Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Grand Théâtre de Québec

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Conservatoire de musique du Québec
  • Grand Théâtre de Québec et Conservatoire de musique du Québec

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Municipalité :

  • Québec

Date :

  • 1967 – 1973 (Construction)
  • 1995 (Restauration)
  • 2007 (Réaménagement intérieur)
  • 2010 (Réaménagement intérieur)
  • 2017 – 2019 (Construction)

Période :

  • Le Québec contemporain (après 1960)

Thématique :

  • Patrimoine de la modernité

Usage :

  • Fonction culturelle et récréative, loisir (Théâtres)
  • Services et institutions (Établissements de formation spécialisée)

Éléments associés

Patrimoine mobilier associé (1)

Personnes associées (5)

Inventaires associés (1)

Carte

Description

Le Grand Théâtre de Québec est un ensemble à vocation culturelle érigé de 1967 à 1973. Il est constitué de deux parties distinctes, soit le Grand Théâtre lui-même abritant deux salles de spectacle, et le conservatoire de musique de Québec situé immédiatement à l'ouest. La partie est, de plan carré, présente quatre façades semblables faites de panneaux doubles en béton légèrement inclinés. Ces panneaux sont surmontés d'un volume en surplomb et séparés par des contreforts en saillie, le tout évoquant la façade d'un temple grec à colonnade. Ce volume cubique imposant est coiffé d'un toit plat et surmonté de deux volumes en retrait, l'un de forme trapézoïdale et l'autre rectangulaire. Les entrées et les cages d'escalier sont aménagées dans les angles en retrait du bâtiment, vitrés sur toute leur hauteur. Le rez-de-chaussée est également vitré sur tout le pourtour du bâtiment. À l'arrière se trouvent les entrées au conservatoire tout comme celles des artistes et de l'administration. Toute proche, côté rue Jacques-Parizeau, est localisée la porte-cochère de l'aire de déchargement intérieure.

Côté parc, un long et étroit hall d'entrée dessert les deux salles de spectacle qui se superposent, la salle Louis-Fréchette qui offre 1873 places et le théâtre Octave-Créamazie de 506 sièges situé en sous-sol, sous la première. Il donne accès par un large escalier central à deux volées aux foyers. À l'étage, le volume du foyer embrasse la grande salle sur toute sa hauteur, formant un espace interstitiel qu'enveloppe côté rue la grande murale de Jordi Bonet gravée dans le béton et éclairée par le haut (les caissons de façade sont en fait des prises de lumière). S'y projettent les foyers supérieurs qui desservent les balcons et les foyers latéraux des loges de la grande salle accessibles par les escaliers de façade, en offrant de multiples vues sur la murale. Les salles et leurs scènes occupent tout le volume arrière, flanquées des locaux de service, loges et autres dépendances.

Le conservatoire adjacent est un bâtiment souterrain de plan rectangulaire, aménagé sur deux niveaux autour d'une large cour intérieure. Il est accessible par deux escaliers qui débouchent, à chaque étage, sur un hall qui donne accès au couloir périphérique qui dessert les bureaux de professeurs et les salles d'enseignement et de repos. Les façades en béton sont percées de fenêtres de dimensions différentes et dotées de brise-soleils verticaux en béton. L'ensemble est implanté au centre d'une vaste esplanade comprenant des surfaces gazonnées bordées d'arbres matures, des oeuvres d'art et des aires de stationnement.

Le Grand Théâtre de Québec est situé dans le secteur densément urbanisé de la colline Parlementaire et occupe le quadrilatère formé par le boulevard René-Lévesque Est, l'avenue Turnbull et les rues Jacques-Parizeau et de Claire-Fontaine, dans l'arrondissement de la Cité-Limoilou de la ville de Québec. Il fait face au parc de l'Amérique-Française.

Deux sites archéologiques sont inclus dans les limites du terrain.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du Grand Théâtre de Québec liés à sa valeur historique comprend son implantation à l'extrémité sud-ouest de la colline Parlementaire.

Les éléments caractéristiques du Grand Théâtre de Québec liés à sa valeur architecturale et artistique comprennent:
- les types bâtis contrastés de ces deux composantes, l'immeuble des théâtres, édifice isolé faisant face au parc de l'Amérique française, et celui du conservatoire, enterré et articulé autour d'une cour;
- la monumentalité de l'édifice des théâtres issue à la fois de son articulation tectonique et des références historiques suggérées par son architecture, sa volumétrie renvoyant à celle des mastabas de l'Égypte ancienne et ses façades scandées par les colonnes périphériques de sa structure porteuse aux colonnades classiques;
- le traitement des coins, en retrait et vitrés, faisant office de lanternes lumineuses à la nuit tombée;
- son matériau nouveau, le béton architectonique fabriqué en usine;
- la murale sculptée à même le revêtement intérieur des façades et formant comme une doublure;
- sa contrepartie architecturale qui offre une suite d'expériences spatiales contrastées et de multiples points de vue sur l'oeuvre d'art, le dispositif de l'escalier et des balcons en encorbellement donnant accès à la salle Louis-Fréchette et mettant en oeuvre le béton, le bois et le métal, la partie publique des intérieurs la plus authentique.

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Informations historiques

Le Grand Théâtre de Québec naît d'un projet dont l'idée est lancée en 1963 par le premier ministre du Québec, Jean Lesage (1912-1980). Ce dernier souhaite ériger dans la capitale un monument rappelant le rôle joué par la ville dans la naissance de la Confédération canadienne. En août 1963, le ministre des Affaires culturelles Georges-Émile Lapalme (1907-1985) est chargé de définir le programme et de préciser l'emplacement de l'édifice. Il abritera une salle d'opéra et de concert, un auditorium destiné au théâtre et à la musique et le Conservatoire de musique de Québec. La construction s'inscrit donc dans la foulée des « projets du centenaire », ces édifices financés en partie par le gouvernement fédéral et destinés à souligner le centième anniversaire de la Confédération.

Le projet du Grand Théâtre est toutefois le seul de portée nationale, un concours d'architecture pancanadien étant lancé en 1964 pour la conception de l'édifice. Sous la présidence de l'architecte André Blouin (1920-2015), le jury est appelé à évaluer 30 propositions. C'est finalement le projet de l'architecte québécois d'origine polonaise Victor Prus (1917-2017), figure importante du modernisme architectural québécois, qui remporte le concours.

Sa proposition pour le Grand Théâtre se démarque aux yeux du jury par sa simplicité et son originalité, tout en respectant les nombreuses exigences techniques, budgétaires et spatiales du projet. La superposition de la salle d'opéra à l'auditorium dans un immense volume permet l'intégration des foyers et des entrées, tandis que le conservatoire enterré s'articule autour d'un jardin dont l'utilité et le caractère paisible sont soulignés.

Le site préalablement choisi est implanté en bordure du boulevard Saint-Cyrille (René-Lévesque), à l'extrémité ouest de la Cité parlementaire, qui est alors l'objet de nombreux réaménagements et constructions. Le chantier débute à la fin de l'année 1965. Toutefois, plusieurs éléments interrompent et retardent la construction, dont le changement de gouvernement en 1966 et une grève des travailleurs de la construction en 1969. Enfin, en septembre 1967, on entreprend l'érection de l'édifice. L'épouse de Victor Prus, Maria Fisz (1919-2017), agit comme architecte paysagiste.

À l'hiver 1969, l'artiste d'origine catalane Jordi Bonet (1932-1979) réalise une vaste murale sur la paroi intérieure du mur extérieur du Grand Théâtre ayant pour thème la mort, l'espace et la liberté. L'oeuvre comprend entre autres une citation du poète Claude Péloquin (1942-2018), « Vous êtes pas écoeurés de mourir bande de caves! C'est assez! » Cette citation cause une grande controverse parmi le public, les intellectuels et les artistes de l'époque, étant jugée scandaleuse par certains à cause du caractère provocateur du propos et de son niveau de langue populaire. Le débat se rend jusqu'à l'Assemblée nationale; un moratoire est finalement décrété, et aucun élément de la murale n'est effacé.

Le Grand Théâtre est inauguré en janvier 1971. La partie abritant le conservatoire est quant à elle inaugurée en 1973. Au fil des années, le bâtiment du Grand Théâtre est l'objet de quelques travaux et modifications qui touchent principalement l'intérieur, afin notamment d'adapter les lieux à de nouveaux équipements scéniques. Vers 2012, une importante dégradation des surfaces extérieures en béton est constatée. Dans le but de préserver à la fois l'authenticité architecturale de l'édifice et la murale de Jordi Bonet, des travaux d'envergure débutent en 2017. Le projet, conçu par le consortium d'architectes Lemay, consiste en l'encapsulage des façades de béton dans un écrin de verre transparent qui permettra de bien les voir.

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Évaluation d'inventaire

  • Inventaire des projets du Centenaire de la Confédération canadienne réalisés au Québec (2014 - 2019)
    DOCOMOMO Québec


  • Le Grand Théâtre de Québec présente un intérêt particulier étant d'emblée un monument, ayant été construit pour commémorer le centenaire de la Confédération canadienne en 1967, tout comme les autres édifices érigés dans le cadre de l'entente fédérale-provinciale signée en janvier 1964 à cette fin. Sa portée est cependant unique à titre de projet national réalisé par le gouvernement du Québec. Cet équipement culturel majeur présente de plus un intérêt patrimonial pour ses valeurs urbaine, architecturale et artistique.

    À l'exemple du Centre des arts de la Confédération à Charlottetown, le Grand Théâtre de Québec est planifié en 1963 pour rappeler le rôle joué par la ville dans la création du Canada en accueillant en 1865 une session du parlement itinérant du Canada-Uni. Cet édifice voué aux arts de la scène qui inclut les installations du Conservatoire de musique de Québec témoigne de plus de la volonté du gouvernement de Jean Lesage d'investir dans les lieux de diffusion des arts et de la culture qui faisaient défaut. Cette politique inséparable d'un engagement pour la promotion de la langue française est portée par le nouveau ministère des Affaires culturelles créé en avril 1961.

    Le Grand Théâtre de Québec contribue de plus à l'équipement et à l'embellissement de la capitale qui connaissent un nouvel élan dans les années 1960 selon la volonté du premier ministre et sous les auspices de la Commission d'aménagement de Québec. Il participe de la rénovation du faubourg Saint-Jean en vue donner une nouvelle envergure au site de l'Assemblée nationale et vient compléter le projet de la colline Parlementaire par un équipement culturel qui, par sa localisation, ponctue sa limite ouest.

    Le Grand Théâtre de Québec est un jalon de l'histoire de l'architecture et de l'art au Québec. Il est le premier équipement culturel dont le projet fut choisi à la suite d'un concours, une épreuve jugée par un jury international présidé par l'Américain Paul Rudolph, une figure de proue de la tendance brutaliste en architecture. Le Grand Théâtre de Québec est à comparer à l'autre premier grand équipement culturel du Québec, Place des arts à Montréal initiée en 1957 par le maire Jean Drapeau avec la construction de la salle Wilfrid-Pelletier. Tous deux, par leur programme fonctionnel, ont pour modèle le Lincoln Center for the Performing Arts (1955-1969) de New York qui avait innové en regroupant dans un même complexe plusieurs institutions culturelles dans le domaine des arts de la scène. Cependant, le Grand Théâtre de Québec conçu par l'architecte Victor Prus est moins marqué par la revalorisation du classicisme qu'avait initiée par Ludwig Mies van der Rohe et conforté l'ensemble new-yorkais, son projet étant plus tectonique. On peut voir de plus dans la maison de l'UNESCO (1946-1958) à Paris dont une partie des bureaux sont enterrés et éclairés par des cours, un précédent de la solution architecturale proposée pour Conservatoire.

    Le Grand Théâtre de Québec témoigne de la prédilection des architectes modernistes pour le béton. Cet intérêt est soutenu par la presse architecturale, la célèbre critique américaine Ada Louise Huxtable déclarant en 1960 que l'époque du béton est ouverte. Le matériau dont la grande expressivité est appréciée par des architectes comme Le Corbusier ou encore Paul Rudolph, y est exploitée artistiquement de multiples façons. Tectoniques, les façades du théâtre articulent clairement le rapport entre structure et enveloppe, proposant une réinterprétation de la colonnade classique, à cette différence près qu'aucune façade ne prévaut. Ce traitement contribue à la monumentalité de l'édifice. À l'intérieur la présence du béton apparent est tout aussi importante. Il constitue la matière de la grande murale qui forme l'arrière-plan du foyer de la grande salle et que Jordi Bonet a créée in situ, en la sculptant à vif et en prenant pour prétexte un poème de Claude Péloquin. Rarement l'art et l'architecture sont aussi intégrés.

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    Emplacement

    Region administrative :

    • Capitale-Nationale

    MRC :

    • Québec

    Municipalité :

    • Québec

    Arrondissement municipal :

    • La Cité

    Adresse :

    • 269, boulevard René-Lévesque Est

    Lieux-dits :

    • Colline Parlementaire

    Latitude :

    • 46° 48' 22.6"

    Longitude :

    • -71° 13' 18.5"

    Désignation cadastrale :

    • Lot 1 303 765

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    Références

    Notices bibliographiques :

    • BLAIS, Christian, Gilles GALLICHAN, Frédéric LEMIEUX et Jocelyn SAINT-PIERRE. Québec: quatre siècles d'une capitale. Québec, Assemblée nationale du Québec - Les Publications du Québec, 2008. 692 p.
    • JOBIDON, Hélène, Luc NOPPEN et Paul TRÉPANIER. Québec monumental, 1890-1990. Sillery / Montréal, Septentrion / Ordre des architectes du Québec, 1990. 191 p.
    • LEBEL, Jean-Marie et Alain ROY. Québec, 1900-2000 : le siècle d'une capitale. Sainte-Foy, Éditions MultiMondes, 2000. 157 p.
    • Patri-Arch. 269, boulevard René-lévesque Est à Québec - Grand Théâtre de Québec: étude de l'intérêt patrimonial. Québec, 2019. 75 p.

    Multimédias disponibles en ligne :

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    Gouvernement du Québec

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