Ciboire
Type :
Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)
Région administrative :
- Montérégie
Date :
- 1775 (Production)
- 2009 (Restauration)
Thématique :
- Patrimoine religieux (Culte)
Tradition religieuse :
- Christianisme (Catholicisme (rite latin))
Classification :
- Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Arts décoratifs > Orfèvrerie
- Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Objet religieux > Objet lié à l'Eucharistie
Patrimoine immobilier associé (1)
Patrimoine mobilier associé (2)
Groupes associés (1)
- Centre de conservation du Québec (1979 – ) - Restaurateur(-trice)
Personnes associées (1)
- Cruickshank, Robert (vers 1748 – 1809) - Artiste / artisan(e)
Inventaires associés (1)
Description
Le ciboire est une pièce d'orfèvrerie liée à la liturgie catholique exécutée par l'atelier de Cruickshank en 1775 pour l'église de Saint-Michel. L'objet en argent poli a la forme d'une coupe évasée sur pied dotée d'un couvercle. D'une hauteur de 22,4 cm, le ciboire comporte une base à deux niveaux, une tige comprenant une collerette godronnée et un noeud en forme de poire renversée, ainsi qu'une coupe fermée par un couvercle surmonté d'une croix. Le décor sobre est essentiellement composé de moulures.
Ce bien est classé objet patrimonial. Il est associé à l'église de Saint-Michel, classée immeuble patrimonial.
Numéro de l'objet :
- Numéro d'inventaire : 92900.280.1-2
Lieu de production :
- Amérique du Nord > Canada > Montréal
Dimensions :
- Diamètre extérieur : 11,6 centimètre(s)
- Hauteur : 22,4 centimètre(s)
Matériaux :
- Métal (Argent)
Technique de fabrication :
- Assemblé
- Doré
- Martelé
- Poinçonné
Représentation iconographique :
- Croix tréflée
Poinçon :
- Sous le pied : lettres R et C; Sur le rebord du couvercle : lettres R et C; Sous le couvercle : lettres R et C
Inscription :
Sous le pied : [Présence]
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Classement | Objet patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 1965-04-09 |
Valeur patrimoniale
Le ciboire présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique découlant de son association avec l'atelier d'orfèvre qui l'a créé, soit celui de Robert Cruickshank (vers 1748-1809). Cette entreprise est l'une des plus importantes dans l'histoire de l'orfèvrerie à Montréal, avec celle de Pierre Huguet, dit Latour (1749-1817). À la différence des orfèvres de la ville de Québec, artisans spécialisés qui travaillent relativement à petite échelle, les orfèvres montréalais de la deuxième moitié du XVIIIe et du début du XIXe siècle sont souvent des hommes d'affaires exploitant une entreprise. L'industrie de la fourrure rendant nécessaire la production d'un grand nombre de pièces d'orfèvrerie de traite, les ateliers montréalais engagent plusieurs apprentis pour exécuter les commandes. C'est le cas de Cruickshank, originaire de Grande-Bretagne et orfèvre de formation. Cruickshank s'installe à Montréal en 1773 et ouvre un atelier qui devient rapidement prospère. Il travaille à plusieurs reprises en association avec d'autres artisans et négociants et importe de la marchandise de Grande-Bretagne en plus de fabriquer des pièces dans son atelier. Cruickshank est le premier orfèvre montréalais à posséder un atelier et un magasin séparés de sa résidence, ce qui témoigne de l'importance de son entreprise. Des articles de quincaillerie et divers objets comme des horloges et des bijoux sont également en vente dans son magasin. Parallèlement à ces activités, Cruickshank occupe diverses fonctions publiques et militaires, notamment celles de juge de paix et d'officier de milice, qui le placent au rang des notables montréalais. Le ciboire est réalisé en 1775 pour la paroisse de Saint-Michel-de-Vaudreuil, en même temps qu'un calice. Les deux pièces figurent parmi les oeuvres les plus anciennes de l'atelier de Cruickshank conservées au Québec, et elles témoignent de sa production d'objets religieux, moins importante en nombre que les pièces destinées à la traite mais plus estimée.
Le ciboire présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. L'objet se distingue des autres vases sacrés de l'époque par son esthétique très épurée. En effet, ce type d'objet religieux est souvent caractérisé, au XVIIe et dans la première moitié du XVIIIe siècle, par un foisonnement décoratif constitué de feuillage, de têtes d'anges et de nombreuses composantes en relief. À l'opposé de ces tendances, le ciboire de Cruickshank ne présente aucun décor ciselé, et sa surface est entièrement polie. Ce dépouillement des surfaces met en évidence les fines moulures qui ponctuent chaque partie de l'objet. La croix surmontant le couvercle, aux extrémités taillées en fleur de lys, ainsi que les godrons décorant la collerette de la tige constituent les principaux ornements de la pièce. Le ciboire, qui est original par son décor sobre, reprend la forme traditionnelle des vases sacrés avec sa base à deux niveaux, sa tige en forme de balustre constituée d'une collerette et d'un noeud en forme de poire renversée, ainsi que sa coupe évasée fermée par un couvercle orné d'une croix. L'oeuvre témoigne donc à la fois de la transmission de certaines formes et du renouvellement décoratif marquant cet art dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2011.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du ciboire liés à ses valeurs historique et artistique comprennent, notamment :
- ses dimensions, dont la hauteur de 22,4 cm;
- le matériau, soit l'argent massif;
- les différentes parties constituant le vase, dont la base à deux niveaux, la tige composée d'une collerette et d'un noeud en forme de poire renversée, ainsi que la coupe évasée fermée par un couvercle;
- les éléments ornementaux, dont les surfaces polies, les moulures, les godrons décorant la collerette et la croix aux extrémités en forme de fleur de lys surmontant le couvercle.
Informations historiques
Le ciboire est réalisé en 1775 par l'atelier d'orfèvre de Robert Cruickshank (vers 1748-1809), une des entreprises les plus importantes dans l'histoire de l'orfèvrerie à Montréal. Originaire de Grande-Bretagne et orfèvre de formation, Cruickshank s'installe à Montréal en 1773 et son atelier devient rapidement prospère. Il engage plusieurs apprentis, principalement pour exécuter de nombreuses pièces d'orfèvrerie de traite, mais également des objets liturgiques. Cruickshank est le premier orfèvre montréalais à posséder un atelier et un magasin séparés de sa résidence. Parallèlement à ces activités, il occupe diverses fonctions publiques et militaires, notamment celles de juge de paix et d'officier de milice, qui le placent au rang des notables montréalais. La carrière de Cruickshank est représentative de celle des orfèvres influents de Montréal, qui se distinguent alors des maîtres artisans de Québec par leur production à plus grande échelle et par leur double fonction d'orfèvres et d'hommes d'affaires.
Le ciboire se démarque des autres vases sacrés de l'époque par son esthétique très épurée. Ses surfaces entièrement polies et l'absence d'éléments ciselés constituent alors une nouveauté par rapport au foisonnement décoratif caractérisant les objets liturgiques du XVIIe et de la première moitié du XVIIIe siècle. L'oeuvre présente un décor original mais s'inscrit également dans la continuité de l'orfèvrerie traditionnelle française par la forme de ses diverses composantes, héritée des vases sacrés anciens.
L'atelier de Cruickshank produit en même temps ce ciboire et un calice pour la paroisse de Saint-Michel-de-Vaudreuil. Les deux objets comptent parmi les oeuvres les plus anciennes de cet atelier conservées au Québec. Ils font partie d'un ensemble de pièces commandées successivement par la paroisse à divers orfèvres influents de la région de Montréal.
Le ciboire est classé en 1965, en même temps que 21 autres biens mobiliers de l'église de Saint-Michel, dont certaines pièces d'orfèvrerie et de mobilier, ainsi que des tableaux.Il a été restauré par le Centre de conservation du Québec en 2009.
Références
Gestionnaires des données :
Société des musées québécois
Notices bibliographiques :
- BÉLISLE, Michel. Saint-Michel de Vaudreuil : une église seigneuriale. Vaudreuil, Centre d'histoire La Presqu'Île, 1993. 16 p.
- DEROME, Robert. « Cruickshank, Robert ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca
- RAUDSEPP, Karl J. et René VILLENEUVE. « Oeuvres d'art de l'église de Saint-Michel ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 45-54.
- Vieux-Montréal. « Fiche d'un personnage : Robert Cruickshank en 1785 ». Société de développement de Montréal. Vieux-Montréal [En ligne]. http://www.vieux.montreal.qc.ca/