Tabernacle

Le tabernacle du maître-autel de l'église de Saint-Gabriel est une pièce de mobilier liturgique liée à la célébration de l'eucharistie. Ce meuble en bois est peint en blanc et ses ornements sont rehaussés de dorure. Réalisé entre 1730 et 1740, il présente une hauteur de 206,3 cm, une largeur de 248 cm et une profondeur de 54,6 cm. Il est doté de trois gradins, dont le premier est plus haut et plus large que les deux autres. La prédelle de ce dernier est ornée de quatre bandes appliquées dorées imitant un chaînage de deux volutes horizontales et de huit motifs rayonnants. Les deux autres prédelles sont ornées de reliefs de rinceaux et de médaillons dorés. Au centre des gradins, la réserve eucharistique atteint le bas du stylobate de l'étage de l'ordre. Elle se compose de deux paires de colonnes toscanes, à double astragale et à double chapiteau, supportant un entablement et une corniche à modillons, et d'une porte ornée d'un ciboire au couvercle surmonté d'une croix. L'étage de l'ordre est rythmé par douze colonnettes : deux d'entre elles, de plus grande taille, supportent les extrémités de l'entablement se prolongeant au-delà de la largeur du dernier gradin, sur lequel elles reposent directement. Les dix autres colonnettes reposent sur un stylobate et soutiennent un entablement, tous deux à ressauts. Aux extrémités des ailes se trouvent deux ailerons enroulés à liséré. Deux panneaux ornés d'arabesques végétales, encadrés de chutes de feuillage, occupent les ailes. Deux niches d'angle flanquent le corps central qui est en avancée. Ces niches sont surmontées d'un dôme en coquille et elles abritent deux statuettes de la Vierge Marie et de saint Joseph, qui sont supportées par un piédestal. L'armoire de l'ostensoir se compose d'une porte cintrée, ornée d'un haut-relief de l'Enfant Jésus tenant un globe, surmontée de festons retombant de chaque côté et couronnée d'une palmette à cinq lobes. L'étage du couronnement consiste en quatre reliquaires, dont deux ayant la forme de tourelles et deux ovales, ainsi qu'en une niche d'exposition surmontée d'un dôme surhaussé à pans coupés. Cette niche est ajourée de trois baies cintrées et elle est flanquée de deux ailerons semblables à ceux de l'étage de l'ordre. Un panneau occupe le fond de la niche, orné du monogramme IHS surmontant un coeur enflammé entouré de rayons lumineux, symbole des Jésuites. Des chutes d'acanthe, terminées par un gland, occupent le reste des surfaces verticales.

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Le tabernacle du maître-autel de l'église de Saint-Gabriel est réalisé pour la communauté des Jésuites de Québec vers 1730 - 1740. Il pourrait être l'oeuvre de l'un des fils de Noël Levasseur (1680-1740), soit François-Noël Levasseur (1703-1794) et Jean-Baptiste-Antoine Levasseur (1717-1775), alors que leur père est encore influent dans l'atelier. Cette influence est perceptible dans le rendu des reliquaires ovales, ainsi que dans la forme des ailerons. Le meuble est doré sur bolus prune et ocre pâle et il est ponctué de reparure.

Le tabernacle se trouve à l'église de Notre-Dame-de-Foy, à Sainte-Foy, au cours du XVIIIe siècle. La paroisse de Notre-Dame-de-Foy est desservie par une mission jésuite à partir de 1638. Une première chapelle est incendiée en 1698. Une église de pierre la remplace, construite de 1719 à 1722 par le curé Pierre-Gabriel Le Prevost (1674-1756). Cette dernière sert de poste fortifié aux soldats anglais lors de la bataille de Sainte-Foy en 1759-1760, puis elle est partiellement incendiée lors du repli des troupes vers Québec. L'église est l'objet de travaux de reconstruction de 1762 à 1774, sous la direction du curé François Borel (1727-1792). Après d'autres travaux effectués de 1836 à 1837, une nouvelle église est entièrement construite de 1876 à 1878.

Le meuble est offert à l'église de Saint-Gabriel de Valcartier entre 1872 et 1912. Cette datation est estimée grâce à deux inscriptions se trouvant à l'arrière des reliquaires, l'une datée de septembre 1872 et signée « J. Sasseville ptre », et l'autre datée du 17 février 1912 et qui mentionne que l'authentique des reliques se trouve dans les archives de la paroisse de Saint-Gabriel. Jérôme Sasseville est curé de Sainte-Foy de 1863 à 1893.
La paroisse de Saint-Gabriel-de-Val-Cartier est fondée en 1832 et érigée canoniquement en 1864. Son territoire est détaché des paroisses de Sainte-Catherine et de Charlesbourg. La première église est construite en 1852, puis est agrandie en 1911 et 1912.

Le tabernacle est modifié de manière substantielle vers la fin du XIXe siècle, correspondant vraisemblablement à son arrivée dans l'église de Saint-Gabriel : un gradin inférieur est ajouté, de même qu'un entablement massif débordant en largeur de la colonnade. Deux colonnes sont ajoutées pour supporter les extrémités de l'entablement, des panneaux sont placés derrière les ailerons, le dôme du dais d'exposition est changé pour un dôme en toile rigide et deux grands reliquaires en forme de tourelles sont ajoutés aux extrémités de l'entablement. Une nouvelle réserve eucharistique de plus grandes dimensions est mise en place devant l'ancienne, conservant le motif de ciboire de la porte de l'ancienne réserve, et les ailerons qui la flanquaient sont vraisemblablement réutilisés comme ornements sur le nouveau gradin.

Du 10 septembre 1984 au 13 janvier 1985, le tabernacle est exposé au Musée du Québec (actuel Musée national des beaux-arts du Québec), dans le cadre de l'exposition « Le Grand Héritage » créée pour souligner la visite du pape Jean-Paul II à Québec.

Après son retour dans l'église de Saint-Gabriel en 1985, le meuble subit d'autres modifications : en 1990, Marc Gagnon, peintre-doreur de Sainte-Marie, le repeint en blanc, recouvrant des éléments autrefois dorés, tels que les fûts des colonnes et le cadre de la porte de l'armoire de l'ostensoir, et des rehauts de dorure sur mixtion sont réalisés sur les reliefs du tabernacle. Les appliques du stylobate et les rosaces de l'armoire de l'ostensoir sont perdues, ainsi que des glands qui ornaient le dessous de la corniche de l'entablement récent.

Le 28 août 2018, l'église est vandalisée et la porte de la réserve eucharistique du tabernacle est forcée, faisant éclater le bois de la porte et écorchant le revêtement extérieur en plusieurs endroits. Ces dommages sont réparés peu après et les lacunes sont retouchées en 2019.

Le tabernacle se trouve toujours au maître-autel de l'église de Saint-Gabriel.

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