Théâtre Paul-Émile-Meloche du centre administratif et culturel de la commission scolaire des Trois-Lacs
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- Centre culturel de la Cité des Jeunes de Vaudreuil
- Théâtre de la Cité des Jeunes de Vaudreuil
Région administrative :
- Montérégie
Municipalité :
- Vaudreuil-Dorion
Date :
- 1964 – (Commande)
- 1966 – 1968 (Construction)
Thématique :
- Patrimoine de la modernité
Usage :
- Fonction culturelle et récréative, loisir (Théâtres)
Groupes associés (2)
- Papineau, Gérin-Lajoie et Le Blanc, architectes - Architecte / concepteur(-trice)
- Semetys Construction - Constructeur(-trice)
Personnes associées (1)
-
Papineau, Louis-Joseph (1786 – 1871)
- Architecte / concepteur(-trice)
Inventaires associés (1)
Carte
Description
Le théâtre Paul-Émile-Meloche fait partie de l'édifice qui abrite le centre administratif et culturel du campus de la commission scolaire des Trois-Lacs, originellement dénommé Cité des Jeunes de Vaudreuil. Cet ensemble pavillonnaire est implanté sur un vaste terrain donnant sur l'avenue Saint-Charles qui relie les anciens cœurs villageois de Vaudreuil et de Dorion et qui, à cette hauteur, longe la baie de Vaudreuil de la rivière des Outaouais.
Le théâtre Paul-Émile-Meloche occupe tout un coin du centre administratif et culturel localisé au centre du campus qui regroupe plusieurs établissements d'enseignement secondaire et leurs équipements communs; il est entouré par l'école secondaire de la Cité-des-Jeunes, le centre de formation professionnelle Paul-Gérin-Lajoie, le centre sportif, la piscine et l'aréna de la Cité-des-Jeunes.
De plan carré, l'édifice enveloppé d'un mur-rideau qui alterne pans de verre et de briques, est relativement bas, malgré ses trois niveaux. Un escalier de secours est implanté au milieu de chacune des faces, à l'exception de celle qui, à l'arrière, est reliée par une passerelle au centre sportif; les escaliers sur les faces latérales sont extérieurs tandis que celui sur la façade principale est enclos. Au rez-de-chaussée, derrière ou en dessous de chacun d'eux, est localisée une entrée desservant l'une des extrémités de l'espace de circulation en forme de croix qui irrigue l'édifice.
Le théâtre Paul-Émile-Meloche est une salle de spectacle à l'italienne avec scène, parterre, balcon et corbeilles d'une capacité totale de 499 sièges. Bien équipé techniquement, le lieu présente un habillage très simple de tonalité sombre. Au rez-de-chaussée dans l'entrée est accrochée la plaque en bronze rappelant que le théâtre est un monument érigé par la Cité des Jeunes de Vaudreuil en collaboration avec le gouvernement de Québec et le gouvernement du Canada pour commémorer le Centenaire de la Confédération canadienne en 1967.
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Inventorié | -- | ||
Informations historiques
Le théâtre Paul-Émile-Meloche du centre administratif et culturel de la commission scolaire des Trois-Lacs construit en tant que théâtre de la Cité des Jeunes de Vaudreuil est l'un des 13 monuments commémoratifs de la région administrative de la Montérégie financés dans le cadre du programme de subvention du Centenaire de la Confédération canadienne initié par le gouvernement fédéral en 1961.
En août 1960, peu de temps après la formation du gouvernement libéral de Jean Lesage, Paul Gérin-Lajoie, ministre de la Jeunesse et député du comté de Vaudreuil-Soulanges, prononce un important discours. Il annonce l'implantation dans le district d'une « cité des jeunes » regroupant les établissements d'enseignement de niveau secondaire de la région et leurs services. Il souligne l'intérêt du concept en ces mots : « La Cité des Jeunes, précisément est un essai d'intégration et de coordination. Son organisation est conçue en fonction d'économies de construction, d'administration et d'opération. Bien plus, la concentration des édifices et de la population étudiante justifiera des services pédagogiques, culturels et sportifs qu'aucune institution, prise isolément, ne pourrait s'offrir. »
Pour mener à bien le projet, la Corporation de la Cité des Jeunes de Vaudreuil est créée en novembre 1961. Au printemps, celle-ci achète un vaste terrain d'une soixantaine d'hectares des Pères de Sainte-Croix. Située entre les noyaux des municipalités de Vaudreuil et de Dorion, cette terre est l'ancienne ferme Raymond. Pour concevoir le projet, une équipe de professionnels est formée. L'urbaniste Jean-Claude Lahaye, de l'agence Lahaye et Ouellet, est chargé de tracer le plan d'ensemble du campus. Dans un premier projet, les équipements collectifs — bibliothèque, auditorium, chapelle, maisons des arts et cafétéria — sont logés dans des édifices séparés entourant une place centrale. Finalement, ils sont regroupés en un seul, le centre culturel. Pour le concevoir, les architectes Papineau, Gérin-Lajoie et Le Blanc sont engagés.
En 1964, la Corporation présente le projet du centre culturel dans le cadre du programme de subvention du Centenaire. Dans l'ouvrage intitulé « Les projets du Centenaire au Québec/Québec Centennial Projects » publié fin 1965, il est précisé que la « corporation construira un édifice carré de 230 pieds de côté… Il constituera un vaste ensemble de services à la disposition des étudiants et de la population de Vaudreuil-Soulanges. Ce centre comprendra une cafétéria et des bureaux d'administration, une bibliothèque et un auditorium. C'est cet auditorium qui constituera le projet commémoratif du Centenaire. »
Le projet proposé est un pavillon entouré d'un péristyle formé par les colonnes périphériques de l'ossature. Son plan carré est structuré par un couloir central cruciforme qui délimite quatre secteurs, chacun étant dédié à une des grandes fonctions. Les dessins datés de novembre 1965 montrent, de part et d'autre de l'entrée principale, à droite, la bibliothèque et les auditoriums — un grand, l'actuel théâtre Louis-Meloche, et un petit, aujourd'hui dénommé salle Agathe-Patry — et, à gauche, au rez-de-chaussée, les ateliers et l'administration et, aux étages, la cafétéria, les activités de loisirs et le service social.
L'édifice mis en chantier en octobre 1966 est différent. Un mur-rideau de verre enveloppe l'ensemble du bâtiment. Trois des faces sont ponctuées, chacune, en son milieu, par un escalier extérieur en béton, tandis qu'une passerelle, elle aussi en béton, relie la quatrième à l'immeuble sportif voisin. Les travaux sont terminés en mars 1968 et l'édifice est inauguré en novembre.
Récemment, le centre culturel a été rénové; le mur-rideau de verre a été remplacé, la nouvelle enveloppe alternant pans de briques et de verre et deux des escaliers extérieurs ont été reconstruits en métal tandis que celui situé devant l'entrée principale a été enclos. Reste que l'édifice continue à jouer son rôle de cœur du campus.
Évaluation d'inventaire
Inventaire des projets du Centenaire de la Confédération canadienne réalisés au Québec (2014 - 2019) DOCOMOMO Québec
La valeur patrimoniale du théâtre Paul-Émile-Meloche du centre administratif et culturel de la commission scolaire des Trois-Lacs réside dans son intérêt historique lié au Centenaire de la Confédération canadienne célébré en 1967, d'une part, et à celui de l'ensemble scolaire dont il fait partie, d'autre part. Le bâtiment loge les services des établissements de niveau secondaire du campus : administration, restaurants, ateliers, bibliothèque et deux auditoriums, le plus grand constituant l'élément commémoratif. Cette mise en commun, à laquelle participent les installations sportives, motivée par une volonté de rationalisation et d'économie, est centrale au concept de « cité des jeunes » avancé en 1960, par Paul Gérin-Lajoie, ministre responsable de l'Instruction publique au sein du gouvernement libéral nouvellement formé. En approfondissant et accélérant les réformes, celui-ci contribua à l'essor de la Révolution tranquille qui modernisa en profondeur le Québec. En matière d'éducation, la Grande Charte, série de mesures législatives prises dès la première session parlementaire, vise à la démocratisation de l'enseignement ainsi qu'à l'élévation du niveau de formation de la population, notamment en étendant l'âge scolaire obligatoire à 15 ans. Ces mesures précèdent celles mises en œuvre dans la foulée de la Commission Parent. Première du genre, la Cité des Jeunes de Vaudreuil constitua un modèle repris à Rivière-du-Loup, Hull et Tracy, et son théâtre de près de 500 places avec scène à l'italienne est un équipement public rare à l'époque, si ce n'est dans les grandes villes.
La valeur patrimoniale du théâtre Paul-Émile-Meloche réside dans son intérêt architectural découlant de la facture de l'œuvre et de la notoriété des architectes. Il regroupe dans un même bâtiment tous les équipements culturels ainsi que les services administratifs et de restauration du campus. Son architecture est à la fois moderne et d'inspiration classique. De cette filiation relève son type bâti pavillonnaire formé par un seul corps de bâtiment au plan centré et symétrique et entouré d'un péristyle, du moins dans la version préliminaire du projet. Modernes sont son système structurel, une ossature en béton de trame régulière, et son enveloppe, un mur-rideau de verre. Cet édifice a cependant perdu une grande part de son authenticité vu les interventions récentes faites sans grand respect pour le projet de l'agence Papineau, Gérin-Lajoie et Le Blanc (PGL). Ce bureau d'architectes formé par Louis-Joseph Papineau, Guy Gérin-Lajoie et Michel Le Blanc est parmi les plus importants des années 1960 et 1970, au Québec. Ses principales réalisations en témoignent : les stations Peel (9166) et Radisson (1976) du métro de Montréal, le pavillon du Québec (défiguré) d'Expo 67 et l'aérogare de Mirabel (démoli), ces deux dernières étant aussi des «pavillons de verre».
La valeur patrimoniale du théâtre Paul-Émile-Meloche réside dans son implantation, au cœur de l'ensemble regroupant les établissements d'enseignement secondaire de la région. Jusqu'à la création de la Cité des Jeunes de Vaudreuil, ceux-ci étaient des institutions dispersées sur le territoire. Elle prend la forme d'un campus, regroupement suburbain de pavillons privilégié pour la construction des universités en Amérique du Nord, depuis le XVIIIe siècle. Son plan est conçu par un pionnier de l'urbanisme au Québec, Jean-Claude Lahaye. Au milieu du XXe siècle, la communication est un enjeu central, communication en tant qu'accessibilité territoriale — le campus de la Cité-des-Jeunes est construit au centre du réseau d'autoroutes —, communication en tant qu'échanges entre les enseignants, les étudiants et le milieu que vise à favoriser l'existence d'un pavillon central de services communs, dont le théâtre Paul-Émile-Meloche fait partie.
Emplacement
Region administrative :
- Montérégie
MRC :
- Vaudreuil-Soulanges
Municipalité :
- Vaudreuil-Dorion
Adresse :
- 400, avenue Saint-Charles
Latitude :
- 45° 23' 44.0"
Longitude :
- -74° 1' 29.0"
Références
Liens Internet :
Notices bibliographiques :
- AUDET, Louis-Philippe. Histoire de l’enseignement au Québec, tome 2: 1840-1971. Montréal, Holt, Rinehart et Winston Limitée, 1971. 496 p.
- Bibliothèque et Archives nationales du Québec/ Fonds du Secrétariat de la province(E4) / Dossier du Centenaire de la Confédération du Canada, 1964-1969 (E4 1960-01-483) / Contenants (813 à 966).
- s.a. « Baie de Vaudreuil et campus de la Cité-des-Jeunes ». Musée régional de Vaudreuil-Soulanges et Ville de Vaudreuil-Dorion. Circuit historique et architectural de Vaudreuil-Dorion [En ligne]. https://circuitvd.ca/circuit/secteurs/baie-de-vaudreuil-et-campus-de-la-cite-des-jeunes
- s.a. « La Cité des Jeunes ». L'Écho de Vaudreuil-Soulanges et Jacques-Cartier, 12 septembre 1962, p. 13-16.
- s.a. Les Projets du centenaire au Québec. Québec, Secrétariat de la province de Québec, 1965. 77 p.
- TURNER, Paul Venable. Campus: an American Planning Tradition. New York/Cambridge, Architectural History Foundation/The MIT Press, 1984. 337 p.