Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site archéologique du Poste-de-Nétagamiou

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Poste de pêche et de traite de Nantagamiou

Région administrative :

  • Côte-Nord

Municipalité :

  • Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Usage :

  • Fonction commerciale (Postes de traite)
  • Fonction industrielle, transformation de matières végétales et animales (Établissements de pêche commerciale)

Éléments associés

Patrimoine mobilier associé (8)

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Personnes associées (3)

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Carte

Description

Le site archéologique du Poste-de-Nétagamiou est de 1733 à la fin du XIXe siècle un important poste de chasse au phoque. Situé sur le littoral nord du golfe du Saint-Laurent, le site est aujourd'hui composé d'une plage de sable et de trois cayes, petits îlots rocailleux émergeant de l'eau à la marée basse. Surmontant la plage, une terrasse sablonneuse s'élève à une hauteur de trois mètres au-dessus du niveau marin. La portion dégagée est recouverte de hautes herbes et ponctuée de petites buttes et dépressions de forme ovale d'environ dix mètres de long, tandis que l'autre portion est constituée d'un boisé de conifères de petite taille. Situé près du village de Chevery, le lieu est borné à l'est et au sud par le golfe du Saint-Laurent, à l'ouest par la rivière Nétagamiou. Le site archéologique du Poste-de-Nétagamiou est situé dans la municipalité de la Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent.

Ce bien est classé site patrimonial. La protection s'applique au terrain et à ce qui s'y trouve. Un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1974-05-23

Catégories de conservation

  • 9 - Terrain notable
  • 10 - Bien classé pour son intérêt archéologique
 

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Valeur patrimoniale

Le site archéologique du Poste-de-Nétagamiou présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Ce poste de chasse au phoque relate une activité économique majeure en Basse-Côte-Nord depuis le Régime français. Son occupation débute en 1733 au moment où Jacques de Lafontaine de Belcour (1704-1765) se fait octroyer une concession lui donnant durant neuf ans le monopole de la chasse au phoque et de la traite avec les Autochtones. Cette concession s'étend sur environ quarante kilomètres le long du littoral nord du golfe du Saint-Laurent. Il choisit un emplacement près de la rivière Nétagamiou pour y installer son poste de chasse au phoque du Groenland, animal exploité principalement pour sa peau, sa viande et son huile utilisée comme combustible pour l'éclairage. L'endroit présente des avantages stratégiques. La présence de cayes, petits îlots rocheux, sur le littoral permet d'étendre les filets pour pratiquer une capture en « parc ». À marée basse, les cayes présentent encore les trous d'ancrage forés pour maintenir les filets. Cette technique a pour objectif d'emprisonner les phoques dans une sorte d'enclos marin formé par les cayes, les filets tendus et la topographie du littoral. De plus, la situation géographique du site rend possible la prise du phoque en automne. Traditionnellement, cette espèce était pêchée par les Euroquébécois au printemps, alors que les troupeaux voyagent vers le nord. Mais la route migratoire s'éloigne souvent du littoral et peu d'endroits permettent une exploitation rentable. Lafontaine apprend, probablement au contact des Autochtones, qu'il est aussi possible de les capturer à l'automne, lors de leur migration vers le sud. À cette époque de l'année, les phoques fréquentent des passes le long du littoral, notamment à Nétagamiou, qu'ils n'empruntent pas au printemps. Le poste devient rapidement prospère et environ un millier de bêtes sont prises chaque année et traitées sur place. Plusieurs bâtiments assurent son bon fonctionnement, dont les maisons du maître et des engagés, le magasin, le hangar et les installations pour fondre l'huile de phoque. Les activités de Lafontaine se terminent en 1754 lorsqu'il fait faillite et doit remettre ses possessions à ses créanciers. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, l'établissement remplira la même fonction, mais avec un moindre rendement.

Le site archéologique du Poste-de-Nétagamiou présente aussi un intérêt patrimonial pour ses valeurs archéologique et scientifique. Les fouilles ont permis de documenter l'aménagement du poste de chasse depuis le Régime français, de même que les activités économiques et domestiques s'y étant déroulées. L'occupation de Lafontaine est appuyée par la découverte de deux bâtiments. L'un est constitué d'éléments en pierre dont un mur, un âtre et un dallage. Ces pierres ne sont pas maintenues par un mortier de chaux, mais par un simple liant d'argile. L'autre est construit en rondins de bois, retrouvés en excellente condition, écroulés sur un plancher aussi en bois. Par ailleurs, les vestiges d'une maçonnerie construite durant le Régime anglais démontrent que l'emploi d'un mortier de chaux a alors été privilégié à cette époque, procédé assurant plus de solidité à la structure qu'un liant d'argile. En plus des vestiges architecturaux, les fouilles ont mis au jour une bonne quantité d'artefacts et de restes fauniques témoignant des habitudes de vie des habitants du poste et des activités de chasse du milieu du XVIIIe siècle. Le site constitue ainsi un lieu clé pour comprendre la chasse au phoque sur la Basse-Côte-Nord au cours du Régime français. Par ailleurs, des portions importantes demeurent intactes rendant ainsi son potentiel de recherche extrêmement élevé. Ce site est donc d'une grande importance pour la poursuite de la connaissance de l'occupation historique du golfe du Saint-Laurent.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site archéologique du Poste-de-Nétagamiou liés à ses valeurs historique, archéologique et scientifique comprennent, notamment :
- sa situation sur le littoral du golfe du Saint-Laurent;
- le contexte naturel, dont la végétation, les cayes, la plage et la terrasse sablonneuse;
- les vestiges architecturaux in situ, dont les restes d'un bâtiment avec mur, dallage et âtre en maçonnerie sèche, un bâtiment de bois et un autre fait de pierres maçonnées liées avec du mortier découverts;
- les trous d'ancrage des filets présents sur les cayes;
- la portion résiduelle du site et ses composantes archéologiques.

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Informations historiques

En 1534, lors du premier voyage de Jacques Cartier (1491-1557), le phoque est déjà une espèce connue et convoitée par les Européens qui en apprécient principalement la fourrure et l'huile. Dès 1663, l'actuel territoire de la Basse-Côte-Nord est octroyé à des intérêts particuliers qui, pour une période de temps déterminée, ont le droit exclusif de la traite des fourrures et de la chasse au phoque. Cette région est très favorable pour la capture du phoque du Groenland, qui se déplace en troupeaux au moment de ses migrations annuelles, facilitant et rentabilisant ainsi son exploitation.

À son arrivée en Nouvelle-France en 1726, Jacques de Lafontaine de Belcour (1704-1765) est alors secrétaire de Charles de Beauharnois (1704-1749), gouverneur de la colonie. Il épouse en 1728 la fille de François-Joseph Bissot (1673-1737), seigneur de Mingan, avec qui il s'associe pour l'exploitation de la chasse au phoque et la traite des fourrures. Le partenariat avorte en 1733 et Lafontaine se voit alors octroyer par Beauharnois et Gilles Hocquart (1694-1783), intendant de la Nouvelle-France, une concession pour une durée de neuf années entre les rivières Étamamiou et Nétagamiou, territoire d'environ quarante kilomètres le long du littoral nord du golfe du Saint-Laurent. Lafontaine décide de fonder un poste de chasse à Nétagamiou, lieu propice pour la capture du phoque. En effet, la configuration du littoral avec ces petits îlots de roc nommés cayes est tout indiquée pour la pratique de capture en « parc », c'est-à-dire à l'intérieur d'enclos formés par la topographie de la côte et les filets tendus depuis les cayes.

Nétagamiou donne à Lafontaine un avantage certain sur ses concurrents, car il lui permet de capturer le phoque non seulement au printemps, lors de sa migration vers le nord, mais aussi en automne. Ce sont vraisemblablement les Autochtones, avec qui il commerce, qui lui ont appris comment capturer le phoque en cette saison. À l'automne, les bêtes migrent vers le sud et fréquentent des passes le long du littoral, notamment à Nétagamiou, qu'elles n'empruntent pas au printemps.

Dès le début de l'exploitation du poste, Lafontaine a des démêlés avec sa belle-famille qui possède la seigneurie de Mingan. Le conflit découle notamment d'imprécisions sur les limites exactes de la concession de Lafontaine, qui convoite les îles face au poste de Mingan pour y étendre ses activités. À partir de 1739, le litige tourne en faveur de Lafontaine qui finit par avoir gain de cause. Le poste de Nétagamiou est, sous l'égide de Lafontaine, un établissement rentable et florissant où pas moins d'un millier de phoques sont capturés et traités sur place chaque année. L'établissement compte notamment les maisons du maître et des engagés, un magasin, un hangar et des installations pour fondre l'huile de phoque. La concession attribuée à Lafontaine est renouvelée en 1745 et malgré la prospérité de cette entreprise, il accumule des dettes qui le mènent à la faillite en 1754. Il doit alors céder à ses créanciers ses possessions en Basse-Côte-Nord.

Le poste de Nétagamiou passe aux mains de nouveaux propriétaires qui poursuivent la vocation économique du lieu jusqu'à la fin du XIXe siècle. Le rendement du poste n'est toutefois pas aussi important que lors de son exploitation par Lafontaine. Les lieux sont pratiquement abandonnés au XXe siècle où seule une famille vient y demeurer durant l'été. En 1973, le site fait l'objet de sondages archéologiques faisant état de sa richesse et du bon état de conservation de ses vestiges. D'autres fouilles ont été effectuées en 1984 par Françoise Niellon.

Le site archéologique du Poste-de-Nétagamiou est classé en 1974.

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Emplacement

Region administrative :

  • Côte-Nord

MRC :

  • Le Golfe-du-Saint-Laurent

Municipalité :

  • Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent

Lieux-dits :

  • Nantagamiou

Latitude :

  • 50° 28' 45.3"

Longitude :

  • -59° 35' 17.1"

Désignation cadastrale

Circonscription foncière Division cadastrale Désignation secondaire Numéro de lot
Sept-Îles Canton de Saint-Vincent Absent Bloc A

Code Borden

EcBv-2      

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Références

Notices bibliographiques :

  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • GAUMOND, Michel. Site archéologique de Nantagamiou, Basse Côte-Nord du St-Laurent. EcBv-2. s.l. Ministère des Affaires culturelles, 1974. 7 p.
  • NIELLON, Françoise. « Poste de pêche et de traite de Nantagamiou ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 488.
  • STANDEN, S. Dale. « Lafontaine de Belcour (Bellecour, Bellecourt), Jacques de ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/

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