Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Cinéma Impérial

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Théâtre Impérial

Région administrative :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Date :

  • 1913 (Construction)
  • 1954 (Réaménagement intérieur)
  • 1980 (Restauration)
  • 2004 (Restauration)

Période :

  • Le Québec moderne (1867 à 1960)

Usage :

  • Fonction culturelle et récréative, loisir (Cinémas)

Éléments associés

Groupes associés (4)

Personnes associées (12)

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Description

Le cinéma Impérial est un ancien cinéma de type super palace, d'inspiration Renaissance, construit en 1913. Il est composé d'un volume rectangulaire de trois étages clairement délimités en façade et d'un rehaussement en retrait d'où émerge la cage de scène. La large façade, revêtue de terre cuite vernissée, présente une composition classique, soit un rez-de-chaussée, un étage et un attique. Le cinéma Impérial est situé dans un secteur commercial urbain, dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, et pas au terrain.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2012-10-19

Catégories de conservation

  • 2 - Extérieur supérieur
  • 4 - Intérieur exceptionnel

Statuts antérieurs

  • Reconnaissance, 2001-02-22
 

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Valeur patrimoniale

Le cinéma Impérial présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Le bâtiment est représentatif de l'architecture cinématographique au Québec. Ce cinéma a été érigé en 1913 pour la Keith-Albee Vaudeville Organization, une entreprise étasunienne. Malgré sa date de construction, il s'inscrit dans le courant des super palaces cinématographiques édifiés entre 1915 et 1930. Par leur architecture, les super palaces sont un moyen, pour l'industrie du cinéma, d'obtenir ses lettres de noblesse en attirant les classes privilégiées. Leur type architectural, propre aux représentations cinématographiques, emprunte néanmoins sa monumentalité à l'architecture théâtrale du XIXe siècle. Le cinéma Impérial en est une illustration, notamment sa façade de composition classique comprenant trois étages (soit un rez-de-chaussée, un étage et un attique) ornée de motifs Renaissance ainsi que son revêtement en terre cuite vernissée et l'aménagement de ses espaces intérieurs. Il se distingue des autres super palaces de Montréal, implantés perpendiculairement à la rue, par sa large façade. À l'intérieur, l'aménagement des espaces a peu changé. Il comprend toujours, au rez-de-chaussée, le hall, le foyer divisé en deux sections et le parterre de la grande salle. Au deuxième étage se trouvent des bureaux et le balcon. C'est le super palace le mieux conservé parmi ceux qui ont été élevés au centre-ville de Montréal. Par ailleurs, le cinéma Impérial est associé à plusieurs architectes de renom. Son concepteur, Albert E. Westover, architecte de Philadelphie, construit plusieurs cinémas en Amérique du Nord entre 1901 et 1913. Il est aussi l'auteur du théâtre Impérial de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick (presque identique à celui de Montréal), du Keith Theatre à Philadelphie et du théâtre Oscar Hammerstein à New York. Pour le cinéma Impérial, l'architecte montréalais Ulric Asselin (1870-1937) lui était associé. Les architectes George Allen Ross (1879-1946) et Robert Henry Macdonald (1875-1942), de la firme Ross and Macdonald, ont modifié l'entrée en 1935.

Le cinéma Impérial présente aussi un intérêt pour sa valeur artistique. Son décor intérieur, comprenant l'arche du proscenium, les arcs latéraux, l'escalier en chêne et en fer forgé ainsi que l'ornementation en relief (composée d'arabesques, de guirlandes et de figures mythologiques) a été préservé et illustre l'esprit de l'époque. Il est l'oeuvre de la firme Tognarelli et Voigt de Philadelphie, qui a également réalisé celui du théâtre de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. Le cinéma Impérial est aussi associé au peintre et décorateur Emmanuel Briffa (1875-1955). L'artiste originaire de Malte a conçu la plupart des décors des cinémas construits à Montréal avant 1940. Dans le cas du cinéma Impérial, il a exécuté l'ornementation du rideau de scène.

Le cinéma Impérial présente en outre un intérêt pour sa valeur historique reposant sur la pérennité de son usage. Cet édifice est d'abord utilisé comme théâtre de vaudeville et pour des représentations de films muets. Léo-Ernest Ouimet (1870-1972), pionnier du cinéma canadien, le loue en 1934 et y présente un programme varié de concerts, de pièces de théâtre et de projection de films. On y retrouve entre autres Gratien Gélinas (1909-1999) dans les « Fridolinades ». En 1954, le décor intérieur est rénové par Oscar Glas, un artiste étasunien, et la salle est équipée du système Cinérama. Dans les années 1980, ce cinéma est le premier à Montréal à se pourvoir d'un système THX qui, avec ses 50 haut-parleurs et la présentation de films en format 70 mm, lui vaut la réputation de meilleure salle de cinéma de la ville. Le bâtiment conserve toujours ses fonctions d'origine puisque le Festival des Films du Monde en est propriétaire depuis 1995 et qu'il y tient ses activités.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2008.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du cinéma Impérial liés à ses valeurs architecturale, artistique et historique comprennent, notamment :
- sa situation dans un quartier urbain à forte concentration d'institutions culturelles;
- sa façade parallèle à la rue;
- son volume rectangulaire de trois étages, le toit plat et le rehaussement en retrait et la cage de scène;
- les éléments de la façade, dont le revêtement en terre cuite vernissée, la composition classique tripartite (rez-de-chaussée, étage et attique) et les ornements d'inspiration Renaissance (comme l'entablement à modillons au-dessus de l'entrée principale, les deux oeils-de-boeuf ovales, les panneaux à losanges de l'attique et la corniche à modillons);
- la marquise;
- l'aménagement de l'espace intérieur (hall d'entrée, foyer, salle de visionnement, balcon);
- les éléments du hall d'entrée (les lambris de marbre, les pilastres, les mascarons encadrés de volutes, les scènes bucoliques peintes sur les murs, le plafond à caissons orné de gerbes florales, d'oves de palmettes et de rosettes), ceux de la salle (arche du proscenium couverte de dorures et son écu central, rideau de scène en amiante orné de motifs imitant un drapé, arcs latéraux avec leurs colonnes en marbre et leur entablement), l'escalier avec sa rampe en chêne et ses balustres en fer forgé, les guirlandes et les appliques en laiton des murs ainsi que les entablements des sorties de secours.

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Informations historiques

L'architecture des cinémas antérieure à 1940 se divise en trois phases : les scopes et les théâtres cinématographiques (salles adaptées au cinéma comme genre mineur, 1895-1915), les super palaces et les palaces de quartier (palaces cinématographiques, 1915-1930) et les salles des années 1930 (standardisation, 1930-1940). Conçus par des architectes et des décorateurs réputés, ces édifices invitent à l'évasion.

Le cinéma Impérial est édifié en 1913 pour la Keith-Albee Vaudeville Organization, selon les plans de l'architecte Albert E. Westover de Philadelphie. Malgré sa date de construction, il s'inscrit dans le courant des super palaces en raison de sa façade en terre cuite vernissée, de son ornementation d'inspiration Renaissance et de l'aménagement de ses espaces intérieurs.

Les cinémas d'alors sont aussi conçus pour présenter du théâtre, généralement du vaudeville, en plus des films. Le cinéma Impérial ne fait pas exception. La salle était alors équipée d'un orgue Wurlitzer et avait une capacité d'accueil de 2400 spectateurs. Le rideau de scène a été peint par Emmanuel Briffa (1875-1955), qui a participé à la décoration de plus de 200 salles de cinéma en Amérique. À Montréal, on lui attribue les décors des théâtres Le Château, Outremont, Métropolis, Corona et Palace. Il est aussi le concepteur des décors du théâtre Capitole de Québec.

À partir de 1934, le théâtre est loué à Léo-Ernest Ouimet (1877-1972), fondateur de l'Ouimetoscope en 1906, qui y présente un programme varié de concerts, de pièces de théâtre et de projection de films. On y retrouve, entre autres, Gratien Gélinas (1909-1999) dans les « Fridolinades ».

En 1935, des modifications sont apportées à l'entrée par les architectes George Allen Ross (1879-1946) et Robert Henry Macdonald (1875-1942), de la firme Ross and Macdonald. Un an plus tard, l'édifice est vendu à l'entreprise montréalaise Consolidated Theatres.

La salle est transformée en 1954 pour accueillir le nouveau procédé du cinérama. Le bureau des architectes Percy Erskine Nobbs (1875-1964) et Francis John Nobbs (né en 1912) est chargé des travaux. Une salle de projection est alors aménagée dans la partie arrière du parterre, ce qui nécessite la disparition de plusieurs sièges. La capacité d'accueil passe de 2400 à 924 places. Le décor de la salle est également rénové par le décorateur étasunien Oscar Glas.

En 1970, le cinéma Impérial est vendu par la United Theatre, qui a succédé à Consolidated Theatres, à la compagnie montréalaise Cinéma International. En 1974, la salle est divisée en deux par une cloison qui sépare le parterre du balcon. La firme de l'architecte Mandel C. Sprachmann exécute les plans de réaménagement. La salle retrouve cependant ses dimensions d'origine en 1980 lorsqu'elle est revendue à la United Theatre qui deviendra Famous Player. Les travaux de restauration sont exécutés par la firme des architectes Milton Eliasoph et Saul M. Berkowitz.

Dans les années 1980, le cinéma Impérial est le premier à Montréal à se pourvoir d'un système THX qui, avec ses 50 haut-parleurs et la présentation de films en format 70 mm, lui vaut la réputation de meilleure salle de cinéma de la ville.

Viacom, la compagnie mère de Famous Player, fait don du cinéma Impérial au Festival des Films du Monde en 1995. Le cinéma devient, en 1996, le Centre Cinéma Impérial.

Le cinéma Impérial est reconnu en 2001. En 2004, des travaux de rénovation et de restauration, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, sont achevés. En 2008, il peut accueillir 819 spectateurs. Il est devenu classé à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montréal

MRC :

  • Montréal

Municipalité :

  • Montréal

Arrondissement municipal :

  • Ville-Marie

Adresse :

  • 1424, rue De Bleury
  • 1430, rue De Bleury
  • 1432, rue De Bleury

Latitude :

  • 45° 30' 23.33"

Longitude :

  • -73° 34' 4.299"

Désignation cadastrale :

  • Lot 1 340 610

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Références

Notices bibliographiques :

  • BERGERON, Claude. Architectures du XXe siècle au Québec. Montréal / Québec, Les Éditions du Méridien / Musée de la civilisation, 1989. 271 p.
  • Communauté urbaine de Montréal. Architecture commerciale III : les magasins, les cinémas. Répertoire d'architecture traditionnelle sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, 9. Montréal, Communauté urbaine de Montréal, Service de la planification du territoire, 1985. 413 p.
  • LACASSE, Germain. « La naissance d'une passion. Les Québécois et le septième art ». Cap-aux-Diamants. No 38 (1994), p. 18-22.
  • LAMOUREUX, Sophie. Le théâtre Impérial: un passé à redécouvrir.... Montréal, Université de Montréal, s.d. s.p.
  • LEVER, Yves. « Le cinéma au Québec ». Continuité. No Automne (1988), p. 23-26.
  • MARTINEAU, Jocelyne. Cinémas et patrimoine à l'affiche. Montréal, Ministère des Affaires culturelles, 1988. 50 p.
  • PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 6. Montréal, Éditions du Méridien, 1995. 552 p.
  • VALENTINE, Maggie. The Show Starts on the Sidewalk. An Architectural History of the Movie Theatre, Starring S. Charles Lee. New Haven, Yale University Press, 1994. 231 p.

Multimédias disponibles en ligne :

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