Panorama (Jérusalem le jour de la Crucifixion)
Type :
Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)
Région administrative :
- Capitale-Nationale
Municipalité :
- Sainte-Anne-de-Beaupré
Date :
- 1887 – 1888 (Production)
Patrimoine immobilier associé (1)
Description
Le panorama intitulé « Jérusalem le jour de la Crucifixion » est une huile sur toile peinte en 1887 ou en 1888. Mesurant 14 m de haut sur 110 m de long, la toile est conçue pour être déployée dans une rotonde prévue à cette fin. Sur un fond très foncé, outre la scène de la Crucifixion, plusieurs éléments de la ville de Jérusalem à cette époque sont représentés, dont les murs de la ville, le monument d'Absalom, le palais du roi Hérode, la tour d'Hippicus, le tombeau de Jeroboam, la campagne environnante et la route de Bethléem. La composition comprend aussi un grand nombre de personnages (dont le Christ, les larrons, des femmes et des enfants, des soldats romains et des bergers), des animaux (notamment des dromadaires et des chevaux) et de la végétation éparse. L'oeuvre peinte est conservée dans sa rotonde d'origine, dans la municipalité de Sainte-Anne-de-Beaupré.
Ce bien est classé objet patrimonial. Le Cyclorama-de-Jérusalem, constitué de la rotonde, de ses annexes et du panorama peint, est classé immeuble patrimonial.
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
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Classement | Objet patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications |
2019-08-08
Prise d'effet : 2017-08-16 |
Statuts antérieurs
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Classement | Situé dans un immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications |
2019-08-08
Prise d'effet : 2017-08-16 |
Statuts antérieurs
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Valeur patrimoniale
Le panorama intitulé « Jérusalem le jour de la Crucifixion » présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Il témoigne d'un phénomène de divertissement populaire au cours du XIXe siècle dans les villes occidentales et dans les expositions universelles, soit la présentation de panoramas. Dans les dernières décennies du XIXe siècle, plusieurs entreprises sont fondées pour produire des panoramas – ainsi que les rotondes destinées à les accueillir – en vue de les exploiter à des fins commerciales et d'assurer leur circulation dans les grandes villes. Le panorama de « Jérusalem le jour de la Crucifixion » est d'abord présenté à Montréal en 1888, à l'instigation des hommes d'affaires George Hutton Patterson, de Montréal, et Charles H. Greene et Herman Kimbel, de New York, dans une rotonde conçue spécifiquement pour lui. Il est par la suite acquis par l'avocat Ubald Plourde (mort en 1939), qui, en 1895, le déménage à proximité de la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, un important lieu de pèlerinage, où il se trouve encore aujourd'hui. Il s'agit de l'un des trois seuls panoramas du XIXe siècle conservés en Amérique du Nord, et le seul conservé au Québec et au Canada. De plus, c'est le seul panorama toujours logé dans sa rotonde originale en Amérique du Nord. Il constitue donc un des rares témoins de ce type de divertissement du XIXe siècle.
Le panorama intitulé « Jérusalem le jour de la Crucifixion » présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Il est exécuté en 1887 ou en 1888, aux États-Unis, probablement à Chicago ou à New York. Il est l'oeuvre des peintres américains Oliver Dennett Grover (1861-1927) et Charles Abel Corwin (1857-1938), secondés par Salvador Mège (1854–1915), Edward James Austen (1850–1930) et Ernest Gros (né en 1859), qui ont tous contribué à la production d'autres panoramas. Sa conception est inspirée d'un panorama peint à Munich en 1886 par Elimar Ulrich Bruno Piglhein (1849-1894). Détruite dans un incendie à Vienne en 1892, cette oeuvre allemande a d'ailleurs servi de modèle à plus d'une douzaine d'autres tableaux panoramiques présentant Jérusalem au moment de la Crucifixion. Outre celui de Sainte-Anne-de-Beaupré, un seul autre de ces panoramas subsiste, soit celui d'Altötting, en Allemagne, peint en 1892. Le panorama de Sainte-Anne-de-Beaupré est restauré par le peintre d'origine bulgare Christo Stefanoff (1898-1966) à la suite de l'affaissement d'une partie du toit de la rotonde, survenu en 1957.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2019.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du panorama intitulé « Jérusalem le jour de la Crucifixion » liés à ses valeurs historique et artistique comprennent, notamment :
- ses dimensions, soit sa hauteur de 14 m et sa longueur de 110 m;
- les matériaux, dont la peinture à l'huile, les lisières de toile de lin d'origine, la toile de coton (plus récente), le badigeon de chaux au revers;
- sa conception prévue pour un déploiement circulaire et le fond aux couleurs très foncées;
- les éléments représentés, notamment la ville de Jérusalem le jour de la Crucifixion, dont les murs de la ville, le monument d'Absalom, le palais du roi Hérode et la résidence de sa femme Mariamne l'Hasmonéenne, la tour d'Hippicus, le tombeau de Jeroboam, la campagne environnante et la route de Bethléem, la scène de la Crucifixion sur un plateau rocheux, les nombreux personnages représentés (dont le Christ, les larrons, des femmes et des enfants, des soldats romains, des bergers et d'autres passants), les animaux (dont les dromadaires et les chevaux) et la végétation disséminée.
Informations historiques
Le panorama intitulé « Jérusalem le jour de la Crucifixion » est créé d'après un panorama peint par Elimar Ulrich Bruno Piglhein (1848-1894) à Munich, en 1886, lequel a été détruit dans un incendie à Vienne, en 1892. Cette oeuvre allemande et la documentation réunie par son auteur, dont des photographies et des relevés, servent d'ailleurs à la réalisation d'une dizaine de panoramas sur le thème de Jérusalem au moment de la crucifixion du Christ. Outre celui qui se trouve aujourd'hui à Sainte-Anne-de-Beaupré, un seul autre existe encore sous sa forme d'origine, soit celui d'Altötting, en Allemagne (1892).
L'oeuvre conservée à Sainte-Anne-de-Beaupré est réalisée en 1887 ou en 1888, probablement à Chicago ou à New York, à l'initiative d'Ernest Pierpont (1853-1905), médecin de Chicago et homme d'affaires travaillant dans la production de panoramas. Ce panorama est l'oeuvre des peintres américains Oliver Dennett Grover (1861-1927) et Charles Abel Corwin (1857-1938), secondés par Salvador Mège (1854–1915), Edward James Austen (1850–1930) et Ernest Gros (né en 1859). Mège et Gros ont longtemps été associés aux travaux de Paul-Dominique Philippoteaux (1846-1923), peintre de panoramas bien connu; cependant, ce dernier n'aurait pas participé à la production du panorama conservé au Québec.
Le panorama intitulé « Jérusalem le jour de la Crucifixion » est présenté à Montréal à partir de 1888. Une rotonde est construite pour son exposition, planifiée dans le contexte du carnaval d'hiver de Montréal. Les plans sont dressés par Pierpont. Le bâtiment est érigé au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Urbain, sur un terrain appartenant aux Sœurs grises de Montréal. Le chantier est supervisé par l'arpenteur Joseph-Alphonse-Ubalde Beaudry. Toutefois, la rotonde n'est pas complétée à temps pour le carnaval.
Les propriétaires du panorama et de la rotonde, des hommes d'affaires montréalais et new-yorkais, n'ayant pas respecté certaines clauses du contrat de location du terrain, l'ensemble devient la propriété des Soeurs Grises en 1895. Le bâtiment et l'oeuvre sont alors vendus à un groupe d'avocats de Montréal, dont fait partie Ubald Plourde (mort en 1939). Ce dernier en devient l'unique propriétaire au cours de la même année et déménage le panorama et sa rotonde à Sainte-Anne-de-Beaupré, par bateau. La peinture est roulée tandis que la rotonde est démontée. Le bâtiment sera remonté sur un terrain à proximité de la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, près du trottoir de bois menant au quai de la municipalité. Ainsi, le Cyclorama-de-Jérusalem est sur le chemin des pèlerins et des touristes qui voyagent par bateau et par train à la fin du XIXe siècle.
De 1925 à 1927, les murs extérieurs de la rotonde sont ornés dans un style néobyzantin, selon des plans de l'architecte Raoul Chênevert (1889-1951). La veuve d'Ubald Plourde, Albina Laurendeau (1870-1964), vend le Cyclorama-de-Jérusalem à Georges-Henri Blouin en 1949.
En 1957, une partie du toit de la rotonde s'affaisse sous le poids de la neige et de la glace, abîmant une partie de la toile. Des travaux de consolidation de la structure sont effectués de 1957 à 1966 par l'ingénieur Oscar Dorval et, en 1958 et en 1959, la partie endommagée de l'oeuvre est partiellement restaurée par le peintre d'origine bulgare Christo Stefanoff (1898-1966). Il aurait repeint certains éléments et reconstitué, à partir d'une projection de diapositives, environ un cinquième de la toile originale. Stefanoff conçoit également un nouveau faux terrain en bois peint; le précédent aurait été composé de sable et d'éléments de végétation disséminés.
Le panorama intitulé « Jérusalem le jour de la Crucifixion » ainsi que le Cyclorama-de-Jérusalem sont classés en 2019.
Emplacement
Region administrative :
- Capitale-Nationale
MRC :
- La Côte-de-Beaupré
Municipalité :
- Sainte-Anne-de-Beaupré
Adresse :
- 8, rue du Sanctuaire