Studio Ernest-Cormier
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- Atelier Ernest-Cormier
Région administrative :
- Montréal
Municipalité :
- Montréal
Date :
- 1921 – 1922 (Construction)
- 1922 – 1923 (Agrandissement)
- 1928 (Agrandissement)
- 1985 (Restauration)
- après 1990 – 2011 (Restauration)
Période :
- Le Québec moderne (1867 à 1960)
Thématique :
- Patrimoine de la modernité
Usage :
- Services et institutions (Ateliers d'artisans et d'artistes)
Patrimoine immobilier associé (1)
Groupes associés (2)
- Hyde and Sons - Constructeur(-trice)
- Phoenix Bridge Company - Constructeur(-trice)
Personnes associées (2)
- Cormier, Ernest (1885 – 1980) - Architecte / concepteur(-trice)
- Daudelin, Charles (1920 – 2001) - Occupant(e)
Inventaires associés (1)
Carte
Description
Le studio Ernest-Cormier est un atelier d'artiste construit en 1921 et 1922. Le bâtiment en brique rouge présente un plan carré et une élévation de trois étages terminée par un toit plat. Le volume est caractérisé par plusieurs retraits et saillies, notamment autour de la grande verrière en façade. En plus de cette verrière, l'immeuble est doté d'ouvertures de formes et de dimensions variées, notamment des fenêtres en hémicycle et d'autres de forme rectangulaire à carreaux. Un escalier fermé en bois est placé en porte-à-faux sur le mur arrière. Le studio Ernest-Cormier est implanté en retrait de la voie publique, sur un terrain gazonné bordé d'arbres et d'arbustes, dans l'arrondissement Le Plateau-Mont-Royal de la ville de Montréal.
Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, ainsi qu'au terrain.
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
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Classement | Immeuble patrimonial | Ministre de la Culture et des Communications |
2016-09-22
Prise d'effet : 2015-11-09 |
Catégories de conservation
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Statuts antérieurs
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Délimitation | Situé dans une aire de protection | Ministre de la Culture et des Communications | |
Transfert de responsabilité
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Valeur patrimoniale
Le studio Ernest-Cormier présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Il est construit en 1921 et 1922 selon les plans d'Ernest Cormier (1885-1980), l'un des architectes québécois les plus importants de la première moitié du XXe siècle. Formé d'abord en génie civil à l'École polytechnique de Montréal, puis en architecture à l'École des beaux-arts de Paris, Cormier contribue fortement au renouvellement du vocabulaire formel de l'architecture québécoise et canadienne au cours des années 1920 et 1930. L'ingénieur-architecte est surtout connu pour les grandes commandes publiques qu'il réalise, dont l'annexe du palais de justice de Montréal (l'actuel édifice Ernest-Cormier), le pavillon principal de l'Université de Montréal (pavillon Roger-Gaudry), l'édifice de la Cour Suprême du Canada à Ottawa et le Grand Séminaire de Québec (aujourd'hui le pavillon Louis-Jacques-Casault de l'Université Laval). Avec sa résidence montréalaise, construite en 1930 et 1931, l'atelier est l'une des oeuvres les plus personnelles de Cormier. Par ailleurs, la valeur historique du bâtiment repose aussi sur ses fonctions. Il s'agit vraisemblablement du premier bâtiment érigé au Québec qui a été conçu pour servir d'atelier indépendant à un architecte et artiste. Jusque-là, les ateliers d'artistes étaient plutôt intégrés ou annexés à une résidence. Les studios parisiens qu'a vraisemblablement vus Cormier lors de ses études en France lui ont probablement inspiré ce projet. En plus de l'atelier proprement dit, diverses commodités permettent d'utiliser le studio comme logement temporaire, et des équipements, tels qu'une chambre noire, répondent à d'autres intérêts de Cormier, notamment pour la photographie. La propriété sert également de lieu de rencontre entre Cormier et ses amis de la communauté artistique de Montréal. Bien que Cormier cesse d'occuper le bâtiment dès les années 1930, ce dernier reste lié à la création artistique en servant notamment d'atelier de céramique puis de sculpture pour l'École des beaux-arts de Montréal. Charles Daudelin (1920-2001), entre autres, y aurait réalisé plusieurs oeuvres. À compter de 1986, le studio accueille des artistes en résidence. Témoin privilégié des champs d'intérêt de Cormier et de l'influence qu'a eue sur lui son séjour parisien, le studio a donc continué à être utilisé à des fins culturelles malgré les changements d'occupants.
Le studio Ernest-Cormier présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Projet personnel ne répondant à aucune commande, le bâtiment devient un lieu d'expérimentation pour Cormier, qui, en moins d'une dizaine d'années, conçoit le studio et le modifie à deux reprises, en 1922 et 1923, puis en 1928. Le studio présente un caractère industriel et un vocabulaire résolument moderne. Le bâtiment se démarque notamment par des jeux de volumes exprimant ses différentes fonctions, par son parement en brique rouge ainsi que par une grande verrière sur deux niveaux dont la partie supérieure est en appentis. L'ornementation sobre réside essentiellement dans l'utilisation de divers matériaux (brique, bois, verre, béton, métal), la variation de la forme des ouvertures, ainsi que de quelques éléments décoratifs tels que le bas-relief en béton représentant une tête de satyre et l'ouvrage de menuiserie évoquant une pergola. Les espaces intérieurs présentent tous un caractère propre. Par exemple, l'atelier bénéficie d'un bon éclairage naturel grâce à la grande verrière qui crée aussi un lien avec l'environnement immédiat; la bibliothèque se distingue par ses fenêtres en hémicycle et ses arcs aveugles; la cuisine est surmontée d'un arc doubleau; la salle de séjour est éclairée par un vaste puits de lumière. Du mobilier intégré et divers éléments du décor architectural contribuent aussi à l'intérêt du lieu, dont le foyer en brique et les armoires adossées à l'escalier étroit menant à la mezzanine.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2016.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du studio Ernest-Cormier liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- son implantation en retrait de la voie publique, sur un terrain plat végétalisé;
- son volume, dont le plan carré, l'élévation de trois étages, le toit plat et la section à versants droits à faible pente, l'escalier fermé en porte-à-faux saillant sur le mur arrière, les saillies en brique encadrant la verrière et les retraits de l'étage supérieur;
- les matériaux, dont la brique rouge du parement, le bois de certaines sections du parement (notamment en planches verticales sur l'escalier en porte-à-faux), des portes et de l'encadrement des fenêtres, l'acier galvanisé à joints pincés de la toiture à versants et l'aluminium de certains éléments des fenêtres et de la verrière;
- les ouvertures, dont la large verrière de type industriel s'étirant sur deux niveaux (la partie supérieure en appentis), la porte principale à caissons reprenant le modèle d'origine (imbriquée dans le bas de la grande verrière), la porte de garage constituée de trois panneaux verticaux à caissons reprenant elle aussi le modèle d'origine, la porte de grandes dimensions en planches verticales, les fenêtres rectangulaires à grands carreaux, les petites fenêtres rectangulaires et étroites au-dessus de la verrière, les ouvertures en hémicycle, la fenêtre en bandeau et les puits de lumière;
- l'ornementation sobre, dont l'ouvrage de menuiserie évoquant une pergola au-dessus de la porte de garage en façade, le bas-relief en béton représentant une tête de satyre et les bandeaux soulignant les fenêtres en hémicycle;
- la potence en acier à l'étage supérieur du mur arrière;
- l'aménagement intérieur, dont l'atelier occupant la pleine hauteur du bâtiment, l'escalier étroit donnant accès à la mezzanine (comprenant une dînette, une cuisine et une salle de toilette), l'escalier menant à l'étage supérieur, la pièce servant de séjour et de chambre et la chambre noire;
- le mobilier intégré et le décor architectural, dont le foyer en brique placé en angle dans le coin sud-ouest du rez-de-chaussée, les armoires adossées à l'escalier, les plafonds voûtés et le revêtement des murs de la chambre noire en planches de pin peintes en noir.
Informations historiques
Le studio Ernest-Cormier porte le nom de l'ingénieur-architecte qui l'a conçu et l'a utilisé comme atelier durant une dizaine d'années. Ernest Cormier (1885-1980) étudie d'abord en génie civil à l'École polytechnique de Montréal. Il travaille ensuite pour la compagnie Dominion Bridge avant d'aller parfaire ses études à Paris et à Rome. Diplômé en 1917 de l'École des beaux-arts de Paris, il rentre à Montréal l'année suivante et travaille comme architecte et comme ingénieur.
Cormier est connu surtout pour les édifices publics qu'il conçoit au cours de sa longue carrière, dont l'annexe de l'ancien palais de justice de Montréal, le pavillon principal de l'Université de Montréal, le bâtiment de la Cour suprême du Canada à Ottawa et le Grand Séminaire de Québec. Le studio érigé à l'angle des rues Milton et Saint-Urbain est un projet personnel réalisé en début de carrière et un lieu d'expérimentation pour lequel Cormier a recours à différentes techniques de construction.
C'est en 1921 que Cormier acquiert le terrain où il construit son studio. Ce terrain est adjacent à celui où sera construite l'École des beaux-arts de Montréal en 1922 et 1923, un bâtiment conçu par Cormier et Jean-Omer Marchand (1873-1936), associés de 1919 à 1923. L'atelier est pour sa part érigé en 1921 et 1922; Cormier agit aussi à titre d'entrepreneur général pour le projet. Plusieurs sous-traitants y travaillent, dont Phoenix Bridge, pour la charpente en acier, et Hyde and Sons, pour la maçonnerie de briques. Cormier modifie le bâtiment dès 1922 et 1923, puis à nouveau en 1928 pour un dernier agrandissement.
Le bâtiment est conçu à la manière des studios parisiens, c'est-à-dire comme atelier indépendant de la résidence du créateur, bien qu'il puisse servir aussi de logement temporaire grâce aux commodités qui y sont aménagées, comme la cuisine et la salle de bain. Photographe amateur, Cormier ajoute une chambre noire aux installations. La propriété sert également de lieu de rencontre entre Cormier et ses amis appartenant à la communauté artistique de Montréal. Probablement en 1924 et en 1925, un jardin comprenant un plan d'eau, diverses plantations et des sculptures est aménagé en façade. Une haute palissade préserve l'intimité du lieu où se tiennent diverses réceptions.
À partir de 1935, Cormier n'utilise plus le bâtiment et le loue à l'École des beaux-arts, qui en fait un atelier de céramique. Le studio est finalement acquis en 1944 par le gouvernement du Québec. L'École des beaux-arts en fait alors un atelier de sculpture, où travailleront plusieurs artistes. Charles Daudelin (1920-2001) y aurait notamment réalisé plusieurs oeuvres. Divers occupants se succèdent dans le bâtiment, qui est quelque peu négligé et même menacé de démolition au début des années 1980.
Le studio Ernest-Cormier est restauré en 1985 d'après les plans de l'architecte Jean Florès. À compter de l'année suivante, il redevient un lieu de travail et de création pour les artistes, dans le cadre d'un programme géré par le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ). À partir de 1998, l'endroit sert plus spécifiquement dans le contexte d'un programme de résidence de jeunes artistes et écrivains français. Le bâtiment fait l'objet de divers travaux au cours des années 1990 et 2000, puis en 2011, alors que les portes et les fenêtres sont restaurées.
Le studio Ernest-Cormier est classé immeuble patrimonial en 2016. La protection s'applique également au terrain sur lequel s'élève le bâtiment.
Emplacement
Region administrative :
- Montréal
MRC :
- Montréal
Municipalité :
- Montréal
Arrondissement municipal :
- Le Plateau-Mont-Royal
Adresse :
- 3460, rue Saint-Urbain
Localisation informelle :
Le studio est situé dans le quadrilatère formé par les rues Saint-Urbain, Sherbrooke, Place Sainte-Famille et Milton. Il est au nord-ouest de l'ancienne École des beaux-arts de Montréal, au coin des rues Saint-Urbain et Milton.
Latitude :
- 45° 30' 40.856"
Longitude :
- -73° 34' 16.674"
Désignation cadastrale :
- Lot 2 340 042
Code Borden
BjFj-155 |
Références
Notices bibliographiques :
- Communauté urbaine de Montréal. Service de la planification du territoire. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la communauté urbaine de Montréal : les édifices scolaires: architecture civile 2. Montréal, CUM, Service de la planification du territoire, 1980. xiv, 319 p.
- VAILLANCOURT, Maryse. « En bref - le studio Cormier. Architecture Beaux-arts ». Continuité. No 31 (1986), p. 47-49.