

    Multimédias disponibles en ligne :

    Haut de la page

    Gouvernement du Québec

    © Gouvernement du Québec, 2013