Ministère de la Culture et des Communications
Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site patrimonial de l'Ancienne-Prison-Winter

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Estrie

Municipalité :

  • Sherbrooke

Date :

  • 1865 – 1867 (Construction)
  • 1869‑09‑01 – (Ouverture)
  • 1870 – (Construction)
  • 1871 – 1872 (Construction)
  • 1937 – 1941 (Réaménagement intérieur)
  • 1940 – (Construction)
  • 1990 – (Fermeture)

Période :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Usage :

  • Services et institutions (Prisons)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (3)

Personnes associées (6)

Images

Carte

Description

Le site patrimonial de l'Ancienne-Prison-Winter est un lieu de détention dont l'aménagement débute en 1865. Il comprend une prison, une maison pour le geôlier, un mur d'enceinte ainsi qu'un vaste terrain. La prison est érigée de 1865 à 1867. L'imposant bâtiment en maçonnerie de pierres de taille présente un plan rectangulaire composé d'une partie centrale faisant saillie en façade ainsi que de deux ailes latérales. Il comprend trois étages reposant sur un soubassement exhaussé. La prison est coiffée d'un toit à croupes couvert de tôle et l'avant-corps central d'un toit à deux versants formant un grand fronton en façade. La maison du geôlier est érigée en 1940. Le bâtiment en brique rouge présente un plan presque carré et une élévation de deux étages. Il est coiffé d'un toit à pavillon couvert de tôle. Le mur d'enceinte en maçonnerie de pierres circonscrit une cour intérieure de forme rectangulaire.

Le site patrimonial de l'Ancienne-Prison-Winter occupe un vaste terrain au coeur de l'ancien secteur judiciaire de Sherbrooke.

Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur de la prison et de
la maison du geôlier, au mur d'enceinte et au terrain

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2024-10-28
Prise d'effet : 2023-11-01

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 8 - Terrain supérieur
  • 12 - Potentiel archéologique significatif

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2023-10-26
  • Proposition de statut national, 1990-04-02
 

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Valeur patrimoniale

Le site patrimonial de l'Ancienne-Prison-Winter présente un intérêt pour sa valeur historique. Il s'agit d'un témoin significatif de l'organisation du système judiciaire du territoire québécois au milieu du XIXe siècle. La prison Winter est érigée de 1865 à 1867 à la suite de la réforme du système judiciaire entreprise en 1857 par George-Étienne Cartier et qui divise le Canada-Est en 21 districts judiciaires. À cette époque, Sherbrooke possède déjà un palais de justice et une prison détachée, ce qui est inhabituel, les espaces carcéraux étant généralement aménagés à même les palais de justice, à l'exception des grands centres comme Québec, Montréal et Trois-Rivières. Dans le contexte de la réforme, la décision est prise de reconstruire la prison sherbrookoise. La prison Winter conserve sa fonction jusqu'en 1990. Il s'agit par ailleurs d'un exemple très rare d'ensemble carcéral ayant conservé à la fois son mur d'enceinte et la maison du geôlier, en plus de la prison.

Le site patrimonial de l'Ancienne-Prison-Winter présente aussi un intérêt pour sa valeur architecturale. La prison est conçue par l'architecte du Département des travaux publics du Canada-Uni, Frederic Preston Rubidge. Originaire d'Angleterre, ce dernier s'installe au Canada vers 1825. Il pratique l'arpentage, le génie et l'architecture pour le gouvernement du Haut-Canada, puis du Canada-Uni. Il conçoit plusieurs ouvrages de génie et des bâtiments importants pour le gouvernement. À ce titre, il contribue à la mise en place d'infrastructures modernes et à la définition d'une image publique du Canada à travers son architecture. Pour la prison de Sherbrooke, Rubidge s'inspire de son plan type préparé pour les palais de justice. De nos jours, il subsiste un nombre limité de réalisations de Rubidge au Québec, dont la prison Winter. Celle-ci présente une facture architecturale éloquente, avec sa maçonnerie de pierre, son avant-corps central couronné d'un fronton, son toit à croupes, ses fenêtres cintrées ou à arc surbaissé, son portail central et sa corniche à modillon. Elle a aussi subi peu de transformations depuis sa construction, tout comme le mur d'enceinte.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2024.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site patrimonial de l'Ancienne-Prison-Winter liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- l'implantation du site sur une élévation surplombant la rivière Magog, dans un secteur urbain ancien de la ville;
- la présence de la prison, de la maison du geôlier, du mur d'enceinte et d'une cour dégagée sur un terrain de grandes dimensions;
- les caractéristiques de la prison, dont son implantation en bordure de la voie publique, la maçonnerie de pierres de taille, le plan formé d'une partie centrale en saillie et de deux ailes latérales, l'élévation de trois étages et le soubassement exhaussé, le toit à croupes avec sa couverture métallique à la canadienne, le puits de lumière central, la composition symétrique de la façade, le pignon central formant un fronton et coiffé d'un toit à deux versants droits, les fenêtres cintrées, rectangulaires ou à arc surbaissé et dotées de barreaux métalliques, le portail central cintré, les chaînes d'angle et la corniche à modillons;
- les caractéristiques de la maison du geôlier, adossée au mur sud de la prison, dont sa façade en retrait, mais parallèle à celle de l'établissement carcéral, la maçonnerie de briques rouges, le plan presque carré, l'élévation de deux étages, le toit à pavillon couvert de tôle, les fenêtres rectangulaires (certaines dotées de barreaux), les lucarnes à arc surbaissé, la galerie couverte en façade, les chaînes d'angle;
- les caractéristiques du mur d'enceinte, dont la maçonnerie de pierres à assise irrégulière et à motif de damier créé par l'intégration de pierres de taille, les contreforts et la porte cochère;
- les caractéristiques de la cour délimitée par la prison et le mur d'enceinte, dont son terrain complètement dégagé et le nombre limité d'accès.

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Informations historiques

En 1823, le gouvernement choisit Sherbrooke comme chef-lieu d'un nouveau district judiciaire pour le Bas-Canada. Dès lors, les notaires, avocats, commerçants et autres professionnels commencent à s'installer à Sherbrooke, qui connaît une importante croissance de sa population entre 1825 et 1831. En 1825, une première prison est construite sur la rue de Montréal, et le palais de justice est érigé de 1839 à 1841 sur la rue William.

La prison Winter est érigée à la suite de la réforme du système judiciaire entreprise en 1857 par George-Étienne Cartier et qui divise le Canada-Est en 21 districts judiciaires. Dans le contexte de la réforme, la décision est prise de reconstruire la prison sherbrookoise.

L'établissement carcéral est construit selon les plans de Frederick Preston Rubidge (1806 1897), arpenteur, ingénieur et architecte d'origine anglaise qui travaille plus de 30 ans au département des Travaux publics. Il s'inspire de son plan type préparé pour les palais de justice et il en adapte les dispositions intérieures inspiré par le modèle dit d'Auburn. En effet, l'architecture carcérale du XIXe siècle est marquée par les travaux de John Howard (1726-1790), qui préconise l'implantation de la prison à l'écart de la ville, la classification des détenus selon leur âge, leur sexe et l'importance du délit, et l'amélioration des conditions d'hygiène. Ces préoccupations se traduisent par deux approches architecturales principales, soit le modèle dit d'Auburn, conçu selon le principe du confinement commun, ainsi que le modèle dit de Pennsylvanie, plutôt basé sur l'isolement. La prison Winter s'inspire du modèle auburnien. Elle compte deux rangées de cellules (simples ou doubles) adossées au centre des blocs cellulaires. Les rangées de cellules donnent accès une salle commune. Les salles communes d'un bloc cellulaire communiquent par un escalier adossé au corps de bâtiment central où se concentrent les services.

Le site choisi, tout près du palais de justice, constitue le point le plus élevé des environs. Cette situation, rendant l'acheminement de l'eau difficile, aura des conséquences néfastes sur les conditions de vie des prisonniers et l'hygiène des lieux.

La construction du corps de bâtiment central et de l'aile se déroule du printemps 1865 à l'automne 1867, sous la supervision de Pierre Gauvreau, de Québec. Charles E. Côté, de la même ville, est responsable des travaux de maçonnerie et de la toiture.

La prison ouvre finalement ses portes le 1er septembre 1869. Elle compte alors 33 cellules, dont sept sont réservées aux femmes. Des cellules destinées aux mesures de punition sont aménagées au sous-sol; elles sont jugées dangereuses par les inspecteurs dès l'origine.

Le mur d'enceinte est érigé en 1870 et l'aile sud est construite en 1871 et 1872.

De graves problèmes d'humidité sont constatés dès l'ouverture, en plus de l'accumulation de fumée aux étages provoquée par des cheminées et d'une ventilation déficientes. D'importants travaux sont donc effectués durant les dernières décennies du XIXe siècle pour tenter de corriger ces problèmes. En 1905, la prison sera tout de même considérée comme l'une des moins bien entretenue du Québec.

La maison du geôlier est érigée en 1940, alors que la partie centrale de la prison est réaménagée et que de nouveaux blocs cellulaires sont ajoutés entre 1937 et 1941, d'après les plans de Léopold Fontaine. Très peu de travaux sont effectués par la suite, malgré la surpopulation des lieux et l'état de délabrement des installations.

La prison Winter conserve sa fonction jusqu'en 1990. En 1991, la Société de sauvegarde de la vieille prison est créée en réaction à la menace de démolition du complexe à la suite de sa fermeture. En 1997, la Société a acheté l'ancienne prison au coût d'un dollar.

Le site patrimonial de l'Ancienne-Prison-Winter, incluant la prison, la maison du geôlier, le mur d'enceinte et le terrain, est classé en 2024.

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Emplacement

Region administrative :

  • Estrie

MRC :

  • Sherbrooke

Municipalité :

  • Sherbrooke

Adresse :

  • 271, rue Winter

Latitude :

  • 45° 24' 15.652"

Longitude :

  • -71° 53' 52.035"

Désignation cadastrale :

  • Lot 1 048 027

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Références

Notices bibliographiques :

  • BOUSQUET, Olivier. Vers une architecture porteuse de sens : Matériaux, assemblages et lieu. Réappropriation de l’ancienne prison de Sherbrooke en complexe hôtelier. École d’architecture de l’Université Laval, 2004. 51 p.
  • CARON, Fernand. La prison Winter. Sherbrooke. Sherbrooke, Ministère des Affaires culturelles, 1989. 31 p.
  • GENEST, Bernard, Pierre LAHOUD et Vincent RANALLO. Curiosités des Cantons de l'Est. Collection « Curiosités », 2 [6]. Québec, Les Éditions GID, 2018. 227 p.
  • KESTEMAN, Jean-Pierre. Guide historique du Vieux-Sherbrooke. Sherbrooke, Société d’histoire de Sherbrooke, 1985. 271 p.

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