Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Table

Description

Table pliante d'esprit Directoire, style Sheraton, du début du 19e siècle. Ses dimensions fermées sont 78,2 cm de hauteur, 85,7 cm de largeur et 42 cm de profondeur. Les dimensions ouvertes sont 76 cm de hauteur, 85,7 de largeur et 84 cm de profondeur. Le plateau de la table se déploie et prend appui sur le pied arrière gauche qui pivote vers l'arrière à l'aide d'une charnière de bois. La table possède un tiroir en ceinture, assemblé à queue d'aronde renforcé de clous forgés à l'arrière. La façade du tiroir est en noyer tendre et l'intérieur en pin. Le tiroir est muni de deux boutons en laiton circulaires, cernés de motifs quadrillés, et d'une entrée de serrure décorative, également en laiton. Des bandes de noyer sont clouées sur le pourtour du devant du tiroir, dissimulant l'assemblage à queue d'aronde et saillant en façade. Le plateau est vissé par en dessous à l'aide de vis à tête fendues. La moitié mobile du plateau pivote sur des charnières de laiton vissées sur le chant à l'aide de vis à tête fendues. Le coin arrière gauche de la ceinture de la table est assemblé à queue d'aronde. Le bas de la ceinture à l'arrière est orné d'une mince moulure clouée, qui cernait autrefois complètement le meuble par-dessus le piétement. Les pieds du meuble sont en noyer noir. L'entrée de serrure a été déplacée vers le bas.

Numéro de l'objet :

  • Numéro d'accession : 2019.38.1-2
  • Numéro précédent : 96-112
  • Numéro précédent : 2002-97

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada

Dimensions :

  • Hauteur : 78,2 centimètre(s)
  • Largeur : 85,7 centimètre(s)
  • Profondeur : 42 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois (Noyer)
  • Bois (Pin)
  • Métal (Fer)
  • Métal (Laiton)

Technique de fabrication :

  • Assemblé, à queue d'aronde
  • Cloué

Altérations :

  • Interventions humaines (Cause inconnue) : Tiroir
    L'entrée de serrure a été déplacée vers le bas.
     
  • Cassure (Cause inconnue) : Ceinture
    Le bas de la ceinture à l'arrière est orné d'une mince moulure clouée, qui cernait autrefois complètement le meuble par-dessus le piétement.
     

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Partie d'un objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2018-03-15
 

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Informations historiques

Cette table aurait été léguée aux Augustines de l'Hôpital général par le Frère Louis Martinet dit Bonami (1764-1848), considéré comme le dernier survivant des Récollets à Québec. Louis Martinet est né à Montréal en 1764. Il prononce ses voeux au couvent de Québec le 14 juin 1786 en qualité de frère lai. Son entrée en religion survient dans une période trouble pour les Récollets au Canada. En 1775, Londres transmet au gouverneur Guy Carleton ses instructions : « À l'exception des communautés de femmes, vous ne devez permettre l'admission de nouveaux membres dans aucune des dites sociétés et communautés [Jésuites et Récollets] sans nos instructions formelles à cette fin ». Profitant du laxisme du gouvernement de Carleton, Félix de Berey, Père Commissaire des Récollets, ré-ouvre néanmoins le noviciat en 1784, et y admet douze candidats jusqu'à la fin d'octobre 1791. Ils apprendront avec consternation en 1793 que le gouvernement ne les reconnaît pas comme religieux. Des dissensions internes éclatent entre les récollets nouvellement admis et l'ancienne génération, au sujet du relâchement dans l'observance de la Règle. Elles mèneront au renvoi de cinq jeunes profès, dont Louis Martinet, du couvent de Québec. Ils trouveront refuge au couvent de Montréal où ils y mèneront les mêmes combats. Le Frère Louis restera à Montréal moins de deux ans avant de pouvoir regagner à nouveau le couvent de Québec. À ces troubles s'ajoutent des relations tendues entre le couvent de Montréal et le Commissaire de l'ordre, Félix de Berey, dont l'autorité est contestée. Le 6 septembre 1796, le couvent des Récollets de Québec est rasé par un incendie. Monseigneur Jean-François Hubert saisit l'occasion pour émettre le décret de sécularisation des moines récollets, pour lequel il avait obtenu l'approbation papale depuis 1791. Trois Récollets demeurent à Québec suite à la sécularisation: père Félix du Berey, frère Bernardin Robert dit la Pommeraie qui se retire quelques années plus tard à l'Hôpital général de Québec et y est inhumé en 1800, et le frère Louis.

Le frère Louis part vivre dans le quartier Saint-Roch et y devient instituteur. En 1806, il y aurait tenu une école élémentaire de soixante écoliers. Il est également impliqué dans son quartier, notamment pour la construction de l'église Saint-Roch, et y était une figure connue et respectée. Il cultivait aussi un jardin, produisant fleurs, fruits et légumes dont il faisait le commerce. Le 21 août 1813, il acquiert de Louis Langlois et son épouse trois emplacements contigus situés sur les terres des religieuses de l'Hôpital général. Lorsqu'il cessa l'enseignement vers 1825, le frère Louis confectionna des hosties et des chapelets pour les paroisses environnantes.

C'est d'un coffre appartenant au frère Louis que refit surface le drapeau qui aurait accompagné la milice canadienne à la bataille de Fort Carillon en 1758. Félix de Berey, qui aurait été aumônier pour l'armée lors de cette bataille, aurait récupéré le drapeau, qu'il aurait ensuite suspendu à la voûte de l'église des Récollets. Le frère Louis confia la bannière à Louis de Gonzague Baillargé, avocat et philanthrope fortuné de Québec, lui racontant que le drapeau était tombé à ses côtés lors de l'incendie de l'église des Récollets, alors qu'il s'apprêtait à sortir de l'église avec un coffre d'objets que lui et un confrère avait pu sauver. Louis Martinet continua à porter la bure à capuchon des Récollets pendant les cinquante-deux années qui suivirent la sécularisation, jusqu'à son décès le 9 août 1848 à l'âge de 83 ans et 8 mois. Il est enterré dans l'église Saint-Roch le samedi 12 août. Il lègue « tous ses linges de corps et autres aux pauvres de l'Hôpital Général de Québec », « au Séminaire de Québec toute son argenterie » et à l'évêque de Québec « tous ses livres qui concernent l'Ordre de St François. » Le dernier représentant de l'Ordre des Récollets, le frère Marc Coutant, sera inhumé à Saint-Thomas de Montmagny le 7 mars 1849.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • DUBÉ, Pauline. Les frères insoumis ou «l'ombre d'un clocher». Québec, Nuit blanche, 1995. 259 p.
  • DUBOIS, Paul-André, dir. Les Récollets en Nouvelle-France, Traces et mémoire. Québec, Les Presses de l'Université Laval, 2018. 558 p.
  • JOUVE, O. Dictionnaire biographique des Récollets missionnaires en Nouvelle-France, 1615-1645 - 1670-1849 : province franciscaine Saint-Joseph du Canada. Saint-Laurent, Bellarmin, 1996. 903 p.
  • LESSARD, Michel et Huguette MARQUIS. Encyclopédie des antiquités du Québec. Montréal, Les Éditions de l'Homme Ltée, 1971. 536 p.
  • LESSARD, Michel. La nouvelle encyclopédie des antiquités du Québec. Montréal, Éditions de l'Homme, 2007. 1103 p.
  • LESSARD, Michel. Meubles anciens du Québec. s.l. Les Éditions de l'Homme, 1999. 543 p.
  • PALARDY, Jean. Les meubles anciens du Canada Français. Montréal, Le Cercle du Livre de France Ltée, 1963. 412 p.
  • TRUDELLE, Charles. Le frère Louis, Les derniers Récollets. Lévis, Pierre-Georges Roy Éditeur, 1898. 94 p.

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