Obtention du droit de vote et d'éligibilité pour les femmes québécoises
Type :
Événement
Date :
- 1940‑04‑18
Période historique :
- Le Québec moderne (1867 à 1960)
Thème commémoratif :
- Gouvernance
- Groupes sociaux
Patrimoine immobilier associé (2)
- Monument d'Adélard Godbout - Mention
- Monument en hommage aux femmes en politique - Mention
Plaques commémoratives associées (1)
Groupes associés (7)
Personnes associées (7)
- Godbout, Joseph-Adélard (1892 – 1956)
- Casgrain, Thérèse (1896 – 1981) - Protagoniste
- Saint-Jean, Idola (1880 – 1945) - Participant(e)
- Lyman, Anna Marks (1877 – 1956)
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
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Inventorié | -- | ||
Synthèse
Le 18 avril 1940, l'Assemblée législative du Québec adopte la Loi accordant aux femmes le droit de vote et d'éligibilité. Cet événement est un jalon important de la lutte pour l'égalité politique des femmes au Québec.
Les mouvements en faveur du droit de vote pour les femmes au Québec et au Canada naissent à la fin du XIXe siècle. La première organisation à réclamer le droit de vote pour les femmes est la Women's Christian Temperance Union, un organisme qui combat essentiellement l'alcoolisme et qui a une succursale à Montréal à compter de 1887. La lutte pour l'obtention du droit de vote pour les femmes se concrétise en 1913 par la fondation de la Montreal Suffrage Association, un organisme présidé par Carrie Derrick. Le mandat de l'association est de promouvoir le suffrage féminin au fédéral. En 1918, les femmes du Québec et du Canada obtiennent le droit de voter aux élections fédérales et, en 1919, de se faire élire à la Chambre des communes. De 1916 à 1922, les femmes obtiennent le droit de vote dans toutes les provinces canadiennes, sauf au Québec.
La lutte des femmes pour l'obtention du droit de vote aux élections québécoises commence véritablement en 1921 avec la fondation du Comité provincial pour le suffrage féminin par Marie Lacoste Gérin-Lajoie, présidente de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, et Anna Marks Lyman, présidente du Montreal Council of Women. Carrie Derick, Grace Julia Parker Drummond, Octavia Grace Ritchie England, Idola Saint-Jean et Thérèse Casgrain font aussi partie du comité. L'objectif de ce comité est de forcer l'Assemblée législative à débattre de la question du suffrage féminin. Des obstacles se dressent toutefois sur la voie des militantes : le clergé catholique et la grande majorité des journalistes et des parlementaires, de même que plusieurs femmes, s'y opposent vigoureusement. Le Comité se présente une première fois au Parlement de Québec le 9 février 1922 pour réclamer le suffrage féminin. En mars de la même année, le député libéral Henry Miles dépose un projet de loi sur le suffrage féminin, qui est rejeté.
Par la suite, la revendication est reprise par l'Alliance canadienne pour le vote des femmes du Québec, créée en 1927 par Idola Saint-Jean, et la Ligue des droits de la femme, créée en 1929 par Thérèse Casgrain, à partir du Comité provincial pour le suffrage féminin. En travaillant de pair, ces deux groupes réclament le droit de vote pour les femmes aux élections provinciales en organisant des manifestations et des campagnes médiatiques. À leur demande, un député favorable à leur cause dépose chaque année un projet de loi à l'Assemblée législative. Ces projets sont continuellement rejetés.
Défait aux urnes en 1936, le Parti libéral du Québec organise un congrès en mai 1938 afin de préparer son programme électoral. Thérèse Casgrain, alors vice-présidente du Club des femmes libérales du Canada, participe au congrès avec une délégation féminine. Ces femmes parviennent à faire ajouter le suffrage féminin au programme du parti. Élus en 1939, les libéraux d'Adélard Godbout remplissent leur promesse dans la première année de leur mandat.
Le projet de loi accordant aux femmes le droit de vote et d'éligibilité est présenté en Chambre le 9 avril 1940. Deux jours plus tard, en deuxième lecture, 67 députés votent en faveur du projet et 9 contre. Le 18 avril, le projet est adopté sur division en troisième lecture. Le 25 avril, le Conseil législatif adopte la loi, qui reçoit la sanction royale du lieutenant-gouverneur le jour même.
En 1944, les femmes votent pour la première fois dans le cadre d'une élection générale québécoise. Il faut toutefois attendre en 1961 pour voir une première femme, Marie-Claire Kirkland-Casgrain, être élue à titre de députée. L'année suivante, elle devient la première femme à être assermentée comme ministre. En 2012, Pauline Marois est la première femme élue première ministre du Québec.
Références
Notices bibliographiques :
- Assemblée nationale du Québec. Par ici la démocratie. Ligne du temps [En Ligne]. http://paricilademocratie.com/
- BAILLARGEON, Denyse. Brève histoire des femmes au Québec. Montréal, Boréal, 2012. 281 p.
- Bibliothèque et Archives nationales du Québec. La ligne du temps du Québec [En Ligne]. https://numerique.banq.qc.ca/ligne-du-temps
- BOILEAU, Gilles. « C'est Adélard Godbout qui a donné le droit de vote des femmes ». Histoire du Québec. Vol. 10, no 2 (2004), p. 11-14.
- Collectif Clio. L'histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles. Montréal, Le Jour, 1992. 646 p.
- Conseil du statut de la femme et Réseau québécois en études féministes. Ligne du temps de l'histoire des femmes au Québec [En Ligne]. http://www.histoiredesfemmes.quebec/
- DARSIGNY, Maryse. « Les femmes à l'isoloir : la lutte pour le droit de vote ». Cap-aux-Diamants. No 21 (1990), p. 19-21.
- LAPLANTE, Laurent. « Les femmes et le droit de vote : l'épiscopat rend les armes ». Cap-aux-Diamants. No 21 (1990), p. 23-25.
- LAVIGNE, Marie. « 18 avril 1940 - L'adoption du droit de vote des femmes : le résultat d'un long combat ». GRAVELINE, Pierre, dir. Dix journées qui ont fait le Québec. Montréal, VLB, 2013, p. 161-186.
- PROVENCHER, Jean. Chronologie du Québec depuis 1534. Quatrième édition mise à jour. Montréal, Boréal, 2017. 400 p.
- Bulletin / Bibliothèque de l'Assemblée nationale. Vol. 39, no 1 (2010), 47 p.