Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site patrimonial de Sainte-Famille

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Description

Le site patrimonial de Sainte-Famille est un ensemble institutionnel de tradition catholique constitué à partir du XVIIIe siècle. Il comprend l'église de Sainte-Famille, la place, le presbytère et sa remise-garage, un cimetière, un charnier, un monument, une fontaine ainsi que la partie nord du chemin menant de la place de l'église jusqu'au quai. L'église, construite de 1754 à 1767, est un édifice imposant en pierre qui se distingue par ses dimensions et sa hauteur. Elle présente un plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle. Sa façade monumentale, flanquée de deux tours surmontées d'un clocher, comprend une grande porte protégée par un porche, trois oculus et trois niches. La sacristie est greffée à l'abside dans le prolongement du choeur. Le parvis, aménagé au début du XXe siècle, est délimité par un muret en pierre et comprend un monument au Sacré-Coeur ainsi que la fontaine des Conscrits. Le cimetière se développe autour de l'église et inclut un charnier ainsi que plus d'une centaine de stèles funéraires. Face à l'église s'élève perpendiculairement le presbytère, une résidence québécoise d'influence néoclassique érigée en 1849. Il s'agit d'un bâtiment en bois de plan rectangulaire à un étage et demi coiffé d'un toit à deux versants légèrement retroussés. Une galerie protégée par un avant-toit ceinture l'habitation sur trois côtés et forme une véranda du côté sud. La remise-garage, à l'arrière, est reliée au presbytère par un passage couvert. Le site patrimonial de Sainte-Famille correspond au noyau ancien de la municipalité de Cap-Santé. Situé entre le chemin du Roy et le fleuve Saint-Laurent, il occupe une terrasse boisée qui domine le fleuve.

Ce bien est classé site patrimonial. Il comprend l'église de Sainte-Famille, classée immeuble patrimonial. Cinq objets patrimoniaux classés sont conservés dans le lieu de culte.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Site patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1986-08-22

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 7 - Terrain exceptionnel
  • 11 - Site archéologique associé au bien classé
 

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Valeur patrimoniale

Le site patrimonial de Sainte-Famille présente un intérêt pour sa valeur paysagère. Au Québec, les églises forment le coeur des villages et le centre de la vie communautaire. Celle de Sainte-Famille est le principal élément d'un ensemble religieux formé par la place, le presbytère et sa remise-garage, le cimetière, le charnier, un monument, une fontaine ainsi qu'un tronçon de l'ancien chemin menant au quai. Constitué à partir du XVIIIe siècle, il s'agit d'un exemple particulièrement riche de ces ensembles institutionnels. De plus, le site est bien intégré à son environnement naturel. L'ensemble occupe une terrasse boisée dominant le fleuve Saint-Laurent. Ce milieu contribue à sa mise en valeur.

Le site patrimonial de Sainte-Famille présente aussi un intérêt pour sa valeur historique. La paroisse de Sainte-Famille est l'une des plus anciennes au Québec. Vers 1679, les premiers colons s'établissent à Cap-Santé. Une chapelle-presbytère est bâtie en 1709. La paroisse est érigée canoniquement en 1714, et une église en pierre est édifiée de 1716 à 1718. La construction du temple actuel débute en 1754. Les travaux, exécutés par corvées, sont toutefois interrompus par la guerre de Sept Ans. En 1759, François de Lévis (1719-1787) réquisitionne, en effet, la main-d'oeuvre, les outils et les matériaux pour élever le fort Jacques-Cartier, sur une pointe de terre à proximité. Dernier bastion de la résistance des troupes françaises dans la vallée du Saint-Laurent, ce fort tombera aux mains des Britanniques le 10 septembre 1760, deux jours après la reddition de Montréal. Dans les mois suivants, l'ouvrage militaire est démantelé par les habitants, qui récupèrent les matériaux pour terminer l'église, dont le gros oeuvre est achevé en 1767. La maison curiale actuelle est érigée en 1849, à l'emplacement du second presbytère. Au XIXe siècle, la place de l'église donne accès au quai, ce qui entraîne l'établissement de divers commerces à proximité. Elle conserve son importance au début du siècle suivant avec l'arrivée du chemin de fer et la construction d'une gare en bordure du fleuve.

Le site présente également un intérêt pour sa valeur architecturale. Les deux bâtiments principaux, d'époques différentes, ont conservé leur intégrité. L'église, qui est la plus vaste et la plus imposante bâtie en milieu rural sous le Régime français, servira par la suite de modèle. Son caractère monumental est rendu par la hauteur des murs et par la composition distinctive de la façade. Cette dernière est flanquée de deux tours hors oeuvre, surmontées d'un clocher à double lanterne couronné d'une flèche, qui accentuent la verticalité de l'édifice. Inspirée par la cathédrale de Québec, c'est la première église paroissiale munie de deux véritables tours à clocher. De plus, l'église se distingue par la multiplicité de ses revêtements extérieurs, dont le parement en bois imitant la pierre de taille de la façade, témoin de l'influence néoclassique de la première moitié du XIXe siècle. Le presbytère a probablement été érigé d'après les plans de l'architecte Charles Baillairgé (1826-1906). Il s'agit d'une maison québécoise d'influence néoclassique caractérisée notamment par la composition ordonnée et symétrique de la façade et un toit à deux versants légèrement retroussés. L'ornementation classique comprend des retours de corniche sur les pignons, un porche d'entrée à colonnes et fronton ainsi que des imitations de chaînes d'angle. L'église et son presbytère présentent une unité de formes et de matériaux.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2007.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site patrimonial de Sainte-Famille liés à ses valeurs paysagère, historique et architecturale comprennent, notamment :
- la situation entre le chemin du Roy et le fleuve Saint-Laurent, sur une terrasse boisée dominant le fleuve et visible de la rive sud;
- l'implantation de l'église dans un axe est-ouest, le choeur étant orienté vers l'est;
- la présence du presbytère, une façade donnant sur la place et l'autre, sur le fleuve Saint-Laurent;
- la présence du cimetière sur le terrain boisé entourant l'église;
- le parvis de forme irrégulière, délimité par un muret de pierre et des grilles de fer, incluant la fontaine des Conscrits couronnée d'une statue d'ange, le monument du Sacré-Coeur sur son socle et l'escalier y menant, deux lampadaires en fonte ouvragée ainsi que quatre urnes à fleurs;
- la place de l'église;
- la rue débouchant sur la place de l'église entre le parvis et le presbytère et descendant jusqu'au quai;
- les caractéristiques de l'église, dont la façade imposante à ordonnance symétrique, constituée d'un pignon souligné de retours de corniche et de deux tours carrées surmontées d'un clocher à double lanterne couronné d'une flèche, le plan en croix latine, composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur en saillie plus étroit terminé par une abside en hémicycle, les chapelles dans les appentis derrière les tours, les longs-pans comprenant deux rangées d'ouvertures, la sacristie greffée à l'abside, de plan rectangulaire à un étage et coiffée d'un toit à deux versants légèrement retroussés; les matériaux, dont les murs de pierre, les revêtements diversifiés (crépi, planches verticales à couvre-joint, tuiles d'amiante, planches à clins, lambris de bois imitant la pierre de taille en façade) et la couverture en tôle à la canadienne; les ouvertures, dont les trois portes en façade, la porte principale composée de quatre vantaux surmontés de panneaux et d'une imposte vitrée, le porche à fronton et colonnes, les fenêtres en bois à petits carreaux surmontées d'une imposte cintrée, les oculus disposés dans le haut des longs-pans et ceux de la façade surmontés de trois niches dans le pignon, les fenêtres en bois à grands carreaux et l'unique fenêtre du mur est de la sacristie ainsi que les chambranles en bois mouluré et en pierre;
- les caractéristiques du presbytère, dont le plan rectangulaire, le solage peu dégagé, l'élévation d'un étage et demi, le toit à deux versants droits légèrement retroussés; les matériaux, dont le solage en pierre, le parement de planches à clins et la couverture en tôle à la canadienne; les ouvertures disposées de façon ordonnée et symétrique, dont les lucarnes à croupe, les fenêtres rectangulaires en bois à grands carreaux ainsi que la porte d'entrée en bois à imposte vitrée et baies latérales inscrite entre deux pilastres ioniques; la galerie protégée par un avant-toit ceinturant la maison sur trois côtés et formant une véranda du côté sud ainsi que le porche classique; les ornements, dont les corniches moulurées et leurs retours sur les murs pignons, les imitations de chaînes d'angle et les chambranles moulurés; les souches des cheminées à chaque extrémité du toit; la remise-garage en bois;
- les caractéristiques du cimetière, dont le charnier rectangulaire coiffé d'un toit à deux versants droits couvert de tôle à la canadienne, son parement en bardeaux d'amiante, sa porte en bois à double vantail et la croix couronnant la façade; la grille en fer forgé et en bois; les deux sections, dont l'une ancienne avec 141 stèles funéraires en pierre ou en métal datant entre 1865 et 1984; le grand christ en croix; les arbres matures.

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Informations historiques

Le site patrimonial de Sainte-Famille forme le coeur de l'une des plus anciennes paroisses du Québec. Les premiers colons viennent s'établir à Cap-Santé vers 1679, mais le premier acte de concession date de 1681. Ce n'est qu'en 1709 qu'une chapelle-presbytère est bâtie. Les terrains sur lesquels l'ensemble institutionnel se développera proviennent en majorité de la famille de Louis Motard (né vers 1665). Érigée canoniquement en 1714, la paroisse de Sainte-Famille accueille alors son premier curé résidant. Une église en pierre est édifiée de 1716 à 1718 au nord-est de l'église actuelle, alors qu'un nouveau presbytère est construit en 1734.

Détériorée et exiguë, l'église de Sainte-Famille est remplacée par l'édifice actuel, selon les voeux de Joseph Fillion, curé de la paroisse depuis 1752. Ainsi, la construction de la plus vaste église en milieu rural de la Nouvelle-France débute en 1754. Les travaux, exécutés par corvées, sont toutefois interrompus par la guerre de Sept Ans. En 1759, François de Lévis (1719-1787) réquisitionne, en effet, la main-d'oeuvre, les outils et les matériaux pour élever le fort Jacques-Cartier, sur une pointe de terre à proximité. Dernier bastion de la résistance des troupes françaises dans la vallée du Saint-Laurent, ce fort tombera aux mains des Britanniques le 10 septembre 1760, deux jours après la reddition de Montréal. Dans les mois suivants, l'ouvrage militaire est démantelé par les habitants, qui récupèrent les matériaux pour terminer l'église, dont le gros oeuvre est achevé en 1767. Plusieurs travaux vont ponctuer les décennies suivantes, dont l'installation des cloches, la démolition du clocher de l'abside, la transformation des lanternes des clochers en flèches et le recouvrement de la façade par un parement en bois imitant la pierre de taille.

En 1799 et 1800, le presbytère est remplacé par un nouveau bâtiment situé à l'ouest du précédent, lequel est transformé en lieu de rassemblement ou « salle des habitants ».

En 1845, le presbytère nécessite d'importants travaux. En dépit de l'opposition des citoyens, Mgr Joseph Signay (1778-1850), alors évêque du diocèse de Québec, exige une nouvelle résidence curiale. La construction s'effectue en 1849, sur le terrain laissé vacant par la démolition du deuxième presbytère. Le presbytère actuel, dont les plans auraient été dessinés par l'architecte Charles Baillairgé (1826-1906), est le quatrième de la paroisse. La galerie qui le ceinture ainsi que la véranda constituent des ajouts. Quant au presbytère précédent, il est restauré et sert notamment de résidence au bedeau. Il sera démoli au début du XXe siècle.

L'emplacement de l'ensemble religieux demeure stratégique au XIXe siècle. La place de l'église donne accès au quai, ce qui entraîne l'établissement de divers commerces à proximité. Au début du siècle suivant, le chemin de fer dessert la municipalité de Cap-Santé, et une gare est construite en contrebas, en bordure du fleuve.

En 1909, un nouveau curé s'installe dans la paroisse, l'abbé Joseph-Napoléon Pouliot (1870-1943). Son passage est notamment marqué par une série de travaux effectués à l'église. Il fait également aménager le parvis où sont installés un monument au Sacré-Coeur (vers 1917) et une fontaine offerte par les conscrits (1918).

Le site patrimonial de Sainte-Famille est classé en 1986. L'église de Sainte-Famille de même que cinq objets patrimoniaux qui y sont conservés ont été classés au même moment.

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Emplacement

Region administrative :

  • Capitale-Nationale

MRC :

  • Portneuf

Municipalité :

  • Cap-Santé

Adresse :

  • côte du Quai
  • 30, place de l'Église

Latitude :

  • 46° 40' 13.2"

Longitude :

  • -71° 47' 13.0"

Désignation cadastrale :

  • Lot 5 829 684
  • Lot 6 204 531 Ptie
  • Lot 6 204 532 Ptie
  • Lot 6 204 534
  • Lot 6 204 535

Code Borden

CeEw-4      

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Références

Notices bibliographiques :

  • BOURGET, Charles. « L'église Sainte-Famille de Cap-Santé. La façade harmonieuse québécoise au 18e siècle ». Fondation du patrimoine religieux du Québec. Fondation du patrimoine religieux du Québec [En ligne]. http://www.patrimoine-religieux.qc.ca/sfamcap/sfamcapf.htm
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • DORION, Jacques. « Site de l'église de la Sainte-Famille ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome I. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p. 306-307.
  • Ethnotech inc. Cap-Santé: nature et bilan du patrimoine. Québec, s. n., 1984. 25 p.
  • FORTIER, J-Albert, Félix GATIEN et David GOSSELIN. Histoire du Cap-Santé. Québec, Charrier et Dugal, 1955. 332 p.
  • LAFRAMBOISE, Yves. Cap-Santé: les nouveaux défis de la conservation. Québec, s. n., 1996. 12 p.
  • MORISSET, Gérard. « Église - Cap-Santé ». L'Action catholique, 2 décembre 1922, p. 1 et-11.
  • NOPPEN, Luc. Les églises du Québec, 1600-1850. Montréal, Fides, 1977. 298 p.
  • VOYER, Louise. Presbytère de Cap-Santé : étude et analyse. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1982. s.p.

Multimédias disponibles en ligne :

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