Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site patrimonial de l'Île-Sainte-Hélène

Carte

Description

Le site patrimonial de l'Île-Sainte-Hélène est un territoire à vocation récréative et culturelle. Son périmètre comprend la portion de l'île Sainte-Hélène située au sud du pont Jacques-Cartier, à l'exception d'une partie de la rive ouest. Il englobe aussi le pont de la Concorde, le pont des Îles et la passerelle du Cosmos. La topographie du lieu est marquée par la présence de vallées et de monticules vers le centre-nord du territoire tandis qu'un relief plus plat s'étend au-delà.

Le site patrimonial regroupe un ancien complexe militaire, des installations aquatiques, des bâtiments municipaux, des constructions de l'Exposition universelle et internationale de Montréal (Expo 67), des ouvrages de génie civil et des oeuvres d'art public. Il est parcouru d'un réseau de circulation véhiculaire et piétonnier comprenant des voies asphaltées, des chemins pavés et des sentiers. Le site compte des secteurs boisés riches en espèces végétales rares, des espaces gazonnés ainsi que d'autres pavés. Divers aménagements ponctuent le lieu, tels que des belvédères, des étangs, des passerelles, des aires de pique-nique, une roseraie et plusieurs plantations. Deux institutions muséales sont également présentes sur le territoire.

L'île Sainte-Hélène est située dans un goulot d'étranglement du fleuve Saint-Laurent, entre l'île de Montréal et la rive sud du fleuve. Le site du patrimoine de l'Île-Sainte-Hélène fait partiellement face au centre-ville montréalais. Il est inclus dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie dans la ville de Montréal.

Ce bien est cité site patrimonial. Le lieu comporte trois sites inscrits à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Site patrimonial Municipalité (Montréal) 2007-09-17

Statuts antérieurs

  • Avis de motion de citation, 2007-05-28
 

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Valeur patrimoniale

Le site patrimonial de l'Île-Sainte-Hélène présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Le lieu occupe une place importante dans l'histoire de Montréal à travers ses occupations successives, lesquelles sont d'ailleurs documentées par des vestiges archéologiques. Fréquentée par les Autochtones depuis la préhistoire, l'île Sainte-Hélène est nommée ainsi par Samuel de Champlain (vers 1570-1635) en l'honneur de son épouse. À la fin du XVIIe siècle, l'île fait partie de la baronnie de Longueuil. En 1760, elle est le dernier lieu de retranchement de l'armée française et l'endroit à partir duquel est donné l'ordre de brûler les drapeaux, dernier geste français au Canada. Au siècle suivant, les Britanniques y établissent un complexe militaire de première importance au sein du réseau de défense de la colonie. La vocation récréative de l'île s'amorce en 1874 lorsqu'elle devient le premier parc municipal. À partir de 1936, des travaux sont entrepris d'après le plan de l'urbaniste et architecte paysagiste Frederick Gage Todd (1876-1948). Les premières opérations s'inscrivent dans le cadre des grands travaux d'améliorations civiques lancés pour contrer le chômage lié à la crise économique. L'île constitue aussi le coeur du site de l'Exposition universelle et internationale de Montréal (Expo 67), un événement majeur dans l'histoire de la ville et du pays. Le témoignage d'Expo 67 se matérialise dans l'île elle-même qui est l'objet d'un important remblayage, dans les ouvrages de génie civil et dans quelques bâtiments et oeuvres d'art public. Le site du patrimoine de l'Île-Sainte-Hélène est donc le lieu d'événements marquants dans l'histoire de la ville et du pays.

Le site du patrimoine de l'Île-Sainte-Hélène présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Ses composantes montrent diverses facettes de l'architecture des XIXe et XXe siècles. Le site militaire, seul exemple montréalais de fortification bastionnée, est réalisé d'après les plans d'un ingénieur militaire renommé, Elias Walker Durnford (1774-1850). Les bâtiments municipaux des années 1930, élevés sous les conseils de Todd, témoignent de la popularité du régionalisme dans la première moitié du XXe siècle. Ce courant inspiré de l'architecture vernaculaire se traduit notamment par l'emploi de plans simples, de toits à deux versants ou à croupes et de matériaux traditionnels locaux tels que la pierre (brèche) et la tôle. Les constructions d'Expo 67 attestent la créativité architecturale de l'après-guerre. Les possibilités techniques et esthétiques de matériaux typiques du XXe siècle sont repoussées plus loin. Expo 67 est une source d'émulation pour ses concepteurs et cela se traduit dans le caractère novateur et l'originalité des constructions. Des architectes, des ingénieurs et des artistes de renom participent à l'événement. Le site patrimonial de l'Île-Sainte-Hélène rassemble ainsi des oeuvres de concepteurs importants à l'échelle nationale et internationale.

Le site patrimonial de l'Île-Sainte-Hélène présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur paysagère. La nature et les activités humaines successives ont façonné un paysage unique. Celui-ci est marqué notamment par l'environnement maritime, la géologie du lieu, la topographie vallonnée et le relief plat des espaces remblayés, les secteurs boisés riches d'un patrimoine naturel diversifié ainsi que les aménagements et bâtiments hérités des différentes occupations. Les vues sur et depuis l'île sont aussi au coeur de l'iconographie montréalaise. Le site du patrimoine de l'Île-Sainte-Hélène comprend finalement des repères visuels importants, dont le pavillon des États-Unis, la Tour de Lévis et l'oeuvre d'art public L'Homme.

Source : Ville de Montréal, 2009.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site patrimonial de l'Île-Sainte-Hélène liés à ses valeurs historique, architecturale et paysagère comprennent, notamment :
- les composantes du site militaire, dont le mur de l'enceinte fortifiée, l'arsenal, la caserne, le corps de garde, la petite poudrière, la grande poudrière et le lavoir;
- les bâtiments municipaux de l'ancien parc municipal, dont le pavillon des baigneurs, le pavillon des Sports et la Tour de Lévis;
- les bâtiments de l'Expo 67, dont le pavillon des États-Unis, la Place des Nations, la station de métro de l'île Sainte-Hélène, le pavillon de la République de Corée ainsi que celui du Service bancaire d'Expo 67;
- les ouvrages de génie, dont l'île Sainte-Hélène elle-même, le pont de la Concorde, la passerelle du Cosmos et le pont des Îles;
- les ressources archéologiques permettant de documenter les occupations successives, dont les vestiges de la fréquentation autochtone, ceux de la présence française, ceux de l'occupation britannique ainsi que les artefacts de l'époque moderne;
- la forme actuelle de l'île Sainte-Hélène et les digues;
- la topographie naturelle de l'île (la plaine, les monticules et les vallées) ainsi que les éléments d'une topographie humanisée;
- la carrière de brèche;
- le caractère pittoresque et indigène de la partie ancienne de l'île;
- les arbres remarquables comportant, notamment, le peuplement de micocouliers;
- le paysage historique du site militaire avec ses sentiers, ses chemins et ses ouvrages défensifs;
- le cimetière militaire, comprenant le monument commémoratif, les pierres tombales, la clôture et les essences végétales;
- le plan Todd et les aménagements subséquents de l'ancien parc municipal comprenant notamment des secteurs boisés, des secteurs gazonnés, les sentiers et les chemins piétonniers, le chemin de ceinture, la plaine des jeux, les étangs, le pont et les murets de pierre;
- les oeuvres d'art public dispersées sur le site, dont L'Homme, le Phare du Cosmos, Migration, Signe solaire, Girafes, Oh Homme!, La Puerta de la Amistad et La Ville imaginaire;
- la localisation du site sur une île du fleuve Saint-Laurent, face au centre-ville.

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Informations historiques

Le site patrimonial de l'Île-Sainte-Hélène est localisé sur une île du fleuve Saint-Laurent fréquentée par les Autochtones dès la préhistoire. Nommée par Samuel de Champlain (vers 1570-1635) en l'honneur de son épouse, l'île Sainte-Hélène fait partie de la baronnie de Longueuil à la fin du XVIIe siècle.

En 1760, les troupes françaises se replient sur cette île et c'est de là qu'est donné l'ordre de brûler les drapeaux, le dernier geste français au Canada. Au siècle suivant, l'armée britannique fait de l'île un important poste d'approvisionnement des points de défense du Haut et du Bas-Canada. Un complexe militaire est érigé principalement de 1820 à 1824 d'après les plans de l'ingénieur militaire Elias Walker Durnford (1774-1850).

En 1874, l'île Sainte-Hélène devient le premier parc municipal. Accessible par bateau à vapeur, elle constitue un lieu de verdure et de tranquillité apprécié des Montréalais. En 1908, la Ville de Montréal acquiert l'île du gouvernement canadien qui conserve toutefois l'usufruit des installations militaires. Celles-ci servent de lieu d'entreposage et de prison au cours des deux guerres mondiales.

L'inauguration du pont du Havre (Jacques-Cartier) en 1930 permet l'accès véhiculaire à l'île. La construction d'équipements récréatifs spécialisés devient une nécessité. À la demande de la Ville, l'urbaniste et architecte paysagiste Frederick Gage Todd (1876-1946) conçoit un plan d'aménagement de l'île. Une version plus modeste est réalisée sous sa direction à partir de 1936. Elle prévoit la construction d'infrastructures et de bâtiments municipaux, la restauration des bâtiments militaires et divers aménagements. Les opérations s'inscrivent dans le cadre des chantiers d'améliorations civiques entrepris dans les années 1930 pour contrer le chômage lié à la crise économique. Les travaux sont interrompus durant la Deuxième Guerre mondiale et sont achevés dans les années 1950. Un musée est ouvert en 1960 dans le complexe militaire.

En 1962, Montréal est choisie pour être l'hôte de l'Exposition universelle et internationale de 1967 (Expo 67). L'événement coïncide avec le centenaire de la Confédération canadienne. Pour l'accueillir, un site est créé au coeur du fleuve Saint-Laurent. La nouvelle île Sainte-Hélène est née de la fusion de l'ancienne avec deux petites îles situées de part et d'autre. L'île Notre-Dame est aussi formée à ce moment. Ayant pour thème « Terre des Hommes », l'Exposition regroupe plus d'une centaine d'installations. Des infrastructures de transport sont réalisées pour cette occasion, dont une ligne de métro et des ponts. Un parc d'attraction est construit sur la portion de l'île Sainte-Hélène située au nord du pont Jacques-Cartier tandis que la pointe sud est vouée à des fins culturelles. Cette dernière constitue le coeur du site de l'Expo avec notamment la Place des Nations où s'effectuent les cérémonies officielles.

De 1968 à 1981, la portion de l'île Sainte-Hélène située au sud du pont Jacques-Cartier accueille l'exposition estivale Terre des Hommes. Après cette exposition, plusieurs pavillons sont démantelés. Dans les décennies suivantes, deux plans directeurs sont élaborés pour guider les interventions sur les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame. Diverses opérations sont réalisées pour améliorer la cohérence des lieux et renforcer la vocation de parc public. Le parc des Îles est inauguré en 1992 dans le contexte du 350e anniversaire de Montréal. Il prend le nom de Jean-Drapeau en 1999 afin de commémorer ce maire marquant dans l'histoire de Montréal qui fut l'un des protagonistes d'Expo 67. La vocation culturelle du site est accentuée par la création d'un musée de l'environnement, la Biosphère, qui loge dans le pavillon des États-Unis d'Expo 67.

Le site du patrimoine de l'Île-Sainte-Hélène est constitué en 2007. Il est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ville-Marie

Lieux-dits :

  • Île Sainte-Hélène

Latitude :

  • 45° 30' 54.0"

Longitude :

  • -73° 32' 1.0"

Désignation cadastrale :

  • Lot 2 395 693
  • Lot 2 395 702
  • Lot 3 741 777

Code Borden

BjFj-128 BjFj-129 BjFj-84  

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Références

Notices bibliographiques :

  • BRUNET, Pierre-Philippe et Jean O'NEIL. L'île Sainte-Hélène. Montréal, Éditions Hurtubise HMH, 2001. 117 p.
  • Communauté urbaine de Montréal. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la communauté urbaine de Montréal : architecture militaire. Montréal, Service de la planification du territoire, 1982. 63 p.
  • Compagnie canadienne de l'Exposition universelle de 1967. Expo 67, guide officiel, suivi d'un chapitre spécial sur les fêtes du centenaire. Toronto, Maclean-Hunter, 1967. 352 p.
  • DOUCET, Danielle, Conrad GALLANT, Sophie MANKOWSKI et France VANLAETHEM. Sur les traces du Montréal moderne et du domaine de l'Estérel. Bruxelles, CIVA en collaboration avec Docomomo-Québec, 2007. 217 p.
  • Laboratoire de recherche sur le patrimoine moderne et le design. Étude patrimoniale sur les témoins matériels de l'Exposition universelle et internationale de Montréal de 1967 sur l'île Sainte-Hélène. Montréal, Université du Québec à Montréal, 2005. 164 p.
  • MARINEAU, Kim. Synthèse des connaissances sur les ressources naturelles et critères d'évaluation de l'intégrité écologique du site du parc Jean-Drapeau (secteur île Sainte-Hélène ouest). Montréal, 2005. 25 p.
  • MARSAN, Jean-Claude. Montréal en évolution : historique du développement de l'architecture et de l'environnement urbain montréalais. Montréal, Fides, 1974. 423 p.
  • PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 3. Montréal, Les Éditions La Presse, 1989. 560 p.
  • Ville de Montréal. Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine. Bureau du patrimoine et toponymie. Le site du patrimoine de l'île Sainte-Hélène: Analyse des valeurs patrimoniales. Montréal, 2007. 73 p.

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