Ministère de la Culture et des Communications
Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Église Saint-George

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Date :

  • 1869 – 1870 (Construction)
  • 1947 – 1948 (Construction)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Anglicanisme)

Usage :

  • Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (70)

Personnes associées (3)

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Inventaires associés (1)

Carte

Description

L'église Saint-George est un lieu de culte anglican érigé en 1869 et 1870. Le bâtiment en pierre à bossage présente un plan en croix latine formé d'une nef rectangulaire flanquée de bas-côtés, ainsi que d'un transept et d'une abside à pans coupés. Le bâtiment est coiffé d'un toit à deux versants à forte pente couvert d'ardoise bicolore dessinant deux bandes de motifs de losanges gris-vert sur fond rougeâtre. La façade est encadrée de contreforts et percée de fenêtres à arc brisé. Le portail de la façade ainsi que les deux petites fenêtres à arc brisé qui l'encadrent sont protégées par un porche rectangulaire à toit plat. Ce dernier est doté d'un portail à voussures surmonté d'un gâble. Une tour-clocher de plan carrée est appuyée sur le mur latéral est, dans l'alignement de la façade. Encadrée de contreforts et surmontée de pinacles, elle est dotée d'une horloge avec des cadrans sur ses faces nord, est et sud. Les murs latéraux sont dotés de contreforts et sont percés de fenêtres à arc brisé. Les bras de transept à pans coupés sont flanqués d'appentis. Un portail à arc brisé est aménagé du côté sud du transept ouest, tandis qu'un autre est percé à l'extrémité du transept est. L'abside à pans coupés est aussi flanquée d'annexes en appentis.

Un chemin couvert relie l'église et l'annexe en pierre à bossage. Cette dernière, de plan rectangulaire, présente une élévation de deux étages et est surmontée d'un toit plat. Sa façade est dotée d'un avant-corps central percé d'un portail à arc brisé et est ornée d'un bas-relief représentant saint Georges terrassant le dragon.

L'église s'élève légèrement en retrait de la voie publique, sur la moitié sud du quadrilatère délimité par la rue Peel, l'avenue des Canadiens-de-Montréal, la rue Stanley et le boulevard René Lévesque Ouest. Le terrain de l'église forme un léger promontoire par rapport à la voie publique. Ce dernier est principalement gazonné et planté de quelques arbres matures. Un muret de pierre délimite le terrain sur les côtés sud et est, tandis qu'une clôture métallique est aménagée du côté ouest, ainsi qu'autour de la section arrière du terrain, derrière le chevet de l'église.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et l'intérieur de l'église, à l'extérieur de l'annexe et du chemin couvert, de même qu'au terrain.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2024-10-18
Prise d'effet : 2023-11-01

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
  • 8 - Terrain supérieur
  • 12 - Potentiel archéologique significatif

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2023-10-26
  • Proposition de statut national, 2019-06-10
 
Désignation (Canada) Lieu historique national du Canada Commission des lieux et monuments historiques du Canada 1990-01-01
 
Citation Situé dans un site patrimonial Municipalité (Montréal) 2012-01-23

Statuts antérieurs

  • Avis de motion de citation, 2011-10-25
 

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Valeur patrimoniale

L'église Saint-George présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Le lieu de culte témoigne de l'établissement de la population anglophone de Montréal et de plusieurs de ses institutions dans l'ouest de la ville pendant le XIXe siècle. Il est ainsi fortement associé à des personnalités influentes de Montréal, notamment l'homme d'affaires Andrew Frederick Gault, qui a financé la construction de la tour-clocher. L'église sert de lieu de mémoire pour la communauté anglicane qui y a dédié un grand nombre de vitraux et de plaques à la mémoire d'êtres chers ou au souvenir d'événements marquants, tels que les deux guerres mondiales. Par ailleurs, elle est un des rares témoins anciens du quartier Saint-Antoine. Son annexe, construite en 1947 selon les plans de la firme Fetherstonhaugh, Durnford, Bolton and Chadwick, a été érigée avec les pierres de l'ancien presbytère et contribue, elle aussi, à évoquer le passé du quartier.

L'église Saint-George présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Elle est construite en 1869 et 1870 selon les plans de William Tutin Thomas, architecte en vogue dans la communauté anglophone montréalaise au milieu du XIXe siècle. Elle est son oeuvre religieuse la plus achevée. La tour-clocher est, pour sa part, ajoutée en 1893-1894. Construite selon les plans de l'architecte Alexander Dunlop, elle est complétée en 1899 par l'ajout d'un carillon et d'une horloge. Il s'agit de l'exemple québécois le plus abouti du courant néogothique de l'apogée de l'ère victorienne. Sa facture monumentale témoigne d'un mélange d'influences, de même que d'une recherche de monumentalité et d'expressivité plus grande que dans les courants néogothiques précédents. L'église se distingue notamment par la polychromie décorative créée par les matériaux (son toit à motifs en ardoise est un élément très rare en sol québécois) et la richesse de l'ornementation sculptée, tant extérieure qu'intérieure. Le passage couvert et l'annexe, bien que construits plusieurs décennies plus tard, forment un ensemble homogène avec l'église. Par ailleurs, la nef de ce lieu de culte est couverte par une charpente à double blochet, un mode de construction traditionnel en Angleterre et remis au goût du jour dans l'architecture néogothique. L'église Saint-George posséderait la charpente à blochet la plus large du pays et elle constitue l'un des meilleurs exemples de ce mode de construction dans l'architecture du XIXe siècle.

L'église Saint-George présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Elle est dotée d'un décor très élaboré, notamment constitué d'éléments sculptés en bois ou en pierre et de vitraux. Ce décor a été réalisé sur plusieurs décennies, mais présente une grande cohérence qui rend presque imperceptibles les différentes époques de réalisation de ses éléments. Cela se traduit notamment par l'usage récurrent des motifs d'inspiration gothique et de certains thèmes iconographiques, le plus souvent liés au Royaume-Uni, à l'eucharistie, à la Passion du Christ et à saint Georges.

L'église Saint-George présente en outre un intérêt patrimonial pour sa valeur paysagère. Le lieu de culte et son terrain conservent des caractéristiques anciennes, telles que la configuration en promontoire par rapport à la voie publique, la clôture basse, les trois escaliers en pierre et les espaces végétalisés. Ces caractéristiques rappellent les aménagements des ensembles religieux des traditions autres que catholiques dans les centres urbains au XIXe siècle. Autrefois répandus, ces types d'aménagement ont été, pour la plupart, modifiés ou oblitérés par l'urbanisation.

Source: Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2024.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l'église Saint-George liés à ses valeurs historique, architecturale, artistique et paysagère comprennent, notamment :
- l'implantation de l'ensemble légèrement en retrait de la voie publique, sur la moitié sud du quadrilatère délimité par la rue Peel, l'avenue des Canadiens-de-Montréal, la rue Stanley et le boulevard René-Lévesque Ouest; la disposition parallèle de l'église et de l'annexe; et le chemin couvert les reliant, près de l'extrémité nord du lot;
- le volume du lieu de culte, dont le plan en croix latine formé d'une nef rectangulaire flanquée de bas-côtés, d'un transept à bras à pans coupés ainsi que d'une abside à pans coupés; le toit à deux versants droits à forte pente; la tour-clocher de plan carrée appuyée sur le mur latéral est, dans l'alignement de la façade; le porche rectangulaire à toit plat en façade; les annexes en appentis des bras de transept et de l'abside; les contreforts et les pinacles;
- les matériaux, dont la maçonnerie de calcaire de Montréal gris, les détails en grès de l'Ohio de couleur chamois, la couverture en ardoise rougeâtre et gris vert ainsi que le pavement du porche constitué de tesselles de diverses teintes d'ocre et de terre;
- les ouvertures, dont les portails à voussures à arc brisé, les portes à double vantail en bois et leur quincaillerie ornementale, les fenêtres à arc brisé et les fenêtres hautes circulaires à quadrilobes;
- l'ornementation, dont les motifs de losanges du toit, le gâble, les motifs sculptés (dont des motifs végétaux et d'animaux fantastiques, les têtes d'anges, la tête couronnée et la tête d'évêque), l'inscription « Enter into His Gates with Thanksgiving » du porche et les remplages (à trois lancettes à arc en accolade surmontées de soufflets, à trois lancettes à arc brisé surmontées de trois quadrilobes inscrits dans un cercle et à trois lancettes surmontées de quintilobes);
- les autres éléments de l'architecture extérieure du lieu de culte, dont les grilles métalliques et les cadrans de l'horloge de la tour;
- l'aménagement de l'intérieur du lieu de culte, dont le narthex, la nef, le choeur en saillie, les chapelles aménagées dans les bras du transept, le baptistère dans l'appentis est du choeur et l'orgue de choeur dans l'appentis ouest;
- le décor intérieur, dont la voûte à arc en mitre de la nef (couverte de planches de bois, ornée d'éléments menuisés et soutenue par une charpente apparente à double blochet comportant divers éléments sculptés ou menuisés); la fausse voûte à liernes et à tiercerons du choeur ornée de motifs étoilés sur fond bleu saphir; les chapiteaux, clés et culots sculptés; le fond pourpre du choeur constellé de divers motifs dorés (dont des croix et des gouvernails); les vitraux; la poutre de gloire; et la balustrade en chêne du baptistère;
- le mobilier fixe, dont l'autel orné de bas-reliefs illustrant des épisodes de la vie du Christ; le retable comportant deux scènes de la vie de saint Georges; la chaire en bois; les écrans en bois ajouré; les bancs en bois (disposés de part et d'autre d'une allée principale centrale et de deux allées latérales secondaires) et le garde-corps plein de la tribune en bois d'une teinte semblable à celle de la voûte; les dorsaux des stalles; les stalles et les bancs du choeur à jouées ornées d'anges et de motifs végétaux; et la balustrade à mi-choeur ornée de motifs végétaux, gothiques ou associés à la Passion du Christ et à l'eucharistie;
- les caractéristiques du passage couvert reliant le lieu de culte et l'annexe, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage, le toit plat, le parement en pierre à bossage grise, la porte en bois et les linteaux;
- les caractéristiques de l'annexe, dont la maçonnerie en pierre à bossage, le plan rectangulaire, l'élévation de deux étages, le toit plat, l'avant-corps central percé d'un portail à arc brisé, l'oriel, les fenêtres rectangulaires, les linteaux, les contreforts et le bas-relief représentant saint Georges;
- les caractéristiques du terrain, dont son relief relativement plat formant un promontoire par rapport à la voie publique, l'implantation des bâtiments en retrait de la voie publique, les espaces gazonnés, les arbres, le muret de pierre, la clôture métallique et les escaliers donnant accès à la propriété.

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Informations historiques

En 1840, des membres influents de la communauté anglicane de Montréal décident de construire la chapelle Saint-George, liée à la paroisse Christ Church. Ce lieu de culte devait être construit dans l'ouest de la ville, où s'établit la population anglophone et plusieurs de ses institutions pendant le XIXe siècle. Il est ainsi fortement associé à des personnalités influentes de Montréal et devait servir de chapelle particulière (chapel of ease) en accueillant une partie de la communauté de Christ Church, désormais trop nombreuse. Des parts sont vendues pour financer la construction de la chapelle, qui ouvre ses portes en 1843. Elle est implantée sur la rue Saint-Joseph (devenue Notre-Dame), juste à l'ouest des anciens murs de la ville.

Dès 1866, la communauté est à la recherche d'un emplacement pour construire un nouveau lieu de culte, la chapelle étant trop exigüe. Le lot actuel est retenu. À la fin des années 1860, une église méthodiste occupe un emplacement juste au nord-est du lot, tandis que les terrains au sud ont une vocation résidentielle.

L'architecte britannique William Tutin Thomas (1829-1892) remporte le concours pour la conception de l'église pouvant accueillir 1400 fidèles. L'église est dotée d'un parement en calcaire gris de Montréal, avec des accents en grès chamois de l'Ohio. Le bâtiment est ouvert au culte le 9 octobre 1870.

Une carte de 1879 montre la présence sur le même lot d'une école du dimanche donnant sur la rue Stanley et d'un presbytère donnant sur la rue Windsor (aujourd'hui Peel). À la fin des années 1880, la gare Windsor est construite juste au sud de l'église.

Plusieurs personnalités influentes du monde des affaires et de la politique ont fréquenté l'église Saint-George, dont Andrew Frederick Gault (1833-1903), William Molson (1793 1875), Anne Molson (1824-1899), Thomas White (1830-1888) et Robert Alfred Ernest Greenshields (1861-1942). La plupart d'entre eux ont joué un rôle dans l'apparence actuelle du lieu de culte, par exemple en payant des éléments de décor, tels que des vitraux. Gault, notamment, a largement contribué à la construction de la tour clocher, érigée selon les plans de l'architecte montréalais Alexander Francis Dunlop (1842-1923) et achevée en 1894.

En 1912, une organisation se montre intéressée à acheter l'église Saint-George afin de la démolir et de construire un hôtel de luxe sur le terrain. Dans la foulée, en 1913, des plans sont élaborés pour la construction d'une éventuelle nouvelle église paroissiale sur la rue Dorchester (aujourd'hui le boulevard René-Lévesque Ouest), à l'angle de la rue Bishop. Ce n'est qu'en 1919 que la congrégation se libère de l'option sur le terrain de l'église Saint-George détenue par la Osborne Realty Company.

En 1946, la partie nord du terrain est vendue. C'est dans ce contexte que le presbytère et l'école du dimanche sont démolis. En 1947, l'hôtel Laurentien est construit sur la partie nord du lot et à l'emplacement de l'ancienne église méthodiste, démolie en 1926. Cet hôtel sera détruit en 1978; l'édifice de la Banque Laurentienne le remplace en 1986.
L'annexe actuelle de l'église est érigée en 1947 pour abriter l'école du dimanche et des bureaux. Elle est construite en calcaire de Montréal et présente des caractéristiques d'inspiration Tudor. La pierre a possiblement été récupérées de l'école du dimanche lors de sa démolition.

L'église Saint-George est classée en 2024.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ville-Marie

Adresse :

  • 1001, avenue des Canadiens-de-Montréal

Latitude :

  • 45° 29' 51.66"

Longitude :

  • -73° 34' 9.71"

Désignation cadastrale :

  • Lot 1 851 410

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Références

Gouvernement du Québec

© Gouvernement du Québec, 2024