Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Église de Saint-Étienne

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Église de Beaumont

Région administrative :

  • Chaudière-Appalaches

Municipalité :

  • Beaumont

Date :

  • après 1726 – avant 1739 (Construction)
  • 1778 (Agrandissement)
  • 1809 – vers 1825 (Décoration intérieure)
  • 1870 (Reconstruction)
  • 1886 (Agrandissement)
  • 1894 (Reconstruction)
  • vers 1922 (Reconstruction)

Période :

  • Le Régime français (1534 à 1760)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (9)

Plaques commémoratives associées (2)

Événements associés (2)

Personnes associées (8)

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Inventaires associés (2)

Carte

Description

L'église de Saint-Étienne est un lieu de culte de tradition catholique construit entre 1726 et 1739 et modifié à plusieurs reprises par la suite. Le bâtiment en pierre présente un plan constitué d'une nef rectangulaire à un vaisseau, d'une chapelle latérale en saillie et d'une abside en hémicycle. Il est coiffé d'un toit à deux versants aux larmiers légèrement cintrés. La façade non crépie est dotée d'un portail central et de chaînes d'angle en pierre de taille lisse. Elle est aussi percée de deux fenêtres cintrées, d'un oculus et de deux petites ouvertures carrées. Elle est couronnée d'un clocher composé d'une base carrée, de deux chambres des cloches superposées et d'une flèche surmontée d'une croix et d'un coq. Une chapelle-sacristie est adossée à l'abside dans le prolongement du choeur, et un chemin couvert relie la sacristie et la chapelle latérale. L'église de Saint-Étienne est située à proximité du fleuve Saint-Laurent, dans le noyau villageois de la municipalité de Beaumont.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, ainsi qu'au terrain. Plusieurs objets patrimoniaux conservés dans le lieu de culte sont aussi classés.

L'église de Saint-Étienne est située dans un site patrimonial cité.

Nombre d'étages :

1 ½

Groupement :

Détaché

Structure :

  • Maçonnerie en pierre

Annexes :

  • Sacristie

Saillies :

  • Clocher

Fondations :

  • Pierre

Toit :

  • Forme : À deux versants droits
    Matériau : Tôle à la canadienne

Porte principale :

  • bois, à panneaux, à battants

Fenêtre(s) :

  • circulaire, Fixe
  • palladienne, Fixe

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2017-05-11

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
  • 9 - Terrain notable
  • 12 - Potentiel archéologique significatif

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2016-06-19
  • Proposition de statut national, 2011-03-30
 
Citation Situé dans un site patrimonial Municipalité (Beaumont)
 

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Valeur patrimoniale

L'église de Saint-Étienne présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. La paroisse de Saint-Étienne est créée en 1692 et érigée canoniquement en 1714. La localisation du premier lieu de culte, construit en bois en 1694, dictera l'emplacement du noyau villageois de la municipalité de Beaumont. Cette première église se détériore rapidement; le lieu de culte actuel est édifié à partir de 1726 sur le même terrain pour la remplacer. Ouverte au culte en 1733 et terminée en 1739, l'église de Saint-Étienne constitue le plus ancien lieu de culte subsistant dans la région de la Chaudière-Appalaches. Par ailleurs, le 29 juin 1759, l'église est brièvement occupée par les troupes britanniques dirigées par Robert Monckton (1726-1782). Comme dans plusieurs autres villages de la Côte-du-Sud, Monckton affiche sur la porte de l'église un manifeste du général James Wolfe (1727-1759) invitant les Canadiens à ne pas prendre part au conflit. Le bâtiment est cependant préservé des actes de destruction perpétrés par les soldats britanniques ailleurs dans la région.

L'église de Saint-Étienne présente également un intérêt pour sa valeur architecturale. La conception du lieu de culte est attribuée à Jean-Baptiste Maillou dit Desmoulins (1668-1753). Maçon et entrepreneur, Maillou reçoit le titre honorifique d'architecte du roi en 1719. Il connaît une carrière prolifique et participe à la construction de résidences, d'édifices religieux et publics et même d'ouvrages de fortification, principalement à Québec et dans les environs. Il est surtout connu pour la création d'un plan d'église, qui sera nommé ultérieurement « plan Maillou ». Ce plan simple, composé d'une nef sans transept terminée par un choeur en hémicycle de même largeur, était très employé aux XVIIe et XVIIIe siècles, surtout pour les petites églises paroissiales rurales. Peu d'exemples de ce type de bâtiments ont été conservés. L'église de Saint-Étienne est souvent citée comme l'un des rares exemples subsistants, et ce, malgré l'ajout ultérieur d'une chapelle sur le mur nord. Le lieu de culte de Beaumont constitue un témoin privilégié de l'oeuvre d'un des premiers architectes nés en Nouvelle-France. Par ailleurs, d'autres architectes connus participent à des travaux sur l'église de Saint-Étienne au cours des XIXe et XXe siècles. Par exemple, David Ouellet (1844-1915) supervise les travaux de 1894, alors que la chapelle latérale est ajoutée. En 1925 et 1926, le lieu de culte est agrandi par la façade selon les plans de l'architecte Lorenzo Auger (1879-1942). Le bâtiment rappelle ainsi le travail de plusieurs architectes oeuvrant dans la région de Québec à différentes époques.

L'église de Saint-Étienne présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique liée à son décor intérieur, créé en différentes étapes, entre 1811 et 1826, par le sculpteur Étienne Bercier (1788- après 1861). Les travaux de Bercier s'inscrivent dans l'esthétique de l'atelier des Écores. Ce groupe établi à Saint-Vincent-de-Paul (Laval) a réalisé presque la totalité des décors des églises de la région montréalaise dans le premier tiers du XIXe siècle. L'influence de l'atelier des Écores se fait sentir jusque dans la région de Québec, grâce à des sculpteurs y ayant fait leur apprentissage, comme Bercier, et qui s'établissent ensuite dans la capitale. Plusieurs éléments subsistent du décor créé à Beaumont par ce dernier. C'est le cas, notamment, de la voûte à motifs de caissons au-dessus du choeur et du retable présentant une abondante ornementation de style Louis XV, qui sont caractéristiques des réalisations des sculpteurs issus de cet atelier. Le décor intérieur de l'église de Saint-Étienne est modifié en 1894, puis restauré de 1925 à 1932 selon les plans de Lorenzo Auger. Il est l'un des seuls exemples de l'influence de l'atelier des Écores à subsister à l'est de la ville de Québec.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2017.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l'église de Saint-Étienne liés à ses valeurs historique, architecturale et artistique comprennent, notamment :
- son emplacement à proximité du fleuve Saint-Laurent, dans le noyau villageois de Beaumont;
- son volume, dont le plan composé d'une nef rectangulaire à un vaisseau, d'une abside en hémicycle et d'une chapelle latérale rectangulaire, le toit à deux versants aux larmiers légèrement cintrés couvrant la nef, la toiture à croupe de la chapelle, et le clocher (composé d'une base carrée, de deux chambres des cloches à colonnettes et d'une flèche surmontée d'une croix et d'un coq);
- les matériaux, dont la maçonnerie de moellons équarris (couverte d'un badigeon sauf en façade), la couverture en tôle à la canadienne, les éléments ornementaux en pierre de taille ainsi que les éléments architecturaux et ornementaux en bois;
- les ouvertures, dont le portail central (composé d'une porte à double vantail surmontée d'un tympan cintré et vitré et d'un entablement en pierre de taille), les portails des murs latéraux (composés d'une porte pleine à simple vantail surmontée d'une imposte rectangulaire vitrée et d'un entablement reposant sur des corbeaux), les fenêtres cintrées à grands carreaux (certains ornés de motifs de fleur de lys), l'oculus, les fenêtres rectangulaires et les petites ouvertures carrées;
- les éléments ornementaux extérieurs, dont la corniche moulurée, les chaînes d'angle, les clés décoratives et la pierre portant l'inscription « 1739 »;
- les éléments fixes intégrés au décor intérieur, dont la chaire (composée d'une cuve à profil convexe, d'un dorsal orné du monogramme « IHS », d'un abat-voix couronné d'un globe et d'une croix, ainsi que d'un escalier courbe à garde-corps à panneaux sculptés), le banc d'oeuvre doté d'une riche ornementation sculptée, le maître-autel (composé d'un tombeau à la romaine à motifs végétaux et d'un tabernacle orné, entre autres, de colonnettes et de pots à feu), l'autel de la chapelle (composé d'un tombeau rectangulaire et d'un tabernacle ornés notamment de motifs végétaux sculptés), les confessionnaux à deux portes cintrées et à vitrage, les bancs de la nef;
- le décor architectural, dont ses éléments sculptés peints en blanc ou dorés, la fausse voûte en anse de panier de la nef (ornée d'arcs doubleaux, de gloires et de monogrammes mariaux et christiques entourés de laurier), la fausse voûte en cul-de-four du ch¿ur (ornée de caissons décorés d'une fleur à huit pétales en relief), l'ornementation du ch¿ur (dont les pilastres cannelés à chapiteaux corinthiens, l'entablement à modillons et à consoles formant un arc en plein cintre derrière le maître-autel, les portes cintrées en bois, les motifs en applique et autres éléments sculptés représentant des vignes et d'autres motifs végétaux ainsi que divers objets liés à la célébration eucharistique), l'ornementation des murs de la nef (dont l'entablement à consoles et à modillons, la frise ornée de guirlandes et d'urnes, les arcs cintrés et les bandeaux décoratifs ainsi que les boiseries de la partie basse des murs) et l'ornementation de la chapelle latérale (notamment sa fausse voûte en arc-de-cloître déprimée ornée d'une gloire, la corniche moulurée et les panneaux décoratifs);
- la tribune arrière et son garde-corps plein orné de colonnettes engagées;
- le plancher en bois;
- la chapelle-sacristie implantée à l'arrière de l'église dans le prolongement du ch¿ur, dont son plan rectangulaire, le toit à deux versants droits, la maçonnerie en pierre à bossage, la couverture en tôle à la canadienne, la porte à panneaux en bois surmontée d'une imposte vitrée et protégée par un petit toit à deux versants, les fenêtres rectangulaires à grands carreaux, les soupiraux, l'oculus, la souche de cheminée, l'ornementation extérieure sobre (constituée principalement de la corniche moulurée, des retours de corniche et de l'encadrement en pierre de taille des fenêtres) et le décor intérieur (constitué notamment de la fausse voûte en berceau à retombées pendantes, d'armoires intégrées, de l'autel à arcature cintrée, des boiseries, des gloires et autres ornements en applique);
- le chemin couvert reliant la sacristie et la chapelle latérale, dont son plan rectangulaire, le toit en appentis couvert de tôle à baguette, la porte à panneaux protégée par un fronton-pignon et les fenêtres rectangulaires à grands carreaux.

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Informations historiques

L'église de Saint-Étienne est située dans l'actuelle municipalité de Beaumont, issue des anciennes seigneuries de Beaumont et de Vincennes concédées en 1672. Une mission desservant ce territoire est créée dès 1692, et la paroisse est érigée canoniquement 22 ans plus tard. Un premier lieu de culte en bois est construit en 1694, mais il se détériore rapidement.

En 1721, l'intendant Michel Bégon de La Picardière (1667-1747) ordonne aux habitants de l'endroit de construire une nouvelle église. L'assemblée des paroissiens décide d'ériger un nouveau lieu de culte en pierre sur le même terrain. Les travaux débutent seulement en 1726. Les maçons Jean-Baptiste Maillou dit Desmoulins (1668-1753) et Jean-Baptiste Nado ainsi que les charpentiers Auguste et Joseph Couture participent aux travaux. Maillou, qui possède le titre honorifique d'architecte du roi depuis 1719, a vraisemblablement conçu l'église de Saint-Étienne.

La construction de l'église de Saint-Étienne avance lentement. L'archidiacre et vicaire général, Eustache Chartier de Lotbinière (1688-1749), doit même publier des ordonnances pour forcer l'avancement des travaux. Le bâtiment est finalement ouvert au culte en 1733, même si plusieurs éléments ne sont pas encore terminés. Ce n'est qu'en 1739 que la voûte est finalement achevée.

Le 29 juin 1759, l'église est brièvement occupée par les troupes britanniques dirigées par Robert Monckton (1726-1782). Ce dernier affiche sur la porte du lieu de culte un manifeste du général James Wolfe (1727-1759) invitant les Canadiens à ne pas prendre part au conflit. Le bâtiment est cependant préservé des actes de destruction perpétrés par les soldats britanniques ailleurs dans la région.

Vers 1773, l'évêque de Québec, Mgr Jean-Olivier Briand (1715-1794), recommande diverses modifications à l'aménagement du lieu de culte. Une sacristie est érigée dans le prolongement du choeur en 1778. La cloison qui formait la sacristie dans le choeur est alors supprimée et le maître-autel est adossé au fond du sanctuaire en 1780.

En 1809, les autorités de la paroisse décident d'entreprendre la décoration intérieure de l'église. Le sculpteur Étienne Bercier (1788-après 1861) décore la voûte en 1810. Il est engagé de nouveau l'année suivante pour faire un retable et un banc d'oeuvre. Il termine le travail en 1816 et, l'année suivante, il entreprend la réalisation de la chaire et de la corniche de la nef. Le décor intérieur, qui reprend l'esthétique de l'atelier des Écores dirigé par Louis Quévillon (1749-1823), est terminé au cours des années 1820.

En 1870, l'architecte Joseph-Ferdinand Peachy (1830-1903) est engagé pour dresser les plans d'un nouveau clocher, qui sera érigé par les entrepreneurs et menuisiers François Godin et Ferdinand de Varennes. La sacristie actuelle est construite en 1886. En 1894, une chapelle latérale est aménagée en perçant le mur nord, selon les plans de David Ouellet (1844-1915). La chaire et le banc d'oeuvre sont alors supprimés. Le décor intérieur est aussi mis au goût du jour par l'ajout d'un lambris sur la voûte et sur les murs de la nef, ce qui entraîne la disparition des pilastres flanquant les fenêtres de la nef.

En 1922, le clocher de l'église est arraché par le vent. Les autorités de la paroisse décident alors d'agrandir le bâtiment. L'architecte Lorenzo Auger (1879-1942) dresse les plans nécessaires pour allonger la nef de 15 pieds et reconstruire la façade et le clocher selon les connaissances de l'époque en matière d'architecture ancienne du Québec. La restauration du décor intérieur semble avoir été entreprise au même moment. En 1932, une nouvelle chaire et un nouveau banc d'oeuvre sculptés par Albert Mercier, toujours selon les plans d'Auger, sont ajoutés au décor intérieur.

L'église de Saint-Étienne, incluse depuis 1997 dans le site patrimonial cité par la municipalité, est classée en 2017. Au même moment, plusieurs objets patrimoniaux conservés dans le lieu de culte sont aussi classés.

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Emplacement

Region administrative :

  • Chaudière-Appalaches

MRC :

  • Bellechasse

Municipalité :

  • Beaumont

Adresse :

  • 60, chemin du Domaine

Latitude :

  • 46° 49' 49.393"

Longitude :

  • -71° 0' 39.592"

Désignation cadastrale :

  • Lot 3 042 353 Ptie

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Références

Notices bibliographiques :

  • ASSELIN, Gisèle, Yvan GRAVEL, Jean-Pierre LAMONDE et Paul ST-ARNAUD. Patrimoine religieux de Bellechasse. Québec, Les Éditions GID, 2009. 324 p.
  • BEAUDET, Pierre. Robert Lamontagne, artisan de Beaumont. Québec, Les Éditions GID, 2010. 144 p.
  • BOURGET, Clermont. En passant par la Côte de Bellechasse jai rencontré trois beaux villages!. Bellechasse, Municipalité régionale de comté de Bellechasse, 1993. 56 p.
  • Comité des fêtes du tricentenaire de Beaumont. Beaumont 1672-1972. Saint-Romuald, Les Éditions Etchemin, 1972. s.p.
  • HÉBERT, Yves, Jean-Pierre LAMONDE et Paul ST-ARNAUD. Bellechasse. Québec, Les Éditions GID, 2007. 191 p.
  • NOPPEN, Luc. Les églises du Québec, 1600-1850. Montréal, Fides, 1977. 298 p.
  • ROY, Pierre-Georges. À travers l'histoire de Beaumont. Lévis, 1943. s.p.

Multimédias disponibles en ligne :

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