Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Le Cyclorama-de-Jérusalem

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Rotonde du Cyclorama-de-Jérusalem

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Municipalité :

  • Sainte-Anne-de-Beaupré

Date :

  • 1888 – 1889 (Construction)
  • 1925 – 1927 (Agrandissement)
  • 1957 – 1966 (Rénovation)
  • 1958 – 1959 (Restauration)

Période :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Usage :

  • Fonction culturelle et récréative, loisir (Autres activités culturelles)

Éléments associés

Patrimoine mobilier associé (1)

Inventaires associés (1)

Carte

Description

Le Cyclorama-de-Jérusalem est un bâtiment servant à la présentation d'un panorama; il a été construit en 1888 et déménagé en 1895. Le corps principal présente un plan hexadécagonal d'une largeur de 36 m. Reposant sur des pilotis en béton, le bâtiment est doté d'un parement en acier émaillé beige et blanc présentant des motifs d'inspiration néobyzantine. Il est couvert d'un toit brisé. La rotonde est complétée d'un vaste avant-corps à parement de pierre comprenant notamment une tour-porche centrale coiffée d'un toit à bulbe doré. Une annexe rectangulaire est construite dans le prolongement latéral du porche. Une enseigne portant les inscriptions « Bienvenue / Spectacle continuel / Depuis 1895 / Cyclorama de Jérusalem » s'élève aussi sur le terrain plat en partie gazonné longeant le boulevard Sainte-Anne. Le Cyclorama-de-Jérusalem est érigé à proximité de la basilique et des autres structures formant le lieu de pèlerinage, dans la municipalité de Sainte-Anne-de-Beaupré.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de la rotonde et de son portique, à l'extérieur de l'annexe, à l'enseigne et au terrain sur lequel se trouvent tous ces éléments. Le panorama intitulé « Jérusalem le jour de la Crucifixion », abrité dans la rotonde, est aussi classé objet patrimonial.

Plan au sol :

Polygonal

Groupement :

Détaché

Saillies :

  • Avant-corps

Toit :

  • Forme : En bulbe
  • Forme : Plat
    Matériau : Composite, multicouche

Porte principale :

  • entièrement vitrée, à imposte et à baies latérales

Autre(s) porte(s) :

  • entièrement vitrée

Fenêtre(s) :

  • Rectangulaire

Éléments architecturaux :

  • Niche
  • Pilastre

Haut de la page

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2019-08-08
Prise d'effet : 2017-08-14

Catégories de conservation

  • 3 - Extérieur notable
  • 5 - Intérieur supérieur

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement prorogé, 2018-08-10
  • Avis d'intention de classement, 2017-08-14
 
Inventorié --
 

Haut de la page

Valeur patrimoniale

Le Cyclorama-de-Jérusalem présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Il témoigne d'un phénomène de divertissement populaire au cours du XIXe siècle dans les villes occidentales et dans les expositions universelles, soit la présentation de panoramas. Dans les dernières décennies du XIXe siècle, plusieurs entreprises sont fondées pour produire des panoramas – ainsi que les rotondes destinées à les accueillir – en vue de les exploiter à des fins commerciales et d'assurer leur circulation dans les grandes villes. Le panorama représentant Jérusalem le jour de la Crucifixion est exposé à Montréal à partir de 1888, dans une rotonde construite à cette fin. D'abord propriété des hommes d'affaires George Hutton Patterson, de Montréal, et Charles H. Greene et Herman Kimbel, de New York, le Cyclorama-de-Jérusalem et son panorama sont acquis en 1895 par l'avocat Ubald Plourde. Ils sont déménagés la même année à proximité de la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, un important lieu de pèlerinage, où ils sont exploités depuis. Le Cyclorama-de-Jérusalem présente l'un des trois seuls panoramas du XIXe siècle conservés en Amérique du Nord, et le seul conservé au Québec et au Canada. C'est le seul panorama qui est toujours logé dans sa rotonde originale en Amérique du Nord. Le Cyclorama-de-Jérusalem constitue donc un des rares témoins de ce type de divertissement du XIXe siècle.

Le Cyclorama-de-Jérusalem présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Il est conçu d'après les plans d'Ernest Pierpont (1853-1903), médecin de Chicago et homme d'affaires travaillant dans la production de panoramas. Il est destiné à accueillir le panorama représentant Jérusalem le jour de la Crucifixion. Le bâtiment de plan hexadécagonal était à l'origine paré de briques. Un treillis de poutres renforcé par des supports d'acier soutient le toit brisé. Son espace intérieur comprend notamment un couloir et un escalier permettant au public d'accéder, dans la noirceur, à une plateforme d'observation de la toile suspendue. De 1925 à 1927, des bâtiments annexes sont ajoutés à la rotonde et l'ensemble est décoré dans un style néobyzantin selon les plans de l'architecte Raoul Chênevert (1889-1951). Son parement extérieur est remplacé au cours des années 1980 par un revêtement en acier émaillé, mais conserve un décor néobyzantin. Le Cyclorama-de-Jérusalem est l'un des seuls bâtiments de cette typologie, en Amérique du Nord, servant encore à la présentation d'un panorama.

Le Cyclorama-de-Jérusalem présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Le Cyclorama abrite le panorama intitulé « Jérusalem le jour de la Crucifixion », exécuté en 1887 ou en 1888, aux États-Unis, probablement à Chicago ou à New York. Ce panorama est l'oeuvre des peintres américains Oliver Dennett Grover (1861-1927) et Charles Abel Corwin (1857-1938), secondés par Salvador Mège (1854–1915), Edward James Austen (1850–1930) et Ernest Gros (né en 1859), qui ont tous contribué à la production d'autres panoramas. Sa conception est inspirée d'un panorama peint à Munich en 1886 par Elimar Ulrich Bruno Piglhein (1849-1894). Détruite dans un incendie à Vienne en 1892, cette œuvre allemande a d'ailleurs servi de modèle à plus d'une douzaine d'autres tableaux panoramiques présentant Jérusalem au moment de la Crucifixion. Avec celui de Sainte-Anne-de-Beaupré, un seul autre de ces panoramas subsiste, soit celui d'Altötting, en Allemagne, peint en 1892. Le panorama de Sainte-Anne-de-Beaupré est restauré par le peintre d'origine bulgare Christo Stefanoff (1898-1966) à la suite de l'affaissement d'une partie du toit de la rotonde, survenu en 1957.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2019.

Haut de la page

Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du Cyclorama-de-Jérusalem liés à ses valeurs historique, architecturale et artistique comprennent, notamment :
- son implantation sur un terrain plat dégagé et partiellement gazonné, à proximité du sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré;
- le volume constitué de la rotonde, d'un vaste porche et d'une annexe latérale au porche;
- les caractéristiques extérieures de la rotonde, dont son plan hexadécagonal d'une largeur de 36 m, le toit brisé à seize versants, les pilotis en béton, les éléments ornementaux (dont les pilastres décoratifs, les arcs à redents schématisés et les moucharabiehs ornementaux);
- les caractéristiques intérieures et celles de la structure de la rotonde, dont le pilier central en acier, la structure faite d'un treillis de poutres de bois renforcé de supports d'acier, le système d'accrochage de la toile (fait de rivets, de planches de bois et de tubes d'acier), le hall d'entrée doté d'un guichet vitré, le corridor d'accès, la plateforme d'observation ceinte d'un garde-corps vitré, l'escalier à vis donnant accès à la plateforme, le faux terrain aménagé entre la plateforme et la toile (fait de bois peint), le parajour diffusant la lumière zénithale et dissimulant les dispositifs d'éclairage;
- les caractéristiques du panorama intitulé « Jérusalem le jour de la Crucifixion », dont ses dimensions de 14 m de haut sur 110 m de long, la peinture à l'huile sur toile de lin et de coton, sa conception prévue pour un déploiement circulaire, le fond aux couleurs très foncées et les sujets représentés (dont des monuments de la Jérusalem antique et la scène de la Crucifixion);
- les caractéristiques du porche, dont son plan allongé à ressauts, l'élévation décroissant par plateaux vers les extrémités, le toit plat, la tour-porche centrale surmontée d'un toit à bulbe doré et percée d'une vaste ouverture cintrée, le parement en pierre, les portes rectangulaires métalliques largement vitrées, les fenêtres rectangulaires grillagées évoquant les moucharabiehs et les éléments ornementaux (dont la corniche, les bandeaux, les amortissements, les arcatures aveugles);
- les caractéristiques extérieures de l'annexe latérale du porche, dont le plan rectangulaire, le toit plat, le parement en pierre, les vitrines rectangulaires, les portes métalliques largement vitrées, le lettrage rouge formant les mots « Cyclorama de Jerusalem » à l'arrière de l'annexe;
- les caractéristiques de l'enseigne métallique, dont son implantation à un angle du terrain, près du boulevard Sainte-Anne et de la rue du Sanctuaire, sa composition faite de panneaux et de vides de forme ovale, dont le panneau supérieur noir portant les inscriptions « « Bienvenue / Spectacle continuel / Depuis 1895 » en blanc et le panneau central au fond pâle présentant une fleur de lys bleue, suivie de l'inscription « CYCLORAMA DE JERUSALEM » sur trois lignes, en rouge et en bleu.

Haut de la page

Informations historiques

Le Cyclorama-de-Jérusalem est conçu pour présenter le panorama intitulé « Jérusalem le jour de la Crucifixion ». Cette peinture de grandes dimensions aurait été réalisée en 1887 ou en 1888, probablement à Chicago, à l'initiative d'Ernest Pierpont (1853-1905), médecin de Chicago et homme d'affaires travaillant dans la production de panoramas. Elle est l'oeuvre des peintres américains Oliver Dennett Grover (1861-1927) et Charles Abel Corwin (1857-1938), secondés par Salvador Mège (1854–1915), Edward James Austen (1850–1930) et Ernest Gros (né en 1859).

Le panorama est présenté à Montréal à partir de 1888. Une rotonde est construite pour son exposition, planifiée dans le contexte du carnaval d'hiver de Montréal. Les plans sont dressés par Pierpont. Le bâtiment est érigé au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Urbain, sur un terrain appartenant aux Sœurs grises de Montréal. Le chantier est supervisé par l'arpenteur Joseph-Alphonse-Ubalde Beaudry. La rotonde n'est cependant pas complétée à temps pour le carnaval. Les propriétaires du panorama et de la rotonde sont les hommes d'affaires George Hutton Patterson, de Montréal, et Charles H. Greene et Herman Kimbel, de New York.

Les propriétaires n'ayant pas respecté certaines clauses du contrat de location du terrain, l'ensemble devient la propriété des Sœurs Grises en 1895. Le bâtiment et l'oeuvre sont alors vendus à un groupe d'avocats de Montréal, dont fait partie Ubald Plourde (mort en 1939). Ce dernier en devient l'unique propriétaire au cours de la même année et déménage le Cyclorama-de-Jérusalem à Sainte-Anne-de-Beaupré, par bateau. La peinture est roulée tandis que la rotonde est démontée. Le bâtiment sera remonté sur un terrain à proximité de la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, au sud de la voie ferrée. Installée sur pilotis en raison de la proximité du fleuve Saint-Laurent, la rotonde donne alors directement sur le trottoir de bois menant au quai de Sainte-Anne-de-Beaupré. Ainsi, le Cyclorama-de-Jérusalem est sur le chemin des pèlerins et des touristes qui voyagent par bateau et par train à la fin du XIXe siècle.

De 1925 à 1927, les bâtiments annexes du Cyclorama-de-Jérusalem sont construits dans un style architectural néobyzantin selon des plans de l'architecte Raoul Chênevert (1889-1951). Les murs extérieurs de la rotonde polygonale sont ornés dans le même style. Par la suite, le tracé du boulevard Sainte-Anne, inauguré en 1941, contribue à désenclaver le Cyclorama-de-Jérusalem.

La veuve d'Ubald Plourde, Albina Laurendeau (1870-1964) vend l'ensemble à Georges-Henri Blouin en 1949.

En 1957, une partie du toit de la rotonde s'affaisse sous le poids de la neige et de la glace, abîmant des sections de la toile. Des travaux de consolidation de la structure sont effectués de 1957 à 1966 par l'ingénieur Oscar Dorval (1921-2011). Les pilotis de bois sont remplacés par des piliers de béton. La charpente est renforcée par des ancrages et des poutres doublant des porteurs anciens. Le mât central est remplacé par une colonne d'acier. Le corridor et les escaliers d'accès sont réaménagés. L'enveloppe extérieure du bâtiment et des pavillons d'entrée fait l'objet de travaux d'après les plans de l'architecte Émile-Georges Rousseau (1888-1973). Jusqu'alors éclairé grâce à la lumière naturelle, le Cyclorama est doté d'un système d'éclairage électrique. Ce changement entraîne le retrait des tabatières sur le toit.

En 1958 et 1959, la partie abîmée de l'oeuvre est partiellement restaurée par le peintre d'origine bulgare Christo Stefanoff (1898-1966), qui conçoit également un nouveau faux-terrain; le précédent aurait été composé de sable et d'éléments de végétation disséminés.

Au cours des années 1980, le décor extérieur en bois est remplacé par un revêtement en acier émaillé d'après les plans de l'architecte Louis Carrier (1919-2007).

Le Cyclorama-de-Jérusalem est classé en 2019.

Haut de la page

Emplacement

Region administrative :

  • Capitale-Nationale

MRC :

  • La Côte-de-Beaupré

Municipalité :

  • Sainte-Anne-de-Beaupré

Adresse :

  • 8, rue du Sanctuaire

Latitude :

  • 47° 1' 20.66"

Longitude :

  • -70° 55' 45.7"

Désignation cadastrale :

  • Lot 3 816 071

Haut de la page

Références

Numéro du bien :

  • Identifiant municipal : 270

Haut de la page

Gouvernement du Québec

© Gouvernement du Québec, 2013