Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Église Christ Church

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Laurentides

Municipalité :

  • Saint-André-d'Argenteuil

Date :

  • 1819 – 1828 (Construction)
  • 1840 – 1842 (Réaménagement intérieur)
  • 1876 (Agrandissement)
  • 1898 – 1900 (Décoration intérieure)
  • 2001 (Restauration)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Anglicanisme)

Usage :

  • Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)

Éléments associés

Patrimoine mobilier associé (2)

Comprend :

Autres biens associés :

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Groupes associés (2)

Personnes associées (3)

Inventaires associés (1)

Carte

Description

L'église Christ Church est un lieu de culte de tradition anglicane construit de 1819 à 1821. Le plan de cet édifice en brique rouge se compose d'une nef rectangulaire à un vaisseau et d'un choeur plus étroit à chevet plat flanqué d'annexes. La façade comporte une imposante tour centrale à demi hors oeuvre surmontée d'un clocher. Un toit à deux versants droits de faible pente coiffe la nef et le choeur. L'église est érigée sur un vaste terrain occupé par un cimetière et planté d'arbres matures. Elle s'élève dans l'ancien noyau villageois de Saint-André-Est, aujourd'hui compris dans la municipalité de Saint-André-d'Argenteuil.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain.

Plan au sol :

Rectangulaire à choeur plus étroit que la nef

Nombre d'étages :

1

Groupement :

Détaché

Structure :

  • Maçonnerie en brique

Annexes :

  • Agrandissement

Saillies :

  • Auvent
  • Cheminée
  • Clocher
  • Tour

Fondations :

  • Pierre

Toit :

  • Forme : À deux versants droits
    Matériau : Tôle à la canadienne

Porte principale :

  • bois, à panneaux, à imposte

Autre(s) porte(s) :

  • bois, à panneaux, à imposte

Fenêtre(s) :

  • à arc brisé, À battants, à moyens ou grands carreaux
  • à arc brisé, Fixe
  • Rectangulaire, Soupirail

Éléments architecturaux :

  • Acrotère
  • Amortissement
  • Balustrade en bois
  • Corniche à modillons
  • Retour de l'avant-toit

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1985-05-17

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
 

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Valeur patrimoniale

L'église Christ Church présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. En plus de témoigner de la présence des anglicans à l'ouest de Montréal, le temple évoque la rivalité qui pouvait exister entre les différentes confessions concernant les lieux de culte. L'église est érigée de 1819 à 1821 pour desservir la communauté anglicane de la localité de St. Andrews. Élevée grâce au révérend Joseph Abbott (1790-1862) et au seigneur d'Argenteuil sir John Johnson (1741-1830), deux figures marquantes du Bas-Canada, elle illustre la concurrence que se livrent les Églises d'Angleterre et d'Écosse. En effet, la communauté presbytérienne entreprend de bâtir une église en pierre en 1819. Dans le but d'affirmer la présence anglicane, Abbott commence aussitôt une église en brique, dotée d'une tour en façade afin de lui donner un aspect plus imposant. Le financement des travaux est en grande partie assumé par la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, pour laquelle Abbott oeuvre comme missionnaire. Souhaitant venir en aide à la communauté anglicane, Johnson offre quant à lui les terrains pour l'église et son presbytère. Cette église anglicane, qui serait la plus ancienne encore debout à l'ouest de Montréal, figure parmi les premières construites au Québec.

L'église Christ Church présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Le lieu de culte traduit l'influence néoclassique et néogothique dans l'architecture religieuse québécoise. En effet, il prend pour modèle des temples édifiés en Angleterre et en Nouvelle-Angleterre à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle et les interprète de façon très simplifiée. Les traits principaux de ces édifices sont illustrés par le plan d'origine formé d'un simple rectangle, le toit à deux versants droits de faible pente, les corniches à modillons, la disposition symétrique et régulière des ouvertures ainsi que la façade comportant une tour centrale (l'un des exemples les plus anciens au Québec), un fronton esquissé et une balustrade entourant le clocher. De plus, la maçonnerie en brique, bien que commune en Angleterre et en Nouvelle-Angleterre, est peu répandue au Québec au début du XIXe siècle, et il s'agirait de la deuxième église faite de ce matériau. L'influence néogothique se reflète dans les ouvertures en arc brisé, qui évoquent l'émergence de ce style au Bas-Canada. Cette église est vraisemblablement la première utilisant le vocabulaire gothique au Québec. Par ailleurs, elle révèle l'évolution de l'architecture anglicane au XIXe siècle par son choeur plus étroit, ajouté en 1876 selon les plans de l'architecte Andrew Bell de Hawksberry. Plusieurs églises anglaises, notamment celles financées par la Church Building Society, comportent un tel choeur en saillie. Cette modification devient courante dans la seconde moitié du XIXe siècle au Canada afin d'adapter les temples à la liturgie anglicane de l'époque. L'église Christ Church est donc exceptionnelle au Québec, en raison de ses éléments nouveaux qui témoignent de l'introduction d'influences anglaises et américaines en architecture.

L'église Christ Church présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique liée à son intérieur. Le décor d'une grande sobriété, comme le veut la tradition anglicane, comprend des éléments anciens, dont les bancs cloisonnés. D'autres composantes sont caractéristiques des intérieurs anglicans de la seconde moitié du XIXe siècle, comme l'arc brisé orné d'une frise à l'entrée du choeur et les vitraux.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.

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Éléments caractéristiques

Les éléments clés de l'église Christ Church liés à ses valeurs historique, architecturale et artistique comprennent, notamment :
- son implantation à une intersection, en retrait de la voie publique, au coeur du noyau villageois;
- son emplacement sur le plateau surplombant la rivière du Nord, sur un vaste terrain occupé à l'arrière par un cimetière et planté d'arbres matures;
- son volume, dont le plan composé d'une nef rectangulaire à un vaisseau et d'un choeur plus étroit à chevet plat flanqué d'annexes, le toit à deux versants droits de faible pente du choeur et de la nef ainsi que le toit en appentis des annexes;
- ses matériaux, dont les fondations en moellons, la maçonnerie en brique rouge, la couverture en tôle à la canadienne ainsi que les portes, les fenêtres et les corniches en bois;
- les composantes de la façade, dont la tour centrale à demi hors oeuvre (ornée d'une corniche et d'une balustrade, surmontée d'un clocher octogonal et percée entre autres d'un oculus) et le fronton triangulaire suggéré par une corniche;
- ses ouvertures en arc brisé, dont la porte en bois à double vantail de la tour surmontée d'une imposte nervurée, la baie à trois lancettes du chevet, les fenêtres à deux lancettes et les archivoltes en brique;
- les corniches à modillons avec retours soulignant le toit du choeur et de la nef ainsi que ceux des annexes;
- le décor intérieur très sobre, dont la fausse voûte à arc surbaissé de la nef soulignée d'une corniche, la fausse voûte en arc brisé du choeur ainsi que l'ouverture en arc brisé ornée d'une frise et de pilastres donnant accès au choeur;
- le maître-autel et la chaire;
- les bancs cloisonnés en bois teint;
- la tribune arrière en bois teint;
- les vitraux;
- les panneaux commémoratifs.

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Informations historiques

Le village de Saint-André-Est est fondé vers 1800 lorsque des Écossais viennent s'établir au confluent de la rivière du Nord et de la rivière Rouge. Les arrivants nomment la localité St. Andrews, en l'honneur de leur patron national. En 1805, une papeterie y est ouverte, la première au Canada. L'industrie du bois est florissante et attire notamment Britanniques et Américains. La trentaine de familles de confession anglicane est d'abord desservie par le missionnaire Richard Bradford (1752-1817), qui se retire en 1816 en raison de sa santé déclinante. Il est remplacé par le révérend Joseph Abbott (1790-1862), missionnaire pour la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, qui quitte l'Angleterre en 1818 pour venir s'installer dans le village, où il épouse la fille de Bradford, Harriet-Ann. Au cours de son séjour dans la région, Abbott crée aussi des missions anglicanes à Lachute, Hawkesbury et dans le canton de Gore. De 1825 à 1830, il oeuvre auprès de la communauté anglicane d'un village des Cantons de l'Est, qui sera nommé en 1829 Saint-Paul-d'Abbotsford en l'honneur du pasteur et de son épouse.

La communauté presbytérienne (Église d'Écosse) de St. Andrews entreprend de bâtir une église en pierre en 1819. Abbott commence aussitôt la construction de l'église Christ Church. Dans le but d'affirmer la présence anglicane en donnant à son temple une certaine prestance, le pasteur préfère la brique au bois et le dote d'une tour centrale en façade, à l'instar des églises classiques anglaises de la fin du XVIIe siècle et de la première moitié du XVIIIe siècle conçues par Christopher Wren (1632-1723) ou James Gibbs (1682-1754). Les ouvertures sont en arc brisé, comme celles de la seconde Trinity Church de New York réalisée de 1788 à 1794, et reflètent l'engouement que connaît l'architecture gothique à partir de la fin du XVIIIe siècle. Le terrain de l'église Christ Church, élevée de 1819 à 1821, et de son presbytère, bâti en 1820, est donné par sir John Johnson (1741-1830), seigneur d'Argenteuil. Johnson et Abbott s'investissent dans l'édification de l'église et dans l'organisation de la paroisse, qui est érigée en 1822. Le financement des travaux est en grande partie assumé par la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, les membres de la communauté n'étant pas assez nombreux pour se charger de l'ensemble des dépenses. La tour est complétée en 1826 ou en 1828 avec la mise en place du clocher. Une modification importante est apportée en 1876, selon les plans de l'architecte Andrew Bell de Hawksberry, alors qu'un choeur plus étroit flanqué d'annexes est ajouté contre le chevet d'origine.

L'intérieur de l'église est pourvu en 1823 d'un maître-autel, d'une chaire, d'une table de communion et de bancs. Une fausse abside en hémicycle est aménagée contre le chevet afin de démarquer le sanctuaire de la nef. Entre 1840 et 1842, des galeries latérales et une tribune arrière sont ajoutées à la nef, et la tour accueille à l'étage une bibliothèque. La fausse abside disparaît lorsque le choeur en saillie est construit en 1876. Les vitraux sont fabriqués par la compagnie montréalaise Spencer and Son. Le vitrail du long-pan sud près du choeur est installé en 1898, alors que les autres vitraux sont vraisemblablement posés après la suppression des galeries latérales en 1900.

L'église Christ Church est classée en 1985. Le toit est couvert de tôle à la canadienne en 2001.

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Emplacement

Region administrative :

  • Laurentides

MRC :

  • Argenteuil

Municipalité :

  • Saint-André-d'Argenteuil

Adresse :

  • 163, route du Long-Sault

Lieux-dits :

  • Saint-André-Est

Latitude :

  • 45° 33' 41.347"

Longitude :

  • -74° 20' 23.18"

Désignation cadastrale :

  • Lot 2 622 477

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • BOURGET, Charles. « Christ Church de Saint-André-Est. Une proche parente des églises de Nouvelle-Angleterre ». Fondation du patrimoine religieux du Québec. Fondation du patrimoine religieux du Québec [En ligne]. http://www.patrimoine-religieux.qc.ca/ccsand/ccsandf.htm
  • CLERK, Nathalie et Marc DE CARAFFE. Église Christ Church, Saint-André-Est, Québec. Ottawa, Commission des lieux et monuments historiques du Canada, 1981. s.p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • Ethnotech inc. Église Christ Church, Saint-André. Étude, relevés et analyse. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1982. s.p.
  • NOPPEN, Luc. « Christ Church ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 407-408.

Multimédias disponibles en ligne :

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