Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Gare Windsor

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Gare de Montréal
  • Gare ferroviaire du Canadien Pacifique

Région administrative :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Date :

  • 1887 – 1889 (Construction)
  • 1900 (Agrandissement)
  • 1906 (Surélévation)
  • 1909 – 1914 (Agrandissement)
  • vers 1995 (Restauration)

Période :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Thématique :

  • Patrimoine ferroviaire

Usage :

  • Services et institutions (Immeubles de bureaux)
  • Transport, communication et services publics (Gares et autres structures ferroviaires > Gares ferroviaires)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (4)

Plaques commémoratives associées (1)

Groupes associés (1)

Personnes associées (6)

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Carte

Vues
4D

Windsor. Vue d'ensemble 3D
2016, © Ministère de la Culture et des Communications

Description

La gare Windsor est un ancien terminus de chemin de fer et siège social de compagnie ferroviaire. L'imposant bâtiment formant un plan en « U » est de style néoroman richardsonien. La partie initiale a été construite de 1887 à 1889, et les ailes ont été ajoutées en 1900 et de 1909 à 1914. Les façades sont rythmées par des arcades surmontées d'une arcature en plein cintre, de grandes lucarnes pendantes à pignon découvert et des tourelles polygonales. L'édifice Price (1887-1889) est dominé par une tour de huit étages. L'aile Maxwell se distingue grâce à son porche monumental (1900). L'aile Painter, en forme de « L », comprend une tour de quinze étages : l'entrée principale est aménagée sur un pan coupé surmonté d'un attique de plan circulaire coiffé d'un toit conique (1912). La salle des pas perdus (1913) est remarquable avec son toit de verre et sa façade vitrée donnant sur la cour intérieure. Elle est précédée d'un abri de type Bush. Un abri semblable borde le côté sud de la cour. Celle-ci comprend un aménagement paysager évoquant les anciennes voies ferrées. La gare Windsor s'élève à l'angle sud-ouest de l'ensemble formé par le square Dorchester et la place du Canada. Elle se situe dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure (soit l'édifice Price, l'aile Maxwell, l'aile Painter et la salle des pas perdus), à certains éléments de l'intérieur (soit le vestibule, la pièce adjacente et le corridor menant à la salle des pas perdus de l'édifice Price, le vestibule de l'aile Maxwell, le vestibule d'angle de l'aile Painter et sa cage d'escalier ainsi que la salle des pas perdus) et à la cour intérieure avec deux abris de type Bush.

Cinq objets patrimoniaux classés sont associés au lieu, soit les deux horloges suspendues, le tableau d'affichage, le monument commémoratif « L'Ange de la Victoire » de la salle des pas perdus ainsi que l'horloge du portail de l'aile Painter.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2009-02-12

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
  • 9 - Terrain notable
 
Désignation (Canada) Lieu historique national du Canada Commission des lieux et monuments historiques du Canada 1975-01-01
 
Désignation (Canada) Gare ferroviaire patrimoniale Commission des lieux et monuments historiques du Canada 1990-01-01
 
Citation Situé dans un site patrimonial Municipalité (Montréal) 2012-01-23

Statuts antérieurs

  • Avis de motion de citation, 2011-10-25
 

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Valeur patrimoniale

La gare Windsor présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Cette gare est associée à l'une des plus importantes compagnies de chemin de fer du Canada, le Canadien Pacifique (CP). Fondé en 1881, le CP a construit le premier chemin de fer transcanadien. La gare Windsor est érigée de 1887 à 1889 afin de servir de terminus et de siège social à la compagnie. Les ajouts, en 1900 et de 1909 à 1914, des ailes Maxwell et Painter ainsi que de la salle des pas perdus témoignent de l'expansion de cette dernière. En tant que principale gare ferroviaire de Montréal, l'édifice a contribué à faire de la ville la métropole économique et la plaque tournante du transport, de l'industrie et du commerce au Canada pendant un siècle. La gare a été le point de départ de nombreux immigrants désireux de coloniser l'Ouest. Elle a également servi au transport des troupes et du matériel militaire au cours des deux guerres mondiales. Elle symbolise ainsi le prestige du CP et sa place dans l'imaginaire québécois et canadien, de même que la prospérité de Montréal au tournant du XXe siècle.

La gare présente également un intérêt pour sa valeur architecturale liée au fait qu'elle constitue l'un des plus beaux exemples de style néoroman richardsonien au Québec. Henry Hobson Richardson (1838-1886), un architecte important aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, a réinterprété l'architecture romane des XIe et XIIe siècles. Ses oeuvres ont inspiré son compatriote Bruce Price (1845-1903), concepteur du corps initial de la gare et l'un des principaux diffuseurs du néoroman au Canada. Les ailes dessinées par le Montréalais Edward Maxwell (1867-1923) et l'ingénieur en chef du CP Walter Scott Painter (1877-1957) s'harmonisent avec l'édifice Price et en reproduisent plusieurs éléments. Les volumes et les détails architecturaux massifs de la gare, l'emploi de la pierre à bossage rustique, les éléments décoratifs, de même que le rythme créé grâce aux larges ouvertures cintrées, aux grandes lucarnes à pignon découvert, aux tours et aux tourelles, illustrent le style néoroman richardsonien. Conçue par des architectes renommés, la gare Windsor a marqué le début de l'influence prépondérante de l'architecture étatsunienne au Québec et au Canada.

La gare présente aussi un intérêt pour sa valeur architecturale en tant qu'exemple représentatif des terminus ferroviaires métropolitains. Au tournant du XXe siècle, les gares des grands centres nord-américains présentent une architecture monumentale et élaborée qui s'inscrit dans les styles en vogue. En plus des installations ferroviaires (voies, château d'eau pour alimenter les locomotives à vapeur, salles d'attente, bureaux d'immigration), elles regroupent plusieurs services, dont des espaces de bureaux et des commerces. La gare Windsor témoigne de sa double fonction de gare et de siège social du Canadien Pacifique par son implantation à proximité du square Dominion (aujourd'hui square Dorchester et place du Canada), l'un des hauts lieux de Montréal. Elle symbolise, tant par sa conception intérieure que par son aspect extérieur, l'importance et la stabilité de la compagnie. Par ailleurs, la salle des pas perdus, les abris de type Bush et les grandes aires de circulation sont typiques des infrastructures ferroviaires du début du XXe siècle, qui ont dû se moderniser avec l'arrivée des trains express de luxe et des trains de banlieue. La gare Windsor est représentative des équipements urbains prestigieux érigés dans les grandes villes nord-américaines au tournant du XXe siècle et figure aujourd'hui parmi les icônes du patrimoine montréalais.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de la gare Windsor liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- son implantation à l'angle sud-ouest de l'ensemble formé par le square Dorchester et la place du Canada;
- son volume imposant formant un plan en U;
- ses matériaux, dont le parement, les bandeaux et les extrados en pierre bouchardée ou à bossage rustique, le parement en brique rouge à l'arrière, les couvertures en ardoise ou en cuivre ainsi que les portes et les fenêtres en bois;
- ses ouvertures, dont les portails en plein cintre ou à arc surbaissé, les baies à meneaux, les grandes lucarnes pendantes à pignon découvert, les baies vitrées en plein cintre ou à arc surbaissé, les fenêtres rectangulaires ou cintrées à guillotine et les embrasures profondes;
- son ornementation, dont les arcades et les arcatures en plein cintre, les corniches, les colonnes et les colonnettes engagées à chapiteaux cubiques ou à crochets, les tourelles polygonales à toit conique ainsi que les figures, les motifs végétaux et les entrelacs sculptés;
- les composantes intérieures communes, dont les revêtements de calcaire, la mouluration en bois ou en plâtre ainsi que les appareils d'éclairage, les boîtes de courrier et les rampes en laiton;
- les caractéristiques de l'édifice Price, dont son implantation à une intersection, son volume (notamment le plan rectangulaire, la tour carrée de huit étages, la partie au nord de la tour de quatre étages et demi coiffée d'un toit à croupes, la partie au sud de la tour de cinq étages et demi coiffée d'un toit à deux versants droits et le soubassement dégagé selon la déclivité du terrain) ainsi que les composantes du vestibule, de la pièce adjacente et du corridor menant à la salle des pas perdus, dont l'escalier;
- les caractéristiques de l'aile Maxwell, dont son implantation à l'ouest de l'édifice Price, son volume (notamment les deux parties de plan rectangulaire à quatre étages et demi, la partie en retrait précédée d'un porche monumental à gâbles et coiffée d'un toit à deux versants droits et la partie à l'extrémité coiffée d'un toit à croupes) et les composantes du vestibule, dont le plafond à poutres apparentes et les portes jumelées (vitrées à double vantail et surmontées d'impostes vitrées à arc surbaissé);
- les caractéristiques de l'aile Painter, dont son implantation au sud de l'édifice Price, à une intersection, son volume (notamment le plan en « L » à pan coupé, la tour rectangulaire de quinze étages coiffée de toits à croupes aigus, la partie au nord de la tour à cinq étages et demi et coiffée d'un toit à deux versants droits, la partie au sud de la tour à six étages et demi et coiffée et d'un toit à deux versants droits en façade et d'un toit plat à l'arrière, la façade aménagée sur le pan coupé surmontée d'un attique de plan circulaire à toit conique ainsi que le soubassement d'un ou deux niveaux selon la déclivité) l'horloge dorée, et les composantes du vestibule d'angle et de sa cage d'escalier, dont l'escalier monumental, les voûtes en berceau, les colonnes ainsi que les piliers et les pilastres doriques et les balustrades;
- les caractéristiques de la salle des pas perdus, dont son implantation à l'extrémité des anciennes voies, son volume de plan rectangulaire d'un seul étage coiffé d'un toit à croupes en verre, ses ouvertures (dont la façade vitrée donnant sur la cour intérieure), les composantes intérieures, dont la charpente apparente en métal, les grillages ainsi que les portes vitrées à double ou triple vantail;
- les caractéristiques de la cour intérieure, dont les deux abris de type Bush.

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Informations historiques

La gare Windsor est bâtie pour la compagnie ferroviaire Canadien Pacifique (CP), fondée en 1881 pour réaliser le premier chemin de fer transcanadien. Celui-ci est complété en novembre 1885. L'année suivante, le CP décide d'élever une gare et d'installer son siège social à Montréal, qui est alors la métropole économique et la plaque tournante du transport au Canada. L'emplacement choisi donne sur le square Dominion (aujourd'hui square Dorchester et place du Canada), l'un des hauts lieux de la ville. La proximité du canal Lachine et des secteurs industriel, commercial et portuaire facilite la distribution des marchandises et l'accès aux passagers.

L'architecte étatsunien Bruce Price (1845-1903) est chargé de réaliser les plans. Il présente quatre projets de style néoroman, inspirés des oeuvres d'Henry Hobson Richardson (1838-1886). Le dernier et le plus simple est retenu.

Le corps initial (édifice Price) est construit de 1887 à 1889, le long de la rue Windsor (aujourd'hui Peel). Le bâtiment en pierre compte deux salles d'attente (une principale et une pour les femmes), des services pour les immigrants et les voyageurs ainsi que des bureaux. Quatre voies ferrées le desservent. Ces voies sont supportées par une plate-forme de roulement qui corrige la dénivellation du terrain. À partir de 1893, l'établissement offre le premier service de trains de banlieue à Montréal. Avec la croissance du CP, des ailes harmonisées à l'édifice Price viendront s'ajouter.

Une aile est érigée en 1900 le long de la rue Osborne (aujourd'hui de La Gauchetière) selon les plans de l'architecte montréalais Edward Maxwell (1867-1923). La charpente est en acier avec un parement en pierre. En plus d'augmenter les espaces à bureaux, l'aile Maxwell devient l'entrée principale de la gare. Trois voies ferrées sont ajoutées à ce moment. En 1906, l'ingénieur en chef du CP Walter Scott Painter (1877-1957) remplace le toit plat de cette aile par le toit à deux versants actuel.

Painter est bientôt chargé de concevoir une nouvelle aile à l'image de l'importance mondiale du CP. Deux architectes d'Ottawa l'assistent : John William Hurrell Watts (1850-1917) et Lawrence Fennings Taylor. L'aile est construite de 1909 à 1914 au sud de l'édifice Price, le long de la rue Windsor et de la rue Saint-Antoine (anciennement Craig). La charpente est aussi en acier avec un parement en pierre. Doublant la taille de la gare, l'aile récente compte notamment un bureau d'immigration et une salle d'attente destinée exclusivement aux Chinois. Un réservoir d'eau est contenu dans l'imposante tour de quinze étages. Les infrastructures ferroviaires sont modernisées en 1913. Les anciennes voies sont remplacées par douze nouvelles qui sont couvertes d'abris de type Bush. La salle des pas perdus est construite, entraînant la disparition de la salle d'attente principale.

Au cours des deux guerres mondiales, la gare sert au transport des soldats et du matériel militaire. Le monument « L'Ange de la Victoire » du sculpteur montréalais Coeur de Lion McCarthy (1881-1979) est inauguré en 1922 dans la salle des pas perdus, à la mémoire des employés du CP morts au combat.

La gare Windsor est désignée lieu historique national du Canada en 1975 et obtient le statut de gare ferroviaire patrimoniale en 1990.

Dans les années 1990, le terminus est désaffecté et la gare fait l'objet d'une restauration majeure. Les voies sont démantelées et la cour intérieure est aménagée. Plusieurs annexes disparaissent, dont celle nommée « Mud Hut » (1906), ainsi que la plupart des abris couvrant les voies. En 1996, le siège social du CP est déménagé à Calgary.

La gare Windsor est classée en 2009. Elle abrite toujours des bureaux, notamment du CP, et des salles de réunion en plus de quelques commerces.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ville-Marie

Adresse :

  • 1100, avenue des Canadiens-de-Montréal

Latitude :

  • 45° 29' 49.408"

Longitude :

  • -73° 34' 6.355"

Désignation cadastrale :

  • Lot 1 851 413
  • Lot 2 296 185

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Documents

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Références

Notices bibliographiques :

  • BEAN, Audrey et al. Windsor station. La gare Windsor. Montréal, Les Amis de la Gare Windsor, 1973. 24 p.
  • BROSSEAU, Mathilde. Gare Windsor (902-26, rue Peel, 1101-13, rue St-Antoine, Montréal, Québec). Histoire, relevé, analyse. s.l. Ministère des Affaires culturelles, Direction générale du patrimoine, 1978. 55 p.
  • Commission des lieux et monuments historiques du Canada. Rapports sur les gares ferroviaires du Québec. Vol. 7. s.l. 1995. s.p.
  • Communauté urbaine de Montréal. Architecture civile I : les édifices publics. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la communauté urbaine de Montréal, 4. Montréal, Communauté urbaine de Montréal, Service de la planification du territoire, 1981. 321 p.
  • KALMAN, Harold. Concise History of Canadian Architecture. Don Mills, Oxford University Press, 2000. 661 p.
  • KALMAN, Harold. The railway hotels and the development of the Château style in Canada. Studies in architectural history, 1. Victoria, University of Victoria Maltwood Museum, 1968. 47 p.
  • LINTEAU, Paul-André. Histoire de Montréal depuis la Confédération. Montréal, Les Éditions du Boréal, 2000. 627 p.
  • MERRETT, Brian et François RÉMILLARD. Architecture de Montréal : guide des styles et des bâtiments. Montréal, Éditions du Méridien, 1990. 222 p.
  • Parcs Canada. Énoncé d'intégrité commémorative. Lieu historique national de la Gare-Windsor-du-Canadien-Pacifique (Montréal, Québec). s.l. 2008. 38 p.
  • PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 1. Montréal, Les Éditions La Presse, 1987. 346 p.
  • RUEL, Andrée et Barbara SALOMON DE FRIEDBERG. Les gares de chemins de fer au Québec. Analyse typologique et sélection. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1982. 191 p.
  • Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Gare Windsor du Canadien Pacifique, Montréal, Canada. s.l. 2008. 25 p.
  • Ville de Montréal. Évaluation du patrimoine urbain : Arrondissement de Ville-Marie. Montréal, Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine, 2005. 168 p.

Multimédias disponibles en ligne :

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