Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Maître-autel

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Région administrative :

  • Laval

Date :

  • 1799 (Commande)
  • 1799 – 1800 (Production)
  • 1876 (Modification ou transformation de l'objet)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Meuble religieux > Autel et son environnement
  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Meuble religieux > Meuble lié à l'Eucharistie

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (4)

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Description

Le maître-autel de l'église de Sainte-Rose-de-Lima est une pièce de mobilier liturgique réalisée entre 1799 et 1801. Il est formé d'un tombeau d'autel et d'un tabernacle en bois sculpté, peint en beige et bronzé. Dans le registre inférieur du tabernacle, deux grosses volutes à feuilles d'acanthe flanquent une réserve eucharistique qui se détache de deux gradins décorés d'arabesques. La porte de la réserve est ornée d'un bas-relief illustrant la Cène. À l'étage de la monstrance, des colonnettes baguées et entourées de torsades de fleurs s'appuient sur des piédestaux à motif de brûle-parfum. La colonnade rythme les ailes du tabernacle, lesquelles sont percées de deux niches encadrées d'appliques en forme de trophée regroupant divers objets liturgiques. Une niche d'exposition centrale est surmontée d'un dôme lui-même coiffé d'un lanternon et d'une croix. Le tabernacle repose sur un tombeau galbé dont le décor comprend notamment des fleurs, des têtes d'anges, un écureuil rongeant une feuille et un aigle luttant contre un serpent.

Ce bien est classé objet patrimonial. Il est associé à l'église de Sainte-Rose-de-Lima, classée immeuble patrimonial.

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada > Québec > Montréal

Dimensions :

  • Hauteur (Mesurée / intégral) : 431 centimètre(s)
  • Largeur (Mesurée / intégral) : 299 centimètre(s)
  • Profondeur (Mesurée / intégral) : 127 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois
  • Peinture

Type de fabrication :

Artisanal

Technique de fabrication :

  • Assemblé
  • Peint
  • Sculpté

Représentation iconographique :

  • Aigle
  • Apôtres
  • Arabesques
  • Brûle-parfums
  • Calices
  • Ciboires
  • Cierges
  • Croix tréflée
  • Crucifix
  • Dernière Cène
  • Écureuil
  • Étoles
  • Festons de fleurs
  • Feuilles d'acanthe
  • Fleurs
  • Gloire
  • Jésus
  • Manipules
  • Missels
  • Nuages
  • Ostensoirs
  • Pattes de lion
  • Rayons
  • Seaux à eau bénite
  • Serpent
  • Têtes d'angelots
  • Trophée
  • Urnes
  • Volutes

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1974-12-27
 

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Valeur patrimoniale

Le maître-autel de l'église de Sainte-Rose-de-Lima présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Il témoigne de l'importance de la célébration de l'eucharistie dans la religion catholique. Cette pièce de mobilier religieux, placée traditionnellement au fond du choeur, est constituée d'une table d'autel supportant un tabernacle. Au Québec, les tables d'autel anciennes prennent habituellement la forme d'une boîte rectangulaire ornée d'un parement brodé, peint ou sculpté, ou encore la forme d'un tombeau dit « à la romaine », terme qui désigne un meuble au profil galbé. Quant aux tabernacles, ils prennent souvent des dimensions imposantes. Au XVIIIe siècle, ils se composent généralement de trois parties superposées : en bas, les gradins, qui incluent la réserve eucharistique, l'armoire contenant les hosties consacrées pour la communion; au niveau intermédiaire, l'étage de l'ordre, qui est aussi parfois appelé « étage de la monstrance » et qui est souvent doté d'une armoire pour l'ostensoir; au-dessus, l'étage du couronnement, qui comporte une niche servant à exposer l'ostensoir ou qui reçoit une croix d'autel. Le maître-autel de l'église de Sainte-Rose-de-Lima, avec sa niche abaissée en lieu et place de l'armoire de l'ostensoir, en constitue un bon exemple. À la suite du concile Vatican II (1962 – 1965), de nombreux changements sont apportés à la liturgie par l'Église catholique. Les autels où sont placés les tabernacles ne sont plus utilisés pour la célébration de la messe. Plusieurs lieux de culte conservent toutefois leurs anciens autels. Celui qui a été fabriqué entre 1799 et 1801 pour l'église de Sainte-Rose-de-Lima s'y trouve ainsi depuis plus de deux siècles. Il rappelle l'attention apportée à ce meuble au coeur des pratiques liturgiques catholiques.

Le maître-autel présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Son auteur est Philippe Liébert (1733 – 1804), un artiste natif de Nemours, en France, qui compte parmi les meilleurs sculpteurs de la seconde moitié du XVIIIe siècle au Québec. Il s'agit d'une variante du maître-autel de l'Hôpital général de Montréal (1785 – 1788), une pièce célèbre de Liébert louée pour son décor où se marient la rigueur néoclassique et la fantaisie ornementale du rococo. Le maître-autel de l'église de Sainte-Rose-de-Lima comprend les mêmes caractéristiques générales que son modèle, notamment le tombeau à la romaine, la réserve eucharistique flanquée de consoles renversées, l'ordonnancement de l'étage de la monstrance ou encore les brûle-parfums de style Adam faits en mastic moulé. De plus, les ailes des deux tabernacles sont ornées de bas-reliefs provenant d'une source commune, soit des recueils d'estampes de Jean-Charles Delafosse (1734 – 1791) qui connaîtront au XIXe siècle une grande popularité auprès d'autres sculpteurs du Québec. Certains éléments en diffèrent toutefois, comme l'entablement, les ornements des gradins, l'iconographie de la porte et celle du tombeau, où apparaît entre autres un écureuil, animal rarement représenté dans l'art religieux. Le maître-autel de l'église de Sainte-Rose-de-Lima se distingue en outre par les fonds de son tabernacle originellement peints en rouge vif, ce qui constitue une exception à une époque où les tabernacles sont majoritairement dorés. Datant de la fin de la carrière de Liébert, cette oeuvre est la dernière des nombreuses déclinaisons du maître-autel de l'Hôpital général de Montréal proposées par l'artiste montréalais. Elle est représentative des maîtres-autels qu'il réalise à la fin du XVIIIe siècle et témoigne de l'influence qu'il exerce sur ses successeurs, surtout sur les sculpteurs qui travaillent sous la direction de Louis Quévillon (1749 – 1823) à l'atelier des Écores et qui copient en particulier le tombeau d'inspiration Louis XV introduit au pays par Liébert.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2019.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du maître-autel de l'église de Sainte-Rose-de-Lima liés à ses valeurs historique et artistique comprennent, notamment :
- le volume du tabernacle (dont la hauteur de 331 cm, la largeur de 299 cm et la profondeur de 79,3 cm) et de l'autel en tombeau (dont la hauteur de 100 cm, la largeur de 298 cm et la profondeur de 127 cm);
- les matériaux, dont le bois sculpté et son revêtement d'origine maintenant recouvert de peinture beige et de bronzine (notamment la peinture vermillon appliquée sur les fonds et sur les surfaces planes du tabernacle, la dorure sur mixtion des reliefs, des colonnettes et de la mouluration ainsi que la marbrure du tombeau);
- le caisson des gradins, dont les prédelles décorées d'arabesques, d'urnes et de miroirs en ovale, la réserve eucharistique en saillie, les volutes à feuilles d'acanthe disposées à 45 degrés sur les angles de la réserve, la porte cintrée en laiton sur laquelle figure une représentation de la Cène (comprenant les douze apôtres attablés devant trois arcades, sous une voûte à caissons) et les têtes d'anges ailés autour de la porte;
- l'étage de l'ordre, dont le stylobate décoré d'appliques moulées en forme de brûle-parfum, les colonnettes baguées au fût entouré d'une spirale de fleurs, les niches latérales posées sur des consoles feuillues, les statuettes de sainte Rose de Lima et de la Vierge à l'Enfant placées dans les niches ainsi que les panneaux agrémentés d'une gloire ou d'un trophée formé d'objets liés au culte (notamment des cierges, crucifix, calices, ciboires, ostensoirs, seaux à eau bénite, missels, étoles et manipules);
- l'étage du couronnement, dont l'attique et le dôme surmonté d'un lanternon et d'une croix tréflée;
- le tombeau, dont le profil galbé, les têtes d'anges ailés situées aux angles supérieurs, les pattes de lion à la base, les festons de fleurs, le cartouche central, l'écureuil rongeant une feuille et l'aigle luttant contre un serpent.

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Informations historiques

Le maître-autel est réalisé entre 1799 et 1801 pour l'église de Sainte-Rose-de-Lima. La paroisse de Sainte-Rose-de-Lima est fondée en 1740 au nord de l'île Jésus. Une première église y est érigée en 1746. Détruite dans un incendie en 1766, elle est remplacée par une seconde église en 1788.

Le maître-autel est commandé le 3 novembre 1799 au sculpteur montréalais Philippe Liébert (1733 – 1804). Selon le contrat qu'il signe ce jour-là avec les marguilliers de la paroisse et le curé François Brunet (1763 – 1819), Liébert s'engage à produire un tabernacle doré, un tombeau doré, marbré et verni, de même que six chandeliers et une croix argentés qui formeront la garniture de l'autel. Pour remplir cette commande, Liébert reprend le modèle du maître-autel qu'il a livré aux Soeurs grises de l'Hôpital général de Montréal vers 1788, peu après un séjour aux États-Unis lors duquel il renouvelle son art.

Le meuble est achevé en 1801 au plus tard, puis installé dans l'église de Sainte-Rose-de-Lima. Au cours des ans, son aspect est modifié par divers recouvrements qui masquent la marbrure du tombeau et le revêtement du tabernacle, à l'origine doré et peint en rouge.

En réponse à l'expansion rapide de la paroisse, une troisième église est édifiée de 1852 à 1856. Le maître-autel et d'autres éléments du décor sont alors transférés dans le nouveau lieu de culte.

Le tabernacle du maître-autel subit une transformation importante en 1876. L'étage du couronnement est entièrement refait par le menuisier local Antoine Dutrisac, qui retire le baldaquin et les reliquaires de Liébert pour installer le dôme actuel. Par ailleurs, la porte en bois de la réserve eucharistique fait place à une réplique en laiton. Le Musée du Québec acquiert la première porte en 1953.

L'église de Sainte-Rose-de-Lima est reconnue en 1974. Dix-huit biens mobiliers sont classés au même moment, dont le maître-autel et les statuettes des niches du tabernacle représentant sainte Rose de Lima et la Vierge à l'Enfant. L'église est devenue classée à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel, en 2012.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • BELISLE, Jean et John R. PORTER. La sculpture ancienne au Québec : trois siècles d'art religieux et profane. Montréal, Éditions de l'Homme, 1986. 503 p.
  • CHAGNON, Joanne. « Oeuvres d'art de l'église de Sainte-Rose-de-Lima ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 171-174.
  • CHARBONNEAU, Claude. Sainte-Rose, 250 ans d'histoire 1740-1990. s.l. 1990. 158 p.
  • GAUTHIER, Raymonde. « Église Sainte-Rose-de-Lima ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 380-381.
  • LANGLOIS-SZASKIEWICZ, Cécile. Philippe Liebert et le tabernacle du maître-autel de l'Hôpital-général des Soeurs grises. Mémoire de M.A. (histoire de l'art), Université Concordia, 1985. 134 p.
  • MORISSET, Gérard. Philippe Liébert. Québec, s.n., 1943. 30 p.

Multimédias disponibles en ligne :

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