Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Tabernacle et maître-autel

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Date :

  • 1795 (Dorure)
  • 1795 (Production)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Meuble religieux > Autel et son environnement

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (3)

Groupes associés (1)

Personnes associées (1)

Inventaires associés (1)

Description

Le maître-autel de l'ancienne église de Saint-Pierre est une pièce de mobilier religieux liée à la célébration de l'eucharistie. Réalisé en 1795, le meuble mesure 336 cm de hauteur, 262 cm de largeur et 87 cm de profondeur. L'ensemble est constitué d'un tombeau et d'un tabernacle en bois sculpté. Le tombeau, peint et doré, présente un plan rectangulaire et un profil galbé. Le tabernacle doré est composé de trois parties superposées, soit deux gradins au centre desquels se trouve une réserve eucharistique, un étage intermédiaire rythmé de panneaux sculptés et de colonnettes et comprenant une niche d'exposition, ainsi qu'un étage du couronnement comprenant des reliquaires et une impériale à quatre branches surmontée d'une croix. Le maître-autel est orné de plusieurs motifs végétaux, d'armoiries, d'un ostensoir en bas-relief sur la porte de la réserve eucharistique et de pots à feu.

Ce bien est classé objet patrimonial. Il est associé à l'ancienne église de Saint-Pierre, classée immeuble patrimonial.

Numéro de l'objet :

  • Numéro d'accession : 2017.415.1-2

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada > Québec > Capitale-Nationale > Québec

Dimensions :

  • Hauteur (Mesurée / intégral) : 336 centimètre(s)
  • Largeur (Mesurée / intégral) : 262 centimètre(s)
  • Profondeur (Mesurée / intégral) : 87 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois (Pin)
  • Verre
  • Peinture
  • Fibre
  • Métal

Type de fabrication :

Artisanal

Technique de fabrication :

  • Doré
  • Peint

Représentation iconographique :

  • Armoiries du Saint-Siège
  • Cartouche
  • Cerisier
  • Clés en sautoir
  • Coquillages
  • Cornes d'abondance
  • Couronne d'épines
  • Croix
  • Feuilles d'acanthe
  • Globe
  • Guirlandes
  • Marguerites
  • Monogramme JHS
  • Olivier
  • Ostensoir
  • Paniers de fleurs
  • Rinceaux
  • Roses sauvages
  • Tiare papale
  • Tournesols
  • Urnes
  • Vignes
  • Visage du Christ

Inscription :

Haut : JHS

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1965-09-08
 
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1958-11-05
 

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Valeur patrimoniale

Le maître-autel de l'ancienne église de Saint-Pierre présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Cette pièce de mobilier religieux témoigne de l'importance de la célébration de l'eucharistie dans la religion catholique. Ce meuble, placé traditionnellement au fond du choeur, est composé d'un tombeau supportant la table d'autel où était célébrée l'eucharistie et d'un tabernacle destiné à conserver le ciboire et les hosties consacrées. Les maîtres-autels anciens prennent souvent des dimensions imposantes. À la fin du XVIIIe siècle, ils se composent souvent d'un tombeau galbé supportant un tabernacle constitué de trois parties superposées : en bas, les gradins, qui incluent la réserve eucharistique, l'armoire contenant les hosties consacrées; au centre, l'étage de l'ordre, qui est aussi parfois appelé « étage de la monstrance » et qui est doté d'une niche servant à l'exposition de l'ostensoir ou qui reçoit une croix d'autel; au-dessus, l'étage du couronnement. Le maître-autel de l'ancienne église de Saint-Pierre en constitue un bon exemple. Malgré la fermeture du lieu de culte en 1955, le maître-autel est conservé « in situ ». Il rappelle l'importance de ce meuble au coeur des pratiques liturgiques catholiques.

Le maître-autel présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Cette pièce de mobilier est réalisée en 1795 par Pierre Émond (1738 – 1808), un menuisier et sculpteur ornemaniste ayant principalement oeuvré dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Né à Québec, Émond apprend le métier dans l'atelier de François-Noël Levasseur (1703 – 1794) et Jean-Baptiste-Antoine Levasseur (1717 – 1775) ou dans celui de Jean Baillairgé (1726 – 1805). Reproduisant les modèles du Régime français, il travaille principalement pour les communautés religieuses de Québec où il réalise surtout des travaux de menuiserie. À partir de 1785, il se consacre davantage à la statuaire et à la sculpture ornementale et réalise quelques pièces de mobilier religieux, dont ce maître-autel. Pour réaliser ce meuble, Pierre Émond combine diverses influences provenant des tabernacles et des tombeaux réalisés par ses confrères de la région de Québec. La forme générale du tabernacle, qui se caractérise notamment par une niche centrale surmontée d'une impériale à branches, est inspirée du tabernacle de l'ancienne chapelle extérieure du Séminaire (aujourd'hui conservé au Musée de la civilisation), réalisé par les frères François-Noël et Jean-Baptiste-Antoine Levasseur. Le décor du tabernacle, présentant des motifs végétaux indigènes ou naturalisés, tels que les roses sauvages, les marguerites et les tournesols, de même que le profil galbé du tombeau, évoquent plutôt l'influence de la famille Baillairgé qui renouvelle, à la fin du XVIIIe siècle, le vocabulaire ornemental de ce type de mobilier liturgique. Le maître-autel de l'ancienne église de Saint-Pierre rappelle donc la période de transition entre les meubles inspirés du Régime français et le renouveau stylistique proposé par la famille Baillairgé. Pièce maîtresse de l'oeuvre de Pierre Émond, il constitue un témoin privilégié du travail de cet artiste.

Source: Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2019.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du maître-autel de l'ancienne église de Saint-Pierre liés à ses valeurs historique et artistique comprennent, notamment :
- son volume, dont la hauteur de 336 cm, la largeur de 262 cm et la profondeur de 87 cm;
- les matériaux, dont le bois sculpté (notamment le pin), la dorure, la peinture, le tissu, le verre et le métal;
- ses parties composantes, dont le tombeau et le tabernacle (formé de gradins, d'un étage de l'ordre et d'un étage du couronnement);
- le tombeau, dont le plan rectangulaire, le profil galbé à la romaine, les moulures et le décor sculpté (notamment les cornes d'abondance, la guirlande, le cartouche et les armoiries du Saint-Siège, composées de clés en sautoir surmontées de la tiare papale);
- les caissons des gradins du tabernacle, dont les deux gradins ornés de rinceaux (composés de feuilles d'acanthe ainsi que de branches de vigne, de cerisier et d'olivier portant des fleurs et des fruits) et, intégrée aux deux gradins, la réserve eucharistique centrale fermée par une porte en bois (ornée à l'extérieur d'un ostensoir sculpté entouré d'un décor gravé dans la dorure et recouverte à l'intérieur d'un tissu peint représentant la tête du Christ);
- l'étage de l'ordre du tabernacle, dont le stylobate à ressauts orné d'arabesques, les colonnettes cannelées d'ordre corinthien, les deux ailes latérales ornées de panneaux sculptés (notamment décorés de bouquets de roses sauvages et de marguerites dans des paniers), la niche centrale d'exposition à pans coupés flanquée de part et d'autre de trois colonnettes et décorée de panneaux sculptés (représentant notamment des bouquets de tournesols dans des urnes) et l'entablement à ressauts;
- l'étage du couronnement du tabernacle, dont l'impériale à quatre branches décorée d'un cartouche arborant le monogramme JHS et surmontée d'un globe et d'une croix, les reliquaires circulaires et les pots à feu.

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Informations historiques

Le maître-autel est conçu pour l'ancienne église de Saint-Pierre, située à Saint-Pierre-de-l'Île-d'Orléans. Ce lieu de culte est érigé de 1717 à 1719 afin de remplacer la première chapelle de l'endroit. Le décor intérieur de l'église, d'abord constitué du mobilier récupéré de l'ancienne chapelle, est modifié à plusieurs reprises au cours du XVIIIe siècle. En 1775, l'abside de l'église est agrandie, permettant ainsi le réaménagement du choeur et la réalisation d'un nouveau décor, dont des pièces de mobilier liturgique.

L'exécution d'un nouveau maître-autel est confiée en 1795 au menuisier et sculpteur Pierre Émond (1738 – 1808). Né à Québec, Émond apprend le métier dans l'atelier de François-Noël Levasseur (1703 – 1794) et Jean-Baptiste-Antoine Levasseur (1717 – 1775) ou dans celui de Jean Baillairgé (1726 – 1805). Reproduisant les modèles du Régime français, il travaille principalement pour les communautés religieuses de Québec où il réalise surtout des travaux de menuiserie. À partir de 1785, il se consacre davantage à la statuaire et à la sculpture ornementale et réalise quelques pièces de mobilier religieux, dont ce maître-autel.

Pour réaliser ce meuble, Pierre Émond combine diverses influences provenant des tabernacles et des tombeaux réalisés par ses confrères de la région de Québec. Pour le tabernacle, il reprend l'architecture générale du maître-autel de l'ancienne chapelle extérieure du Séminaire (aujourd'hui conservé au Musée de la civilisation), réalisé par les frères François-Noël et Jean-Baptiste-Antoine Levasseur. La forme du meuble se caractérise notamment par sa niche centrale surmontée d'une impériale à branches. Pour le décor du tabernacle, Émond préconise plutôt le style employé par la famille Baillairgé et opte pour des rinceaux et des motifs végétaux indigènes ou naturalisés, tels que les roses sauvages, les marguerites et les tournesols. Pour le tombeau, Émond s'inspire une fois de plus de la famille Baillairgé pour réaliser un meuble au profil galbé à la romaine. Ce type de tombeau a notamment été employé par Pierre-Florent Baillairgé (1761 – 1812) au début des années 1790 pour le maître-autel de l'église de Maskinongé.

Le tabernacle du maître-autel de l'ancienne église de Saint-Pierre est doré par les Augustines de la Miséricorde de Jésus de l'Hôpital général de Québec en 1795. Les religieuses peignent et dorent également le tombeau.

Dans le premier quart du XIXe siècle, la sacristie qui était aménagée à même le choeur de l'église est déplacée dans un bâtiment en annexe. André Paquet dit Lavallée (1799 – 1860) exécute dans les années 1830 et 1840 un nouveau décor intérieur basé sur les plans de Thomas Baillairgé (1791 – 1859). Le maître-autel de Pierre Émond est conservé et replacé au fond du sanctuaire.

Avec la construction à proximité d'une nouvelle église, l'ancienne église de Saint-Pierre est fermée au culte en 1955. Les reliques présentes dans les reliquaires de l'étage du couronnement sont alors retirées. Menacé de démolition, le bâtiment est acquis par le gouvernement du Québec en 1959, un an après le classement de l'ancienne église. Une campagne de restauration est alors entreprise. C'est probablement à cette occasion que le tombeau est repeint, faisant disparaitre son faux fini imitant le marbre.

Le maître-autel est classé objet patrimonial en 1965, en même temps que plusieurs autres pièces de mobilier de l'ancienne église de Saint-Pierre.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • BÉLAND, Mario et Denis CASTONGUAY. « Oeuvres d'art de l'ancienne église de Saint-Pierre ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 79-83.
  • GAUTHIER, Raymonde. Les tabernacles anciens du Québec des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1974. 112 p.
  • PAYER, Claude. « Sacrée influence ». Continuité. No 135 (2013), p. 40-42.
  • PORTER, John R. L’art de la dorure au Québec du XVIIe siècle à nos jours. Québec, Éditions Garneau, 1975. 211 p.

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