Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Pont Turcot

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Montérégie

Municipalité :

  • Très-Saint-Sacrement

Date :

  • 1889 (Construction)
  • 2011 (Restauration)

Période :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Usage :

  • Transport, communication et services publics (Ponts à poutres > Ponts à poutres triangulées > Type Parabolique (Macquet))

Éléments associés

Groupes associés (1)

Personnes associées (3)

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Carte

Description

Le pont Turcot est un ouvrage de génie civil construit en 1889. Ce pont d'une travée mesure 76,6 mètres de long et 4,98 mètres de large. La structure rivetée en acier est composée de fermes paraboliques à treillis à double intersection. Elle repose sur des culées en pierre de taille. Situé en milieu rural, à proximité du noyau villageois, le pont Turcot permet d'enjamber la rivière Châteauguay, dans la municipalité de Très-Saint-Sacrement.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'entièreté de l'ouvrage, et pas au terrain.

Groupement :

Détaché

Structure :

  • Métal, ossature métallique

Fondations :

  • Pierre

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2009-10-01

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
 
Citation Immeuble patrimonial Municipalité (Très-Saint-Sacrement) 2009-01-12

Statuts antérieurs

  • Avis de motion de citation, 2008-11-03
 

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Valeur patrimoniale

Le pont Turcot présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Il s'agit de l'un des premiers ponts bâtis dans le cadre de la Politique des ponts métalliques, instaurée par le gouvernement d'Honoré Mercier (1840-1894) en 1887. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les municipalités sont chargées de la construction des ponts sur leur territoire. Généralement en bois et non couverts, ces ponts ont une durée de vie d'une dizaine d'années et sont fréquemment détruits par des embâcles ou des crues. Leur fragilité affecte ainsi le réseau de transport et nuit au développement de l'agriculture. La Politique des ponts métalliques est adoptée pour favoriser la construction de ponts en métal, plus résistants. Les municipalités assument le coût des culées en maçonnerie, des chemins d'approche et l'équivalent du coût de construction d'un pont en bois, tandis que le gouvernement accorde une subvention couvrant les sommes supplémentaires nécessaires pour faire ériger une structure métallique. Une cinquantaine de ponts ont été construits avant l'abolition de cette politique en 1892. Le pont Turcot, élevé en 1889 pour franchir la rivière Châteauguay en remplacement d'un pont saisonnier sur chevalets, est le deuxième de cette série. Il rappelle les efforts déployés à la fin du XIXe siècle afin de consolider le réseau routier et d'améliorer la circulation des produits agricoles.

Le pont Turcot présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique découlant de son association avec Gérard Macquet (né en 1859). Pour favoriser l'intégration du français comme langue d'usage dans les projets d'ingénierie, le gouvernement Mercier engage cet ingénieur du Corps belge des Ponts et Chaussées. Celui-ci est aussitôt nommé directeur de la construction des ponts métalliques. Il rompt rapidement avec la pratique courante en Amérique du Nord, qui était de ne spécifier que la largeur et la portée nécessaires, laissant aux entrepreneurs le soin de décider du type de pont. Macquet et son équipe préparent des plans et des devis très détaillés et écartent ainsi les entrepreneurs de la conception des structures. Jusqu'à son départ, en 1892, l'ingénieur supervise l'élaboration d'une trentaine des ponts construits dans le cadre de la Politique des ponts métalliques. Peu d'entre eux subsistent. Le pont Turcot constitue donc un témoin exceptionnel de son oeuvre au Québec.

Le pont Turcot présente en outre un intérêt patrimonial pour sa valeur technologique. L'ouvrage témoigne de l'introduction au Québec des structures en acier doux entièrement rivetées. Dans les dernières décennies du XIXe siècle, en Amérique du Nord, plusieurs ponts métalliques sont érigés, notamment pour le réseau ferroviaire. La fonte est souvent utilisée, et les structures sont généralement à treillis articulé assemblé à goupilles. Ce type est rejeté par Macquet, qui lui préfère les ponts en acier doux entièrement rivetés, plus répandus en Europe. Bien que ces derniers soient plus dispendieux, l'ingénieur insiste sur leur stabilité, leur rigidité et leur longévité plus grandes ainsi que sur leur entretien plus simple, réduisant les coûts à long terme. Il introduit par ailleurs deux nouvelles charpentes, soit la poutre Schwedler et la poutre parabolique dite « Macquet ». Le pont Turcot se rattache au second modèle par ses cordes supérieures paraboliques et son treillis à double intersection. Il constitue un exemple achevé du génie civil québécois de la seconde moitié du XIXe siècle et de l'utilisation d'une technologie d'inspiration européenne.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.

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Éléments caractéristiques

Les éléments clés du pont Turcot liés à ses valeurs historique et technologique comprennent, notamment :
- sa situation en milieu rural, à proximité du noyau villageois, sur la rivière Châteauguay;
- la travée mesurant 76,6 mètres de long et 4,98 mètres de large;
- les matériaux, dont les pièces en acier doux ainsi que les culées en pierre de taille;
- les caractéristiques de la charpente à poutre parabolique Macquet, dont l'assemblage à rivets, les cordes supérieures paraboliques, les cordes inférieures droites, les montants verticaux reliant les cordes supérieures aux culées et aux cordes inférieures, les pièces diagonales des extrémités, le treillis à double intersection, les pièces de contreventement ainsi que les rouleaux de dilatation.

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Informations historiques

Le pont Turcot est bâti dans le cadre de la Politique des ponts métalliques, instaurée par le gouvernement d'Honoré Mercier (1840-1894) en 1887. La politique encourage la construction de ces ponts, moins vulnérables que ceux en bois, afin d'améliorer le réseau routier et de faciliter le transport des produits agricoles. Les municipalités assument le coût des culées en maçonnerie, de l'aménagement des chemins d'approche et l'équivalent du coût de construction d'un pont en bois, tandis que le gouvernement accorde une subvention couvrant les sommes supplémentaires nécessaires pour faire ériger une structure métallique.

Pour favoriser l'intégration du français comme langue d'usage dans les projets d'ingénierie, le gouvernement engage Gérard Macquet (né en 1859), un ingénieur du Corps belge des Ponts et Chaussées. Celui-ci est nommé directeur de la construction des ponts métalliques. Macquet rompt avec la pratique courante en Amérique du Nord, qui laisse aux entrepreneurs le soin de décider du type de pont. L'ingénieur et son équipe préparent des plans et des devis très détaillés et écartent ainsi les entrepreneurs de la conception des structures. Il préconise par ailleurs les ponts en acier doux entièrement rivetés répandus en Europe en plus d'introduire deux nouvelles charpentes, soit la poutre Schwedler et la poutre parabolique dite « Macquet ». Jusqu'à son départ, en 1892, Macquet supervisera l'élaboration d'une trentaine des ponts construits dans le cadre de la Politique des ponts métalliques.

Le pont Turcot, conçu par Macquet, est le deuxième pont élevé après l'adoption de la Politique. La structure remplace un pont saisonnier à péage sur chevalets, exploité depuis une quarantaine d'années par la famille Turcot, à qui appartient le terrain en bordure du cours d'eau. Le nouveau pont permet aux agriculteurs d'accéder plus facilement au marché de Beauharnois.

En mars 1888, un avant-projet est soumis. Les frais incombant à la municipalité sont acceptés par celle-ci en juin. Les plans et les devis des culées en maçonnerie élaborés par le gouvernement sont reçus peu après. Au même moment, des soumissions pour la fabrication de la structure métallique sont demandées. La Société Anonyme Internationale de Construction et d'Entreprise de travaux publics de Braine-le-Comte, en Belgique, plus bas soumissionnaire, obtient le contrat. Cette entreprise a réalisé plusieurs autres ponts métalliques au Québec à cette époque.

À la demande de la municipalité, les travaux sont reportés au printemps 1889. L'installation des culées nécessite l'ajout d'un pilotis de fondation. William Doran, en charge des travaux, ne respecte pas les délais et seules plusieurs mises en demeure arrivent à lui faire terminer l'ouvrage en septembre. Les agriculteurs des environs aménagent des voies d'approche, faites de pierre et d'argile. Les pièces métalliques fabriquées en Belgique sont acheminées à Howick par bateau puis par train. Le montage de la structure, exécuté par l'entrepreneur A. Charlebois, débute en septembre 1889 et s'achève le 24 décembre. Le coût total des travaux s'élève à 23 285 $. Après son inspection en mars 1890, le pont est ouvert à la circulation.

Peu d'éléments du pont ont été modifiés. Le tablier a été solidifié, notamment grâce au remplacement des poutrelles longitudinales en bois par d'autres en acier et à l'ajout de traverses couvertes de créosote. La charpente demeure intacte, à l'exception de six pièces du treillis qui ont été remplacées par d'autres en acier laminé fixées à l'aide de boulons.

À partir du milieu du XXe siècle, les ponts métalliques font progressivement place à des structures en béton, mais le pont Turcot est conservé. Il est fermé à la circulation en 2000. Les Amis du pont Turcot prennent l'initiative d'en demander le classement pour éviter qu'il ne soit démoli.

Le pont Turcot est classé en 2009. Il est cité la même année. En 2011, le pont est restauré.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montérégie

MRC :

  • Le Haut-Saint-Laurent

Municipalité :

  • Très-Saint-Sacrement

Adresse :

  • montée Turcot

Localisation informelle :

Le pont enjambe la rivière Châteauguay.

Latitude :

  • 45° 11' 53.9"

Longitude :

  • -73° 51' 48.8"

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Chaîne de titres

Date Type d'aliénation De À
Inconnu Municipalité de Très-Saint-Sacrement

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Références

Notices bibliographiques :

  • DANDOIS, Marie-Christine et Jean LEFRANÇOIS. Les ponts Macquet au Québec : Un héritage à conserver. s.l. 4e Conférence spécialisée en génie des structures de la Société canadienne de génie civil, 2002. 10 p.
  • LEFRANÇOIS, Jean. « Gérard Macquet, un ingénieur visionnaire ». Continuité. Vol. 95 (2003), p. 22-23.
  • PASSFIELD, Robert W. « La politique des ponts métalliques ». Bulletin de l'Association québécoise pour le patrimoine industriel. Vol. 5, no 3 (1993), p. 1-3.
  • PASSFIELD, Robert W. « The Turcot Riveted Arch-Truss Bridge ». The Journal of the Society for Industrial Archeology. Vol. 23, no 2 (1997), p. 21-47.
  • s.a. Le Haut-Saint-Laurent: de nature et de culture. Québec, Continuité, s.d. 8 p.

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