Église de Sainte-Bernadette

L'église de Sainte-Bernadette est un lieu de culte de tradition catholique érigé de 1969 à 1970 selon les plans des architectes Caron, Juneau et Bigué. Le bâtiment moderne en brique présente un plan en forme d'éventail et un volume bas d'un seul étage. Il est coiffé d'un toit conique décentré prolongé par une flèche en béton. Outre le portail vitré, les murs sont percés de quelques rares ouvertures carrées, de petites dimensions ainsi que de fenêtres en bandeau horizontal non visibles de l'extérieur. Aucun ornement ne ponctue les façades. À l'intérieur, la nef et le chœur, unis dans un plan centré, forment un seul espace. L'église est située sur un terrain aménagé, à proximité d'un parc et d'une école, dans le nord du secteur Cap-de-la-Madeleine de la ville de Trois-Rivières.

Haut de la page

Statut	Catégorie	Autorité	Date
Inventorié	--

Haut de la page

Durant les années 1930, seules quelques familles s'établissent au-delà de la voie ferrée du Canadien Pacifique. Ces dernières participent aux offices religieux de la paroisse de Sainte-Famille, dont ils font partie. La paroisse de Saint-Odilon est fondée en 1944. Dix ans plus tard, en 1954, la population est suffisamment importante plus au nord pour instaurer un service dominical indépendant. Une desserte distincte de Saint-Odilon est donc créée et une première célébration a lieu en 1954 à l'école Notre-Dame-des-Prairies. Un curé desservant est nommé et une mission est créée. Dans l'attente de leur propre lieu de célébration, les paroissiens se réunissent ensuite à l'école de la Ferté.
La paroisse de Sainte-Bernadette est érigée en 1965. Il s'agit alors de l'une des plus populeuses paroisses du diocèse de Trois-Rivières. Elle dessert un vaste territoire situé au nord de Cap-de-la-Madeleine, un secteur qui devient une zone résidentielle importante. Albert et Émile Grenier, propriétaires du secteur font lotir leur terre par l'arpenteur-géomètre Roger Gélinas qui réalise un projet de lotissement dont les rues convergent vers un noyau urbain comprenant outre l'église, une école primaire et un parc.

En 1969, l'entrepreneur Henri St-Amant, ainsi que les ingénieurs Perron et Desjardins sont retenus pour la construction de l'église. Le bâtiment est une création de la firme d'architectes de Trois-Rivières Caron, Juneau et Bigué. Active dans la région de la Mauricie, cette firme est connue pour ses œuvres résolument modernes, notamment dans le domaine de l'architecture religieuse. Dans la ville de Trois-Rivières, la firme Caron, Juneau, Bigué réalise les églises Sainte-Famille (1966-1967), Saint-Barnabé (1971-1972) et Saint-Célestin (1967-1970). La firme conçoit également l'aérogare de Trois-Rivières (1964), l'édifice administratif des Ports nationaux (1965), l'Union régionale des Caisses populaires Desjardins (1967) et la Résidence des étudiants du Cégep de Trois-Rivières (vers 1970).

L'église est bénie en 1970. Elle sert à la fois de lieu de culte et de centre communautaire. Un monument commémoratif est érigé la même année. Un bungalow est acheté en 1976 sur la rue de la Fabrique pour recevoir les bureaux de la paroisse. En 1988, une seconde résidence sur la rue Guilbert est acquise pour loger les prêtres de la paroisse. Ces deux immeubles ont été vendus depuis.

En 2005, la fusion de la paroisse Sainte-Bernadette à la paroisse Saint-Louis-de-France a donné naissance à la nouvelle paroisse Père-Frédéric. Toujours ouverte au culte en 2022, l'église de Sainte-Bernadette est un point de repère dans le quartier.

Haut de la page

Inventaire du patrimoine bâti de Trois-Rivières (2009 - 2010)
Ville de Trois-Rivières

La valeur patrimoniale de l'église de Sainte-Bernadette repose sur son intérêt historique. Le bâtiment témoigne du développement rapide du secteur nord de Cap-de-la-Madeleine en tant que zone résidentielle au milieu du XXe siècle. Durant les années 1930, seules quelques familles s'établissent au-delà de la voie ferrée du Canadien Pacifique. Ces dernières participent aux offices religieux de la paroisse de Sainte-Famille, dont ils font partie à partir de sa fondation en 1944. Dix ans plus tard, en 1954, la population est suffisamment importante pour instaurer un service dominical indépendant. Une école sert alors de lieu de culte. Un curé desservant est nommé et une mission est créée. La paroisse de Sainte-Bernadette est finalement érigée en 1965. Il s'agit alors de l'une des plus populeuses paroisses du diocèse de Trois-Rivières. L'église, construite en 1969 et 1970, reflète le dynamisme et la croissance de ce vaste territoire de Cap-de-la-Madeleine.

La valeur patrimoniale de l'église de Sainte-Bernadette réside aussi dans son intérêt architectural et par le fait même, dans son association avec ses concepteurs. Le bâtiment est une création de la firme d'architectes de Trois-Rivières Caron, Juneau et Bigué. Cette dernière est connue pour ses œuvres modernes, notamment en architecture religieuse. Dans la région, la firme réalise également les plans de l'église de Sainte-Famille (1966-1967) à Cap-de-la-Madeleine et ceux de l'église de Saint-Barnabé (1971-1972) dans la municipalité du même nom. L'église de Sainte-Bernadette partage plusieurs caractéristiques avec ces deux lieux de culte, dont le plan centré, le volume bas, l'accentuation de l'horizontalité, l'ornementation dépouillée et l'utilisation de matériaux modestes. Ces éléments s'inscrivent dans le courant de l'architecture moderne, qui se répand au Québec après la Deuxième Guerre mondiale. Dans les années 1960 en particulier, les recherches formelles des architectes tendent vers une émancipation totale par rapport à l'architecture classique et traditionnelle et vers une esthétique très épurée. Sur le plan régional, l'architecture de l'église Sainte-Bernadette se distingue par l'abandon de la tradition et de la monumentalité au profit de l'abstraction, de l'expressionnisme formel et d'un besoin de se rapprocher de la communauté. L'église de Sainte-Bernadette se distingue par son plan en éventail qui s'élève comme une spirale s'enroulant autour du clocher sculptural. À l'intérieur, le lieu de culte témoigne du renouveau religieux et de l'intégration des fidèles à la célébration de la liturgie. Le plan en amphithéâtre et la répartition des fidèles en éventail autour du sanctuaire offre un espace accueillant. Le plafond en bois contraste avec les murs en bloc de béton percés par de rares fenêtres en bandeau. Le décor est dépouillé mettant l'emphase sur les formes, les matériaux et la lumière. L'église de Sainte-Bernadette est représentative de l'architecture religieuse moderne québécoise et constitue une œuvre pionnière dans la région.

La valeur patrimoniale de l'église de Sainte-Bernadette repose en outre sur l'intérêt de son implantation. La construction de ce temple, à la fin des années 1960, a donné lieu à un plan d'urbanisme spécialement conçu pour souligner son importance dans le paysage. L'arpenteur-géomètre Roger Gélinas réalise un projet de lotissement dont les rues convergent vers un noyau urbain comprenant l'église, une école primaire et un parc doté d'une piscine publique et d'un terrain de baseball. Ce vaste îlot institutionnel de forme irrégulière est encerclé par la rue Guilbert dont le tracé forme un « b ». Cet îlot agit comme un élément structurant du territoire puisqu'il a généré le plan rayonnant du quartier. Le clocher signale la présence de l'église au sein de cet îlot communautaire et agit comme point de repère marquant dans le paysage. L'environnement de l'église contribue à sa mise en valeur.

Source : Ville de Trois-Rivières, 2022.

Haut de la page

Haut de la page

Haut de la page