Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Peinture (Vrai Portrait de Marguerite Bourgeoys)

Images

Description

Le tableau intitulé « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys » est un portrait post mortem immédiat réalisé en 1700. Mesurant 62 cm de hauteur sur 49,5 cm de largeur, cette huile sur toile représente Marguerite Bourgeoys (1620-1700), fondatrice de la congrégation de Notre-Dame de Montréal. La femme âgée est représentée en buste. Ses traits sont tirés et ses mains jointes. Son costume est composé notamment d'un mouchoir de col et d'un bonnet blancs, d'un voile de tête noir noué sur la poitrine et d'une croix pectorale suspendue à une chaîne. L'oeuvre au fond sombre est caractérisée par son style simple constitué de traits de contour larges et de couleurs appliquées sans modelé. Le tableau est conservé au musée Marguerite-Bourgeoys, à Montréal.

Ce bien est classé objet patrimonial.

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada > Montréal

Dimensions :

  • Hauteur : 62 centimètre(s)
  • Largeur : 49,5 centimètre(s)

Médium :

  • Huile

Support :

  • Toile

Sujet :

  • Portrait

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2014-11-10
Prise d'effet : 2013-11-21

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2013-11-14
  • Proposition de statut national
 

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Valeur patrimoniale

Le tableau « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys » présente un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Cette oeuvre est l'un des plus anciens tableaux peints par un artiste né au Canada qui nous est parvenu. Pierre Le Ber (1669-1707) est né sur l'île de Montréal. Sa formation artistique est inconnue, mais il aurait pu apprendre son métier auprès du sculpteur français Charles Chaboulié (1647-1708), arrivé en Nouvelle-France en 1680. Les oeuvres d'art religieux et les estampes européennes que possédait le père de Le Ber ont probablement influencé sa production. Il réalise plusieurs tableaux religieux destinés à des églises de la Nouvelle-France. La plupart de ses oeuvres sont aujourd'hui disparues. Le « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys » est le seul tableau qui peut lui être attribué avec certitude. Cette oeuvre a été largement retouchée à au moins deux reprises au XIXe siècle. Une restauration effectuée en 1963 et 1964 a permis de dégager le portrait original, exécuté dans un style primitif.

Le tableau « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys » présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Il s'agit du seul portrait contemporain de Marguerite Bourgeoys (1620-1700). En 1640, cette dernière se joint à la congrégation externe de Notre-Dame de Troyes, sa ville natale, en France. Elle s'établit à Ville-Marie en 1653 pour se consacrer à l'enseignement. En 1658, elle reçoit ses premiers élèves. La même année, elle retourne en France pour recruter des jeunes filles qui pourront l'assister dans sa tâche. Le groupe d'institutrices ainsi formé, déjà nommé « filles de la Congrégation » par les habitants, est autorisé par Mgr de Laval (1623-1708) à enseigner dans tout le Canada. En 1670, Marguerite Bourgeoys se rend en France pour obtenir du roi les lettres patentes pour sa communauté. Elles lui sont accordées l'année suivante. Le groupe essaime et des écoles sont fondées à Lachine, à Batiscan et à Champlain, notamment. En 1693, Marguerite Bourgeoys est remplacée par Marie Barbier (1663-1739) comme supérieure de la communauté. Malgré les tentatives de Mgr de Saint-Vallier (1653-1727) de leur imposer le cloître, les Filles de la Congrégation obtiennent la permission de prononcer leurs voeux simples et de poursuivre leur engagement séculier. La congrégation de Notre-Dame de Montréal est érigée canoniquement en 1698. Marguerite Bourgeoys prend alors le nom de soeur du Saint-Sacrement et consacre les deux dernières années de sa vie à la prière. Elle est béatifiée en 1950 et canonisée en 1982. Le « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys » est le seul portrait contemporain de la fondatrice d'une communauté religieuse ayant marqué l'histoire du Québec.

Le tableau « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys » présente en outre un intérêt pour ses valeurs historique et ethnologique comme exemple de portrait post mortem immédiat. La tradition des portraits exécutés peu de temps après la mort remonte à l'Antiquité et connaît un regain de popularité à partir du XVIe siècle en Europe. Les religieuses en font parfois l'objet, les voeux d'humilité et de pauvreté limitant la réalisation de portraits de leur vivant. Ces portraits post mortem de religieuses servent, entre autres, d'exemples de la « bonne mort » auquel doit aspirer tout chrétien. Le « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys » ne dissimule pas les effets de la mort sur le corps physique, comme les traits tirés et la ptose des paupières. Le portrait est conservé précieusement par la communauté et est même considéré comme une relique, si bien que Mgr Bourget (1799-1885) doit faire retirer le tableau de la chapelle, conformément au droit canon qui empêche la vénération d'un individu n'étant pas encore béatifié ou canonisé. Cette oeuvre rappelle donc une pratique ancienne visant à perpétuer la mémoire d'un défunt. Elle témoigne aussi de la façon de représenter la mort au tournant du XVIIIe siècle.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du tableau Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys liés à ses valeurs historique, artistique et ethnologique comprennent, notamment :
- ses dimensions, dont la hauteur de 62 cm et la largeur de 49,5 cm;
- les matériaux, dont la peinture à l'huile sur toile;
- le style simple constitué de traits de contour larges et les couleurs des volumes appliquées sans effet de modelé;
- la représentation en buste d'une femme âgée, les traits tirés, les yeux mi-clos, les mains jointes à la hauteur de la poitrine;
- les éléments du costume, dont le bonnet et le mouchoir de col blancs, le voile de tête noir noué sur la poitrine ainsi que la croix pectorale claire suspendue à une chaîne, contrastant sur le vêtement noir;
- le fond brun foncé.

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Informations historiques

Le tableau intitulé « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys » est le seul portrait contemporain de la fondatrice de la congrégation de Notre-Dame de Montréal. Marguerite Bourgeoys s'établit à Ville-Marie en 1653 pour se consacrer à l'enseignement. En 1658, elle reçoit ses premiers élèves. Le groupe d'institutrices qu'elle forme, déjà nommé « filles de la Congrégation » par les habitants, est autorisé par Mgr de Laval (1623-1708) à enseigner dans tout le Canada. En 1670, Marguerite Bourgeoys se rend en France pour obtenir du roi les lettres patentes pour sa communauté. Elles lui sont accordées l'année suivante. Le groupe essaime et des écoles sont fondées à Lachine, à Batiscan et à Champlain, notamment. La congrégation de Notre-Dame est érigée canoniquement en 1698. Marguerite Bourgeoys prend alors le nom de soeur du Saint-Sacrement et consacre les deux dernières années de sa vie à la prière.

En janvier 1700, au lendemain du décès de la fondatrice de la communauté, Pierre Le Ber (1669-1707) exécute un portrait post mortem. Le Ber est né sur l'île de Montréal. Sa formation artistique est inconnue, mais il aurait pu apprendre son métier auprès du sculpteur français Charles Chaboulié (1647-1708), arrivé en Nouvelle-France en 1680. Les oeuvres d'art religieux et les estampes européennes que possédait le père de Le Ber ont probablement influencé sa production.

Issu d'une famille aisée, l'artiste montre une grande générosité envers certaines communautés religieuses. Il aide notamment les Frères hospitaliers de Montréal à organiser leurs ateliers d'artisanat. Il réalise plusieurs tableaux religieux destinés à des églises de la Nouvelle-France. La plupart de ses oeuvres sont aujourd'hui disparues. Le « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys » est le seul tableau qui peut lui être attribué avec certitude.

Ce portrait de la fondatrice de la communauté est précieusement conservé par les religieuses. Il est accroché dans la chapelle, au-dessus de la niche où a été placé le coeur de Marguerite Bourgeoys. Il est à quelques reprises retiré et replacé dans la chapelle. Vers la fin des années 1860, Mgr Ignace Bourget (1799-1885), exige qu'il soit retiré, conformément au droit canon qui empêche la vénération d'un individu n'étant pas encore béatifié ou canonisé. Il est placé dans la maison-mère. Il est néanmoins présenté au public lors de deux expositions organisées par la Société d'archéologie et de numismatique de Montréal, en 1887 et en 1892.

Le tableau a connu au moins deux restaurations majeures au cours du XIXe siècle. La première intervention modifie l'apparence du visage et des mains, tandis que la seconde change à nouveau le visage en plus de modifier le costume. Des retouches mineures sont également apportées au début du XXe siècle.

Au milieu du XXe siècle, certaines religieuses mettent en doute l'authenticité du portrait. En 1961, une copie exacte du tableau tel qu'il se présentait alors est réalisée par l'artiste Jori Smith Palardy. En 1963, la communauté fait appel à Edward O. Korany, spécialiste new-yorkais de la restauration. Les examens radiologiques laissent entrevoir un visage, une coiffe et des mains différentes sous trois couches de blanc de plomb.

L'oeuvre originale, à peu près intacte sous les repeints, est dégagée lentement. Le fond, en mauvais état, doit cependant être plus largement retouché. La restauration s'achève en mars 1964.

L'oeuvre est présentée en 1967 à l'Exposition universelle de Montréal. La même année, il est exposé au Musée des beaux-arts de Montréal, puis, en 1974, au Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa. Depuis 1998, il peut être vu au musée Marguerite-Bourgeoys.

Le « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys » est classé en 2014.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • KAREL, David. Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord : peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, photographes et orfèvres. Québec, Musée du Québec / Les Presses de l'Université Laval, 1992. 962 p.
  • LACROIX, Laurier. Les arts en Nouvelle-France. Collection Arts du Québec. Québec, Musée national des beaux-arts du Québec : Publications du Québec, 2012. 296 p.
  • MARTEL, Stéphan. « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys ». s.a. Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française [En ligne]. http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-328/Vrai_portrait_de_Marguerite_Bourgeoys.html
  • TRUDEL, Jean, dir. Le Grand héritage : L'Église catholique et les arts au Québec. Québec, Musée du Québec, 1984. 369 p.

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