Chapelle des Soeurs-du-Bon-Pasteur
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- Chapelle du Bon-Pasteur
Région administrative :
- Capitale-Nationale
Municipalité :
- Québec
Date :
- 1866 – 1868 (Construction)
- 1909 – 1910 (Rénovation)
Période :
- Le Québec moderne (1867 à 1960)
- Le Régime britannique (1760 à 1867)
Thématique :
- Patrimoine religieux (Culte)
Tradition religieuse :
- Christianisme (Catholicisme (rite latin))
Usage :
- Services et institutions (Chapelles conventuelles)
- Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)
Patrimoine immobilier associé (3)
Patrimoine mobilier associé (41)
Groupes associés (3)
- Casavant Frères (1879 – ) - Facteur d'orgues
- Soeurs du Bon-Pasteur (1850 – ) - Promoteur(-trice) / instigateur(-trice), Propriétaire
- Société de Saint-Vincent-de-Paul (1846 – )
Personnes associées (8)
- Baillairgé, Charles (1826 – 1906) - Architecte / concepteur(-trice)
- Berlinguet, François-Xavier (1830 – 1916) - Architecte / concepteur(-trice)
- Plamondon, Antoine (1804 – 1895)
- Turgeon, Pierre-Flavien (1787 – 1867)
Carte
Description
La chapelle des Soeurs-du-Bon-Pasteur est un lieu de culte de tradition catholique érigé de 1866 à 1868 et agrandi par la façade en 1909 et 1910. Cette chapelle en pierre présente une nef rectangulaire à trois vaisseaux prolongée par un choeur plus étroit à pans coupés. La façade est flanquée de deux tours coiffées d'un clocher et comprend un avant-corps central. Cette chapelle est comprise dans l'ancien ensemble conventuel des Soeurs du Bon-Pasteur. Elle est implantée en bordure de la rue dans l'arrondissement municipal de La Cité-Limoilou de la ville de Québec.
Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain. Des objets patrimoniaux classés sont associés au lieu.
La chapelle des Soeurs-du-Bon-Pasteur bénéficie d'une aire de protection.
Plan au sol :
Irrégulier
Nombre d'étages :
3
Groupement :
Adossé
Structure :
- Maçonnerie en pierre
Annexes :
- Remise
Saillies :
- Clocheton
Fondations :
- Pierre
Toit :
-
Forme : À deux versants droits
Matériau : Tôle à baguettes
Porte principale :
- bois massif
Autre(s) porte(s) :
- bois, à panneaux
Fenêtre(s) :
- circulaire, Fixe
Lucarne(s) :
- Cintrée
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
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Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications | 1975-10-08 |
Catégories de conservation
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Désignation (Canada) | Lieu historique national du Canada | Commission des lieux et monuments historiques du Canada | 1975-01-01 |
Délimitation | Aire de protection | Ministre de la Culture et des Communications | 1978-03-15 |
Transfert de responsabilité
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Valeur patrimoniale
La chapelle des Soeurs-du-Bon-Pasteur présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Elle évoque la contribution des Soeurs du Bon-Pasteur, une congrégation dont les oeuvres sociales et éducatives ont marqué l'histoire du Québec au XIXe et au XXe siècle. Fondée en 1850, la communauté oeuvre auprès des prostituées, des prisonnières, des immigrantes et des femmes démunies de la capitale. Elle fait ériger, à partir de 1854, un vaste ensemble conventuel dans le faubourg Saint-Louis. La chapelle, construite de 1866 à 1868, dessert les religieuses et leurs protégées ainsi que les résidants du quartier. En 1876, un grand incendie réduit en cendre tous les bâtiments du faubourg, mais le couvent et la chapelle sont épargnés. Au milieu des années 1970, l'aménagement de la colline du Parlement menace l'ensemble et force les religieuses à quitter les lieux, voués à la démolition. Le couvent est finalement recyclé en coopératives d'habitation alors que la chapelle est intégralement conservée. Utilisée de nos jours pour des activités cultuelles et culturelles, la chapelle constitue un témoin important de l'oeuvre du Bon-Pasteur à Québec et de l'ancien faubourg Saint-Louis, presque complètement détruit par les transformations réalisées depuis 1970.
La chapelle des Soeurs-du-Bon-Pasteur présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Construite d'après les plans de l'architecte Charles Baillairgé (1826-1906), elle est représentative des chapelles conventuelles extérieures. Sa présence dans le complexe architectural est révélée principalement par la façade en pierre à bossage encadrée de deux tours surmontées d'un clocher, réalisée en 1909 et 1910 selon les plans de l'architecte François-Xavier Berlinguet (1830-1916). À l'intérieur, elle de distingue par sa nef longue et étroite qui compte trois vaisseaux et trois niveaux. Cet aménagement permettait de concilier sa fréquentation par les religieuses et par la population locale. Les deux étages de tribunes reliées au couvent permettaient en effet aux religieuses d'accéder directement au sanctuaire. Le rez-de-chaussée était réservé aux fidèles, qui entraient par les portes aménagées au pied des tours latérales. Ainsi, la chapelle constituait un lieu de rencontre privilégié entre la communauté des Soeurs du Bon-Pasteur et les résidants du faubourg Saint-Louis.
La chapelle présente en outre un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Son décor intérieur est caractérisé par une composition d'inspiration classique. La nef est couverte d'une fausse voûte en plein cintre, rythmée par des arcs-doubleaux qui retombent sur les piliers soutenant les galeries. Les noeuds octogonaux à la jonction des éléments verticaux et horizontaux sont ornés d'oeuvres peintes par les religieuses. L'ensemble du décor, caractérisé par la sobriété, est en bois et en plâtre blanc rehaussé d'appliques en fonte moulées et dorées. Autour du choeur, trois rangées de fenêtres cintrées et juxtaposées éclairent et mettent en valeur les principaux éléments du décor, dont le maître-autel. Le tabernacle, entièrement doré à la feuille, date de la première moitié du XVIIIe siècle. Incluant par ailleurs 32 tableaux et un chemin de croix peints par les religieuses, ce décor témoigne de l'oeuvre artistique accomplie par les Soeurs du Bon-Pasteur pendant plus d'un siècle.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2007.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques de la chapelle des Soeurs-du-Bon-Pasteur liés à ses valeurs historique, architecturale et artistique comprennent, notamment :
- sa situation au coeur d'un ancien ensemble conventuel;
- son implantation en bordure de la rue, au coeur de l'ancien faubourg Saint-Louis, dans l'arrondissement municipal de La Cité-Limoilou de la ville de Québec;
- son volume, dont le plan composé d'une longue nef rectangulaire à trois vaisseaux prolongée par un choeur plus étroit à pans coupés, la sacristie aménagée de part et d'autre du choeur ainsi que le toit à deux versants droits souligné de corniches moulurées;
- les matériaux, dont la maçonnerie de pierre de taille à bossage, la pierre de taille des bandeaux et des chambranles ainsi que la tôle couvrant le toit;
- la façade, dont l'avant-corps central percé d'un oculus, les deux tours carrées disposées légèrement en retrait et surmontées d'un clocher, les fenêtres cintrées, les portails à arc en plein cintre et la pierre millésimée portant l'inscription « Le Bon Pasteur 1866 »;
- le chevet, avec ses ouvertures classiques telles que les oculi et les fenêtres cintrées;
- la fausse voûte en bois en plein cintre, rythmée par une succession d'arcs-doubleaux retombant sur des piliers;
- les tribunes à deux niveaux sur les côtés et à l'arrière;
- le décor en bois et en plâtre blanc rehaussé de dorures;
- les appliques décoratives en fonte dorée;
- le maître-autel et les autels latéraux (composés d'un tombeau à la romaine peint de marbrures et d'un tabernacle doré à la feuille) ainsi que la table de communion;
- le retable du choeur, dont les pilastres supportant un arc en plein cintre orné d'une gloire et le blason au décor floral et végétal surmonté d'une couronne;
- les bancs.
Informations historiques
La chapelle des Soeurs du Bon-Pasteur fait partie d'un ensemble conventuel constitué à partir du milieu du XIXe siècle dans le faubourg Saint-Louis, aujourd'hui délimité par les rues De La Chevrotière, Saint-Amable, de l'Amérique-Française et du Bon-Pasteur.
La congrégation des Servantes du Coeur-Immaculé de Marie, ou Soeurs du Bon-Pasteur, est née en 1850. George Manly Muir (1807-1882), greffier de l'Assemblée législative de la province de Québec et membre de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, ouvre un refuge pour aider et réhabiliter les ex-prisonnières. Il en propose la direction, par l'intermédiaire de Mgr Pierre-Flavien Turgeon (1787-1867) alors archevêque de Québec, à Marie-Joseph Fitzbach (1806-1885). D'autres femmes se joignent à elle dès 1850. En 1855, la congrégation reçoit une reconnaissance civile et religieuse.
La chapelle est le troisième bâtiment de l'ensemble conventuel érigé sur les lieux, après la maison Bon-Pasteur (1854-1855) et la maison Sainte-Famille (1859-1860). Sa construction est confiée en 1866 à l'architecte Charles Baillairgé (1826-1906). Achevée en 1868, la chapelle est dédiée à l'Immaculée Conception. Dès son ouverture, elle est fréquentée par les résidants du faubourg Saint-Louis, ce dernier étant alors dépourvu d'église paroissiale.
Le couvent abrite un atelier où les religieuses apprennent et enseignent différentes techniques artistiques, comme la peinture, dont elles se servent pour décorer leur chapelle et d'autres lieux de culte, diffuser des dévotions populaires et financer leurs oeuvres sociales. Les petits tableaux disposés sur le socle des piliers de la chapelle, peints à partir de 1866, proviennent de cet atelier. Le tableau de « L'Immaculée Conception » ornant le choeur a été peint en 1869 par Antoine Plamondon (1804-1895).
En 1876, le couvent des Soeurs du Bon-Pasteur et sa chapelle sont épargnés par l'incendie qui réduit en cendre tout le faubourg Saint-Louis.
En 1877, un orgue fabriqué par la maison Casavant est installé dans la chapelle. L'année suivante, le curé de l'église Saint-Louis-de-Lotbinière fait don aux religieuses d'un tabernacle datant de la première moitié du XVIIIe siècle. Le tombeau sur lequel il repose, probablement réalisé vers 1800, a été offert par la fabrique de Château-Richer à la fin du XIXe siècle. Les autels latéraux, dédiés respectivement à la Vierge et au Sacré-Coeur, datent de 1800 environ et proviennent également de l'église de Château-Richer. Ces autels sont accompagnés de statues de la Vierge et de saint Joseph données en 1868 par Marie-Reine-Josephte Gauvreau, épouse du lieutenant-gouverneur Narcisse-Fortunat Belleau (1808-1894).
En 1909, le clocher de la chapelle menace de s'effondrer. Les religieuses profitent de la reconstruction de la façade pour agrandir leur sanctuaire. Les travaux sont réalisés en 1909 et 1910 d'après les plans de l'architecte François-Xavier Berlinguet (1830-1916). Le clocher central disparaît au profit de deux tours latérales coiffées d'un clocheton. En 1936, la chapelle est dotée d'un chemin de croix peint par l'atelier des Soeurs du Bon-Pasteur.
En 1974, les religieuses sont expropriées et l'ensemble conventuel devient la propriété du gouvernement, qui entend utiliser les terrains pour compléter l'aménagement de la colline du Parlement.
La chapelle des Soeurs-du-Bon-Pasteur est classée en 1975. Des objets patrimoniaux sont classés au même moment. La même année, la chapelle est désignée lieu historique national du Canada par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. Elle bénéficie d'une aire de protection depuis 1978.
De 1980 à 1982, le couvent est recyclé en sept coopératives d'habitation. La chapelle est, quant à elle, entièrement préservée au coeur de l'ensemble. Les Soeurs du Bon-Pasteur administrent la chapelle jusqu'en 2001. Depuis mai 2003, elle est gérée par la Corporation Espace Bon-Pasteur qui assure le déroulement des activités culturelles et cultuelles.
Emplacement
Region administrative :
- Capitale-Nationale
MRC :
- Québec
Municipalité :
- Québec
Arrondissement municipal :
- La Cité
Adresse :
- 1070, rue De La Chevrotière
- 1080, rue De La Chevrotière
Latitude :
- 46° 48' 26.2"
Longitude :
- -71° 13' 5.5"
Désignation cadastrale :
- Lot 1 212 884
Code Borden
CeEt-441 | CeEt-442 | CeEt-475 | CeEt-624 |
CeEt-625 | CeEt-626 |
Références
Liens Internet :
Notices bibliographiques :
- Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
- CORRIVEAULT-LEVESQUE, Louise. Chapelle des Soeurs du Bon-Pasteur. Québec, ministère des Affaires culturelles, Direction générale du patrimoine, 1975. s.p.
- DROLET, Lise. « Oeuvres d'art de la chapelle du Bon-Pasteur ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Biens mobiliers du Québec. Tome III. Québec, Les Publications du Québec, 1999, p. 194-198.
- JEAN, Marguerite. « Sauver les femmes en détresse: Marie-Josephte Fitzbach et le Bon-Pasteur ». Cap-aux-Diamants. No 26 (1991), p. 40-42.
- LAURIN, Carole. Au coeur de notre histoire : le patrimoine du Bon-Pasteur de Québec. Québec, Congrégation des Soeurs du Bon-Pasteur de Québec, 2000. 28 p.
- MORISSET, Lucie K. et Luc NOPPEN. Foi et patrie : Art et architecture des églises à Québec. Québec, Les Publications du Québec, 1996. 179 p.
- MORISSET, Lucie K. et Luc NOPPEN. Lieux de culte situés sur le territoire de la ville de Québec. Québec, Ville de Québec, 1994. s.p.
- NOPPEN, Luc, Claude PAULETTE et Michel TREMBLAY. Québec : trois siècles d'architecture. Montréal, Libre expression, 1979. 440 p.
- NOPPEN, Luc. « Chapelle de la maison-mère des soeurs du Bon-Pasteur ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 210.