Peinture (Le Bicéphale et la flèche enchantée)

« Le Bicéphale et la flèche enchantée », huile sur toile du peintre et prêtre sulpicien Arthur Guindon, montre, dans un paysage d'automne, une scène d'affrontement : un jeune Iroquois pointe son arc bandé en direction d'un monstre, un serpent géant à deux têtes qui crache le feu, se dressant devant un lac. Derrière le héros, les familles observent ou se réfugient dans les tentes en attendant l'issue du combat.

Haut de la page

Statut	Catégorie	Autorité	Date
Classement	Partie d'un ensemble patrimonial	Ministre de la Culture et des Communications	2021-08-19
Statuts antérieurs Avis d'intention de classement, 2020-08-20
Inventorié	--

Haut de la page

« Le Bicéphale et la flèche enchantée », toile d'Arthur Guindon (1864-1923), apparaît comme un amalgame de plusieurs mythes et légendes. Prêtre sulpicien mais aussi peintre et poète autodidacte, Arthur Guindon séjourne de nombreuses années à Oka. Il se fascine pour la culture autochtone qu'il rencontre encore vive sur place. Il entremêle constamment ses observations avec la création artistique et l'écriture de poèmes et de contes, se nourrissant les uns les autres dans l'univers si particulier du prêtre. En 1920, il publie ainsi « En mocassins », un livre qui se présente comme une étude ethnologique comparative des cultures huronne, iroquoise et algonquine. Cette étude ethnographique avant l'heure est complétée par des poèmes inspirés librement des mythologies autochtones. En page 48, notamment, Guindon raconte la scène d'un jeune héros qui sauve son village d'un serpent géant à deux têtes : « Le village des Tsonnontouans est juché sur la colline de Guennondawa. Un immense serpent à deux têtes l'a fait prisonnier dans ses anneaux, et l'empoisonne de son haleine pestilentielle. La ruse, la magie, la bravoure ont épuisé leurs moyens et les deux gueules béantes soufflent toujours la mort. Un enfant s'approche, souriant, du monstre, lui décoche une flèche enchantée qui lui perce le coeur, et l'envoie mourir dans le lac voisin, son abîme natal. » Le même sujet l'inspire pour la peinture ici présentée, sans que l'on puisse déterminer, dans le processus de création de l'artiste, quelle expression a été la première.

Réinterprétant la thématique antique et chrétienne de la lutte contre le serpent, Arthur Guindon la croise avec une légende autochtone et reprend la figure du monstre-serpent iroquois vaincu par l'innocence et la pureté d'un jeune enfant. Cette peinture témoigne d'une rencontre entre la curiosité bienveillante d'un prêtre et le riche répertoire autochtone, dont l'oeuvre garde ici une trace visuelle.

Auteur: Jean Rey-Regazzi, 2019

Haut de la page

Haut de la page