Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Tabernacle

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Région administrative :

  • Centre-du-Québec

Date :

  • 1702 (Production)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Objet de cérémonie > Meuble religieux > Meuble lié à l'Eucharistie

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (1)

Personnes associées (1)

Inventaires associés (1)

Description

Le tabernacle est une pièce de mobilier liturgique probablement exécutée en 1702. Ce meuble en bois sculpté et doré est composé de trois gradins, d'un étage de la monstrance rythmé de colonnettes torses, de niches abritant des statuettes et de panneaux sculptés, ainsi que d'un couronnement formé d'un entablement et d'un baldaquin. Ce dernier est surmonté d'une croix et flanqué de reliquaires. Le tabernacle est abondamment décoré de motifs végétaux. Les extrémités de l'étage de la monstrance et les côtés de l'armoire eucharistique sont encadrés de consoles à volutes.

Ce bien est classé objet patrimonial. Il est associé à l'église de Saint-Grégoire-le-Grand, classée immeuble patrimonial.

Numéro de l'objet :

  • Numéro d'inventaire : 92691.77

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada

Dimensions :

  • Hauteur : 314 centimètre(s)
  • Largeur : 80 centimètre(s)
  • Longueur : 303 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois
  • Métal (Or)

Technique de fabrication :

  • Assemblé
  • Coupé
  • Doré
  • Sculpté

Représentation iconographique :

  • Ange
  • Ciboire
  • Croix
  • Feuille
  • Fleur
  • Ostensoir
  • Pavillon de ciboire
  • Raisin
  • Vigne

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1965-03-16
 

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Valeur patrimoniale

Le tabernacle présente un intérêt patrimonial pour ses valeurs ethnologique et historique. Cette pièce de mobilier religieux témoigne de l'importance de la célébration de l'eucharistie dans la religion catholique. Avant le concile Vatican II (1962-1965), ce meuble était placé sur une table d'autel au fond du choeur et servait à conserver le ciboire et les hosties consacrées pour la communion. L'ostensoir y était également exposé ou même rangé; plusieurs tabernacles contenaient aussi des reliquaires. Les anciens tabernacles avaient donc souvent des dimensions imposantes. Ils se composaient généralement de trois parties superposées : les gradins en bas qui incluent l'armoire contenant les hosties, l'étage de la monstrance et, au-dessus, l'étage du couronnement. À la suite des changements apportés à la liturgie par l'Église catholique dans les années 1960, les autels anciens ne sont plus utilisés pour la célébration de la messe. De nouvelles tables d'autel sont plutôt installées au centre du choeur, et le célébrant fait face aux fidèles. De nombreuses paroisses, comme celle de Saint-Grégoire-le-Grand, conservent toutefois leurs anciens autels, et le tabernacle y maintient parfois sa fonction de réserve eucharistique. Le tabernacle évoque ainsi une pratique liturgique catholique ancienne.

Le tabernacle présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Réalisé pour la chapelle des Récollets de Montréal au tout début du XVIIIe siècle, il s'agit de l'un des tabernacles les plus anciens conservés au Québec. L'ordre des Récollets, présent en Nouvelle-France dès les débuts de la colonie, se voit interdire le recrutement de nouveaux membres après la Conquête (1760). La congrégation se départit peu à peu de ses biens meubles jusqu'à sa disparition en 1813, à la mort du dernier prêtre récollet Louis Demers (1732-1813). C'est dans ce contexte que la paroisse de Saint-Grégoire-le-Grand fait l'acquisition en 1809 de ce tabernacle ainsi que d'un retable qui se trouvaient à l'origine dans la chapelle montréalaise des Récollets achevée en 1713. Le tabernacle aurait été commandé en 1702 au sculpteur d'origine française Charles Chaboulié (1647-1708). L'oeuvre de cet artiste, dont il ne subsiste que de rares vestiges, est peu documentée. Ce tabernacle serait la seule pièce complète témoignant de la production de Chaboulié, et il rappelle aussi le rôle important des Récollets dans la commande d'oeuvres d'art religieux en Nouvelle-France.

Le tabernacle présente en outre un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. L'oeuvre comporte des éléments iconographiques peu communs durant le Régime français pour ce type de meuble liturgique. Si les motifs végétaux qui ornent les panneaux et les gradins sont courants sur les tabernacles de l'époque, le bas-relief de la monstrance illustrant l'Adoration du Saint-Sacrement est plus rare. Il en est de même pour les tétramorphes du baldaquin, c'est-à-dire la représentation de saint Mattieu par un homme, de saint Luc par un boeuf, de saint Marc par un lion et de saint Jean par un aigle. Le tabernacle se distingue aussi par la richesse de son ornementation et sa qualité d'exécution. L'abondance des détails décoratifs et l'utilisation de consoles à volutes et de colonnettes torsadées associent l'oeuvre au courant baroque en vogue en France et en Italie au moment de la production de ce meuble. Le tabernacle de l'église de Saint-Grégoire-le-Grand est une pièce majeure de la sculpture ancienne au Québec.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2011.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du tabernacle liés à ses valeurs historique, ethnologique et artistique comprennent, notamment :
- son volume, dont les trois gradins, l'étage de la monstrance rythmé de colonnettes torses et de panneaux sculptés, creusé de deux niches comprenant des statuettes et flanqué de consoles à volutes, ainsi que le couronnement formé d'un entablement et d'un baldaquin surmonté d'une croix et flanqué de reliquaires;
- les matériaux, dont le bois sculpté et doré;
- l'ornementation, dont les nombreux motifs végétaux sculptés, comme des feuilles d'acanthe, des fleurs et des feuillages, le bas-relief de la porte de la monstrance représentant l'Adoration du Saint-Sacrement, le bas-relief de la réserve eucharistique flanqué de volutes et illustrant un ciboire et des grappes de raisin, ainsi que les tétramorphes du baldaquin.

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Informations historiques

Le tabernacle est vraisemblablement exécuté en 1702 par le sculpteur d'origine française Charles Chaboulié (1647-1708) pour la chapelle montréalaise des Récollets achevée en 1713. L'oeuvre de cet artiste, dont il ne subsiste que de rares vestiges, est peu documentée. Le tabernacle, dont la production est évoquée dans une entente écrite entre le sculpteur et son cousin, serait la seule pièce complète de Chaboulié conservée au Québec.

L'ordre des Récollets, présent en Nouvelle-France dès le début de la colonie, se voit interdire le recrutement de nouveaux membres après la Conquête (1760). La congrégation se départit peu à peu de ses biens meubles jusqu'à sa disparition en 1813, lors de la mort du dernier prêtre récollet Louis Demers (1732-1813). C'est dans ce contexte que la paroisse de Saint-Grégoire-le-Grand fait l'acquisition en 1809 de ce tabernacle ainsi que d'un retable qui se trouvaient à l'origine dans la chapelle montréalaise des Récollets. L'achat de ces deux pièces constitue la première étape de l'ornementation de l'église de Saint-Grégoire-le-Grand, dont le gros oeuvre est achevé en 1806.

Le tabernacle présente une riche ornementation qui l'associe au mouvement baroque, comme les colonnettes torsadées et les consoles à volutes. Il comporte aussi des éléments iconographiques peu communs sur les tabernacles du Régime français, dont un bas-relief représentant l'Adoration du Saint-Sacrement et les tétramorphes, c'est-à-dire les figures ailées de l'homme, du lion, du boeuf et de l'aigle représentant les quatre évangélistes.

Le sculpteur Urbain Desrochers (1781-1860) est engagé pour installer le meuble dans le choeur de l'église de Saint-Grégoire-le-Grand. Ce dernier réalise un tombeau à la romaine pour soutenir le tabernacle. Plusieurs historiens de l'art supposaient que Desrochers avait alors modifié le meuble, notamment par l'ajout d'un gradin. Des études récentes ont cependant démontré que les trois gradins étaient d'origine. La forme de la réserve eucharistique aurait, quant à elle, été modifiée au cours du XIXe siècle. Une croix et des ornements en forme de feuilles d'acanthe ont également été ajoutés en 1930.

L'église de Saint-Grégoire-le-Grand est classée en 1957.

Le tabernacle est classé en 1965, en même temps que plusieurs autres pièces de mobilier et d'orfèvrerie, des sculptures et des tableaux.

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Références

Gestionnaires des données :

Société des musées québécois

Notices bibliographiques :

  • BAZIN, Jules. « Chaboulié (Chaboillez), Charles ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • BELISLE, Jean et John R. PORTER. La sculpture ancienne au Québec : trois siècles d'art religieux et profane. Montréal, Éditions de l'Homme, 1986. 503 p.
  • CHAGNON, Joanne. « Oeuvres d'art de l'église de Saint-Grégoire ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 41-44.
  • CLOUTIER, Nicole. « Desrochers, Urbain ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca
  • CORMIER, François. Chandeliers et crucifix conservés à l'Église de Précieux-Sang, comté de Nicolet; précédé de Objets mobiliers par Urbain Brien dit Desrochers, exécutés pour la Fabrique de Saint-Grégoire de Nicolet, contrat du 15 juin 1812. Québec, ministère des Affaires culturelles, Direction générale du patrimoine, 1979. s.p.
  • DOYON, Stéphane. « Le tabernacle des Récollets de Ville-Marie ». DUBOIS, Paul-André, dir. Les Récollets en Nouvelle-France, Traces et mémoire. Québec, Les Presses de l'Université Laval, 2018, p. 467-485.
  • DOYON, Stéphane. The High Altar of Saint-Grégoire-le-Grand in Bécancour : A Case Study of an early 18th Century Quebecois Tabernacle. Queen's University, 2010. 116 p.
  • GAUTHIER, Raymonde. Les tabernacles anciens du Québec des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1974. 112 p.
  • NOPPEN, Luc. Les églises du Québec, 1600-1850. Montréal, Fides, 1977. 298 p.

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