Parc de Carillon
Type :
Patrimoine immobilier
Autre(s) nom(s) :
- Camping municipal du parc de Carillon
- Monument aux compagnons de Dollard des Ormeaux du parc de Carillon
- Monument aux héros du Long-Sault du parc de Carillon
- Section Carillon du parc de Dollard-des-Ormeaux
Région administrative :
- Laurentides
Municipalité :
- Saint-André-d'Argenteuil
Date :
- 1964 (Commande)
- 1965 – 1967 (Aménagement)
- 1969 (Inauguration)
Thématique :
- Patrimoine commémoratif
- Patrimoine de la modernité
Usage :
- Fonction culturelle et récréative, loisir (Monuments et lieux commémoratifs)
- Fonction culturelle et récréative, loisir (Squares, parcs urbains et grands jardins)
Groupes associés (3)
- Hydro-Québec (1944 – ) - Promoteur(-trice) / instigateur(-trice)
- Paysagistes Laval inc. (1957 – avant 1974) - Constructeur(-trice)
- Lachute Lumber Limitée (1937 – vers 1978) - Constructeur(-trice)
Personnes associées (3)
- Bonet, Jordi (1932 – 1979) - Artiste / artisan(e)
- Folch Ribas, Jacques (1928 – ) - Architecte / concepteur(-trice)
- Borduas, Paul (1940 – 1997) - Artiste / artisan(e)
Inventaires associés (1)
Carte
Description
Le parc de Carillon est situé à la limite ouest du territoire de la municipalité rurale de Saint-André-d'Argenteuil, en bordure de la rivière des Outaouais et à proximité des installations du barrage hydroélectrique et de l'écluse de Carillon, la route du Long-Sault (no 344) qui, s'éloignant de la rive à cet endroit, le délimitant au nord. La rue du Plein-Air qui y donne accès à partir du village de Carillon, traverse son territoire de près de 100 hectares, largement boisé, si ce n'est du côté de l'eau. Au cœur du parc, non loin de la rue du Barrage, s'élève le monument québécois à la mémoire des héros du Long-Sault et à son extrémité ouest est implanté le camping municipal. Celui-ci offre en location des emplacements rustiques et d'autres avec services, de même que quelques chalets, que complètent une aire à pique-nique et des terrains de jeux et de sports.
Dans le paysage dénudé de la rive, sur fond de l'alignement d'arbres qui souligne la voie carrossable, le monument se dresse en lien visuel avec le canal et le barrage. Il se compose de 18 monolithes géants élevés aux morts de la bataille du Long-Sault livrée par Adam Dollard des Ormeaux, ses 16 compagnons et une petite cinquantaine d'alliés des Premières Nations contre 600 à 800 guerriers iroquois, en mai 1660. Les volumes en béton brut de décoffrage, de formes géométriques et de tailles variées, représentent ceux qui ont sacrifié leur vie pour la défense de la Nouvelle France. Ils sont groupés face à celui qui figurant le chef émerge du bassin, remblayé (l'un des monolithes abritait le système de filtration de l'eau), situé à la tête de l'ensemble¿; les stèles de grandes dimensions, les plus hautes dépassant les huit mètres, ponctuent un aménagement au sol au tracé rectiligne qui s'étire vers la berge et alterne parterres gazonnés et surfaces dallées en béton. L'accès à la sculpture habitable se fait par deux volées d'escaliers et une rampe à partir du stationnement qui s'étend à l'ouest, invitant les visiteurs à la pénétrer afin d'y déambuler et de s'y reposer. À l'est, elle est circonscrite par un muret, tandis qu'un emmarchement la délimite au sud et des bancs sur les autres côtés. Un morceau de schiste argileux extrait de la rivière en 1959, lors de la construction du barrage, marque l'entrée et 22 anciennes pierres de bornage du canal ouvert en 1834 ponctuent aléatoirement l'oeuvre. De plus, sur chaque monolithe est apposée une plaque de bronze mentionnant le nom d'un des Français et une pour leurs alliés autochtones.
Statuts
Statut | Catégorie | Autorité | Date |
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Inventorié | -- | ||
Informations historiques
Le parc de Carillon est une des composantes de l'ancien parc Dollard-des-Ormeaux, l'un des trois monuments commémoratifs de la région administrative des Laurentides financés dans le cadre du programme de subvention du Centenaire de la Confédération canadienne initié par le gouvernement fédéral en 1961 et auquel s'est associé le Québec en 1963.
À la suite de pourparlers au sein du gouvernement de Jean Lesage, entre René Lévesque, ministre des Richesses naturelles, et Gérard D. Lévesque, ministre des Pêcheries et de la Chasse, en janvier 1962, est formé un comité afin d'envisager l'aménagement en parc public de la centaine de kilomètres de rive expropriée pour la construction du barrage de Carillon au tournant des années 1950. Sur proposition de Lévesque, ce projet compte parmi ceux choisis pour célébrer le Centenaire du Canada.
Le comité commande deux études de faisabilité, l'une économique, l'autre de planification physique. Déposé en juin 1965, le rapport rédigé sous la direction de l'architecte et urbaniste Jacques Folch-Ribas propose dans la région qualifiée des plus sauvages d'aménager à des fins touristiques et sportives 15 secteurs, en en priorisant deux, celui de Carillon et celui de Grandes Baies, plus à l'ouest. Pour le premier est envisagé une voie promenade et des stationnements, des emplacements de pique-nique, un belvédère et un monument à Dollard, de même que la reconstruction de vestiges historiques en lien avec le canal et acquis par la Commission des monuments historiques du Québec.
Le 20 septembre 1965, l'entente visant à la réalisation des projets est signée par Hydro-Québec et les gouvernements fédéral et provincial.
Dans le livre présentant les projets du Centenaire au Québec publié fin 1965, le parc Dollard-des-Ormeaux est décrit conjointement au parc Montmorency localisé près de Québec, les deux étant mis en œuvre par Hydro-Québec et conçus par Folch-Ribas. Le premier comporte trois parties : deux proches du barrage, l'une au sud de la route provinciale no 8 (aujourd'hui, no 344) et le long du lac artificiel et l'autre au nord et au bord de la rivière du Nord (aujourd'hui, boisé Von Allmen), et une troisième plus éloignée et plus sauvage (aujourd'hui, parc national de Plaisance).
Fin 1965, début 1966, deux appels d'offres sont lancés, un premier le 4 octobre emporté par l'entreprise Lachute Lumber, un autre le 4 janvier gagné par Les Paysagistes Laval inc. La première phase des travaux terminée en septembre 1966 correspond au nettoyage et au terrassement du site, à la construction du monument à Dollard-des-Ormeaux et à l'aménagement de ses abords. La seconde concerne sans doute la section plus au nord.
Le parc Dollard-des-Ormeaux est inauguré au printemps 1969, tandis que son ouverture au public date de l'été 1967, du moins pour la section de Carillon. Notons l'un des premiers événements qui s'y déroula : le 2 septembre, parti de l'Alberta pour rejoindre Expo 67, les canotiers du Centenaire y bivouaquent pour la nuit. À l'automne 1969, la gestion et l'entretien du parc passe sous l'autorité du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qui dès lors fait aménager près des berges des emplacements de camping. Sont présents sur le site en 1969 quatre pavillons : de la plage, du restaurant, de l'administration et des toilettes.
En 1990, la section proche de Carillon devient propriété municipale. Afin de satisfaire la population du village, les autorités de Saint-André-d'Argenteuil auquel il a été fusionné en 1999, proposent de la renommer. Selon la Commission de toponymie du Québec, la dénomination renvoie au nom d'un officier du régiment de Carignan, Philippe Carion (Carrion), sieur Dufresnoy. En 2013-2018, le monument à la mémoire des héros du Long-Sault est restauré avec la collaboration du Centre de conservation du Québec.
Évaluation d'inventaire
Inventaire des projets du Centenaire de la Confédération canadienne réalisés au Québec (2014 - 2019) DOCOMOMO Québec
La valeur patrimoniale du parc de Carillon réside dans son intérêt historique lié au développement industriel et culturel du Québec, d'une part, et à la célébration du Centenaire de la Confédération canadienne en 1967, d'autre part. Sa création découle de la construction de la plus puissante centrale installée sur la rivière des Outaouais en 1958-1964, par la société d'État qui, depuis une quinzaine d'années, a pris en charge la production et la distribution de l'électricité dans la province, afin de répondre à la demande croissante d'énergie stimulée par la prospérité d'après-guerre. Avec le parc national de Plaisance et le boisé Von Allmen, il fait partie de la suite de sites aménagés sur les terrains expropriés par Hydro-Québec et qu'exploite le nouveau ministère chargé du tourisme, en plus de la chasse et de la pêche à partir de 1969 et jusqu'à leur municipalisation en 1990, du moins pour ceux localisés sur le territoire de Saint-André-d'Argenteuil. La proximité du parc de Carillon de Montréal en fait une destination privilégiée pour les amateurs de nature et d'histoire, alors la population est devenue plus mobile avec la démocratisation de l'automobile et qu'elle voit son temps libre augmenter grâce à l'amélioration des conditions de travail. Sa portée commémorative est multiple : aménagé grâce au programme de subvention financé conjointement par les gouvernements fédéral et provincial afin de souligner les 100 ans du Canada, le parc de Carillon dont le cœur est la sculpture habitable abstraite, rappelle la bataille du Long-Sault de 1660, élevée au rang de mythe au milieu du XIXe siècle, alors que le ciment de la nation était la religion, de même que la construction du canal de Carillon en 1834 et celle récente du barrage. Il est un des rares projets du Centenaire voués aux loisirs de plein air et l'unique du genre à comprendre une œuvre d'art intégrée.
La valeur patrimoniale du parc de Carillon réside dans son intérêt paysager et architectural et elle est liée à la réputation de ses concepteurs. Il a été aménagé sous la direction de Jacques Floch-Ribas, architecte et urbaniste d'origine espagnole arrivé au Québec dans les années 1950, après des années d'exil et d'études à Paris, mieux connu comme journaliste et écrivain. Ont collaboré à la mise en forme de l'œuvre monumentale implantée en son cœur, les sculpteurs Jordi Bonet et Paul Borduas. À la différence des autres monuments à Dollard, cette sculpture n'est pas figurative, mais abstraite et habitable, une modernité qu'accentue son matériau, le béton. Les dimensions de chacun des 18 monolithes qui la composent et leur positionnement, de même que celles des éléments secondaires — pavement, emmarchements, murs, plaques de bronze — et leur tracé sont réglés par une série harmonique dont la base est la hauteur moyenne d'un homme, le Modulor mis au point par le célèbre architecte français Le Corbusier. Remarquables sont aussi les alignements d'arbres qui structurent le paysage de la rive.
La valeur patrimoniale du parc de Carillon réside dans son implantation à l'échelle du territoire. Il est la composante la plus orientale du parc Dollard-des-Ormeaux, vaste projet d'aménagement de la rive nord de la rivière des Outaouais à des fins de loisirs engagé dans la foulée de la construction de la centrale hydroélectrique de Carillon et seulement très partiellement réalisé. Son toponyme est lié à celui du village tout proche.
Emplacement
Region administrative :
- Laurentides
MRC :
- Argenteuil
Municipalité :
- Saint-André-d'Argenteuil
Adresse :
- 1, rue du Plein-Air
Latitude :
- 45° 34' 15.2"
Longitude :
- -74° 22' 39.3"
Références
Liens Internet :
Notices bibliographiques :
- BELLEFLEUR, Michel. L'évolution du loisir au Québec: essai socio-historique. Sainte-Foy, Presses de l'Université du Québec, 1997. 412 p.
- Bibliothèque et Archives nationales du Québec/ Fonds du Secrétariat de la province(E4) / Dossier du Centenaire de la Confédération du Canada, 1964-1969 (E4 1960-01-483) / Contenants (813 à 966).
- FILION, Jean-Maurice. « Le rêve d'un parc comme tremplin économique ». FILION, Jean-Maurice. Le blogue de Jean-Maurice [En ligne]. https://jeanmauricefilion.com/2011/04/23/le-rve-dun-parc-comme-tremplin-conomique/
- FOLCH-RIBAS, Jacques. « Monument québécois à la mémoire des héros du Long-Sault ». Vie des arts. No 50 (1968), p. 38-41.
- FOLCH-RIBAS, Jacques. « Sculpture partout ». Vie des Arts. No 54 (1969), p. 32-35.
- GROULX, Patrice. « Dollard des Ormeaux ». s.a. Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française [En ligne]. www.ameriquefrancaise.org/fr/article-17/Dollard_des_Ormeaux.html
- HOULE, Jean-François. « Parc national de plaisance ». s.a. Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française [En ligne]. www.ameriquefrancaise.org/fr/article-334/Parc national de Plaisance
- LAVIGNE, Hubert. Parc Dollard-des-Ormeaux. Montréal, Hydro-Québec, 1963. 118 p.
- MARCOUX, Guy. « Hydro-Québec aménage deux parcs publics ». Entre-Nous. Vol. 45, no 8 (1965), p. 10-11.
- s.a. « Hydro-Québec aménagera deux parcs du Centenaire ». Entre-Nous. Vol. 45, no 8 (1965), p. 1.
- s.a. « Journal des débats de la Commission permanente de l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche: le mardi 29 mai 1973 - Vol. 13 N° 67 ». Assemblée nationale du Québec. Assemblée nationale du Québec [En ligne]. http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/cictcp-avant-1984-29-4/journal-debats/CICTCP-730529.html
- s.a. Les Projets du centenaire au Québec. Québec, Secrétariat de la province de Québec, 1965. 77 p.
- s.a. s.t. Entre-Nous. Vol. 46, no 16 (1966), p. 2-5.
- s.a. s.t. Entre-Nous. Vol. 46, no 8 (1966), p. 3.
- s.a. s.t. Entre-Nous. Vol. 47, no 17 (1967), p. 11.
- s.a. s.t. Entre-Nous. Vol. 49, no 15 (1968), p. 11.