Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Tabernacle

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Autre(s) nom(s) :

  • Tabernacle du maître-autel

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Date :

  • 1749 (Production)
  • vers 1755 (Dorure)
  • vers 1825 (Modification ou transformation de l'objet)
  • 1868 (Dorure)
  • 1942 (Restauration)

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Meuble religieux > Meuble lié à l'Eucharistie

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (2)

Groupes associés (1)

Personnes associées (3)

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Description

Le tabernacle du maître-autel de l'église de Sainte-Famille de l'île d'Orléans est une pièce de mobilier liturgique liée à la célébration de l'eucharistie. Ce meuble en bois peint en blanc et rose à motifs dorés, réalisé en 1749, présente une largeur de 370 cm, une hauteur de 381 cm et une profondeur de 96,5 cm. Il est doté d'un seul gradin continu terminé en talon et décoré de rinceaux et d'autres motifs végétaux. La réserve eucharistique, dont la porte est ornée d'un pélican eucharistique, repose sur le gradin et dépasse en hauteur le stylobate, servant du même coup de thabor pour l'étage de la colonnade. La serrure de la porte est française et ses gonds sont tournés. L'étage intermédiaire est caractérisé par une colonnade d'ordre corinthien en saillie, aux fûts cannelés et rudentés. La colonnade supporte un entablement à ressauts, dont la corniche est ornée de denticules. L'entablement se poursuit sur les côtés et à l'arrière du meuble. Des panneaux courbés ornés d'un rectangle surmonté d'un cercle se trouvent entre chaque colonne. Le volume de la niche centrale, légèrement en retrait, est accentué par la colonnade qui s'avance dans l'espace de chaque côté de l'armoire eucharistique. L'étage du couronnement, un baldaquin ouvert, est composé d'une impériale monumentale à six volutes, elle-même couronnée d'une croix faîtière reposant sur un globe. À la base de l'impériale, entre et devant ses volutes, se trouvent sept pots à feu. Deux imposants reliquaires sont placés de part et d'autre du couronnement et affichent des motifs ajourés de style rocaille. Celui du côté de l'épître présente une relique de saint Prudent et celui du côté de l'évangile, une relique de sainte Victoire. Le tabernacle est posé sur un tombeau fait d'une grande pierre d'autel et d'un coffre en bois. Ces deux pièces, contemporaines, forment le maître-autel.

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada > Québec

Dimensions :

  • Hauteur (Mesurée / intégral) : 381 centimètre(s)
  • Largeur (Mesurée / intégral) : 370 centimètre(s)
  • Profondeur (Mesurée / intégral) : 96,5 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois (Pin)
  • Peinture
  • Métal (Or)

Technique de fabrication :

  • Assemblé
  • Doré
  • Peint
  • Sculpté

Représentation iconographique :

  • Croix
  • Motif végétal
  • Pélican eucharistique

Décor :

Le tabernacle est doté d'un seul gradin continu terminé en talon et décoré de rinceaux et d'autres motifs végétaux. La réserve eucharistique comprend une porte ornée d'un pélican eucharistique.

L'étage intermédiaire est caractérisé par une colonnade d'ordre corinthien en saillie, aux fûts cannelés et rudentés. La colonnade supporte un entablement à ressauts, dont la corniche est ornée de denticules. Des panneaux courbés ornés d'un rectangle surmonté d'un cercle se trouvent entre chaque colonne.

L'étage du couronnement, un baldaquin ouvert, est composé d'une impériale monumentale à six volutes, elle-même couronnée d'une croix faîtière reposant sur un globe. À la base de l'impériale, entre et devant ses volutes, se trouvent sept pots à feu.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Situé dans un immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1980-02-04
 

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Informations historiques

Ce tabernacle est attribué à Jean-Baptiste-Antoine Levasseur (1717 – 1775) et à François-Noël Levasseur (1701 – 1794) et il est réalisé en 1749. La conception du tabernacle par les Levasseur s'inscrirait donc dans la campagne de décoration de l'église de 1749 : en plus du tabernacle du maître-autel, ils auraient aussi réalisé un retable dans le choeur, une fausse voûte et des statues pour la façade du lieu de culte.

Toutefois, l'attribution du meuble liturgique aux Levasseur est parfois mise en doute, puisque cette oeuvre rompt complètement avec leur production de l'époque : alors qu'à ce moment, les Levasseur réalisent des pièces d'une facture plutôt classique, ce tabernacle est l'un des premiers tabernacles de style rocaille à être réalisé au Québec. Il est surtout le premier à être composé d'une colonnade en saillie et ajourée. De plus, la finesse du dessin et du rendu des ornements ne correspond à aucun autre objet réalisé par les Levasseur. L'utilisation de denticules sur la corniche de l'entablement est aussi atypique dans la production de ces derniers.

L'attribution du tabernacle aux Levasseur remonte à 1926, alors que Ramsay Traquair et Marius Barbeau publient leurs recherches sur l'église de Sainte-Famille. Ces derniers basent leurs propos sur un résumé de l'histoire de l'église écrit en 1811 par l'abbé Joseph Gagnon (1763 – 1840). Claude Payer et Daniel Drouin avancent l'hypothèse que, si cet objet est bien produit par les Levasseur, ils ont dû être assistés par un autre artisan. En effet, les Levasseur font la connaissance de Jean Baillairgé (1726 – 1805) en 1748 et ils ont travaillé ensemble sur quelques contrats d'églises. Jean Baillairgé, immigré de France en 1741, est au fait des mouvements artistiques en vogue en Europe à l'époque, tels que le courant rocaille. Il utilise lui-même ce style à quelques reprises. Une collaboration entre ces artisans est donc plausible pour la réalisation de ce tabernacle.

François-Noël Levasseur (1703 – 1794) apprend la sculpture auprès de son père, Noël Levasseur (1680 – 1740). Il reprend en charge l'atelier familial à la mort de Noël et travaille en collaboration avec son frère Jean-Baptiste-Antoine (1717 – 1775). Imitant d'abord le style de leur père, ils utilisent par la suite un style classique, puis rococo. Leur production se concentre sur la réalisation de pièces simples pour les paroisses moins riches. Après la guerre de la Conquête (1754 – 1760), les frères Levasseur travaillent à la restauration du décor des églises abîmées ou détruites durant le conflit.

Le tabernacle du maître-autel est doré chez les Ursulines de Québec entre 1755 et 1756. Ensuite, vers 1825, l'église est rénovée par Thomas Baillairgé (1791 – 1859) : il ajoute alors une porte vers la sacristie derrière l'autel. C'est possiblement pour cette raison que des panneaux sont placés entre les colonnes de l'étage de la monstrance afin d'éviter de voir la porte de la sacristie.

En 1868, le meuble liturgique est redoré, en même temps que ses deux autels latéraux.
Le tabernacle est restauré en 1942 et les sculptures auraient été retirées à ce moment. Cette date correspondrait aussi à l'une des campagnes de repeinture réalisées sur le meuble.

Un examen pratiqué en 1999 révèle que la dorure d'origine était sur bolus ocre-brun et que le tabernacle a été repeint plusieurs fois dans les tons de crème-blanc. Les rehauts dorés seraient faits de feuille d'or sur mixtion. Les décorations géométriques des panneaux ont été remplacées peu de temps avant 1999, puisqu'elles sont faites de contreplaqué, un matériau moderne. Finalement, le tombeau sur lequel il repose, vraisemblablement réalisé en même temps que le tabernacle, serait un rare exemple au Québec d'autel-coffre abritant une pierre d'autel. Cette dernière serait en outre la plus grande de la province.

Le tabernacle du maître-autel sert toujours au culte dans l'église de Sainte-Famille de l'île d'Orléans.

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Références

Notices bibliographiques :

  • BARBEAU, C.M. et Ramsay TRAQUAIR. « The church of Sainte-Famille, Island of Orleans, Quebec ». McGill University Publications. Vol. 13, no 13 (1926), s.p.
  • GARIÉPY, Edgar et Gérard MORISSET. Sainte-Famille, Montmorency - Église. Inventaire des oeuvres d'art [document inédit], 1942. 140 p.
  • GAUTHIER, Raymonde. Les tabernacles anciens du Québec des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1974. 112 p.
  • GAUTHIER, Raymonde. « Levasseur, Jean-Baptiste-Antoine ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • KAREL, David. Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord : peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, photographes et orfèvres. Québec, Musée du Québec / Les Presses de l'Université Laval, 1992. 962 p.
  • LESSARD, Michel. L'île d'Orléans : aux sources du peuple québécois et de l'Amérique française. Montréal, Éditions de l'Homme, 1998. 415 p.
  • PAYER, Claude et Daniel DROUIN. Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles. Québec, Les publications du Québec, 2016. 271 p.
  • PAYER, Claude. Sainte-Famille de l’Ile d’Orléans, église, maître-autel. Rapport de recherche et d'examen.. Québec, Centre de conservation du Québec, 1999. s.p.
  • ROY, Pierre-Georges. L'Île d'Orléans. Québec, Librairie Garneau / Éditeur officiel du Québec, 1976. 571 p.

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