Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Marc-de-Bagotville

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Description

Le site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Marc-de-Bagotville est un secteur institutionnel d'environ trois hectares. Le site est composé de quatre bâtiments construits de 1953 à 1956 à savoir, l'église de Saint-Marc et son presbytère adjacent, l'école Georges-Vanier et l'Atelier des Arts. Une statue en ciment de marbre représentant Saint-Marc écrivant l'Évangile s'élève devant le clocher de l'église. Surplombant la baie des Ha! Ha!, le site inclut également un îlot rectangulaire gazonné aux angles arrondis faisant office de place devant l'église. Le site se déploie de part et d'autre des rues Sirois et Saint-Marc dans un secteur à vocation résidentielle. Les petits immeubles à logements multiples et les maisons individuelles prédominent dans cette zone. Le site est borné au nord par l'intersection des rues Sirois et Saint-Marc, au sud par la rue des Érables, à l'est par l'Atelier des Arts et la rue Saint-Marc et finalement à l'ouest par la rue Sirois et l'école Georges-Vanier. Le site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Marc-de-Bagotville est situé dans le secteur Bagotville, dans l'arrondissement municipal de La Baie de la ville de Saguenay.

Ce bien est cité site patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure des bâtiments et aux terrains. L'église de Saint-Marc est également classée immeuble patrimonial.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Site patrimonial Municipalité (Saguenay) 2005-02-22
 

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Valeur patrimoniale

Le site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Marc-de-Bagotville présente un intérêt pour la valeur architecturale de l'église de Saint-Marc et de l'école Georges-Vanier. Ces deux bâtiments, conçus par l'architecte d'origine saguenéenne Paul-Marie Côté (1921-1969), se démarquent par leur étonnante modernité. L'église de Saint-Marc est construite durant une intense période de renouveau de l'architecture religieuse au Québec s'étendant de 1955 à 1963. Première réalisation de Paul-Marie Côté, diplômé de l'École des beaux-arts de Montréal, l'église est considérée comme un tournant dans l'architecture religieuse québécoise. En effet, elle amorce un renouveau formel, stylique, technique et liturgique. Érigée en 1955 et 1956 selon un plan en croix latine, l'église pouvant accueillir 800 fidèles est construite en béton laissé apparent, à l'exception du portail. Dépourvue d'ornementation, l'église exprime sa puissance symbolique par sa forme extérieure audacieuse qui évoque un abri primitif ou une tente. La légèreté de la structure autoportante permet l'insertion d'une grande paroi de verre en façade laissant pénétrer la lumière naturelle. Popularisée par l'architecte d'origine autrichienne Rudolph Schindler (1887-1953) ayant travaillé aux États-Unis, la forme triangulaire ou en « A » a d'abord été employée dans la conception de petits chalets dans les années 1930. Elle est appliquée à l'architecture religieuse au début des années 1950. En ce qui a trait à l'usage du voile de béton plissé, il a été exploité pour l'église La Virgen Milagrose construite en 1954 et 1955 à Mexico. Au sein du corpus d'églises modernes érigées au Saguenay, celle de Saint-Marc est la plus ancienne et l'une des plus originales par son élan expressionniste. Reconnue par le milieu de l'architecture canadien, elle a bénéficié d'une fortune critique enviable. Séparés de l'église, le clocher et la statue de Saint-Marc participent également au renouvellement des principes organisationnels des lieux de culte. L'école Georges-Vanier témoigne également de l'originalité et du caractère novateur de la production architecturale saguenéenne et québécoise. Le recours à une structure apparente en béton coiffée d'une toiture à pignons faite d'un voile mince confère un mouvement s'alliant à l'église voisine. Par leur composition formelle audacieuse et leurs caractéristiques techniques innovatrices, l'église de Saint-Marc et l'école Georges-Vanier sont des témoins clés d'une modernité architecturale. Ce courant s'exprime au Saguenay, au Québec et en Amérique du Nord durant les années 1950 et 1960.

Le site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Marc-de-Bagotville présente aussi un intérêt pour sa valeur urbanistique. Implanté au coeur d'un nouveau secteur résidentiel de Bagotville, il révèle une volonté de former un ensemble urbain cohérent et singulier. Les principaux îlots sont dessinés par l'architecte Paul-Marie Côté en 1954. Ils composent le site et se démarquent de ceux de la trame urbaine existante sur lesquels sont érigées des habitations. L'îlot faisant face à l'église fournit une percée visuelle sur le temple. Celui-ci est orienté pour jouir de la lumière naturelle sans nuire aux fidèles qui y sont assemblés. De part et d'autre des îlots accueillant l'église et l'espace libre devant le temple, les terrains sont réservés à des écoles de filles et des garçons (école Georges-Vanier, Atelier des Arts). La modernité architecturale et urbanistique du site démontre l'évolution d'ensembles institutionnels dans les villes québécoises à partir des années 1950. Le site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Marc-de-Bagotville est un ensemble typique.

Source : Ville de Saguenay, 2007.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site du patrimoine du Noyau-Institutionnel-de-Saint-Marc-de-Bagotville liés à ses valeurs architecturale et urbanistique comprennent, notamment :
- sa situation dans un secteur résidentiel de faible densité;
- la vue panoramique vers la baie des Ha! Ha!;
- l'église et le presbytère formant un « L » inversé, aménagés sur un îlot gazonné et légèrement surélevé par rapport à leur environnement immédiat;
- l'Atelier des Arts implanté perpendiculairement par rapport à la rue;
- l'école Georges-Vanier située parallèlement par rapport à la rue et entourée de maisons;
- l'implantation des bâtiments et un aménagement paysager offrant une vue dégagée sur la façade de l'église;
- les îlots de forme rectangulaire de grandes dimensions et aux angles arrondis;
- les îlots légèrement désaxés par rapport à la grille de rues environnantes.
- les caractéristiques de l'église de Saint-Marc notamment son volume, dont le plan en croix latine (nef avec deux transepts) et sa forme triangulaire, les matériaux, dont le béton, le parement en pierre du vestibule, des pignons du transept et du choeur, le verre de la façade, le bois des portes, la charpente en acier servant d'armature aux grandes fenêtres de la nef, l'aluminium des garde-fous du perron et des escaliers de l'église, la structure apparente en béton formant un voile léger enveloppant l'espace, la structure triangulaire des transepts qui sont plus bas que la nef, le toit constitué de plis de béton coiffant la nef et qui sont doubles vers le haut, les ouvertures, dont la grande paroi en verre composée de carreaux en façade avec sa composition géométrique épurée, les grandes fenêtres composées de carreaux des bras du transept, les portes percées de petites baies triangulaires, les marquises en façade, l'entrée latérale située derrière le clocher;
- le clocher en béton détaché de l'église avec son carillon à trois cloches installé à l'air libre et sa croix en aluminium;
- les caractéristique de l'école Georges-Vanier, notamment le volume, dont le plan en « L » se composant de deux ailes, l'élévation de deux niveaux de la plus longue des ailes et celle à un seul niveau de l'autre, le toit à pignon de la plus longue des ailes et celui plat de l'autre, la structure, dont le voile léger de béton peint en blanc de la plus longue des ailes, le parement en brique de la plus courte des ailes, l'imposte vitrée au-dessus de l'entrée principale;
- les caractéristiques du presbytère de Saint-Marc, notamment le volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage, le toit débordant à deux versants avec une faible pente, les matériaux, dont le parement en pierre posée de façon irrégulière et la maçonnerie de moellons de la cheminée, la cheminée au centre du toit, les grandes ouvertures vitrées formant des surfaces horizontales.

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Informations historiques

La région de Saguenay et plus particulièrement celle de la baie des Ha! Ha! traversent une première phase de développement liée au mouvement de colonisation à la fin des années 1830. Ensuite, au XXe siècle, elles connaissent un processus d'urbanisation et d'industrialisation. L'arrivée du chemin de fer à Bagotville en 1910 facilite cet essor. En 1920, le village de Bagotville obtient le statut de ville.

Au début des années 1950, la croissance démographique est favorisée par les activités de la base militaire de Bagotville inaugurée en 1942. De plus, l'épanouissement de l'industrie de l'aluminium dans la région entraîne la création de nouvelles paroisses et la construction d'écoles. La région du Saguenay s'enrichit alors d'églises conçues par des architectes ayant recours à des innovations techniques et formelles. La paroisse de Saint-Marc est créée en 1953 lors de son détachement de celle de Saint-Alphonse. Les paroissiens habitant le secteur ouest de la ville de Bagotville évoquent alors la distance et l'exiguïté de l'église Saint-Alphonse pour convaincre le diocèse de Chicoutimi de créer une nouvelle paroisse. La majorité des terrains où sont érigés l'église, le presbytère et les écoles sont cédés gratuitement. Le curé de la nouvelle paroisse, Charles-Auguste Boily, fait ériger en 1953 une chapelle temporaire à partir d'un bâtiment désaffecté provenant d'Arvida et reconstruit sur place. Au début de 1955, les marguilliers entament des démarches en vue d'obtenir les fonds nécessaires à la construction d'une nouvelle église. Le curé Boily engage l'architecte Paul-Marie Côté (1921-1969) pour en concevoir les plans. Dès juillet 1955, le chantier est ouvert et la coulée de la voûte du sanctuaire est réalisée en deux jours. L'église est inaugurée en janvier 1956. Quelques années après la célébration de la première messe, un carillon de trois cloches fabriquées en France est installé dans le clocher. Au même moment, la statue de saint Marc écrivant l'Évangile est dévoilée.

Au cours des années 1950, l'établissement d'une école est également réclamé par les nouveaux habitants du secteur. Après avoir fréquenté des classes aménagées dans une résidence, les élèves bénéficient de la nouvelle école primaire Saint-Marc (l'actuel Atelier des Arts). Cette école, ouverte en septembre 1955, est dirigée par les religieuses du Bon-Conseil. Assez rapidement, le surpeuplement des classes incite les autorités scolaires à faire construire une deuxième école devant être fréquentée par les enfants des paroisses adjacentes. L'architecte Paul-Marie Côté conçoit alors un bâtiment scolaire s'harmonisant avec l'église moderne voisine. Ouverte en septembre 1962, l'école Georges-Vanier conserve sa vocation originale, tandis que l'école Saint-Marc est transformée en centre culturel en 1973. La même année, ayant mal résisté aux intempéries, la toiture de l'église fait l'objet d'importants travaux de réfection. Pour régler le problème des fissures dans la voûte de béton, un revêtement métallique émaillé blanc est installé pour recouvrir la toiture.

Le site du patrimoine Noyau-Institutionnel-de-Saint-Marc-de-Bagotville est constitué en 1991. Depuis 2002, il fait partie de l'arrondissement municipal de La Baie de la ville de Saguenay. En septembre 2006, l'église Saint-Marc-l'Évangéliste a été achetée par l'Église La Bible Parle Saguenay, une communauté évangélique. Le lieu de culte est classé en 2009. Le Noyau-Institutionnel-de-Saint-Marc-de-Bagotville est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

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Emplacement

Region administrative :

  • Saguenay--Lac-Saint-Jean

MRC :

  • Saguenay

Municipalité :

  • Saguenay

Arrondissement municipal :

  • La Baie

Adresse :

  • 1652, rue Saint-Marc
  • 1623, rue Sirois
  • 1692, rue Sirois
  • 1694, rue Sirois

Latitude :

  • 48° 20' 16.0"

Longitude :

  • -70° 53' 24.0"

Désignation cadastrale :

  • Lot 3 344 247
  • Lot 3 344 287
  • Lot 3 344 240
  • Lot 3 634 006 Ptie
  • Lot 3 344 697
  • Lot 3 634 001 Ptie
  • Lot 3 634 007

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • BEAULIEU, Claude. Architecture contemporaine au Canada français. Québec, Ministère des Affaires Culturelles, 1964. 94 p.
  • BERGERON, Claude. Architecture des églises du Québec : 1940-1985. Québec, Presses de l'Université Laval, 1987. 383 p.
  • BERGERON, Claude. « L'architecture religieuse et le modernisme international, 1945-1955 ». Institut Québécois De Recherche Sur La Culture. Architectures : la culture dans l'espace. Québec, Leméac, 1983, p. 125-155.
  • BERGERON, Claude. Roger D'Astous, architecte. Québec, Presses de l'Université Laval, 2001. 234 p.
  • BOUCHARD, Russel. Ville de La Baie: une fenêtre sur le monde depuis 150 ans. Cahiers de Saguenayensia/Histoire des municipalités, no. 6. Chicoutimi, Société historique du Saguenay, 1988. 69 p.
  • CARON, Jocelyn, dir. Paysages du Saguenay-Lac-Saint-Jean. s.l. Conseil du loisir scientifique Saguenay- Lac-Saint-Jean, 2005. 228 p.
  • CARON, Jocelyn. Paysages du Saguenay-Lac-Saint-Jean : voir, regarder et découvrir. Alma, Conseil du loisir scientifique du Saguenay-Lac-Saint-Jean, 2005. 228 p.
  • DUFOUR, Gaétane. La modernité devient patrimoine : l'église Saint-Thomas-d'Aquin de Saint-Lambert. Outremont, Carte Blanche, 2004. 129 p.
  • HURNI, Jean-Claude et Laurent LAMY. Architecture contemporaine au Québec 1960-1970. Montréal, Hexagone, 1983. 179 p.
  • MORISSET, Lucie et Luc NOPPEN. Ville de La Baie : un héritage entre nature et culture. Guide d'excursion et d'interprétation du patrimoine. La Baie, Ministère de la culture et des communications, 1998. 127 p.
  • POTVIN, Damase. La Baie des Hahas: Histoire, Description, Légendes et Anecdotes. Paroisses, Vieilles familles, Gens et Choses de la Région. Bagotville, Édition de la Chambre de Commerce de la Baie des Hahas, 1957. 427 p.
  • s.a. « Saint Mark's Church, Bagotville, Quebec ». Journal of the Royal Architectural Institute of Canada. Vol. 34 (1957), p. 332-335.
  • TREMBLAY, Denis. « Les nouvelles tendances de l'architecture religieuse au Québec ». Journal of the Royal Architectural Institute of Canada. Vol. 40, no 5 (1963), p. 51-54.

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