Centre culturel Peter-B.-Yeomans et bibliothèque de Dorval

Le centre culturel Peter-B.-Yeomans et la bibliothèque de Dorval sont logés dans un même édifice localisé sur le chemin du Bord-du-Lac qui longe le lac Saint-Louis formé par l'élargissement du fleuve Saint-Laurent, à hauteur du Royal St. Lawrence Yacht Club/Yacht-Club Royal Saint-Laurent, et face à la rue Allan-Point qui dessert les quelques résidences bâties sur la presqu'île à laquelle est adossé le port de plaisance. Il est érigé en bordure d'un vaste espace vert qui rejoint l'avenue Dawson au nord et où se retrouvent plusieurs autres équipements récréatifs municipaux, notamment l'aréna, le centre aquatique et le club de tennis.

Isolé et d'un seul étage, le centre culturel est implanté perpendiculairement et quelque peu en retrait du chemin du Bord-du-Lac. Il est desservi par un stationnement extérieur implanté devant l'édifice et un jardin d'eau est aménagé aux abords du chemin qui mène à sa porte principale. Le bâtiment est formé de deux ailes principales, l'une bien plus courte que l'autre, reliées par un volume quelque peu moins élevé qui abrite le hall d'entrée traversant. Le petit corps de bâtiment loge la galerie d'art et ses locaux de service et l'autre, agrandi, la bibliothèque.

La bibliothèque est formée de deux espaces publics principaux : adjacent au hall, un premier où sont installés le comptoir de prêt éclairé par des lanterneaux et une section pour enfants, que desservent les toilettes et autres commodités et qui s'ouvre sur un second, plus vaste et plus récent. Centré autour d'une aire circulaire éclairée naturellement par le toit, où se retrouve le bureau de référence, celui-ci abrite les rayonnages en libre accès et les zones de lecture. Il est complété par les locaux de l'administration qui ont leur propre accès. Les façades sont constituées de larges panneaux de béton blanc préfabriqués qui unifient l'ensemble, malgré un traitement architectural différencié de l'agrandissement.

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Le centre culturel Peter-B.-Yeomans et la bibliothèque de Dorval sont logés dans un même édifice construit en tant que centre culturel de Dorval. Il est un des deux monuments commémoratifs de la région administrative de Montréal financés dans le cadre du programme de subvention du Centenaire de la Confédération canadienne initié par le gouvernement fédéral en 1961.

La première bibliothèque de Dorval ouvre ses portes en 1953, à l'initiative de la Catholic Women's League. Elle s'adresse d'abord uniquement à un lectorat adulte anglophone, en fait aux paroissiens de l'église qui accueille ses locaux. Mais, rapidement, sous la direction d'un comité de bénévoles, elle prend de l'ampleur, comptant bientôt 800 membres et élargissant son public aux enfants. En 1959, sa gestion passe sous l'autorité de la municipalité qui accueille ses installations dans l'hôtel de ville.

En janvier 1964, entre en vigueur la loi votée en juillet 1963 qui permet au Secrétariat de la province de conclure des ententes avec les municipalités et des organismes afin de réaliser des projets commémoratifs, dont des centres culturels

Dans la perspective des commémorations de 1967, la Corporation du Centenaire de Dorval est fondée. Fin décembre 1965, elle propose un projet de bibliothèque que complète un centre d'art et d'artisanat dans le cadre du programme de subvention du Centenaire de la Confédération.

Le terrain choisi pour l'implantation du centre culturel est situé dans les limites sud-ouest de la ville, à proximité de deux écoles. À hauteur de la presqu'île où est installé le Royal St. Lawrence Yacht Club depuis 1888, il fait partie d'une zone encore non construite, au nord du chemin du Bord-du-Lac, occupée jusqu'à il y a peu, par le terrain de golf Elm Ridge et où l'aréna est en chantier.

En janvier 1966, une maquette du futur édifice est présentée au public. En mars, le projet est accepté par le Secrétariat de la province. En février 1967, commence la construction. Quelques mois plus tard, en octobre, le centre culturel ouvre ses portes, l'inauguration ayant lieu le 18 novembre, en présence de Graham Crowley, président de la Commission du Centenaire de Dorval, de la secrétaire d'État Judy LaMarsh, ministre fédérale responsable des célébrations, du maire Sarto Desnoyers et de Simon-Pierre Rainville, le directeur du service du Centenaire de la Confédération au Québec. À cette occasion, la plaque commémorative en bronze du Centenaire est dévoilée.

Le 21 février 1968, Simon Rainville, en compagnie de l'architecte Gilles Guité, visite le centre culturel de Dorval et remarque la fréquentation nombreuse et apprécie les activités culturelles organisées dans les locaux destinés à cette fin. Un article publié peu de temps après, dans la revue Canadian Library, mentionne qu'une salle communautaire complète la bibliothèque et qu'elle est confortable et bien équipée, soulignant la présence d'une photocopieuse mise à la disposition des lecteurs à coût raisonnable.

Début 1990, la croissance incessante de la bibliothèque conduit à envisager une rénovation afin d'actualiser ses services. En 1996, elle rouvre ses portes dans un édifice dont la superficie a presque doublé. En 2012, une nouvelle réorganisation et mise à jour sont menées pour l'adapter aux nouvelles technologies et la rendre plus accueillante notamment pour les enfants.

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Inventaire des projets du Centenaire de la Confédération canadienne réalisés au Québec (2014 - 2019)
DOCOMOMO Québec

La valeur patrimoniale du centre culturel Peter-B.-Yeomans et de la bibliothèque de Dorval réside dans son intérêt historique lié au développement culturel du Québec, d'une part, et à la célébration du Centenaire de la Confédération canadienne en 1967, d'autre part. Programmé au départ en tant que bibliothèque et centre destiné à la pratique, l'enseignement et la diffusion des arts et de l'artisanat, un tel équipement relève de la tradition des community centers qui ont vu le jour au XIXe siècle dans les pays anglo-saxons et qui visaient à offrir à la population ouvrière des villes un lieu d'ancrage et d'éducation. Au Québec, à Montréal, c'est dans un tel contexte qu'est ouverte la première bibliothèque publique en 1828. Si, dès 1890, une première loi soutenant la création de telles institutions est votée en 1890, qu'elles dépendent d'associations ou de municipalités, elles restent peu nombreuses jusque dans les années 1960, même si les cités et les villes peuvent agir dans ce domaine depuis le tournant du siècle. Malgré la nouvelle Loi sur les bibliothèques publiques votée en 1959 et la création du ministère des Affaires culturelles en 1961, les moyens dévolus à ce genre d'établissement restent minces, l'intervention dans ce secteur n'étant pas une priorité de la Révolution tranquille. Aussi, le programme de subvention du Centenaire est l'occasion pour plusieurs municipalités, dont celle de Dorval, de construire un tel équipement, en conjonction avec une salle communautaire. Le centre culturel vise à servir la population de Dorval qui a plus que quintuplé depuis le début des années 1940 et l'installation de l'aéroport qui dessert Montréal sur son territoire, nombre de ses employés ayant choisi d'habiter à proximité. Par ailleurs, il vise à commémorer le Centenaire de la fondation de la Confédération canadienne, la plaque de bronze apposée dans le hall rappelant cette occasion.

La valeur patrimoniale du centre culturel Peter-B.-Yeomans et de la bibliothèque de Dorval réside dans son intérêt architectural et technique. L'édifice conçu par l'architecte Branko Paskulin de l'agence Oberman and Paskulin a été réalisé en seulement quelques mois, une rapidité favorisée par le mode de construction, le bâtiment étant enveloppé d'éléments de béton. Dans les années 1960, le béton architectonique est un produit nouveau, depuis peu des usines spécialisées dans la fabrication de composantes préfabriquées en béton de grand format ayant fait leur apparition au Québec. Le dessin des façades de l'édifice est recherché; les panneaux de taille identique sont configurés différemment, certains étant pleins, d'autres percés d'une haute baie ou d'une plus petite située en élévation, toutes ourlées d'encadrements saillants. Une telle technique est alors appréciée des architectes vu son potentiel expressif ; la production en usine offre un meilleur contrôle de la qualité, alors que le béton, pierre liquide, permet de modeler les façades, de les animer par le jeu d'ombre et de lumière qu'offre leur relief.

La valeur patrimoniale du centre culturel Peter-B.-Yeomans et de la bibliothèque de Dorval réside dans son implantation urbaine. L'édifice occupe un terrain qui fait partie d'une large zone regroupant plusieurs équipements municipaux : l'aréna, le club de tennis, les terrains de soccer et de baseball, le complexe aquatique, de même que le centre communautaire et l'Arboretum. Le centre culturel Peter-B.-Yeomans et la bibliothèque de Dorval contribuent à la vocation communautaire de ce secteur, hier, déjà voué aux loisirs toutefois des mieux nantis, avec la présence du terrain de golf Elm Ridge et du club de voile, alors que Dorval est principalement un lieu de villégiature bourgeois et pas encore une agglomération résidentielle et industrielle.

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