Ancien aménagement hydroélectrique des Cèdres

Le site de l'ancien aménagement hydroélectrique des Cèdres est construit en 1898 et 1899. L'aménagement hydroélectrique se présente comme un vaste terrain délimité par le canal de Soulanges au nord, le fleuve Saint-Laurent au sud et l'embouchure de la rivière à la Graisse à l'est. Il comprend un déversoir, une chaussée, une centrale hydroélectrique, un canal de fuite ainsi qu'une remise. Le déversoir est un ouvrage de béton adossé au canal, et il intègre des vannes de contrôle de l'eau, deux puits avec leurs paires de turbines (deux paires de turbines par puits) et leurs aspirateurs ainsi que des digues pour cette section du canal. La chaussée est construite dans le déversoir, au-dessus des aspirateurs et des six digues de régulation du canal de Soulanges, et elle est délimitée au sud par une rambarde. La centrale hydroélectrique s'élève sur la chaussée, dans le déversoir. L'édifice en brique rouge de plan rectangulaire, à deux étages et demi, est composé d'un corps central et de deux ailes latérales. L'ensemble est coiffé de toits à deux versants. Le canal de fuite permet d'évacuer l'eau utilisée pour la production d'électricité. Il rejoint l'embouchure de la rivière à la Graisse avant de se jeter dans le fleuve Saint-Laurent. La remise, construite en 1904, est un bâtiment de briques de plan rectangulaire coiffé d'un toit à deux versants droits.

L'ancien aménagement hydroélectrique des Cèdres est situé dans les municipalités des Cèdres et de Coteau-du-Lac. L'ancienne centrale hydroélectrique des Cèdres est classée immeuble patrimonial.

Haut de la page

Statut	Catégorie	Autorité	Date
Proposition de statut national non retenue	Site patrimonial	Ministre de la Culture et des Communications	2023-10-31
Statuts antérieurs Proposition de statut national, 2020-10-22

Haut de la page

Le canal de Beauharnois est mis en service en 1845 pour contourner les rapides du fleuve Saint-Laurent entre le lac Saint-Louis et le lac Saint-François. La faible profondeur de l'ouvrage pose un problème pour la navigation. C'est dans ce contexte que le canal de Soulanges est aménagé par le ministère des Chemins de fer et Canaux de 1892 à 1899. Réalisée sous la supervision de l'ingénieur Thomas Monro, cette nouvelle voie de contournement de 23,5 km permet de franchir une dénivellation de 25 mètres.

Dès 1892, l'ingénieur Munro prévoit l'électrification du canal. Cette nouveauté, une première au Québec, permettra de faire fonctionner les écluses et d'éclairer le canal pour assurer la navigation de nuit. Pour électrifier le canal, Munro propose de construire une centrale hydroélectrique à même un déversoir du canal, en tirant profit de la déclivité du terrain, qui atteint 6 mètres à l'endroit choisi. Cette proposition est audacieuse puisque les centrales hydroélectriques sont alors exploitées par des compagnies privées.

En 1898, l'ingénieur Alva Cecil Rice prépare les plans du déversoir, en collaboration avec Monro. Le déversoir, construit par l'entrepreneur Charles Raynor de mars 1898 à mai 1899, est conçu pour accueillir des turbines de type Victor de l'entreprise Stilwell-Bierce and Smith-Vaile. Parallèlement, la conception de la centrale est confiée à Louis-Auguste Amos de la firme Cox and Amos. La centrale est érigée de juin à novembre 1899 par la Canadian General Electric Company, qui est aussi responsable de fournir les équipements électriques du canal.

En octobre 1899, le canal est ouvert. À la fin de l'année, l'aménagement hydroélectrique est fonctionnel. Cependant, l'électrification du canal n'est pas immédiate. L'éclairage est fonctionnel en 1901 et les mécanismes des écluses en 1902. En 1904, une remise est bâtie par l'entrepreneur Thomas Préfontaine à l'est de la centrale. Trois résidences pour les électriciens (aujourd'hui démolies) s'ajoutent à l'ouest de la centrale.

Au moment de sa mise en service, l'aménagement est à la fine pointe de la technologie. Il compte quatre paires de turbines de type Victor. Les turbines, montées sur un axe horizontal, transmettent leur énergie aux alternateurs par un arbre de transmission. L'eau du canal passe par les puits où se trouvent les turbines puis est évacuée par les aspirateurs, qui passent sous la centrale. Des câbles sous le canal transportent l'électricité à un poste de distribution sur la rive opposée du canal. Très performant, l'aménagement hydroélectrique produit deux fois plus d'énergie que nécessaire pour le fonctionnement du canal.

Au moment de son ouverture, le canal de Soulanges est la seule route maritime permettant aux navires de fort tonnage de remonter le fleuve en amont de Montréal. Inaugurée en juin 1959, la voie maritime du Saint-Laurent marque la fin des activités du canal de Soulanges. Dans le contexte de l'aménagement de la voie maritime, le nouveau canal de Beauharnois, originalement creusé pour l'aménagement d'une centrale hydroélectrique, est modifié afin de s'adapter aux navires toujours plus gros. Le canal de Soulanges et la centrale hydroélectrique des Cèdres cessent leurs activités.

En 1965, le gouvernement fédéral cède l'ancien aménagement hydroélectrique au gouvernement du Québec, et il n'est pas remis en fonction. L'ancienne centrale hydroélectrique des Cèdres est classée en 1984, puis elle est restaurée en 1986 selon les plans de l'architecte Lise Bernard.

Entre 1970 et 1980, le sculpteur Armand Vaillancourt (né en 1929) occupe l'ancienne centrale comme atelier. Par la suite, l'artiste Reynald Piché (1929-2015) en fera son lieu de travail, de 1981 à 1995. Depuis le début des années 2000, l'ancien aménagement hydroélectrique des Cèdres est sans fonction.

L'ancien aménagement est aujourd'hui inclus dans le parc régional du canal de Soulanges, qui met en valeur les attraits tant culturels que naturels du lieu.

Haut de la page

Haut de la page

Date	Type d'aliénation	De	À
1896-03-25	Vente	Joseph Leroux	Gouvernement du Canada
1895-07-24	Vente	Joseph Leroux	Gouvernement du Canada
1893-04-07	Vente	Octave Tremblay Céline Lalonde	Gouvernement du Canada

Haut de la page

Haut de la page