Maison Gomin
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- Ancienne prison des femmes
- Le château
- Prison des femmes
- Refuge Notre-Dame-de-la-Merci
Région administrative :
- Capitale-Nationale
Municipalité :
- Québec
Date :
- 1931 (Construction)
Usage :
- Services et institutions (Prisons)
Groupes associés (1)
Personnes associées (3)
- Chênevert, Raoul (1889 – 1951) - Architecte / concepteur(-trice)
- Gomin, Anet ( – 1665)
- Dubé, Wilbrod - Constructeur(-trice)
Carte
Description
La maison Gomin est un bâtiment carcéral de style château construit en 1931. De plan irrégulier, l'imposant édifice en pierre compte jusqu'à quatre étages dans certaines parties. Il est couvert d'un toit en cuivre aux volumes complexes que domine une tour de guet. Il est composé d'un corps principal, d'une aile disposée en retour d'équerre à l'extrémité est et, à l'ouest, d'une seconde aile reliée par une galerie. Une cour arrière fermée d'un haut mur complète le rectangle de l'aile nord et du corps principal. Entourée d'un quartier résidentiel, la maison Gomin est située dans l'arrondissement municipal Sainte-Foy-Sillery-Cap-Rouge de la ville de Québec.
Ce bien est cité site patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure du bâtiment, ainsi qu'au vaste terrain aménagé d'une allée centrale bordée d'arbres matures, au fond duquel le bâtiment est implanté.
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
---|---|---|---|
Citation | Site patrimonial | Municipalité (Québec) | 2001-08-06 |
Valeur patrimoniale
La maison Gomin présente un intérêt pour sa valeur historique en tant que premier centre de détention destiné exclusivement aux femmes dans la région de Québec. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, la plupart des établissements de détention du Québec logent des individus des deux sexes, les femmes et les hommes étant incarcérés dans des sections différentes des bâtiments, qui comprennent chacune leurs propres installations. Afin d'améliorer les conditions de détention des femmes, le gouvernement de la province de Québec, sous Louis-Alexandre Taschereau (1867-1952), autorise en 1929 la construction d'une prison pour femmes, construite deux ans plus tard. À cette époque, la prison est isolée de la ville et des secteurs résidentiels. L'édifice porte le nom de refuge Notre-Dame-de-la-Merci, jusqu'à ce qu'il soit rebaptisé maison Gomin en 1968, en mémoire du docteur Anet Gomin (mort en 1665 ou 1666), chirurgien et herboriste, propriétaire de la terre sur laquelle s'élève la prison. Pendant plus de 40 ans, la maison est sous la responsabilité des soeurs du Bon-Pasteur. En 1972, son administration est transférée au ministère de la Justice. Ayant rempli sa fonction carcérale jusqu'en 1992, la maison Gomin évoque une étape dans l'histoire de la détention des femmes à Québec.
La maison Gomin présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur historique reposant sur sa représentativité comme prison inspirée du système pénitentiaire de Pennsylvanie, développé au XIXe siècle. Elle illustre le modèle pennsylvanien par ses nombreuses fenêtres qui servent autrefois à éclairer les cellules individuelles disposées contre les murs extérieurs. Aussi son implantation sur un vaste terrain est-elle typique des bâtiments carcéraux. Le terrain l'isole des bâtiments avoisinants et répond ainsi aux besoins de sécurité et de salubrité qu'exige sa fonction. De plus, son architecture rend le caractère de robustesse et d'austérité recherché pour de tels édifices, notamment par ses murs en pierre, ses lourdes portes et sa tour de guet. Par ces composantes, la maison Gomin évoque une étape dans l'évolution des prisons québécoises.
La maison Gomin présente également un intérêt pour sa valeur architecturale. Le bâtiment, qui a conservé ses caractéristiques depuis sa construction, constitue un exemple d'architecture de style château. Considéré comme propre à l'architecture canadienne par certains auteurs, ce style apparaît au cours des dernières décennies du XIXe siècle et se perpétue au-delà de la Première Guerre mondiale. Il constitue une synthèse originale de l'architecture des châteaux de la Loire érigés durant la Renaissance et des manoirs écossais. Il est principalement employé pour la construction des grands hôtels des compagnies ferroviaires et d'édifices du gouvernement fédéral. L'architecte de la maison Gomin, Raoul Chênevert (1889-1951), figure parmi les architectes les plus en vue à Québec, et ce, des années 1920 jusqu'à sa mort. Il a su adapter le style château à un bâtiment carcéral. La maison illustre ce style par son plan irrégulier et asymétrique composé d'avant-corps et de tours hors-d'oeuvre, son toit aux volumes complexes ainsi que ses échauguettes, créneaux, bretèches, contreforts, arcs brisés et autres détails architecturaux puisés dans l'architecture médiévale. En plus d'être associée à un important architecte de Québec, la maison Gomin figure parmi les rares bâtiments carcéraux de style château. Dès sa construction et encore aujourd'hui, l'édifice a, par son architecture, profondément marqué l'imaginaire des résidants des environs qui l'ont baptisé familièrement « le château ».
Source : Ville de Québec, 2005.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques de la maison Gomin liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- son vaste terrain comportant des arbres matures et une allée centrale bordée d'arbres;
- son importante marge de recul par rapport à la voie publique;
- ses murs de béton revêtus de pierres de taille;
- la cour arrière fermée d'un haut mur de pierres;
- la tour de guet octogonale et les lourdes portes;
- son volume, dont le plan irrégulier et asymétrique, le toit aux formes complexes couvert de cuivre, l'aile ouest de trois étages et demi, la tour carrée de quatre étages en saillie, la galerie liant l'aile ouest au corps principal, la tour ronde hors-d'oeuvre de quatre étages, le corps principal de trois étages muni d'un avant-corps central de quatre étages, l'avant-corps de quatre étages et demi disposé en angle ainsi que l'aile nord-est composée d'une section de trois étages et demi et d'une section de deux étages et demi;
- ses éléments architecturaux inspirés de l'architecture médiévale, dont les échauguettes, les mâchicoulis, les créneaux, les bretèches, les contreforts, les corbeilles, les chapiteaux, les portails avec tympan, les meurtrières, les arcs brisés et les gargouilles;
- ses ouvertures, disposées en travées régulières.
Informations historiques
En 1929, le gouvernement de la province de Québec dirigé par Louis-Alexandre Taschereau (1867-1952) autorise la construction de la première prison destinée exclusivement aux détenues de sexe féminin dans la région de Québec. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, la plupart des établissements de détention du Québec logent des individus des deux sexes, les femmes et les hommes étant incarcérés dans des sections différentes des bâtiments, qui comprennent chacune leurs propres installations. L'emplacement choisi pour le nouvel édifice est isolé et situé hors des limites de la ville et des secteurs résidentiels. Quant au projet, il s'inspire du système pénitentiaire de Pennsylvanie, développé au XIXe siècle.
L'architecte du projet, Raoul Chênevert (1889-1951), figure parmi les architectes les plus en vue à Québec, en architecture tant publique que privée, et ce, des années 1920 jusqu'à sa mort. Il soumet une série de dessins qui représentent un bâtiment comportant plusieurs ailes disposées le long d'un axe central. Le ministère des Travaux publics retient pour le projet la façade de l'ensemble et opte pour le style château, inspiré de l'architecture des châteaux de la Loire érigés durant la Renaissance et des manoirs écossais. Henriette Barrot, conjointe de Chênevert et dessinatrice dans son agence, ne serait pas étrangère au choix du style. L'ingénieur Wilbrod Dubé réalise le projet conjointement avec l'architecte.
L'immeuble est inauguré en octobre 1931 sous le nom de refuge Notre-Dame-de-la-Merci. L'institution est confiée aux religieuses du Bon-Pasteur de Québec, qui habitent la partie ouest de l'édifice. En avril 1968, le centre de détention est rebaptisé « maison Gomin » en mémoire du docteur Anet Gomin (mort en 1665 ou 1666), chirurgien et herboriste, propriétaire de la terre sur laquelle s'élève la prison. L'administration de la prison et la garde des détenues sont confiées au ministère de la Justice en 1972. L'édifice est désaffecté en 1992, et les prévenues sont transférées dans une section de la prison d'Orsainville.
La maison Gomin est constituée site du patrimoine en 2001. Ce bien est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.
Emplacement
Region administrative :
- Capitale-Nationale
MRC :
- Québec
Municipalité :
- Québec
Arrondissement municipal :
- Sainte-Foy - Sillery
Adresse :
- 2026, boulevard René-Lévesque Ouest
Latitude :
- 46° 47' 14.3"
Longitude :
- -71° 15' 35.7"
Désignation cadastrale :
- Lot 1 738 182
Références
Notices bibliographiques :
- JOBIDON, Hélène, Luc NOPPEN et Paul TRÉPANIER. Québec monumental, 1890-1990. Sillery / Montréal, Septentrion / Ordre des architectes du Québec, 1990. 191 p.