Coeur de dévotion

Ce coeur de dévotion en argent mesure 11,5 cm de hauteur, 6,5 cm de largeur et 3,5 cm de profondeur. Probablement produit vers 1848, le coeur votif, aussi appelé coeur ex-voto, prend la forme du Sacré-Coeur. Une inscription est gravée à l'avant et un poinçon se trouve dans le bas, au niveau de la pointe du coeur. Un anneau de fixation est soudé à la flamme. Celle-ci se dévisse révélant une embouchure par laquelle ont pu être insérés des lettres contenant des voeux, des prières, le nom des donateurs, ou encore, de menus objets à l'intérieur du coeur.

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Ce coeur de dévotion est fabriqué vers 1848. Il porte le poinçon de Léandre Pierre Boivin (1808-1873), horloger et orfèvre joaillier montréalais, qui tenait un commerce de 1848 à 1858 sur la rue Notre-Dame, à proximité de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours. Le rôle de Boivin dans la conception de l'objet est incertain. Le coeur aurait vraisemblablement été acheté à son magasin et c'est également lui qui aurait gravé les inscriptions, alors que l'orfèvre fabricant peut être quelqu'un d'autre.

Le don du coeur serait associé à un événement tragique qui marque l'histoire montréalaise l'année précédente : l'épidémie de typhus. En 1845, le mildiou, une maladie de pomme de terre, frappe l'Irlande, détruisant les récoltes et provoquant la famine. Les répercussions sur la population et l'économie du pays sont dévastatrices. À cette misère s'ajoutent les épidémies de typhus et de choléra qui font ravage au sein du peuple affaibli. Nombre d'Irlandais sont contraints de quitter leur pays pour émigrer vers l'Angleterre, l'Écosse et le pays de Galles, voire vers l'Australie, les États-Unis et le Canada. C'est ainsi que le typhus s'introduit dans les navires qui transportent les émigrants outre-mer et se répand rapidement, faute de mesures de quarantaine adéquates, au sein des populations d'accueil. Montréal est frappée dès le printemps 1847.

Ignace Bourget (1799-1885), évêque de Montréal, est particulièrement dévoué à cette cause. Lui-même touché par la maladie, il implore la protection de la Vierge et promet de réaliser trois voeux en cas de guérison : il s'engage à raviver la pratique des pèlerinages mariaux à la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, à offrir une nouvelle statue de la Vierge à la chapelle et à commander une peinture commémorative en l'honneur de l'événement. Non seulement Mgr Bourget survit, mais l'épidémie se dissipe. Il met alors ses promesses en exécution.

C'est dans ce contexte que voit le jour la tradition d'offrande de coeurs par les pèlerins à la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, en guise de remerciement pour les grâces obtenues. Celui-ci est parmi les plus anciens : il aurait été offert par les dames de la Société de Tempérance et de Charité le 5 juin 1848. Cette société catholique est fondée par Mgr Bourget plus tôt la même année pour promouvoir l'abstinence et les moeurs chrétiennes.

À l'origine, le coeur aurait été déposé aux pieds de la statue de Vierge dorée qui trônait alors sur le maître-autel de la chapelle. Depuis 1906, il est suspendu sur le mur latéral est du choeur.

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