Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Calice et patène

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Région administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

Municipalité :

  • L'Isle-Verte

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Personnes associées (2)

Description

Le calice et la patène forment un ensemble de pièces d'orfèvrerie liées à la liturgie catholique et réalisées entre 1719 et 1760. Le calice en argent, d'une hauteur de 23,8 cm et d'un diamètre de 14 cm, est composé d'un pied, d'une tige et d'une coupe. Le pied à deux niveaux est notamment orné d'une frise de motifs végétaux. La tige présente deux collerettes à godrons et un noeud piriforme, tandis que la coupe légèrement évasée est unie et polie. La patène prend la forme d'une assiette circulaire, avec une partie centrale plus creuse et un large rebord légèrement incliné. La partie centrale est occupée par un motif composé du monogramme « IHS » surmonté d'une croix et placé au-dessus d'un coeur percé de clous. Ces pièces d'orfèvrerie sont signées des poinçons de Guillaume III Loir et de Jean-François Landron.

Ces biens sont classés objets patrimoniaux.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2015-11-17
Prise d'effet : 2013-11-21

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement prorogé, 2014-10-09
  • Avis d'intention de classement, 2013-11-14
 

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Valeur patrimoniale

Le calice et la patène présentent un intérêt patrimonial pour leur valeur historique découlant de leur association avec Guillaume III Loir (vers 1694-après 1769) et Jean-François Landron (1686-1760), les orfèvres qui les ont réalisés. Loir est issu d'une famille française d'orfèvres de grande réputation. Établi à Paris, il se spécialise dans la production d'orfèvrerie religieuse. Landron, pour sa part, est l'un des premiers orfèvres nés au pays. Le calice et la patène ont vraisemblablement été fabriqués en France par Loir et faisaient probablement partie d'un même ensemble. Pour des raisons inconnues, le pied et la tige exécutés par Landron remplacent les éléments originaux produits par Loir. Les différentes parties sont néanmoins contemporaines : la coupe a été produite entre 1750 et 1756; le pied et la tige, entre 1719 et 1760. En outre, le calice et la patène témoignent des normes différentes qui régissent l'exercice du métier d'orfèvre en France et en Nouvelle-France à cette époque. En France, dès le XIIIe siècle, un système de poinçons est mis en place pour éviter les abus et fraudes liés à l'utilisation des métaux précieux en orfèvrerie. L'un des premiers poinçons utilisés est le poinçon de maître, enregistré et propre à chaque orfèvre. Le poinçon de maître est constitué d'une fleur de lys couronnée, de deux points appelés « grains de remède » et des initiales de l'orfèvre entourant un symbole propre à chaque maître. Dans le cas de Loir, il s'agit d'un croissant. En Nouvelle-France, les poinçons d'orfèvre ne sont pas réglementés. Souvent modifiés, ils imitent généralement ceux de la métropole tout en introduisant des variantes; par exemple, celui de Landron comporte trois grains plutôt que deux. De plus, les pièces d'orfèvrerie produites en France sont soumises à des impôts. Un poinçon de charge est apposé sur l'ébauche, tandis qu'un poinçon de décharge est appliqué sur la pièce terminée lorsque le « droit du Roi » a été payé. Ces poinçons sont visibles sur les oeuvres de Loir, mais sont absents des pièces de Landron, ces impôts n'étant pas perçus en Nouvelle-France.

Le calice et la patène présentent aussi un intérêt patrimonial pour leur valeur artistique. Le calice témoigne de l'influence formelle et stylistique de l'orfèvrerie française sur les pièces produites en Nouvelle-France. Durant tout le Régime français, de très nombreuses pièces d'orfèvrerie sont importées de France pour répondre aux besoins de la colonie. À partir du XVIIIe siècle, des pièces d'orfèvrerie sont produites, surtout à Montréal et à Québec, par des orfèvres venus s'installer dans la colonie, puis par des orfèvres formés par ceux-ci. Ce contexte contribue à la perpétuation des formes et des décors en vogue en France. Le pied et la tige confectionnés par Landron rappellent fortement des pièces produites dans la métropole à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle, notamment par la frise de motifs végétaux ornant le pied à deux niveaux, les collerettes à godrons et le noeud piriforme présentant des motifs de feuilles dans sa partie inférieure. Bien que plus sobre que celle de certaines pièces importées de France, l'exécution est soignée. La patène, pour sa part, est ornée dans sa partie centrale du monogramme « IHS », un symbole fréquemment utilisé pour orner ce type de vase sacré. La représentation choisie pour la patène de L'Isle-Verte est celle du sceau de la Compagnie de Jésus. Le coeur percé de trois clous placé sous le monogramme est une étape intermédiaire dans cette représentation qui ne conservera par la suite que les trois clous représentant les v¿ux solennels. Le soleil entourant habituellement le monogramme n'est ici évoqué que par la forme de disque de la patène. Celle-ci rappelle donc l'utilisation de symboles religieux pour l'ornementation des objets liturgiques, en plus des motifs se retrouvant aussi dans l'orfèvrerie profane.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2015.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du calice liés à ses valeurs patrimoniales comprennent notamment :
- les dimensions, dont la hauteur de 23,8 cm et le diamètre de 14 cm;
- le matériau, soit l'argent massif (doré à l'intérieur de la coupe);
- les différentes parties composant le vase, dont la base à deux niveaux, la tige composée de deux collerettes et d'un n¿ud piriforme, ainsi que la coupe unie et polie légèrement évasée;
- les éléments ornementaux, dont les surfaces lisses et les moulures, la frise de motifs végétaux de la base du calice, les godrons ornant les collerettes et la partie supérieure du noeud, ainsi que les motifs de feuilles aux extrémités arrondies de la base du noeud;
- les signatures, dont le poinçon de maître sous le pied (composé d'une fleur de lys et de trois grains surmontant un I et un L séparés par un point, eux-mêmes placés au-dessus d'un F), le poinçon de maître incomplet sous la coupe (comportant une fleur de lys et deux grains surmontant un G, un croissant et un L), ainsi que le poinçon de décharge sur le rebord de la coupe (représentant une tête de poule).

Les éléments caractéristiques de la patène liés à ses valeurs patrimoniales comprennent notamment :
- son volume, dont sa forme circulaire, la partie centrale plus creuse et le large rebord légèrement incliné;
- le matériau, soit l'argent massif (doré sur la face intérieure);
- la surface polie;
- le motif occupant toute la partie centrale de la face intérieure, composé de l'inscription « IHS », d'une croix surmontant le H et d'un c¿ur percé de trois clous placé sous le monogramme;
- les signatures, dont le poinçon de maître incomplet (composé notamment d'une fleur de lys couronnée et de deux grains), le poinçon de charge (peu lisible, mais comportant possiblement un A ou une palme) et le poinçon de décharge sur le rebord (représentant une tête de poule).

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Informations historiques

Le calice et la patène ont vraisemblablement été conçus à l'origine pour former un ensemble. La coupe du calice et la patène portent le poinçon de maître de Guillaume III Loir (vers 1694-après 1769), établi à Paris et issu d'une famille française d'orfèvres de grande réputation. Loir se spécialise dans la production d'orfèvrerie religieuse, et plusieurs de ses oeuvres sont acquises par des communautés religieuses ou des paroisses de la Nouvelle-France.

Ces pièces sont fabriquées entre 1750 et 1756, comme en témoignent les poinçons de décharge apparaissant sur les deux pièces. À cette époque, les pièces d'orfèvrerie produites en France sont soumises à des impôts. Elles portent un poinçon de charge apposé sur l'ébauche qui signifie que l'orfèvre devra acquitter le « droit du Roi ». Par la suite, lorsque le droit du Roi est acquitté par l'orfèvre, un poinçon de décharge est appliqué sur la pièce terminée par le bureau du fermier chargé de la perception de cet impôt. Le symbole utilisé varie avec chaque fermier, soit tous les six ans. La tête de poule figurant sur le poinçon de décharge apposé sur le calice et la patène est celui du fermier en place de 1750 à 1756.
La date d'arrivée du calice et de la patène en territoire québécois est inconnue, tout comme le nom de l'acquéreur. À une date inconnue, le pied et la tige du calice exécuté par Loir sont remplacés par des pièces confectionnées par Jean-François Landron (1686-1760), un des premiers orfèvres nés en Nouvelle-France. Landron a peut-être produit celles-ci à la suite d'un bris ou d'une perte du pied et de la tige du calice de Loir. Il est aussi possible que des pièces d'un calice de Landron aient été assemblées à la coupe de Loir, volontairement ou par inadvertance, à une époque ultérieure.

La pratique de l'orfèvrerie n'étant pas réglementée en Nouvelle-France et l'utilisation des métaux précieux n'étant pas soumise aux impôts ayant cours dans la métropole, aucun poinçon ne permet de dater de façon plus précise la création du pied et de la tige. Seul le poinçon d'orfèvre insculpé sous le pied y figure, permettant ainsi l'attribution de cette partie du calice à Landron, dont la pratique s'est étendue approximativement de 1719 à 1760.
La tradition veut que le calice et la patène aient été donnés à la paroisse de L'Isle-Verte par Raymond-Marie Rouleau (1866-1931). Originaire de L'Isle-Verte, Rouleau est notamment, au cours de sa vie, provincial des Dominicains, évêque de Valleyfield puis archevêque de Québec, et créé cardinal en 1927. Il aurait lui-même reçu le calice et la patène en cadeau.

Du métal, probablement de l'étain, est ajouté à l'extrémité d'une partie des godrons de la collerette inférieure de la tige. La date de cet ajout est inconnue, de même que la raison de cette intervention.

Le calice et la patène sont classés en 2015, en même temps que l'église de La Décollation-de-Saint-Jean-Baptiste et que le tableau placé au-dessus du maître-autel de ce lieu de culte.

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Emplacement

Region administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

MRC :

  • Rivière-du-Loup

Municipalité :

  • L'Isle-Verte

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Gouvernement du Québec

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