Dessin (Les Bords du Saint-Maurice)

Le dessin « Les Bords du Saint-Maurice » est une oeuvre d'Ozias Leduc à la mine de plomb et au fusain sur papier. Il offre, serti dans un encadrement orné dessiné au crayon, la vue d'une rivière bordée d'arbres et traçant une diagonale ascendante de gauche à droite. En hauteur, sur un talus, un arbre courbe l'échine et plonge sa cime dans le courant de la rivière.

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Statut	Catégorie	Autorité	Date
Classement	Partie d'un ensemble patrimonial	Ministre de la Culture et des Communications	2021-08-19
Statuts antérieurs Avis d'intention de classement, 2020-08-20
Inventorié	--

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Le dessin « Les Bords du Saint-Maurice » provient d'une série que l'artiste peintre Ozias Leduc (1864-1955) a produite pour illustrer le roman du jésuite Adélard Dugré « La Campagne canadienne », paru en 1925. Leduc réalise, à la demande de l'écrivain, vingt dessins qui seront reproduits dans le texte du roman. Ce dessin préparatoire est une des rares compositions originales conservées pour ce projet, et on ignore encore où sont localisées les autres.

La provenance de cette oeuvre-ci est pourtant bien connue : des liens professionnels et une amitié sincère unissent l'artiste et le sulpicien Olivier Maurault, relation qui se lit au travers d'une correspondance volumineuse entre les deux hommes tous deux originaires de Montérégie. Leduc envoie également à son ami prêtre peintures, dessins et photographies. C'est d'ailleurs Olivier Maurault qui offre à Ozias Leduc sa seule exposition importante de son vivant (en 1916 à la bibliothèque Saint-Sulpice, dont il est le directeur). Ozias Leduc réalise par ailleurs plus de trente chantiers de décoration d'églises, dont le décor du baptistère de Notre-Dame de Montréal en 1927-1928, alors qu'Olivier Maurault est curé de l'église.

Roman du terroir qui donne une vision idéalisée du Canada français, de ses habitants et de ses paysages, « La Campagne canadienne » du père Adélard Dugré est un plaidoyer pour le Québec, terre de traditions, en même temps qu'une défense de la « race » canadienne-française contre la domination américaine. Ainsi, à l'avant-dernier chapitre, le protagoniste François Barré, s'exilant aux États-Unis, est pris d'émotion devant les paysages de son pays natal, près de Trois-Rivières, qu'il quitte pour de bon. Tout particulièrement, les rives de la Saint-Maurice provoquent sa rêverie :
« François respira d'aise à la vue de ce paysage autrefois si familier et qui lui demeurait toujours si cher. Sa patrie, elle était là, dans sa grandeur et sa simplicité, lui souriant et l'invitant. Elle lui parut plus belle encore, plus riche, plus forte qu'il ne l'avait entrevue de loin, plus débordante de vie et de promesses d'avenir ».

Ozias Leduc parvient à restituer, en utilisant la technique de la réserve (le blanc du papier est rendu apparent) pour sublimer la lumière qui se reflète sur l'onde paisible, à la fois la clarté d'un paysage naturel et l'état d'esprit du personnage qui songe à regret à cette nature qu'il abandonne.

Auteur: Jean Rey-Regazzi, 2019

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