Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

L'Îlot-Trafalgar-Gleneagles

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • L'îlot Trafalgar-Gleneagles

Région administrative :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Date :

  • 1907 – 1931 (Construction)

Période :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Usage :

  • Non applicable

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (5)

Personnes associées (8)

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Carte

Description

L'Îlot-Trafalgar-Gleneagles est un lotissement résidentiel sur lequel s'élèvent deux maisons bourgeoises et deux conciergeries, construites entre 1907 et 1931. La forme oblongue du terrain résulte de l'aménagement de trois artères publiques. Cantonnant l'îlot, les conciergeries occupent toute la largeur du terrain. Elles sont implantées en bordure du trottoir, sans marge de recul par rapport aux voies de circulation. À l'extrémité est, l'immeuble Gleneagles, érigé en 1929 dans le style Scottish Baronial, a une hauteur variant de six à treize étages. À l'extrémité ouest, l'immeuble Trafalgar, édifié en 1930 et 1931 dans le style Château, compte de sept à douze étages. Au centre, enserrées par les conciergeries respectivement en brique brune et chamois, les deux résidences privées sont entourées d'un espace vert. La maison Thompson, en brique rouge, a été bâtie en 1907 et présente une combinaison d'éléments empruntés aux styles néo-Queen Anne et Arts and Crafts. Construite en 1910, la maison Sparrow, en brique jaune, est une villa d'inspiration néoclassique. Le mur de soutènement au sud de l'îlot, en pierre calcaire gris-bleu, date de 1912 et porte l'inscription gaélique « Fan-Na-Greine » (Garder le soleil). Ce site patrimonial est situé sur le flanc sud du mont Royal, à la limite du parc du Mont-Royal, dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal.

Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur des deux conciergeries, de la maison Thompson, de la maison Sparrow, aux terrains, ainsi qu'au mur de soutènement en pierre.

L'Îlot-Trafalgar-Gleneagles est compris dans le site patrimonial du Mont-Royal.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2012-10-19

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 9 - Terrain notable
  • 12 - Potentiel archéologique significatif

Transfert de responsabilité

  • Exercice de certains pouvoirs par la municipalité (Montréal), 2017-09-21
    Prise d'effet : 2018-09-21

Statuts antérieurs

  • Reconnaissance, 2002-10-25
  • Avis d'intention de classement échu, 2000-11-01
 
Déclaration Situé dans un site patrimonial Gouvernement du Québec

Transfert de responsabilité

  • Exercice de certains pouvoirs par la municipalité (Montréal), 2017-09-21
    Prise d'effet : 2018-09-21
 

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Valeur patrimoniale

L'Îlot-Trafalgar-Gleneagles présente un intérêt patrimonial pour sa valeur paysagère. Situé sur le flanc sud du mont Royal, l'ensemble est un point de repère en raison de son implantation et de sa silhouette. Les bâtiments établissent une relation exceptionnelle avec l'environnement naturel du mont. L'espace vert entre les deux conciergeries les met en valeur l'une par rapport à l'autre et protège une percée visuelle essentielle entre la montagne et le fleuve. De plus, les divers points de vue, les pleins et les vides, ainsi que les liens entre les bâtiments et les aménagements paysagers, composés notamment de boisés, expriment avec éloquence la dualité architecture-nature. Cette dualité est un trait essentiel de la culture urbaine moderne et l'une des caractéristiques des propriétés ceinturant le mont Royal. L'îlot contribue ainsi à former un paysage dynamique.

L'îlot présente aussi un intérêt pour sa valeur ethnologique. L'ensemble témoigne d'une évolution dans la façon d'habiter bourgeoise durant le premier tiers du XXe siècle. Les maisons Thompson et Sparrow, respectivement érigées en 1907 et 1910, illustrent le mode de vie de familles aisées par leur volume et leurs emprunts à des courants en vogue. Par ailleurs, les immeubles Gleneagles et Trafalgar, construits au tournant des années 1930, répondent à la concentration urbaine et à une manière de vivre plus individuelle. Le phénomène des immeubles-appartements apparaît dans la plupart des villes nord-américaines dans le dernier quart du XIXe siècle. Les conciergeries de luxe sont bâties dans l'esprit des grands hôtels et s'inspirent de styles historiques afin de refléter le prestige de leurs locataires. Elles offrent des services communautaires, tels qu'une salle à manger, un garage et une bibliothèque. Le voisinage de ces deux types d'habitation sur cet îlot évoque les changements profonds que connaît la société bourgeoise urbaine durant cette période.

L'îlot présente également un intérêt pour sa valeur historique. Le lotissement reflète le développement urbain de Montréal, et plus particulièrement l'évolution des transports en commun. Sa forme oblongue résulte de l'aménagement de trois artères publiques. Le mur de soutènement longeant le chemin de la Côte-des-Neiges témoigne des travaux effectués pour faciliter la communication entre la ville et le cimetière Notre-Dame-des-Neiges et de l'implantation de voies pour les voitures et les tramways. L'Îlot rappelle ainsi l'urbanisation des flancs du mont Royal au début du XXe siècle.

L'îlot présente en outre un intérêt pour sa valeur architecturale. La maison Thompson (1907), de l'architecte John Rawdon Gardiner (1866-1956), et la maison Sparrow (1910), de l'architecte James Edgar Adamson, tous deux de Montréal, illustrent l'architecture résidentielle au tournant du XXe siècle. La première présente une combinaison d'éléments empruntés aux styles néo-Queen Anne et Arts and Crafts, alors que la seconde s'inspire du néoclassicisme, deux courants d'origine britannique en vogue aux États-Unis et au Canada. L'immeuble Gleneagles (1929) est conçu par George Allen Ross (1878-1946) et Robert Henry Macdonald (1875-1942), du bureau d'architectes montréalais Ross et Macdonald, actif de 1913 à 1944 et l'un des plus importants dans l'histoire du Canada. Il s'agit d'un rare exemple canadien de style Scottish Baronial. L'immeuble Trafalgar (1930-1931) est l'oeuvre de William Burnett Hutchison (1865-1959) et de George Winks Wood (1863-1941), du prestigieux bureau d'architectes montréalais Hutchison et Wood, actif de 1898 jusque dans les années 1930. Il reprend le style Château diffusé par le Canadien Pacifique. Les architectes des deux conciergeries ont joué un rôle de premier plan dans la définition de l'image actuelle de Montréal.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l'Îlot-Trafalgar-Gleneagles liés à ses valeurs paysagère, ethnologique, historique et architecturale comprennent, notamment :
- la situation sur le flanc sud du mont Royal;
- la relation entre les deux conciergeries et les deux maisons bourgeoises;
- la silhouette caractéristique de l'ensemble définie par les deux conciergeries cantonnant l'îlot et l'espace vert intermédiaire;
- les éléments représentatifs des conciergeries, dont leur hauteur et leur style historique;
- le mur de soutènement en pierre calcaire gris-bleu et son inscription « Fa-Na-Greine » (Garder le soleil);
- les aménagements paysagers, dont le boisé central;
- les caractéristiques de l'immeuble Gleneagles, dont le volume (notamment le plan irrégulier, l'élévation de sept à treize étages hors sol ainsi que les deux niveaux en sous-sol), les matériaux, dont les fondations en pierre calcaire gris-bleu, la maçonnerie en brique brune ornementée de pierre artificielle beige ainsi que les ouvertures en bois, les ouvertures, dont les fenêtres rectangulaires ou cintrées de différentes grandeurs disposées au même aplomb, ainsi que les composantes liées au style Scottish Baronial, notamment les murs nus pourvus de sections en ressaut (couronnées pour certaines d'un fronton), la riche ornementation des parties hautes (ornées entre autres de faux mâchicoulis et de créneaux), la porte cochère à arc brisé couronnée d'un faux parapet à mâchicoulis, les hautes souches de cheminée, les pignons à gradins, les baies jumelées doubles ou triples, les encorbellements des oriels et de certaines cheminées ainsi que les balustrades;
- les caractéristiques de l'immeuble Trafalgar, notamment le volume (dont le plan en U et l'élévation de six à douze étages hors sol), les matériaux, dont les fondations en pierre calcaire gris-bleu, la maçonnerie en brique chamois rehaussée de pierre artificielle beige (notamment dans les parties hautes), la couverture en cuivre sur baguettes ainsi que les ouvertures en bois, les ouvertures, dont les portails à fronton semi-circulaire (pilastres à bossages, entablement, fronton, porte à double vantail vitrée surmontée d'une imposte vitrée), les portails en plein cintre, les fenêtres rectangulaires de différentes grandeurs (cinq types) disposées au même aplomb, ainsi que les composantes liées au style Château, dont la tour rectangulaire coiffée d'un toit à croupes aigu, les toits à deux versants aigus, les pignons à gradins, les oriels, les sept tourelles d'angle, les baies à meneaux et les fenêtres des pignons couronnées d'un fronton, les lucarnes pendantes à fronton, les créneaux ainsi que les faux mâchicoulis;
- les éléments caractéristiques de la maison Thompson, notamment son volume (dont le plan irrégulier, l'élévation de deux étages et demi et le toit plat à fausse mansarde), les matériaux (dont le soubassement en pierre grise et la maçonnerie en brique rouge), ainsi que les composantes d'inspiration néo-Queen Anne et Arts and Crafts, dont la composition asymétrique, les pignons découverts, les lucarnes et les hautes souches de cheminée, les ouvertures de grandeurs et de formes variées disposées irrégulièrement;
- les caractéristiques de la maison Sparrow, notamment son volume (dont le plan rectangulaire, l'élévation de deux étages et le toit plat à fausse mansarde), les matériaux (dont le soubassement en pierre grise, la maçonnerie en brique jaune et la couverture en tuile de céramique), ainsi que les composantes néoclassiques, dont le porche à colonnes jumelées surmonté d'un balcon à balustrade et le fronton triangulaire en façade principale, le portique monumental à colonnade sur deux étages et le porche semi-circulaire à colonnade à l'arrière, les ouvertures disposées symétriquement, la corniche à modillons et les chaînes d'angle.

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Informations historiques

L'Îlot-Trafalgar-Gleneagles a une évolution intimement liée à l'occupation du mont Royal. Dès la préhistoire, la montagne est fréquentée par des populations autochtones. Un des sentiers alors empruntés est situé à l'emplacement du chemin de la Côte-des-Neiges.

Au milieu du XVIIe siècle, les Sulpiciens, seigneurs de l'île de Montréal, fondent la mission du Domaine de la Montagne au pied de ce chemin. L'îlot et ses environs, inclus dans ce domaine, auraient été exploités comme réserve de bois et comme pâturage. À partir de 1698, les Sulpiciens concèdent des terres dans ce secteur et plusieurs habitations sont construites au XVIIIe siècle.

Au début du siècle suivant, des notables acquièrent certaines de ces propriétés pour y construire des villas. Vers 1806, le marchand John Ogilvy (vers 1769-1819) fait ériger sur son terrain, dans l'environnement immédiat de l'îlot, une tour pour commémorer la victoire navale de l'amiral Horatio Nelson (1758-1805) à Trafalgar survenue en 1805. À cette époque, le belvédère naturel que constitue le futur îlot est un lieu privilégié par les peintres, tel George Heriot (1759-1839). Vers 1885, l'Université McGill, établie au pied du mont Royal depuis 1837, installe son premier jardin botanique sur une partie de l'emplacement.

La seconde moitié du XIXe siècle est marquée par une préoccupation croissante pour la salubrité. Le mont Royal attire la bourgeoisie qui cherche à s'éloigner de la cité. C'est dans ce contexte que sont érigées les maisons Thompson et Sparrow, qui occupent le centre de l'îlot. La maison Thompson est construite en 1907 pour James Gardner Thompson, un agent d'assurances. Élevée selon les plans de l'architecte montréalais John Rawson Gardiner (1866-1956), elle présente une combinaison d'éléments empruntés aux styles néo-Queen Anne et Arts and Crafts. La maison Sparrow est bâtie en 1910 pour l'imprésario et directeur de théâtres John Bolingbroke Sparrow (1852-1914). Elle est conçue dans le style néoclassique par l'architecte montréalais James Edgar Adamson.

Au tournant du XXe siècle, l'îlot prend sa forme actuelle, tributaire de l'aménagement de trois artères publiques. Le mur de soutènement longeant le chemin de la Côte-des-Neiges témoigne des travaux effectués pour faciliter la communication entre la ville et le cimetière Notre-Dame-des-Neiges et de l'implantation de voies pour les voitures et les tramways. Ce mur porte l'inscription gaélique « Fan-Na-Greine », qui signifie « Garder le soleil ».

Durant la dernière décennie du XIXe siècle, des conciergeries de luxe font leur apparition à Montréal afin de répondre à la forte demande en logements, notamment aux abords du mont Royal. Ces conciergeries sont bâties dans l'esprit des grands hôtels et s'inspirent de styles historiques afin de refléter le prestige de leurs locataires. Ils offrent des services communautaires, tels qu'une salle à manger, un garage et une bibliothèque. L'immeuble Gleneagles (1929) est conçu par George Allen Ross (1878-1946) et Robert Henry Macdonald (1875-1942), du bureau d'architectes montréalais Ross and Macdonald, actif de 1913 à 1944 et l'un des plus importants dans l'histoire du Canada. Il s'agit d'un rare exemple canadien de style Scottish Baronial. L'immeuble Trafalgar (1930-1931) est l'oeuvre William Burnett Hutchison (1865-1959) et de George Winks Wood (1863-1941), du prestigieux bureau d'architectes montréalais Hutchison and Wood, actif de 1898 jusque dans les années 1930. Il reprend le style Château diffusé par le Canadien Pacifique.

Les maisons Thompson et Sparrow sont modifiées au fil des ans. Elles sont transformées en bureaux dans les décennies 1970 et 1980, pour être ensuite abandonnées.

L'Îlot-Trafalgar-Gleneagles est reconnu en 2002. À partir de 2006, les maisons Thompson et Sparrow sont restaurées dans le but de leur redonner leur fonction originale. L'îlot est devenu un site patrimonial classé à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ville-Marie

Adresse :

  • chemin de la Côte-des-Neiges

Latitude :

  • 45° 29' 41.718"

Longitude :

  • -73° 35' 41.943"

Désignation cadastrale :

  • Lot 1 064 003
  • Lot 1 064 015
  • Lot 1 066 209
  • Lot 1 066 210
  • Lot 3 563 841
  • Lot 3 563 842

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • BARRIÈRE, Mireille. « Sparrow, John Bolingbroke ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • BISSON, Pierre-Richard. L'îlot Thompson-Sparrow-Gleneagles-Trafalgar à Montréal. Étude patrimoniale. Montréal, Ministère de la Culture et des Communications, 1986. 184 p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • Communauté urbaine de Montréal. Architecture domestique II : les appartements. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, 11. Montréal, Service de la planification du territoire, 1991. 455 p.
  • MARCHAND, Denys. « L'immeuble résidentiel : une réalité ». Continuité. No 34 (1987), p. 16-17.
  • PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 6. Montréal, Éditions du Méridien, 1995. 552 p.

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