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Fondation du Comité provincial pour le suffrage féminin

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Statut Catégorie Autorité Date
Désignation Événement historique Ministre de la Culture et des Communications 2022-03-08
 
Inventorié --
 

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Synthèse

Le Comité provincial pour le suffrage féminin est une association militante mise sur pied en janvier 1922 pour l'obtention du suffrage féminin aux élections provinciales québécoises. Sa fondation constitue un jalon important dans l'histoire de la lutte pour l'égalité politique des femmes au Québec.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la lutte pour le droit de vote des femmes s'intensifie au Québec et au Canada. Depuis 1913, la Montreal Suffrage Association, premier mouvement québécois militant exclusivement pour le suffrage féminin, limite son action au droit de vote des femmes au palier fédéral. Certaines associations féminines, comme la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, réclament ce droit, mais aucune organisation ne se consacre exclusivement à cette cause.

En 1918, les femmes du Québec et du Canada obtiennent le droit de voter aux élections fédérales et, en 1919, de se porter candidate. De 1916 à 1922, les femmes obtiennent le droit de vote dans toutes les provinces canadiennes, sauf au Québec.

La Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste évoque en mars 1920 la fondation d'un « comité de la femme » et d'un « programme civique » pour encourager les Québécoises à participer à la vie citoyenne. L'importante participation des femmes lors du scrutin fédéral du 6 décembre 1921 raffermit l'idée de fédérer les Québécoises autour de la cause du suffrage féminin.

Le 14 janvier 1922, des membres de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste et du Montreal Council of Women tiennent une réunion conjointe au cours de laquelle elles fondent le Comité provincial pour le suffrage féminin. Coprésidé par Marie Lacoste Gérin-Lajoie et Anna Marks Lyman, le Comité transcende les divisions linguistiques et confessionnelles et regroupe plusieurs figures marquantes de l'époque, notamment Carrie Derick, Grace Julia Parker Drummond, Octavia Grace Ritchie England, Idola Saint-Jean et Thérèse Casgrain. Cette rencontre a lieu à la résidence de Mme Gérin-Lajoie, à Montréal.

Le 9 février 1922, une délégation de plus de 400 femmes du Comité se rend au Parlement de Québec pour revendiquer l'obtention du suffrage féminin. À leur demande, le député libéral Henry Miles dépose un premier projet de loi à l'Assemblée législative de la province de Québec pour accorder le droit de vote aux femmes. La députation étant plutôt opposée à cette idée, le projet de loi n'est pas présenté. Cet événement inspire néanmoins une tradition, celle du « Pèlerinage au Parlement », que les militantes vont effectuer annuellement à compter de 1926 jusqu'à ce qu'elles aient gain de cause en 1940.

En mai 1922, le Comité est constitué en corporation et Marie Lacoste Gérin-Lajoie se rend à Rome à l'occasion du congrès de l'Union internationale des ligues catholiques féminines. Elle souhaite obtenir un appui des autorités catholiques en faveur du suffrage féminin en vue de sensibiliser l'épiscopat du Québec. Ses démarches n'ont toutefois pas les effets escomptés. Considérant qu'elle ne peut faire davantage tant que les évêques québécois ne changeront pas d'avis, elle démissionne de la présidence du Comité en novembre 1922.

En 1927, une scission s'opère au sein du Comité. Idola Saint-Jean fonde l'Alliance canadienne pour le vote des femmes du Québec. Le Comité se réorganise l'année suivante sous la houlette de Thérèse Casgrain, et devient la Ligue des droits de la femme.

La fondation du Comité provincial pour le suffrage féminin représente un moment charnière dans l'histoire des droits des femmes au Québec. Le Comité a fait œuvre pionnière en pavant la voie aux organisations qui lui succède dans la lutte pour l'obtention du droit de vote des Québécoises.

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Intérêt patrimonial

Cet événement historique est désigné pour les motifs suivants:

La fondation du Comité provincial pour le suffrage féminin, le 14 janvier 1922, est un jalon important de l'histoire de la lutte pour l'égalité politique des femmes au Québec. Coprésidé par Marie Lacoste Gérin-Lajoie, présidente de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, et Anna Marks Lyman, présidente du Montreal Council of Women, le Comité est la première association militante ayant comme principale revendication le droit de vote des femmes aux élections provinciales québécoises. Transcendant les divisions linguistiques et confessionnelles, le Comité regroupe plusieurs figures marquantes de l'époque, notamment Carrie Derick, Grace Julia Parker Drummond, Octavia Grace Ritchie England, Idola Saint-Jean et Thérèse Casgrain. Malgré l'opposition de la hiérarchie du clergé catholique et de la grande majorité des députés, les militantes font valoir leur cause de différentes manières, dont la plus connue est le « pèlerinage au Parlement ». Cette manifestation est organisée pour la première fois le 9 février 1922 alors qu'une délégation de plus de 400 femmes se rend à l'hôtel du Parlement pour présenter ses revendications. Cette manifestation est répétée annuellement à partir de 1926 jusqu'à ce que les femmes obtiennent le droit de vote et d'éligibilité aux élections québécoises, le 18 avril 1940.

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Références

Notices bibliographiques :

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  • s.a. « Le vote des femmes, au provincial ». La Presse, 30 janvier 1922, p. 2.
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