Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Église de Saint-Eustache

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Laurentides

Municipalité :

  • Saint-Eustache

Date :

  • 1780 – 1783 (Construction)
  • vers 1824 – 1824 (Décoration intérieure)
  • 1830 – 1833 (Agrandissement)
  • 1841 – 1842 (Reconstruction)
  • 1850 – 1854 (Décoration intérieure)
  • 1905 – 1907 (Rénovation)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (4)

Patrimoine mobilier associé (1)

Plaques commémoratives associées (3)

Événements associés (1)

Groupes associés (3)

Personnes associées (13)

Carte

Description

L'église de Saint-Eustache est un lieu de culte catholique en pierre construit de 1780 à 1783, puis modifié de manière importante au cours des XIXe et XXe siècles. Le bâtiment présente un plan composé d'une nef rectangulaire et d'un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle. Sa façade monumentale d'inspiration néoclassique comporte un registre inférieur d'ordre dorique et un registre supérieur d'ordre ionique, ainsi qu'un amortissement central couronné d'une statue de saint Eustache. La façade est encadrée de deux clochers à double lanterne. Une annexe en pierre coiffée d'un toit à croupes est greffée à l'arrière du lieu de culte. L'église occupe une pointe de terre au confluent des rivières des Mille Îles et du Chêne, dans la ville de Saint-Eustache.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, ainsi qu'au terrain. Un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu.

L'église de Saint-Eustache bénéficie d'une aire de protection.

Plan au sol :

Rectangulaire à choeur plus étroit que la nef

Nombre d'étages :

1

Groupement :

Détaché

Structure :

  • Maçonnerie en pierre

Annexes :

  • Agrandissement
  • Chapelle
  • Sacristie

Saillies :

  • Auvent
  • Cheminée
  • Clocher
  • Contrefort
  • Escalier
  • Tour

Fondations :

  • Pierre

Toit :

  • Forme : À croupes
    Matériau : Tôle à baguettes
  • Forme : À croupes
    Matériau : Tôle à la canadienne
  • Forme : À deux versants droits
    Matériau : Tôle à la canadienne

Porte principale :

  • bois, à panneaux et vitrage, à imposte

Autre(s) porte(s) :

  • bois, à panneaux et vitrage, à imposte
  • bois, à panneaux et vitrage, à imposte
  • bois, à panneaux et vitrage, à imposte
  • bois, à panneaux et vitrage
  • métallique

Fenêtre(s) :

  • cintrée, Basculante
  • cintrée, Fixe
  • circulaire, Oculus
  • palladienne, Fixe
  • Rectangulaire, À battants, à moyens ou grands carreaux
  • Rectangulaire, Soupirail

Lucarne(s) :

  • Cintrée

Éléments architecturaux :

  • Aileron
  • Amortissement
  • Chaîne d'angle
  • Chambranle
  • Clé
  • Corniche moulurée
  • Entablement
  • Fronton
  • Ornement sculpté
  • Pilastre
  • Portail

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1970-06-30

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
  • 8 - Terrain supérieur
  • 11 - Site archéologique associé au bien classé
 
Délimitation Aire de protection Ministre de la Culture et des Communications 1977-08-25
 

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Valeur patrimoniale

L'église de Saint-Eustache présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique comme témoin d'un événement important des rébellions de 1837 et 1838, soit la bataille de Saint-Eustache. Le 14 décembre 1837, les troupes britanniques, commandées par sir John Colborne (1778-1863), approchent du village de Saint-Eustache. Après un premier affrontement sur la rivière, une partie des patriotes fuient, tandis que le groupe dirigé par Jean-Olivier Chénier (1806-1837) se retranche dans l'église paroissiale. Le village est encerclé par les troupes britanniques, qui incendient plusieurs bâtiments, dont le lieu de culte, qui sera aussi bombardé. Chénier et plusieurs de ses hommes trouvent la mort durant cette bataille. Seules les fondations, la façade et une partie des murs de l'église subsistent. Le bâtiment, reconstruit de 1841 à 1842, porte toujours en façade les marques laissées par des boulets de canon. Le lieu de culte constitue aujourd'hui l'un des symboles de la résistance patriote.

L'église de Saint-Eustache présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Elle témoigne des transformations couramment apportées aux lieux de culte afin de les adapter aux besoins de la paroisse et de les mettre au goût du jour. L'église de Saint-Eustache est construite de 1780 à 1783. Les premières modifications importantes apportées au bâtiment datent de 1831 à 1833, alors que la nef est allongée vers l'ouest. Ces travaux d'agrandissement sont également l'occasion de doter le lieu de culte d'une façade-écran monumentale d'inspiration néoclassique. Ce type d'aménagement, courant dans la première moitié du XIXe siècle, permet de masquer l'architecture plus traditionnelle des églises existantes et de leur conférer un aspect imposant. La façade de l'église de Saint-Eustache reprend un modèle populaire à cette époque, caractérisé par la composition sur deux registres présentant chacun un ordre classique, la division en cinq travées et la présence de deux tours latérales surmontées de clochers. Un autre type d'agrandissement fréquemment utilisé pour les églises en croix latine, comme celle-ci à l'origine, consiste à élargir la nef en élevant de nouveaux murs latéraux dans l'alignement des tours et du transept. De tels travaux sont exécutés à l'église de Saint-Eustache de 1905 à 1907, selon les plans de l'architecte Joseph Sawyer (1864-1941). L'église reflète donc l'évolution architecturale qui caractérise plusieurs églises catholiques du Québec construites aux XVIIIe et XIXe siècles.

L'église de Saint-Eustache présente également un intérêt pour sa valeur artistique. Son décor intègre plusieurs oeuvres réalisées par des artistes et des artisans de renom. Depuis le début du XXe siècle, une statue représentant saint Eustache sculptée par Olindo Gratton (1855-1941) orne le sommet de la façade. À l'intérieur, le maître-autel installé vers 1852 a été conservé. Le décor intérieur comprend d'autres éléments d'intérêt, dont des toiles marouflées d'Ippolito Zapponi, de Louis Vandandaigne Gadbois, de Georges Delfosse (1869-1939) et de Narcisse Poirier (1883-1983).

L'église présente en outre un intérêt pour sa valeur archéologique. Des interventions archéologiques, notamment celles effectuées en 2003, ont permis de mieux documenter les occupations anciennes du terrain adjacent, notamment utilisé comme cimetière de 1768 à 1866. Malgré l'abandon de cette fonction il y a un siècle et demi et les différentes phases d'aménagements subséquentes, dont l'enfouissement d'infrastructures publiques, plusieurs sépultures bien conservées ont été mises au jour dans les zones où les interventions ont été faites. Ces découvertes laissent supposer que le terrain pourrait receler d'autres vestiges liés à l'occupation des lieux, notamment par la fabrique, depuis la fin du XVIIIe siècle.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2014.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l'église de Saint-Eustache liés à ses valeurs historique, architecturale, artistique et archéologique comprennent, notamment :
- sa situation sur une pointe de terre au confluent des rivières des Mille Îles et du Chêne;
- les marques de boulets de canon en façade;
- le volume du lieu de culte, dont le plan composé d'une nef rectangulaire et d'un ch¿ur plus étroit terminé par une abside en hémicycle, le toit à deux versants droits de la nef et celui à croupe ronde du choeur, les deux tours de plan carré encadrant la façade, surmontées d'un clocher à double lanterne, ainsi que les contreforts;
- les matériaux, dont la maçonnerie en moellons équarris (couverte de pierre de taille en façade), les couvertures en tôle à la canadienne et en petites feuilles de tôle, ainsi que les éléments architecturaux et ornementaux en pierre de taille;
- les ouvertures, dont le portail principal composé d'une porte en bois à double vantail et d'un tympan cintré et vitré, les portails latéraux dotés d'une porte en bois à simple vantail et d'un tympan cintré et vitré, les fenêtres cintrées, la fenêtre palladienne, les oculus et les chambranles en pierre de taille;
- l'ornementation, dont les pilastres d'ordre dorique du registre inférieur et les pilastres d'ordre ionique du registre supérieur, l'entablement à triglyphes et métopes, les corniches, l'amortissement central à fronton flanqué d'ailerons et surmonté d'une statue de saint Eustache, les chaînes d'angle et les clés décoratives;
- l'annexe en pierre, dont son implantation à l'arrière du lieu de culte, le plan carré complété d'une saillie arrière, l'élévation d'un étage, le toit à croupes peu élevé, la maçonnerie en moellons, la couverture en tôle à baguettes, la haute souche de cheminée en brique rouge, les fenêtres rectangulaires à croisée en bois et à grands carreaux, la lucarne cintrée et les soupiraux;
- le chemin couvert reliant l'annexe à la nef, dont son plan rectangulaire, son toit en appentis couvert de tôle à baguettes, la maçonnerie en pierre, le portail composé d'une porte en bois à simple vantail surmontée d'une imposte vitrée, protégé par un toit à deux versants et précédé d'un escalier, ainsi que la fenêtre en bois à grands carreaux;
- les éléments intérieurs fixes, dont le maître-autel (composé d'un tombeau rectangulaire orné notamment de colonnettes jumelées, d'un tabernacle formé de deux gradins à refends, d'un étage de la monstrance rythmé par des saillies et des retraits ainsi que par des colonnettes d'ordre corinthien, et d'un couronnement présentant, entre autres, un dôme central, deux lanternons latéraux et deux statues d'anges), les autels latéraux reprenant les formes du maître-autel, la chaire sculptée (composée notamment d'une cuve et d'un abat-voix aux coins arrondis, ainsi que d'un escalier courbe), la balustrade, les six toiles marouflées du choeur (« Le baptême du Christ », « La vocation de saint Eustache », « L'apparition de Notre-Dame de Lourdes », « Sainte-Anne », « Le martyre de saint Eustache » et « La communion de Stanislas Kostka ») et les toiles marouflées au-dessus des autels latéraux (« L'Assomption de Marie » et « La mort de saint Joseph »);
- les détails ornementaux, dont la fausse voûte en berceau du vaisseau central et la fausse voûte en cul-de-four du choeur (toutes deux ornées de caissons garnis de roses), la colonnade d'ordre ionique séparant le vaisseau central des collatéraux ainsi que la fausse voûte à nervures et les pilastres coupés à chapiteaux ioniques des collatéraux;
- les deux tribunes arrière et l'orgue installé sur la tribune supérieure;
- le site archéologique euroquébécois et les vestiges qui y sont associés, notamment les sépultures anciennes.

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Informations historiques

L'église de Saint-Eustache s'élève sur un terrain cédé en 1770 par le seigneur Eustache-Louis Lambert Dumont (1736-1807), situé au confluent de la rivière des Mille Îles et de la rivière du Chêne. Le lieu de culte est érigé de 1780 à 1783 par l'entrepreneur maçon Augustin Grégoire, de Montréal, et le charpentier Joseph Dufour dit Latour, de Lavaltrie. L'église présente alors un plan en croix latine. La façade est notamment dotée de trois portes et elle est surmontée d'un clocher à deux lanternes posé sur le faîte.

Le premier décor intérieur est l'oeuvre de Louis Quévillon (1749-1823) et de René Saint-James (1785-1837). Les travaux, qui comprennent notamment la réalisation du retable et l'ornementation de la voûte, sont achevés en 1824.

La paroisse de Saint-Eustache est érigée canoniquement en 1825. D'importants travaux d'agrandissement de l'église sont autorisés en 1830 et sont effectués par l'entrepreneur maçon Joseph Robillard et le charpentier François Parizeau. La nef est alors prolongée et une façade-écran monumentale d'inspiration néoclassique est construite. Cette dernière reprend un modèle populaire à cette époque, caractérisé par la composition sur deux registres, la division en cinq travées et la présence de deux tours latérales surmontées de clochers. Le chantier s'achève en 1833.

Le 14 décembre 1837, l'église devient le théâtre de l'un des épisodes les plus sanglants des rébellions de 1837 et de 1838 : la bataille de Saint-Eustache. Les troupes britanniques, commandées par sir John Colborne (1778-1863), approchent du village. Après un premier affrontement sur la rivière, une partie des patriotes fuient, tandis que le groupe dirigé par Jean-Olivier Chénier (1806-1837) se retranche dans l'église paroissiale. Le village est encerclé par les troupes britanniques, qui incendient plusieurs bâtiments, dont le lieu de culte, qui sera aussi bombardé. Chénier et plusieurs de ses hommes trouvent la mort durant cette bataille. Seules les fondations, la façade et une partie des murs de l'église subsistent.

La réfection de l'église est effectuée de 1841 à 1842 par Joseph Robillard, mais des marques laissées par les boulets de canon sont encore visibles aujourd'hui. Le décor intérieur est refait de 1850 à 1854 par des sculpteurs inconnus.

Dans les dernières décennies du XIXe siècle, deux toiles du peintre Ippolito Zapponi, « L'apparition de Notre-Dame de Lourdes » et « Sainte Anne », acquises en 1874 en Italie, sont placées dans le choeur. Vers 1898, « La communion de Stanislas Kostka » et « Le baptême du Christ », réalisées en 1890 par le peintre et décorateur Louis Vandandaigne Gadbois, prennent place non loin des toiles de Zapponi.

Les travaux effectués de 1905 à 1907, selon les plans de l'architecte Joseph Sawyer (1864-1941), donnent à l'église son apparence actuelle. La nef est élargie par la construction de murs latéraux dans l'alignement des tours de la façade et du transept, entraînant la reconstruction du toit. Les tours sont dotées de nouveaux clochers. Une statue de saint Eustache réalisée par le sculpteur Olindo Gratton (1855-1941) couronne le centre de la façade. L'élargissement de la nef crée une division intérieure en trois vaisseaux, séparés par une colonnade et couverts de fausses voûtes. Deux toiles anonymes, illustrant la vocation de saint Eustache et son martyre, rejoignent celles de Zapponi et de Gadbois dans le choeur. Les autels latéraux sont quant à eux surmontés d'oeuvres réalisées en 1930, « L'Assomption de Marie » de Georges Delfosse (1869-1939) et « La mort de saint Joseph » de Narcisse Poirier (1883-1983). L'ancienne sacristie est remplacée par une nouvelle annexe qui comprend à la fois la sacristie et la chapelle Sainte-Anne.

L'église de Saint-Eustache est classée en 1970. Elle bénéficie d'une aire de protection depuis 1977.

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Emplacement

Region administrative :

  • Laurentides

MRC :

  • Deux-Montagnes

Municipalité :

  • Saint-Eustache

Adresse :

  • rue Saint-Louis

Latitude :

  • 45° 33' 25.7"

Longitude :

  • -73° 53' 19.4"

Désignation cadastrale :

  • Lot 1 700 081

Code Borden

BjFl-4      

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Références

Notices bibliographiques :

  • CHASSÉ, Béatrice. Saint-Eustache de la Rivière-du-Chesne. s.l. 1979. 59 p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • GAUTHIER, Raymonde. « Église de Saint-Eustache ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 396-398.
  • GIROUX, André et Claude-Henri GRIGNON. Le vécu à Saint-Eustache de 1683 à 1972 : en hommage à nos patriotes. Saint-Eustache, Éditions Corporation des fêtes de Saint-Eustache, 1987. 111 p.
  • GIROUX, André. « Les pertes matérielles dans le village de Saint-Eustache de la fin novembre jusqu'au 15 décembre 1837 ». Revue des Deux-Montagnes. No 10 (1998), p. 42-55.
  • GRIGNON, Claude-Henri. L'église de Saint-Eustache. Saint-Eustache, Ville de Saint-Eustache, 1989. 28 p.
  • LÉGARÉ, Denyse. « L'église de Saint-Eustache. Symbole d'une fierté nationale naissante ». Fondation du patrimoine religieux du Québec. Fondation du patrimoine religieux du Québec [En ligne]. http://www.patrimoine-religieux.qc.ca/seustache/seustachef.htm

Multimédias disponibles en ligne :

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