Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site archéologique de Pabos

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Complexe commercial de pêche de Pabos

Région administrative :

  • Gaspésie--Îles-de-la-Madeleine

Municipalité :

  • Chandler

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thématique :

  • Patrimoine industriel

Usage :

  • Production et extraction de richesses naturelles (Pêcheries fixes)

Éléments associés

Événements associés (1)

Groupes associés (1)

Personnes associées (8)

Carte

Description

Le site archéologique de Pabos est un poste de pêche permanent et le centre administratif d'une importante seigneurie de la Gaspésie occupé de 1729 à 1758. La désignation comprend divers vestiges du Régime français, dont la maison seigneuriale, des cabanes de pêcheurs et un magasin, les vestiges potentiels du cimetière, de la chapelle, de dépendances et d'installations de pêche ainsi que le terrain. Des traces de la période anglaise et des vestiges industriels, dont les ruines d'un moulin, sont aussi présents sur le site, ainsi que des indices matériels de la présence autochtone. Le périmètre du site couvre deux éléments géographiques distincts, soit l'île Beau Séjour, localisée au centre de la baie du Grand Pabos, et l'extrémité de la pointe de Pabos Mills qui sépare la baie du Grand Pabos et le golfe du Saint-Laurent. Les deux zones sont aujourd'hui partiellement boisées. Le site archéologique de Pabos fait partie de la municipalité de Chandler.

Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique au terrain et à ce qui s'y trouve. Des sites inscrits à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec sont associés au lieu.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1975-04-14

Catégories de conservation

  • 9 - Terrain notable
  • 10 - Bien classé pour son intérêt archéologique
 

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Valeur patrimoniale

Le site archéologique de Pabos présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Durant le Régime français, cet établissement joue un rôle central en tant que seigneurie maritime. Le site fait partie de la seigneurie de Grand-Pabos concédée en 1696 à René Hubert, qui la délaisse au bénéfice des pêcheurs basques. Le fief est acheté en 1729 par Pierre Lefebvre de Bellefeuille (né en 1672) qui le cède l'année suivante à son frère Jean-François (1670-vers 1744) et aux fils de ce dernier, Pierre, Georges et François (1708-1780). Influents, les Lefebvre de Bellefeuille marquent l'apogée de l'occupation française en Gaspésie. Ils font de Pabos le plus important poste de pêche à la morue permanent et le centre administratif de leur fief. Cette famille établit des relations commerciales privilégiées avec la métropole. Puisqu'ils sont les seuls seigneurs gaspésiens à occuper leurs terres, ils peuvent étendre leur influence dans les seigneuries voisines. Mis à sac par les Britanniques en 1758, le site et la seigneurie de Grand-Pabos sont ensuite négligés, passant entre les mains de plusieurs propriétaires avant que l'industrie de la pêche périclite. Après maintes tentatives de relance, c'est dans la dernière portion du XIXe siècle que l'économie reprend réellement un nouvel essor avec l'industrie forestière King Brothers. Centre administratif, politique, économique et social, le site de Pabos témoigne des efforts de colonisation de la Gaspésie au XVIIIe siècle.

Le site archéologique de Pabos présente également un intérêt patrimonial pour ses valeurs historique et ethnologique comme témoin de l'adaptation socioéconomique des habitants du XVIIIe siècle à un environnement maritime éloigné et peu propice à l'agriculture. Du printemps à l'automne, la pointe de Pabos Mills est occupée par les pêcheurs qui habitent de petites cabanes faites de pièces de bois étanchéifiées par de l'argile (torchis). Le poisson constitue leur principal aliment, le gibier étant une ressource d'appoint. Ils entreposent vraisemblablement leur équipement de pêche et certaines denrées dans un magasin érigé aussi sur la pointe. Durant l'hiver, ils quittent la pointe pour les terres situées au fond de la baie où elles sont moins exposées aux vents. L'île Beau Séjour est quant à elle occupée en permanence par l'habitation seigneuriale, plus grande que celle des pêcheurs, mais bâtie selon des modes de construction assez semblables. En raison de leur statut, les seigneurs détiennent des biens plus luxueux et leur menu se compose essentiellement de la viande d'animaux élevés par les censitaires. Les bâtiments, les objets, les restes de la vie quotidienne et l'organisation du territoire témoignent ainsi de la dynamique entre ces deux classes d'habitants.

Le site archéologique de Pabos présente aussi un intérêt patrimonial pour ses valeurs archéologique et scientifique. Il constitue un lieu clé pour l'étude des postes de pêche permanents du Régime français en Gaspésie. Ce site a fait l'objet de fouilles qui ont mis au jour, entre autres, divers vestiges de l'occupation française, dont la maison seigneuriale, des cabanes de pêcheurs et un magasin ainsi que des artefacts reliés aux activités commerciales. Les recherches menées sur ce site sont donc essentielles à la compréhension de l'organisation spatiale et des diverses activités de ce type d'établissement. Ce site conserve également un fort potentiel de recherche, notamment en ce qui a trait à la découverte des vestiges du cimetière, de la chapelle, de dépendances et d'installations de pêche. Ce lieu est donc d'une grande importance, car il constitue le principal site gaspésien à avoir livré des composantes d'une occupation française du XVIIIe siècle. Pour l'archéologie, il devient un instrument de référence majeur permettant de poser les jalons de la présence française en Gaspésie.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site archéologique de Pabos liés à ses valeurs historique, ethnologique, archéologique et scientifique comprennent, notamment :
- sa situation sur le littoral du golfe du Saint-Laurent, au coeur de la baie du Grand Pabos;
- la conservation de vestiges « in situ », dont les habitations des seigneurs et des pêcheurs du Régime français et les ruines du moulin King;
- la portion résiduelle du site renfermant encore des contextes archéologiques propices à la recherche et à l'interprétation du lieu.

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Informations historiques

Le site archéologique de Pabos est fréquenté bien avant l'arrivée des premiers Européens par des groupes autochtones pratiquant la chasse, la pêche et la cueillette. Les autorités de la Nouvelle-France prennent le parti de coloniser la Gaspésie en créant plusieurs seigneuries, dont celle de Grand-Pabos concédée en 1696 à René Hubert. Bien que ce seigneur déserte ses terres, d'autres en profitent pour y exploiter les riches bancs de morue situés à proximité. Ces pêcheurs d'origine basque, dont la présence saisonnière semble attestée depuis au moins 1672, profitent de la baie du Grand Pabos pour amarrer leurs embarcations et faire sécher leurs prises sur le barachois, un emplacement idéal.

Le climat de la région rend peu propice l'agriculture et les forêts du plateau gaspésien constituent des obstacles restreignant la colonisation de l'arrière-pays. Le littoral avec ses ressources marines abondantes est donc un lieu privilégié. Au début du XVIIIe siècle, la pêche saisonnière est toujours la principale activité économique de la péninsule et seules les seigneuries de Percé et de Mont-Louis connaissent des épisodes succincts d'établissements permanents.

La seigneurie de Grand-Pabos est achetée en 1729 par Pierre Lefebvre de Bellefeuille (né en 1672) qui la cède l'année suivante à son frère Jean-François (1670-vers 1744) et les fils de ce dernier, Pierre, Georges et François (1708-1780). Comme la région et l'industrie de la pêche à la morue leur sont familières, les nouveaux seigneurs possèdent les atouts nécessaires pour exploiter les ressources de leur territoire, en assurer la colonisation et établir des relations commerciales directes avec la métropole. Ils conviennent avec les pêcheurs basques d'une entente où ces derniers leur versent une fraction de leurs prises. Les seigneurs érigent leur habitation sur l'île Beau Séjour, endroit stratégique pour observer leur fief et l'entrée de la baie du Grand Pabos. L'importance qu'ils acquièrent et l'absence sur place des autres seigneurs voisins leur permettent d'étendre leur influence politique, économique et sociale sur un territoire dépassant largement les limites de leurs terres.

Cependant, cette prospérité est soudainement interrompue par la guerre entre l'Angleterre et la France. En 1758 l'armée britannique saccage la seigneurie et met un terme à ses années fastes. Après une infructueuse tentative de relance par François Lefebvre de Bellefeuille, la seigneurie est vendue, en 1765, à sir Frederick Haldimand (1718-1791). Par la suite la seigneurie, qui depuis la Conquête souffre du déclin de son poste de pêche, passe par les mains de divers acquéreurs qui laissent la population vivre dans une certaine autarcie. À la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle, Pabos connaît divers épisodes où l'on tente de stimuler l'immigration, ainsi que les industries de la pêche et du bois sans toutefois obtenir les succès escomptés. Il faut attendre le dernier quart du XIXe siècle pour que l'économie forestière prenne un réel essor avec l'entreprise King Brothers, dirigée principalement par James (1848-1900), issu d'une famille d'industriels prospères dans le commerce du bois. Au XXe siècle, l'industrie forestière est florissante et devient un des moteurs du développement régional.

Le site archéologique de Pabos est classé en 1975. De 1980 à 1987, cinq campagnes de fouilles sont entreprises sous la direction de l'archéologue Pierre Nadon (1939-2002). En 1994, un centre d'interprétation est ouvert pour assurer la mise en valeur des lieux. Depuis le classement du site, la Corporation du Bourg de Pabos s'est investie pour la protection, la recherche et la diffusion de ce patrimoine.

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Emplacement

Region administrative :

  • Gaspésie--Îles-de-la-Madeleine

MRC :

  • Le Rocher-Percé

Municipalité :

  • Chandler

Adresse :

  • rue de la Plage

Lieux-dits :

  • Pabos Mills

Latitude :

  • 48° 19' 32.4"

Longitude :

  • -64° 41' 59.2"

Désignation cadastrale :

  • Lot 4 509 694 Ptie
  • Lot 4 509 696
  • Lot 4 509 697
  • Lot 4 509 855 Ptie
  • Lot 4 509 955
  • Lot 4 509 956

Code Borden

DbDe-5 DbDe-6 DbDe-7  

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Références

Notices bibliographiques :

  • BELISLE, Jean. Historique de Pabos. s.l. Ministère des Affaires culturelles, 1980. 155 p.
  • BROTHERTON, Gérald et al. Pabos : site historique et archéologique. Cahiers Gaspésie culturelle, 4. Gaspé, Société historique de la Gaspésie, 1985. 78 p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • Corporation du Bourg de Pabos. Pabos. Sur la trace de nos ancêtres. s.l. Corporation du Bourg de Pabos, 2004. 160 p.
  • LEE, David. « Lefebvre de Bellefeuille, François ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • LEE, David. « Lefebvre de Bellefeuille, Jean-François ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • MIMEAULT, Mario. « La famille Lefebvre de Bellefeuille et la difficile ascension au rang des seigneurs, 1670-1744 ». Institut national de la recherche scientifique. Encyclobec. Les régions du Québec : un passé et un présent à découvrir [En ligne]. http://www.encyclobec.ca/main.php?docid=182
  • MIMEAULT, Mario. « Le Bourg de Pabos ». Institut national de la recherche scientifique. Encyclobec. Les régions du Québec : un passé et un présent à découvrir [En ligne]. http://www.encyclobec.ca/main.php?docid=214
  • NADON, Pierre. « Complexe commercial de pêche de Pabos ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 522-524.
  • NADON, Pierre. La Baie du Grand Pabos : une seigneurie gaspésienne en Nouvelle-France au XVIIIe siècle. Mémoires de recherche, 1. Québec, Association des archéologues du Québec, 2004. 148 p.

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