Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Église de Sainte-Agnès

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Estrie

Municipalité :

  • Lac-Mégantic

Date :

  • 1911 – 1913 (Construction)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)

Éléments associés

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Groupes associés (1)

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Personnes associées (7)

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Description

L'église de Sainte-Agnès est un lieu de culte de tradition catholique érigé de 1911 à 1913. L'édifice en brique présente un plan en croix latine composé d'une nef rectangulaire encadrée de bas-côtés en appentis, d'un transept et d'un choeur en saillie terminé par une abside à pans coupés. Le bâtiment est coiffé d'un toit à deux versants droits. La façade est encadrée par deux tours-clochers asymétriques et dotée d'un triple portail. Une sacristie en pierre à bossage de plan rectangulaire à un étage est greffée à l'abside à l'angle sud-est. L'église de Sainte-Agnès est implantée à une intersection, sur un terrain paysager planté d'arbres matures, dans un secteur ancien à vocation commerciale, au coeur de la ville de Lac-Mégantic.

Ce bien est cité immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure du bâtiment.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Immeuble patrimonial Municipalité (Lac-Mégantic) 2008-12-15

Statuts antérieurs

  • Avis de motion de citation, 2008-10-06
 

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Valeur patrimoniale

L'église de Sainte-Agnès présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Elle témoigne de l'influence du courant éclectique dans l'architecture religieuse au tournant du XXe siècle. L'éclectisme est un assemblage d'éléments architecturaux et ornementaux puisés dans les divers styles historiques et associés plus librement, dans une recherche de monumentalité et d'effets visuels nouveaux. L'Église catholique québécoise recourt souvent à l'éclectisme pour la construction de ses lieux de culte et des autres édifices paroissiaux, à partir de la fin du XIXe siècle. Construite de 1911 à 1913, l'église de Sainte-Agnès est représentative de ce courant par son volume complexe comprenant notamment deux tours-clochers asymétriques ainsi que par les contrastes formés par la brique dorée et la pierre grise. Elle s'y rattache également par l'emploi d'éléments architecturaux et ornementaux tirés principalement du vocabulaire gothique, tels que les ouvertures à arc brisé, les portails à voussure couronnés d'un gâble, les fenêtres hautes groupées par trois et les fleurons. Elle présente une ornementation particulièrement achevée qui la distingue des autres lieux de culte des environs.

L'église de Sainte-Agnès présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur historique reposant sur son association avec les architectes Joseph-Arthur Godin (1879-1949) et Louis-Napoléon Audet (1881-1971). Godin aurait fait ses études à l'école des Beaux-Arts de Paris. Sa production, concentrée dans la région de Montréal, comprend des édifices résidentiels, commerciaux et religieux, dont plusieurs en béton armé. Audet, pour sa part, fait son apprentissage auprès de Jean-Baptiste Verret (1867-1902) et de Wilfrid Grégoire (1880-1955). Son oeuvre très vaste, étalée sur une soixantaine d'années, est constituée de nombreux lieux de culte érigés principalement dans le diocèse de Sherbrooke, mais aussi dans d'autres régions du Québec et dans les Maritimes. Il réalise également plusieurs bâtiments scolaires et hospitaliers. L'église de Sainte-Agnès rappelle donc les débuts de la production d'Audet qui a fortement marqué le paysage bâti estrien. Bien qu'Audet ait travaillé avec plusieurs architectes au cours de sa carrière, l'église de Sainte-Agnès est le seul exemple connu de collaboration avec Godin de même que le seul lieu de culte conçu par ce dernier en Estrie.

L'église de Sainte-Agnès présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique comme témoin de l'essor de Lac-Mégantic au tournant du XXe siècle. L'arrivée de colons écossais de langue gaélique, dans la décennie 1850, puis celle de Canadiens français originaires de la Beauce sont à l'origine du peuplement des environs du lac Mégantic. Deux villages, Agnès et Mégantic, se forment à proximité. La première chapelle catholique du secteur est construite en 1883 à Agnès, localité alors plus populeuse que la seconde. Toutefois, à la fin du XIXe siècle, Mégantic se développe rapidement grâce à l'établissement d'un réseau ferroviaire. Les ateliers de réparation des locomotives emploient de nombreux ouvriers qui s'établissent à proximité, et les possibilités du transport par train stimulent le développement industriel et commercial. Cette croissance très rapide de Mégantic entraîne la construction de la nouvelle église à cet endroit plutôt qu'à Agnès. Le soubassement, conçu par Jean-Baptiste Verret, est terminé en 1901 et sert de lieu de culte pendant une dizaine d'années. La paroisse de Sainte-Agnès est érigée en 1903. Quatre ans plus tard, les municipalités d'Agnès et de Mégantic sont fusionnées pour former une ville, aujourd'hui nommée Lac-Mégantic. L'emplacement de l'église actuelle, au coeur d'un secteur ancien à vocation commerciale, montre le rôle majeur que l'édifice a occupé dans l'histoire de la ville. En outre, les dimensions imposantes du bâtiment rappellent la croissance importante de la population au tournant du XXe siècle.

Source : Ville de Lac-Mégantic, 2009.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l'église de Sainte-Agnès liés à ses valeurs architecturale et historique comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan en croix latine composé d'une nef rectangulaire encadrée de bas-côtés en appentis, d'un transept et d'un choeur en saillie terminé par une abside à pans coupés, le toit à deux versants droits, le clocheton surmontant la croisée ainsi que la sacristie en pierre à bossage de plan rectangulaire à un étage, greffée à l'angle sud-est de l'abside;
- les matériaux, dont le soubassement en pierre à bossage, le parement en brique dorée, la couverture en tôle des bas-côtés ainsi que les éléments architecturaux et ornementaux en bois, en brique ou en pierre;
- les composantes de la façade orientée à l'ouest, dont les deux tours-clochers asymétriques (surmontées d'une flèche et d'une croix, percées de fenêtres élancées à arc brisé ainsi que d'ouvertures quadrilobées, et ornées notamment de pignons, de gâbles, de contreforts, de frises à arcature, de bandeaux, de fleurons et de crochets), le portail triple à voussure (composé de portes à panneaux à simple ou à double vantail inscrites dans un embrasement à ressauts et à colonnettes, de tympans à remplage et de gâbles surmontés de fleurons), la large fenêtre à remplage inscrite dans une voussure à arc brisé, la frise à arcature ainsi que les motifs polylobés ou cruciformes;
- les composantes des longs-pans, des bas-côtés, du transept et du choeur, dont les fenêtres à arc brisé, les fenêtres hautes à arc brisé groupées par trois, les vastes fenêtres à remplage surmontées d'une voussure à arc brisé, les portails latéraux (dotés d'une porte encadrée de pilastres, d'un tympan à remplage, d'un gâble et d'un fleuron), le vitrail de l'abside, la frise à arcature, les bandeaux ainsi que les motifs cruciformes ou polylobés;
- ses vastes dimensions;
- son implantation à une intersection, sur un terrain paysager planté d'arbres matures, dans un secteur ancien à vocation commerciale.

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Informations historiques

L'église de Sainte-Agnès est implantée à proximité du lac Mégantic, un secteur anciennement fréquenté par les Abénaquis. Le territoire de l'actuelle ville de Lac-Mégantic s'étend sur les cantons de Whitton, Marston, Ditchfield et Spaulding. Ces quatre cantons sont d'abord acquis dans un but spéculatif. Les premiers résidents qui s'établissent de façon permanente dans les environs sont des colons écossais de langue gaélique, qui arrivent à partir de la décennie 1850. Des Canadiens français originaires de la Beauce les rejoignent par la suite. Deux villages, Agnès et Mégantic, se forment à proximité du lac. La première chapelle catholique des lieux est construite en 1883 à Agnès, localité alors plus populeuse que la seconde. L'avenir d'Agnès semble alors prometteur, puisque la construction d'une scierie est envisagée. Toutefois, à la fin du XIXe siècle, Mégantic se développe rapidement grâce à l'établissement du réseau ferroviaire de la compagnie de chemin de fer international de Saint-François et Mégantic (rachetée en 1887 par le Canadien Pacifique) et de celui de la compagnie Quebec Central Railway. Les ateliers de réparation des locomotives emploient de nombreux ouvriers qui s'établissent à proximité, et les possibilités du transport ferroviaire stimulent le développement industriel et commercial. Les habitants de Mégantic réclament la construction d'une église dans leur localité en plein essor.

Leur requête est entendue à la toute fin du XIXe siècle. Un vaste soubassement, conçu par l'architecte Jean-Baptiste Verret (1867-1902) et construit de 1899 à 1901 par les entrepreneurs Boileau et frères puis Joseph Goulet, sert de lieu de culte pendant une dizaine d'années et remplace la chapelle d'Agnès. Alors que la construction du soubassement s'achève, la paroisse de Sainte-Agnès est érigée canoniquement et civilement. Quatre ans plus tard, les municipalités d'Agnès et de Mégantic sont fusionnées pour former une ville, aujourd'hui nommée Lac-Mégantic. Les travaux de construction d'une véritable église sont néanmoins retardés par l'évêque, afin de permettre l'amélioration des finances de la nouvelle paroisse.

L'autorisation de construire l'actuelle église de Sainte-Agnès est accordée en décembre 1910. Les plans de l'édifice sont tracés par les architectes Joseph-Arthur Godin (1879-1949) et Louis-Napoléon Audet (1881-1971). Il s'agit du seul exemple connu de collaboration entre Godin et Audet en architecture religieuse. L'entrepreneur Damase Vaillancourt supervise les travaux qui débutent en 1911 et s'achèvent en 1913.

Alors que l'édifice est presque terminé, les plans sont modifiés par Godin pour permettre l'installation d'un vaste vitrail dans l'abside. Cette verrière, probablement une des premières réalisées par l'atelier britannique Hardman, est intitulée « L'Arbre de Jessé ». Datant de 1849, elle ornait à l'origine l'église de l'Immaculée-Conception, à Londres. Les Jésuites qui desservaient le lieu de culte londonien la font retirer en 1902, croyant que les teintes s'étaient détériorées. Après son remplacement, un nettoyage révèle que le vitrail est en bon état et il est mis en vente. Le curé de Sainte-Agnès, Joseph-Eugène-Edmond Choquette (1858-1918), en fait l'acquisition et en fait don à la paroisse.

En 1946, une sacristie est construite selon les plans de l'architecte Alphonse Bélanger, pour remplacer la précédente, aménagée sous le choeur. En 1957, l'intérieur du lieu est transformé par Bélanger. Le décor est grandement simplifié par le retrait de presque tous les éléments ornementaux appliqués, ne laissant que la structure dépouillée. En 1988, d'importants travaux sont effectués sur la charpente, la couverture et la maçonnerie en brique.

L'église de Sainte-Agnès est citée en 2008.

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Emplacement

Region administrative :

  • Estrie

MRC :

  • Le Granit

Municipalité :

  • Lac-Mégantic

Adresse :

  • rue Laval

Latitude :

  • 45° 34' 43.2"

Longitude :

  • -70° 53' 9.8"

Désignation cadastrale :

  • Lot 3 108 019

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Références

Gouvernement du Québec

© Gouvernement du Québec, 2013